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12 avril 2016 2 12 /04 /avril /2016 20:54

Et donc notre petit pays d'héroïsme se retrouve en ligne de feu...

Evidemment, quand on libère un opérationnel de Sharia For Belgium (qui ne sont nullement des zozos, comme j'avais eu la naïveté de le croire étant donné leur crétinerie affichée) sous l'astreinte d'un bracelet électronique (ah le beau terme ! ça fait moderne...), on doit s'attendre à tout. Mais le gentil escroc qui a soutiré 2M d'€ au "Gouvernement wallon", incapable de faire des audits comptables (ni d'ailleurs de trouver un système de géolocalisation efficace pour faire payer une taxe kilométrique - par ailleurs équitable - aux poids lourds), celui-là, pas question de le libérer.

Après les attentats du 22 mars et la quasi mise à l'arrêt de notre aéroport national, voilà qu'une minorité à peine syndicale de contrôleurs aériens se met en grève (non, pas en grève, en "arrêt maladie"... oh la belle hypocrisie...), fonctionnaires nommés à vie mais qui peuvent paralyser tout le trafic aérien belge pour de vagues revendications sur l'âge de leur retraite. On n'avait plus besoin qu'eux. Ben oui, je dois me rendre bientôt à Ouaga, et je prendrai par Paris, bien sûr. Tant mieux pour Air France. Tant pis pour SN.

Je comprends que certains soient un peu énervés...

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 21:53

Les Oscars - figurine emblème des Academy Awards - ont donc été fondés en 1929 au début de la grande crise afin de ramener le public au cinéma - ce n'était qu'un "Nickelodeon", un "opéra à deux balles". Même à cette époque, le cinéma n'était pas encore considéré par les gens sérieux comme un art à part entière.

 

J'ai peu connu mon grand-père maternel mais on m'a rapporté qu'après avoir vu un des tout premiers films de la fin du 19e siècle (et pourquoi pas l'arroseur arrosé ?) il avait eu cette sentence définitive : "ça n'a aucun avenir, c'est un divertissement pour hilotes", sauf qu'il le disait en flamand, car il était flamand. Et il avait décidé de ne plus jamais revoir ce genre de spectacle.

 

Mon grand-père paternel, par contre, pur Bruxellois de famille wallonne de descendance française, était fou de photographie ; il avait un appareil (qui trône sur ma cheminée), acajou, cuir et laiton, objectif "Photo-Hall - Paris - N°11.087", ainsi qu'un agrandisseur fonctionnant avec une lampe à pétrole qui a disparu - je n'en ai qu'une photo. Il est mort en 1905, le pauvre, jeune et écrasé par une automobile ! Imaginez ! Bien, je dis ça pour faire un tombeau (comme le Tombeau de Couperin) à ma famille... On est tous restés à la photo et (contre-intuitivement) au cinéma, d'où le fait que notre fille cadette est cinéphile et photographe.

 

Donc, pourquoi je dis ça ?

 

Mais tout simplement parce que les Oscars ont essaimé, avec, en France, les Césars, et, en Belgique, les Plateau. Hélas, pour ce qui est des Plateau (dois-je y mettre un 'x' ?), ça ne va pas bien. Les communautés française et flamande se disputent le financement de ces prix, mais il faut encore se mettre d'accord sur le choix des films.

Donc : Vlaamse Filmprijzen d'un côté, et Magritte du cinéma de l'autre.

Comme le disait Cécile de France, actrice belge ayant joué dans plusieurs films français et flamands, " Si, culturellement, nous en arrivons aussi à installer des frontières entre nous, il n'y a vraiment plus rien à faire, autant se séparer. Nous n'avions pas besoin de cela pour l'instant, c'est complètement stupide".

 

Et notez que j'ai transcrit la dernière phrase.

 

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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 23:51

[suite du feuilleton précédent]

 

Le dimanche matin, la RTBF diffuse une émission d'actualité, "Mise au point", généralement consacrée depuis quelque temps à la politique (ou à l'absence d'icelle) de notre petite terre d'héroïsme, et ce matin nous avons eu bien sûr droit à une n-ième discussion entre distingués politiciens qui se rejetaient tout aussi évidemment la responsabilité de la crise. Et, à chaque tour on entendait les "mais la NVA (ou le PS, ou le CD&V [*]) a dit non, alors qu'on était tout près d'un accord", le tout sur des rapports, des non-papers, des propositions, etc. Tous rapports, propositions et non-papers que personne n'est censé connaître par ailleurs. Je suis partisan d'une certaine réserve durant des négociations, mais tout de même on sait que les sept partis pressentis pour faire parti d'un prochain gouvernement (ha, ha, ha !) ne se sont pas rencontrés depuis le début du mois de septembre et que le MR - majoritaire à Bruxelles - est soigneusement tenu à l'écart. Une perle : Onkelinx déclarant qu'on ne pouvait comparer le PS à la NVA car l'un était belgicain (mais quand on entend Uyttendaele et Di Rupo parler enfin de plan B, on peut se poser des questions) et l'autre séparatiste. Le cordon sanitaire ? Il est vrai qu'une autre émission radio du même jour rassemblait de grands humanistes déclarant avec certitude que, l'extrême-droite entonnant de plus en plus, et ce dans toute l'Europe, un chant de la droite libérale, il fallait donc se défier de celle-ci également (mais ceci est une autre histoire que j'aimerais traiter dans un post plus fouillé, surtout quand j'entendais l'intervention d'Henri Goldman qui a peut-être troqué son vieil habit trotzkard pour une tenue plus seyante).

 

Quoi qu'il en soit, la discussion restait, sinon courtoise, du moins plus ou moins ordonnée lorsque l'ineffable Jean-Marc Nollet  invoqua le zombie de la "consultation populaire", c'est-à-dire le référendum... On connaît ici la dernière incarnation du zombie, son avatar Question royale, qui a mis (figurativement) le pays à feu et à sang, à tel point que l'idée d'un référendum a été rejetée avec terreur par toute la classe politique. Nos voisins d'outre-Quiévrain connaissent bien le problème, avec la dénonciation "référendum=plébiscite" du temps de de Gaulle, car enfin, quelle question poser ? "Etes-vous pour ou contre la Belgique ?"  Ridicule. "Voulez-vous l'indépendance de la Flandre ?". Allons donc ! Demander cela à l'ensemble de la population n'a évidemment aucun sens. "Quelle Belgique voulez-vous ?". Et c'est une question à choix multiple ? La seule possibilité de consultation populaire, c'est sans aucun doute ce petit gadget, le vote, les élections. C'est peut-être naïf, c'est peut-être dangereux, mais que faire d'autre ? Je le répète, une fois de plus, il faut écouter les Flamands et, s'ils le désirent, aller vers leur indépendance - mais nous Bruxellois ne sommes pas prêts à nous faire annexer. Il faut qu'ils le sachent. Sans vouloir dramatiser, voyons les mouvements populaires en Tunisie et ailleurs...

 

 

[*] et il semble que les partis francophones n'ont pas saisi que le CD&V, héritier du CVP, avaient changé le V de Volk ("populaire", à l'époque signifiant plutôt "démocratique") en Vlaams - flamand - et que les hommes d'Etat tels que Dehaene, Eyskens et même Martens et - horresco referens - Leterme, sont maintenant totalement démonétisés, avec des quasi-inconnus comme Wouter Beke montant au créneau.

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26 janvier 2011 3 26 /01 /janvier /2011 21:33

[suite du feuilleton précédent]

 

Et, donc, le 23, la "marche blanche" annoncée - et ses mots d'ordre ni-ni-ni-ni - a avorté d'une ressucée de la marche belgicaine de 2007, avec 80% de francophones et une belle mesure de drapeaux "noir jaune et rouge". C'était, paraît-il "la marche de la honte", comme si le fait de trahir ses électeurs - flamands pour les partis flamands, francophones pour les autres - n'eût pas été bien plus honteux encore que de ne pas s'accorder entre des partis indépendantistes et gentiment fédéralistes. Sans parler de cet aspect "jeune", ah comme c'est beau que la jeunesse nous donne des leçons (*)... Quelle démagogie !

 

Le vendredi précédent, à l'appel principalement d'artistes flamands s'était tenue une réunion au KVS : "Niet in onze naam/pas en notre nom". Très jolie, très belle manifestation en l'honneur d'une culture sans frontières, à laquelle j'ai toujours souscrit - théoriquement. Mais à vrai dire complètement fausse ; les cultures "dominées" n'ont jamais manqué de faire le procès des cultures "dominantes", et (souvent) à juste titre. J'entendais tout à l'heure Claude Semal, artiste francophone très ouvert, très à gauche et très belgicain-bruxellois, s'étonner du fait qu'il ne connaissait quasiment aucun des artistes du Nord du pays, sauf quelques-uns de sa spécialité (le cabaret, pour faire simple). Et n'oublions pas qu'à la dernière Biennale de Venise, on a écarté des oeuvres dérangeantes parce que les visiteurs du Proche-Orient auraient pu être choqués par le contenu... Ah oui, le marché n'est pas l'Art avec un grand A... Une exposition comme celle de Cranach qu'on a pu voir à Bruxelles et qu'on verra bientôt à Paris ne sera évidemment jamais exposée telle quelle dans tant d'autres lieux ! Le caviardage d'oeuvres même antiques est quelque peu oublié chez nous mais toujours d'actualité ailleurs.

 

Ben oui, on a deux pays qui se partagent un improbable héritage datant du Congrès de Vienne (**) où, en gros, les Anglais et les Prussiens ont voulu créer un Etat-tampon entre la France et les Pays-bas en y incluant les catholiques du Nord. Comme le disait Jules Destrée à son roi Albert Ier, "Majesté, votre cire est bien bonne", non, pardon,  "Sire, la Belgique n'existe pas...".  Certes aussi, il le disait en tant que Wallon. Maintenant, c'est à Bart de Wever de le rappeler à Albert II. On dirait que tout allait bien jusqu'à ce que la NVA vienne tout chambouler, et on oublie allègrement que le Parlement flamand avait déjà voté en 1999 - et à une grosse majorité - une résolution qui est tout à fait  à l'ordre du jour ; les francophones n'étaient-ils pas au courant ? Il n'y a plus de partis nationaux depuis belle lurette et les systèmes empilés fédéral/régional/communautaire ont dérivé chacun dans sa logique propre. Et quand j'entends l'historien de la NVA, M. Defoort, revenir benoîtement sur la notion de confédéralisme, je trouve incompréhensible qu'aucun journaliste ne lui rappelle qu'il n'y a pas matière à confédération ; et qu'un historien comme lui appelle "confédération" la confédération helvétique est d'une mauvaise foi criante - autant dire que la Corée du Nord est un démocratie, et est populaire de surcroît.

 

La Belgique n'est pas morte, mais l'unitarisme l'est. Il faut commencer à négocier l'indépendance de la Flandre, et je me réjouis d'avoir entendu Hervé Hasquin le sous-entendre hier soir sur la RTBF.

 

 

(*) propos certes d'un vieux croûton

(**) Et mieux encore, Lothaire, petit-fils de Charlemagne...

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24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 11:08

belgique

 

(et voici son futur nouveau drapeau...)

 

Je ne comprends vraiment pas pourquoi ni comment les politiques francophones de ce pays refusent de voir les choses en face : les Flamands veulent l'indépendance de la République flamande, et quand bien même on alignerait sondage après sondage pour dire que non, enfin oui, c'est-à-dire pas tous, mais certainement une grande autonomie, etc. il n'en reste pas moins que tous les hommes politiques importants et, ce qui est nouveau, tous les éditorialistes flamands envisagent une scission avec sérieux, voire sympathie. Tordons tout de suite le cou à un mythe, celui de la "confédération" : notre prof de DIP nous avait bien rappelé qu'une confédération était une union politique d'Etats souverains, qu'il y en avait peu d'exemples dans l'histoire et que la Confédération helvétique n'en était pas une. On pourrait évidemment imaginer une telle confédération, mais alors postérieure à une indépendance d'un Etat flamand.

 

Qu'on m'entende bien : je n'ai nulle sympathie envers les récriminations nationalistes flamandes et je ne me réjouis pas de devoir envisager la scission du pays ; comme quasiment tous les Belges, j'ai de nombreux ascendants de tous bords - même espagnols - et la Flandre fait incontestablement partie de l'histoire européenne (la dénomination même de Flandre au quinzième siècle était assez vaste et surprenante pour les modernes que nous sommes). Je n'ai nulle sympathie pour les nationalismes quels qu'ils soient, mais je peux les comprendre lorsqu'il s'agit de défendre une langue, une culture qu'on estime menacées (sans parler évidemment des réactions de nations dominées - ce qui n'est tout de même pas le cas des Flamands). Alain Finkielkraut - avec lequel on peut parfaitement ne pas être toujours d'accord - nous rappelle dans de nombreux ouvrages la hantise de petites nations d'être absorbées par des voisins plus puissants, voire plus prestigieux. Le bilinguisme traditionnel des Flamands comme le monolinguisme regrettable des francophones ne s'explique pas autrement : Kafka écrivait en allemand, la grande majorité des Néerlandais et des Nordiques parlent couramment l'anglais, etc. Mais un ami Danois me rappelait que le danois était pour lui la plus belle langue du mondes, et il me le disait dans un anglais impeccable.

 

Il y a quelques jours, M. Eric Defoort - co-fondateur et homme éminent de la NVA - avait fait un tabac dans une émission de la VRT consacrée au plan B comme on l'appelle ici, soit la fameuse scission. On se souvient peut-être d'une autre émission de la RTBF cette fois, qui mettait en scène il y a quelques mois un coup d'Etat flamand proclamant unilatéralement l'indépendance du territoire, émission à mon point de vue parfaitement scandaleuse en ce qu'elle se présentait comme des nouvelles et non une fiction et qu'elle avait un ton ouvertement belgicain et assez anti-flamand (du moins anti-indépendantiste flamand, ce qui n'est pas le rôle d'un journaliste). Il confirmait bien sûr, et M. Bart De Wever également, que le but de la NVA était assurément de préparer à l'indépendance - à terme, cela va sans dire - et que les négociateurs n'accepteraient jamais que des petits pas menant à un tel but, et jamais au grand jamais la moindre concession revenant en arrière. Et les hommes politiques francophones n'écoutent pas, n'entendent pas. En ce qui concerne Bruxelles, M. Defoort était très clair : c'est la capitale de la Flandre, et il n'est pas question de la laisser tomber ; il ajoutait "en historien" No taxation without representation, ce qui en l'occurrence était parfaitement à côté de la plaque pour employer une expression familière, et il prévenait que donc Bruxelles devait s'attendre à voir tous ses crédits (flamands) coupés, à voir toutes les institutions (flamandes) se retirer et devrait s'apprêter à financer les retraites des navetteurs flamands... Il le disait en ricanant.

 

Minute, papillon ! Les Wallons et les Bruxellois n'ont jamais à ma connaissance décidé de ne plus faire partie de la Belgique ; si les Flamands veulent fonder leur Etat propre - et qui leur nie le droit de le faire ? - ils ne peuvent empêcher ceux qui restent de continuer à être la Belgique, avec son siège à l'ONU et sa qualité de membre de l'UE, du Conseil de l'Europe, etc. Bien sûr, une telle indépendance acquise pacifiquement - il y a de nombreux précédents historiques d'un tel processus - suppose de longues négociations et de très nombreux traités. Voilà à quoi la classe politique francophone devrait s'atteler ; après, la République flamande devra demander son adhésion à l'UE (bonne chance...), au CdE, à l'ONU etc. mais ce n'est plus l'affaire de la Belgique. El l'historien en peau de lapin devrait peut-être méditer sur les innombrables pays qui ont compris que l'indépendance ne signifiait pas un afflux de richesse ; certes le départ de la Flandre de Bruxelles sera coûteux, mais on n'achète pas son indépendance et s'il le faut, je ne doute pas que les Bruxellois chasseront ceux qui voudraient s'accrocher. Tout cela bien sûr parce que les Flamands (on me comprend) n'ont jamais accepté le fait que la Région de Bruxelles-capitale est précisément cela, une région à part entière ; pour eux, Bruxelles est une ville, et une ville flamande en plus. Ils se trompent, et les menaces de M. Defoort tombent mal : il n'est évidemment pas question de payer les retraites de navetteurs dont justement on se plaint qu'ils acquittent leurs taxes dans leur région d'origine (no representation without taxation, M. Defoort !), et a fortiori s'ils résident dans un Etat étranger...

 

Oh, certes, j'ai des amis artistes qui manifestent bruyamment contre ce plan B. Des scientifiques aussi. J'avoue ne pas les comprendre, car, n'ayons pas peur des platitudes, l'art n'a pas de frontières - c'est un peu différent pour la science à cause des sommes colossales en jeu, mais justement, on voit avec des réalisations comme le CERN, ITER, etc. qu'il y a moyen de passer par-dessus ce genre de problèmes, au moins en partie. Et quand je dis "pas de frontières", c'est d'un évidence absolue : je n'hésite pas à écouter un opéra à Glyndebourne, à voir une exposition à Berlin ou à courir à Art Basel (à Bâle ou à Miami). Ce qui me ferait hésiter, c'est le coût du voyage, pas le fait qu'il faille franchir des frontières. S'il faut le faire pour aller écouter un concert à Anvers, je m'en soucie comme d'une guigne.

 

Il y a tout de même un gros problème qui reste : tout cela me semble tellement limpide que je ne comprends diable pas comment tout le monde ne pense pas comme moi... Où donc me trompé-je ?...

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