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Humeur !

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4 janvier 2011 2 04 /01 /janvier /2011 10:19

Oui, bien sûr, je vous souhaite (et me souhaite par la même occasion) une très bonne année 2011, aussi bonne que 2010. Ah, bien sûr, je n'ai entendu à la radio que la ronde des catastrophes de 2010, et les pleurs des réassureurs. On parle du "peak oil", tout en passant sous silence les gigantesques champs pétrolifères découverts au large de l'Afrique et du Brésil, ainsi que les énormes réserves de gaz naturel "non conventionnel" qui commencent à peine à être exploités. Le prix du gaz devrait chuter, et, bien évidemment, les producteurs d'éoliennes vont réclamer encore plus de subsides.

 

Et selon le FMI, 2010 a été une année faste - sauf pour les USA et l'Europe : 7,9% de croissance en Asie, 6,3% en Amérique du Sud, 5% en Afrique, 4,1% pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord. Le PIB per capita moyen du globe était de 11.000 $, à comparer à ses 8.500 $ de l'an 2000. La Chine et l'Inde, qui à eux deux comptent quelque 40% de la population mondiale, ont eu une croissance globale d'environ 10% en 2010. Mais j'oubliais que la croissance c'est très mauvais - vive la décroissance - et que le PIB n'a aucune valeur. Vous irez le dire aux bénéficiaires de la croissance de leur part du PIB...

 

Ah oui, j'oubliais la belle prévision de Paul Ehrlich : "En l'an 2000, le Royaume-uni sera un petit groupe d'îles appauvries, habitées par 70 millions d'affamés... Si j'étais joueur je parierais même que l'Angleterre n'existera plus en 2000." Il avait dit ça (et bien d'autres...) en 1971 devant le British Institute For Biology.

 

Bonne année !

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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 21:08

Bonnes gens, ne craignez rien ! Vous vous êtes gavés d'huîtres durant les fêtes, et vous continuez, bravo ! mais rassurez-vous, c'est l'Ifremer qui l'affirme : ce ne sont pas des OGM !

Mais si, bien sûr, ce sont des organismes génétiquements modifiés, comme tous les autres ; simplement, ce ne sont pas des organismes transgéniques.

Voyez-vous, l'huître se reproduit comme tout un chacun, sauf qu'elle ne le fait qu'une fois par an, et qu'à ce moment elle devient laiteuse et, sinon impropre à la consommation, du moins peu agréable à voir et moins succulente ; il lui faut d'ailleurs plusieurs semaines pour refaire ses tissus après la ponte, ce qui provoque évidemment un manque à gagner pour les ostréiculteurs.

Comme décrit abondamment dans des posts précédents, depuis la plus haute antiquité (merci, Msieu Vialatte) l'Homme se livre sans remords ni crainte à des expérimentations génétiques de tout le vivant qui l'entoure (lui-même excepté ; rappelez-vous les cris d'horreur d'il y a trente ans, pour la conception in vitro de Louise Brown ! Le Bovu en aurait avalé sa pipe !). J'ai la plus grande admiration pour ces Indiens d'Amérique qui sont parvenus à faire de la misérable téosinte l'opulent maïs (ne croyez pas l'article dans l'édition française de Wikipedia : ce ne sont pas "certains scientifiques" qui "pensent" que le maïs est dérivé de la téosinte. Le fait est avéré et ce qui n'était qu'une hypothèse il y a quelques années a été amplement établi depuis).

L'aquaculture était évidemment plus difficile ; on a commencé récemment, mais avec des résultats douteux (j'y reviendrai un jour). Il restait évidemment , vous l'aurez deviné, les bivalves, voilà ! Comment donc éviter aux huîtres de ne pas se faire manger durant tous ces mois sans 'r' ? 

Ben, en les castrant, pardi ! Sauf que ce qu'on fait aux taureaux et aux coqs n'est pas immédiatement transposable aux huîtres. Femelles de surcroît (ou hermaphrodites, mais peu importe). Alors, on a trouvé une manière élégante de les rendre stériles : au lieu du double ensemble de chromosomes qu'elles comportent habituellement, on leur en colle un triple, autrement dit, elles sont triploïdes comme tout bon mutant monstre de l'espace (on les voyait comme ça dans les années cinquante). Il y a plusieurs manières de le faire, la plus courante étant d'appliquer un choc thermique aux oeufs qui viennent d'être fécondés.

Je m'étonne que des manifestants de Greenpeace et consorts ne se soient pas encore travestis en huîtres pour se balader devant le Conseil en attirant l'attention des ministres sur cette intolérable intrusion humaine dans l'intimité des coquilles Saint-Jacques, des moules, des huîtres et d'autres de nos lointains cousins. Il faut dire qu'ils devraient avoir de la diversité dans leurs costumes, parce que nous nageons dans la triploïdie artificielle : pourquoi croyez-vous que les mandarines n'ont plus de pépins ? Vous avez déjà vu des pépins de bananes ? Eh non, on les a aussi stérilisées par triploïdie.

Mais que fait la police ?

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30 décembre 2010 4 30 /12 /décembre /2010 15:05

bisou.jpg(oui, il n'est pas blanc, mais il est tellement plus gentil...)

 

Je ne leur ai pas encore demandé, mais c'est tout à fait possible, à entendre les rapports alarmants sur l'état de la banquise boréale, dont j'ai même lu qu'elle allait bientôt entièrement disparaître en été ! Et bien sûr que c'est parce qu'elle s'était réchauffée que nous avions le blizzard ici...

 

Un peu d'information ne nuisant point, voici un site reprenant en temps réels les différentes mesures des glaces polaires (boréale et australe) publiées par des centres spécialisés. On constate effectivement une diminution significative (mais tout de même pas catastrophique) atteignant son acme en 2007 mais en récupération depuis.

 

Les chiffres sont là. Ils ne font pas l'objet de polémiques.

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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 15:09

On connaît l'engouement actuel (et peut-être justifié) pour les habitations passives, c'est-à-dire pour ceux qui - tout à fait extraordinairement - n'en auraient pas entendu parler, un immeuble où le chauffage, la ventilation et, dans la mesure du possible, l'éclairage sont réalisés sans apport d'énergie "artificielle".

De nombreuses réalisations existent de telles constructions, approximant plus ou moins le but visé, parfois d'ailleurs avec des résultats catastrophiques pour les habitants, mais il est évident que l'avenir est à la maison (et plus généralement l'immeuble) presque passive.

Cependant, lorsque vous discutez de ce problème avec des enthousiastes (et particulièrement des adeptes un peu naïfs du biomimétisme), vous pouvez parier qu'on va vous ramener l'histoire des termites "qui ont mis au point" (je n'invente pas la phrase, je l'ai entendue ce matin-même) les termitières dont le climat interne est régulé au degré près malgré une variation extérieure de plusieurs dizaines de degrés.

Certes, mais minute, papillon ! D'abord, les termites vivent dans des galeries, sous terre, sont poïkilothermes (i.e. "à sang froid") et n'ont pas besoin de lumière. La structure d'une termitière est d'abord une merveille de ventilation plus que d'homéothermie, mais surtout, surtout, ce n'est nullement une structure passive ! Les termites n'arrêtent pas de la modifier et de transporter le sol sans arrêt afin d'adapter les conditions internes aux exigences de la colonie.

Mais n'ayez crainte, on vous la servira encore souvent...

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28 décembre 2010 2 28 /12 /décembre /2010 23:25

Très humain, ce film, enfin, c'est du moins ce qu'en dit Mike Leigh. Et qu'à la fin du film, ce qui compte, ce ne sont pas les personnages, mais ce que les spectateurs ont retenu de ces figments of imagination. Rien donc d'un aspect "réaliste" à la Ken Loach ou aux Angry Young Men des années '60 et de toute une tradition filmique très British y compris avec certains Hamer (pas Bent, Robert) ou Ealing Studios.

 

Oui, certes, film de vieillesse et de mort, qui approche et finit par arriver (les funérailles, sans doute la plus belle séquence du film, même si elle se traîne un peu).

 

Mais voilà : déjà le chapitrage saisonnier est plus que bateau et fait penser à l'affreux Printemps, été, automne, hiver... et printemps du farceur Kim Ki-Duk. Puis il y a Mary, hystérique dépressive extrovertie (ce n'est pas moi seul qui le dis, mais une excellente psy qui en a connu plus d'une...) qui à mon point de vue en fait des tonnes et qui ne traduit pas avec assez de retenue ce qu'elle ressent (tant dans sa vie qu'à l'arrivée de sa ménopause). D'où plein de grimaces, de larmes, d'eye twitchings et de contorsions. Joe, le fils, un peu tête à claques (il ressemble à Bart de Wever nous disait un ami ayant vu le film avec nous) est soit un imbécile heureux, soit un pervers glacial, à ne pas comprendre les avances que lui fait l'amie de vingt ans de sa mère, qui l'a connu quand il en avait dix. Puis il la revoit après une rencontre torride dont il ne semble pas avoir compris quoi que ce soit - allons donc ! il est trentenaire et ne voit pas les manigances érotiques de cette pauvre épave ! (même qu'il la plaisante sur son âge, très innocemment - ou peut-être pas. Donc, confirmation : imbécile ou pervers [à moins qu'il ne soit homosexuel ? suspense...]) - il la revoit donc en compagnie de sa toute nouvelle petite amie (autre hystérique) dont il caresse longuement la main et le bras et forme des projets d'avenir. C'est dit : pervers.

 

Les personnages les plus intéressants sont évidemment le couple Tom and Gerri (qui assument leur nom...), qu'au début on prend pour de braves gens empathiques et dont on apprend graduellement qu'ils sont lower-middle-class issus du prolétariat anglais (référence obligée...), ce que montre complaisamment leur petite demeure et leur potager partagé. Puis on devine que ce sont d'abominables égoïstes prenant plaisir à s'entourer d'autres épaves, et enfin on voit à l'évidence que ce sont des vampires, des goules qui se repaissent de la fragilité et du malheur des autres pour se construire un petit bonheur (la "grasse matinée" et "quelque chose de plus, honey  [et on rigole à la gaudriole]" dans ce monde sexuellement en pleine demande... Car évidemment la sexualité crève l'écran même si - heureusement - elle est cryptée).

 

Et puis, il y a les dialogues, où il faut toujours (enfin, presque toujours, disons dans les scènes à personnages, sauf évidemment lors des funérailles) faire du witticism, mettre un mot d'esprit, des blagues. "How many cc's ?", simplement pour se moquer de la pauvre Mary mais pour encore sous-sous-ligner que sa voiture nouvellement acquise sera un désastre, téléphoné comme d'autres.

 

Une chose me laisse rêveur : Mike Leigh a-t-il voulu être aussi cruel envers ses personnages, et surtout Gerri qui se révèle une conseillère psy lamentable en ne pouvant plus gérer sa relation avec Mary après que celle-ci ait montré sa jalousie envers Katie ? Bien sûr, elle la reprend dans ses bras - geste de vampirisme maintes fois renouvelé dans tout le film - et, bien sûr l'oriente vers une autre psy...

Déception.

 

 

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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 17:02

Comme vous pouvez le voir, Caracalla a tout de même une gueule de brute, malgré son excellente éducation. Il n'avait pas hésité à faire assassiner son frère cadet, au prétexte (pas nécessairement faux) qu'il n'avait fait qu'aller plus vite que celui-ci (on dit même qu'il avait songé a écourter le règne de son père, Septime Sévère).

Cela étant, il restera dans l'histoire, et pas seulement pour ses Thermes de Rome (où tous les ans on joue Aïda) ; bien plutôt pour son fameux Edit de 212, qui accorde la civitas romana à tout citoyen de l'Empire romain. On se souvient que le Ier siècle avant Auguste avait été marqué par l'épouvantable guerre sociale - "sociale" pour socii, les alliés, pas dans notre sens moderne - où les alliés en question avaient durement lutté pour obtenir un meilleur statut et ne pas simplement se faire coloniser par Rome. Et voilà que tout à coup, plus besoin du célèbre civis romanus sum de Saint Paul, on l'est tous, plus besoin de faire son trou, de s'élever dans la hiérarchie provinciale.

Mais voilà, en gros, ça signifie : plus de promotions possibles. Blocage. Et effectivement, la plupart des spécialistes voient dans la grande crise du IIIe siècle les limitations d'une société bloquée, surtout face aux invasions récurrentes. Heureusement, les Illyriens - fils du Danube - veillaient au grain ; ils avaient tout à gagner, eux qui, bien qu'assimilés, étaient encore d'une touchante rudesse. Ils sauraient reprendre le flambeau de la Romanité.

Et voilà : vous semez l'égalité et vous récoltez la pagaille. C'est trop injuste ! Il n'y a plus d'ascenseur, tout le monde habite au rez-de-chaussée. Bon, je ne veux pas en faire trop, parce qu'à la même époque Ulpien assure l'unité complète du genre humain devant la loi naturelle, y compris pour les esclaves ! Très beau ! Mais ça restait moral, l'esclavage n'était pas aboli, et d'ailleurs le droit de vie et de mort sur les esclaves était déjà passé de mode depuis belle lurette.

J'ai déjà avoué mes réticences à la devise républicaine, mais ici j'aimerais publier une devise un peu plus réaliste :

LIBERTÉ, MOBILITÉ, tolérance.

Mais en fait, je n'aime ni les devises ni les drapeaux.

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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 18:30

Dans Le Monde électronique, il faut consulter la rubrique "Planète", on y apprend des choses très intéressantes sur les mouches, la grippe et le climat.

 

Par exemple, des chercheurs affirment :

L'Europe pourrait connaître des hivers plus froids

(à cause du réchauffement climatique, bien sûr).

 

Et, juste à côté :

 

Pour Jérôme Lecou, ingénieur-prévisionniste à Météo France, ce genre d’hiver rigoureux devrait s’avérer moins commun dans les années à venir, en raison du réchauffement climatique planétaire, n’en déplaise aux climatosceptiques

 

 Voilà ce qu'on appelle un consensus ! La science est établie... Et le Soleil, là-dedans ? Et remarquez au passage l'usage prudent du conditionnel ! 

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25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 16:38

L'heure de la fin des temps n'est pas si proche...

J'entendais ce matin le secrétaire général d'Ecolo débattre avec le président du MR ; il se défendait du reproche de manque de sérieux reproché par un auditeur en disant : "depuis plus de 30 ans, le parti Ecolo met en garde contre les catastrophes qui nous attendent" etc etc.

Ce qu'il oubliait de préciser, c'est qu'au début des années '70, la mode catastrophiste en était à annoncer les périls d'un refroidissement intense de la Terre. Vers le milieu des années '70, on commença à parler des épouvantables méfaits des fréons et du "trou dans la couche d'ozone" qui allait nous griller. Curieusement, les chercheurs français faisaient savoir au monde que le Concorde ne produisait aucun dommage environnemental (j'ai encore l'article dans un numéro de La Recherche de 1976).

Il est fort regrettable que les écolos aient toujours eu cette attitude catastrophiste, puis qu'ils se soient positionnés tellement à gauche, un comble pour un parti qui se proclamait "ni à gauche, ni à droite" dans ses débuts (ce qui lui valait les inimitiés de la gauche, qui rappelait le mot d'Alain selon lequel celui qui se définit "ni-ni" est en fait de droite), mais cela était normal vu l'origine politique et sociologique de ses membres lors de la montée en force du mouvement (beaucoup de trotz déçus et de cathos de gauche). Il est amusant à ce propos de constater combien la gauche voudrait enterrer la notion de "progrès", tant en biologie qu'en sciences humaines, mais continue selon ses propres dires à "rassembler les progressistes"...

En attendant, les "écolos" de la première heure (qualifiés en général de protecteurs des p'tits zoizeaux) étaient renvoyés dans les ténèbres extérieures, tel un Antoine Waechter (traité immanquablement de facho, ben voyons), ou chez nous, un François Roelants du Vivier.

Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que les politiques prônées par les écolos sont généralement ultra-dirigistes, inspirées des pays socialistes dont on sait à quel point ceux-ci étaient respectueux de l'environnement (j'excepte évidemment Cuba, cher au WWF).

 

Bien sûr, il n'y a pas que la gauche pour être dirigiste...
 

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 15:25

buddha.jpgIl peut pleuvoir beaucoup à Singapour, et surtout, évidemment, durant la mousson ! J'y ai travaillé il y a déjà quelques années, et je me souviens de cette belle matinée - plein soleil et ciel bleu - où j'avais déserté mon bureau et les salles d'ordinateur glaciales pour aller flâner dans la ville.

Et puis, brusquement, le ciel se couvre, les nuages s'accumulent, noircissent, se vident : la cataracte ! Le petit parapluie chinois ne nous est plus très utile, mais heureusement un temple bouddhiste se trouve juste en face, et nous nous précipitons sous le porche y trouver un peu d'abri. Un parfait gentleman nous aborde et nous propose non pas de sécher l'eau de notre frimousse, mais de partager un frugal repas avec toute la communauté des fidèles. Il ne porte pas la tenue adéquate (pour nous, en tous cas), mais c'est effectivement le bonze-en-chef, le généralissime si vous voulez, enfin j'ai oublié son titre, mais certainement pas sa courtoisie exquise ni son anglais parfait (il avait fait toutes ses études en Angleterre et possédait un diplôme de théologie d'Oxford).

Nous voici donc attablés à manger notre bol de riz et à deviser de choses et d'autres, et plus précisément de sociologie, de religions, du marxisme (c'était l'époque - vous voyez, ça ne date pas d'hier), du bouddhisme. Mais surtout du bouddhisme, évidemment, on avait un expert sous la main, et c'était une école qui gardait encore un peu du prestige qu'elle avait acquis chez les soixante-huitards. Bien sûr, nous dit-il, ce n'est pas une religion, c'est une philosophie de vie ! Un éthos ! Et, oui, il va sans dire qu'on peut être marxiste et bouddhiste, aucune incompatibilité ! Tout simplement, ça ne se passe pas sur le même plan... Si l'on peut faire une image, c'est comme les avions - ils se croisent sans cesse, mais à des altitudes différentes. Bien sûr, ajouta-t-il en riant sous cape, ce n'est qu'une image, mais vous-mêmes, les Chrétiens (il savait bien que nous n'en étions pas, mais que nous en venions), vous vivez avec ce genre de comparaisons... 

Connaissant mieux le marxisme que le bouddhisme, nous n'osions pas trop mettre sa parole en doute. Mais tout de même, hasarda C., sans doute votre croyance est-elle agnostique en matière de dieux, mais le cycle des réincarnations qu'il faut briser... C'est une croyance assez lourde, non ? 

Autour de nous, les fidèles qui avaient terminé leur repas allaient déposer des bâtonnets d'encens, se prosternaient devant les statues du Bouddha et des Boddishatvas, psalmodiaient, tournaient et, visiblement, priaient. Le chef-bonze, nous voyant perplexes à ce spectacle, eut un gentil sourire. Oui, dit-il, je vois... ça vous semble bizarre ; mais vous devez comprendre ! notre philosophie est complexe, subtile, d'un abord difficile ! Et tous ces braves gens, ce qu'ils demandent, c'est de manger, de boire, de survivre en quelque sorte... Nous n'allons pas leur interdire ce qu'il faut bien qualifier de superstitions... Mais vous et moi, nous savons bien que tout cela ne sont que simagrées... 

La pluie avait cessé, et il faisait à nouveau plus chaud, une brume légère s'élevait des rues. Nous l'avons remercié pour son hospitalité, et surtout pour la grande leçon qu'il nous avait donnée.

Quand j'étais jeune, on appelait ça la foi du charbonnier.

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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 09:47

Mon cousin écolo à la voiture électrique vient de découvrir les lacaniens de Bruxelles, et il en est tout frétillant. De retour d'un de leurs séminaires, il nous racontait l'autre jour une histoire que vous connaissez peut-être - et peut-être pas, donc, je vous la rapporte :

 

On sait que Salvador Dali était obsédé par plusieurs oeuvres et par plusieurs personnes, et parmi elles Jean-François Millet et son Angélus, dont il avait peint je ne sais plus combien de dizaines de variations. Dali était cependant persuadé que ce n'était nullement une prière du soir en souvenir des défunts mais bien l'enterrement d'un enfant que figurait le tableau. A son insistance, une radiographie du tableau avait effectivement révélé sous la peinture actuelle le corps d'un enfant gisant sur le sol ; Millet avait en fait, d'après ce qu'en avait deviné un grand pontife, figuré là le corps d'un de ses frères dont il souhaitait la mort ou qui avait souhaité la sienne, ou un frère mort-né, ou quelque chose comme ça, je ne me rappelle plus, mais quoi qu'il en soit il était question de frère et de mort, et d'ailleurs c'était même peut-être autre chose, car, comme le concluait triomphalement mon cousin écolo (et lacanien frais émoulu - et là je ne veux pas être lacanien et conclure "frais et moulu") : "c'est l'Angélus de Millet, demi-lait !".

 

Bien. Outre que je n'ai jamais lu ni entendu l'expression demi-lait pour parler d'un frère (de lait ou pas) et que de toutes façons ce genre de calembour réputé signifiant dans certains cercles me laisse de glace, je suis tout de même assez méfiant devant ce genre de miracle. Comme tout le monde j'ai une certaine connaissance du personnage de Dali et on ne peut pas dire que la soif de vérité désintéressée le caractérise vraiment. Peu importe, il suffit de Googler et voilà que la fameuse affaire de la radiographie apparaît un peu partout. Pas sur le site du musée d'Orsay, cependant, ce qui est un peu étonnant. Wikipedia FR parle d'un petit cercueil, là où Wikipedia EN est plus dubitatif : "However, it is unclear whether Millet changed his mind on the meaning of the painting, or even if the shape actually is a coffin". Comme seules références, on trouve "Néret 2000", une émission de la BBC et une interview de Jean-Jacques Pauvert. Chaque fois, on assure que le Louvre a effectué la radio et qu'on a découvert un cercueil etc.

 

C'est maigre. Très maigre pour une nouvelle aussi sensationnelle, car enfin, il semble que l'Angélus soit quasiment au top de la célébrité, battu seulement par la Joconde ! Déjà, obtenir de faire passer un tel tableau aux rayons X pour une vague idée d'un génie de la provocation est un exploit, mais que cette radiographie confirme une hypothèse aussi fantasque frise l'impossible. Comme je faisais part de mes doutes à un proche, il me répondit que je n'avais pas de preuves à avancer, ce qui me sembla un comble ! Extraordinary claims need extraordinary evidence, mais apparemment, ça ne vaut pas pour les dîners en ville où une anecdote fausse mais bien tournée vaut mieux qu'une vérité un peu trop pédestre.

 

Cela étant, il est vrai que, en bon sceptique, je suis prêt à être convaincu, mais pas par des on-dits. Si l'un de mes lecteurs possède des renseignements plus probants, je lui serais très reconnaissant de me les communiquer. En attendant, je reste sceptique.

P.S.: Je cite le regretté Daniel Arasse "...mais je voudrais surtout évoquer la radiographie. Il faut savoir que celle-ci n'est faite que s'il y a une raison valable de la faire, par exemple une restauration" (Histoires de peinture, "Alberti disparu, le temps retrouvé" ). Venant d'un expert comme lui, je pense que cela plante le dernier clou dans le cercueil de cette histoire abradacabrante..

 

 

 

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