Lucien de Samosate, encore... et son Assemblée des dieux. Très joli dialogue entre Momos, la raillerie et le sarcasme, dont
nous avons sans doute fait momerie, et Jupin. On rappelle qu'Asclepios, notre bon Esculape, fut brûlé
par la foudre dudit Jupin pour avoir ressuscité les morts contre monnaie sonnante et trébuchante - un exemple de cupidité à méditer par nos affreux banquiers.
Le dialogue entre Momos et Jupin est d'une très grande drôlerie, raillant Zeus séduisant Europe ou Danaé, et bien sûr Ganymède - ce
dernier attirant une sèche réplique du divin Jupin...
Bref, Momos se moque terriblement de Jupiter le Terrible et des divinités égyptiennes (dont les provinces rapportaient pas mal de
talents (*) et de sercestes à l'Empire romain).
Et puis voici la conclusion :
"Attendu que beaucoup d'étrangers, non seulement Grecs mais encore Barbares, qui n'ont aucun titre à partager notre nationalité, ayant
obtenu de faux papiers dieu sait comment et s'étant fait passer pour dieux, ont rempli le ciel au point que notre salle de banquet est encombrée d'une foule turbulente d'individus parlant toutes
sortes de langues et d'un ramassis d'humains, qu'il y a pénurie d'amboisie et de nectar [...]".
Maheureusement, la péroraison de Momos est tout de même assez ambiguë. Se moque-t-il ? Ambigu est-il, lui, Lucien...
Références : Lucien, Histoire vraies, Classiques de Poche, traduction Guy Lacaze ((2003). Pour une très belle anthologie de la
mythologie (très ancienne, mais qui reste passionnante,) le Dictionnaire de William Smith, traduit par N. Theil (1884). Il y a bien sûr des sources plus actuelles, mais celui-ci
reste un bon début.
En ce qui concerne Rome, il y a tant de références ! Les classiques, comme Mommsen, Carcopino (eh oui !) ou Syme ; les plus récents,
comme Jerphagnon, Veyne ou Rouland.
Tant à lire, tant à digérer... Quel plaisir (si j'ose dire..) de prendre de l'air par rapport à une "Histoire romaine" qui nous avait
été serinée par nos profs de latin qui nous caviardaient cette histoire, qui nous exaltaient Cicéron (cedant arma togae), le pôvre, sans nous avoir vraiment averti qu'il avait été
consul, sans nous avoir cruellement dit qu'il avait été victime - mains êt tête coupées - dans près de deux siècles de guerres internes.
Je ne m'égare pas : les élections aux Pays-Bas ont écrasé à la fois l'extrême-droite et à l'extrême-gauche, toutes deux
anti-européennes. Pas mal...
(*) Petite note pour avoir une idée de ce que ces "talents" ou "sersteces" pourraient valoir : selon le traducteur, Guy Lacaze, un
talent athénien de l'époque classique valait vingt-six kilogs, six mille drachmes soit quinze mille euros - très approximativement, évidemment. C'est tout de même plus facile que de compter
en francs-or Poincaré... Le serstece, romain, vaudrait quelque chose comme (selon l'époque) entre 5 et moins d'un Euro (voir un très joli article ici).