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11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 21:09

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J'avais promis d'en parler, et pour une fois je tiens mes promesses...

 

Lucien de Samosate, quelque peu Syrien donc (encore que ce genre de déterminisme géographique soit très douteux) est né en Cappadoce vers 120 de notre ère. La Cappadoce, c'est le Sud-Ouest de la Turquie actuelle pour ceux qui l'ignoreraient, c'est Nemrud Dag et ses extraordinaires statues d'Antiochos Ier, roi de Commagène, avec sa titulature en grec. Car à l'époque on parlait grec un peu partout dans l'Empire romain, et même si Lucien semble avoir voulu faire croire que sa langue originelle était "barbare" (en fait l'araméen), il est plus que probable qu'il était hellénophone "commun" ayant évolué vers un atticisme classique. Pour qui veut mieux connaître la situation de l'époque, il faut lire l'ouvrage (un peu farine à la cuiller à soupe mais très érudit) de Maurice Sartre,  D'Alexandre à Zénobie.

 

Lucien a joui d'un grand succès après sa mort, et bien au-delà. C'était un grand sceptique qui a traversé les siècles jusqu'à Voltaire et Renan (sans parler de Cyrano de Bergerac et de son voyage dans la Lune), méchant (voir son article sur la mort du pauvre Peregrinos), joyeux, belliqueux et polémique. Il détestait les "croyants" et les superstitieux, y compris... les chrétiens dont on commençait à parler à l'époque. Fort intéressant. Lucien parle d'eux en parlant de leur "synagogue", ce qui fait tiquer certains commentateurs même modernes. Et pourtant... Et pourtant ce n'est qu'à son époque que les "Chrétiens" se sont définitivement séparés des Juifs qu'ils étaient auparavant. Le grand schisme chrétien était encore assez jeune pour que les non-spécialistes n'y voient que du feu, ce qui, d'autre part, prouve bien que la propagande chrétienne au sujet des "persécutions" doive être prise avec plus qu'un grain de sel. Aucune haine envers ces gens qui ne sont qu'au moins aussi stupides que ceux qui croient aux fariboles jupitériennes. Jupin n'est pas plus intéressant qu'un quelconque crucifié.

 

Et Lucien est mort de sa "belle mort". Un anar comme lui - un vrai Epicurien, le seul genre de philosophie qu'il ne détestait pas, à la différence de la belle pensée stoïcienne romaine - ne lui a pas valu de réel problème (on était au temps d'Antonin le Pieux, et à ce sujet, je ne puis que vous encourager à voir le dernier film de Quentin Dupieux, "Wrong", faisant suite à son génial "Rubber". Mais je m'emporte).

 

Comme je le disais, c'est Lucien Jerphagnon qui m'a fait revivre en quelques lignes enthousiastes ce merveilleux polémiste. J'avais évidemment lu son contemporain, Apulée et son  Ane d'or qui est bien mieux connu, mais ces aventures picaresques cachant une révélation mystique n'ont rien à voir avec le chaud rationaliste qu'est Lucien !

 

 

 

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28 décembre 2011 3 28 /12 /décembre /2011 23:38

Vous connaissez tous sans doute les aventures des cadeaux de Noël qui finissent le lendemain sur e-Bay, mais heureusement j'ai la chance d'avoir une famille et surtout belle-famille (mais je n'entrerai pas trop dans des confidences personnelles) qui connaissent nos goûts, aussi n'ai-je pas été trop étonné de recevoir ce 24 un livre inconnu d'une maison d'édition tout aussi inconnue (de moi) et qui s'intitulait, vous l'aurez deviné, "Le rire de Schéhérazade". Il se fait que notre fille cadette porte le même prénom (entre autres), et je pensais donc qu'il s'agissait d'une aimable plaisanterie, d'un clin d'oeil familial ; à y regarder de plus près, sur la 4e de couverture, on découvrait qu'il s'agissait de récits de voyage d'une compatriote (Belge, donc) gynécologue de son état et expatriée humanitaire lors de nombreuses campagnes, notamment auprès de MdM.

J'ai commencé le livre le 25 - je ne dirais pas au matin... - et je n'ai pas pu l'abandonner, lu, avant tard le soir. Prodigieuse conteur (on devrait dire "contrice" ? ou "conteuse" ?), Marie Bruyns (c'est le nom ou le pseudo de l'auteur) nous promène de l'Afghanistan au Congo et un peu partout ailleurs, dans un trip tendre et indigné, centré évidemment sur le sort des femmes dans des pays qui ne les ménagent pas - mais pas seulement. Ce n'est pas du tout un "coup de gueule", mais une chronique pointilliste et pleine de, j'ose le dire, générosité. D'une gynécologue qui ne craint pas de se définir comme scientifique. J'aime ça.

 

Marie Bruyns, Le rire de Schéhérazade, Couleur livres (coll. je), www.couleurlivres.be. Je vous le recommande chaudement.

 

Sur ce, je pars dans le Vercors et la Provence et vous souhaite une très belle année 2012 !

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 21:58

Je vous ai parlé de mon désir d'enfin terminer le livre de Musil. C'est en cours... Mais je ne peux m'empêcher de livrer au moins deux phrases de ce chef-d'oeuvre :

 

"[...] quelque chose clochait et les empêcherait toujours d'être corps à corps  dans leurs étreintes, quand bien même ils se déferaient de toutes les entraves du vêtement et de la morale." C'est un superbe zeugme, comme cette belle phrase d'une rédaction d'un de mes condisciples d'il y a, oh, bien longtemps : "j'y retrouve mes parents et mes habitudes".

 

"Il [Walter] émettait toujours de la petite monnaie de sentiment, mais c'était de l'or et de l'argent, alors qu'Ulrich [l'Homme sans qualités] opérait en plus grand, avec des sortes de chèques intellectuels, sur lesquels étaient écrits d'immenses chiffres ; mais ce n'était jamais en fin de compte que du papier." Ce qui me fait penser à Pierre Sterckx estimant que Marcel Duchamp signait (dans son oeuvre) des chèques sans provision pour autant de milliards qu'en voulait le bénéficiaire.

 

Cela dit, une dizaine de phrases du même genre par page ne facilite pas la lecture, même si cela exalte l'intelligence !

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27 juillet 2010 2 27 /07 /juillet /2010 10:55

"Pourquoi ne voyage-t-on pas ? Pourquoi tant d'entre nous se refusent-ils à partir outre-mer, à franchir les frontières de l'Europe ? Par crainte de vérifier un obscur pressentiment. Car la haine qui peut nous saisir en Inde, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient ou en Amérique latine devant les cloaques de boue et d'insalubrité que sont les grandes villes de ces pays, cette haine s'adresse en priorité à nos origines occultées. Nous sommes, en Europe, les enfants gâtés d'une croissance qui a coûté d'effroyables souffrances aux peuples qui la composent, nous sommes les héritiers d'une histoire de sueur et de sang dont nous ne voyons, aujourd'hui, que les fleurs, mais qui a poussé sur les charniers. L'Occident, il y a peu, n'était lui aussi que cette vaste aire d'épandage où grouillaient miséreux et cloportes, tandis qu'une minorité de riches étalait un luxe insolent (n'oublions pas que la faim a frappé en Europe jusqu'en 1955, pour l'Ouest, et jusqu'au milieu des années 60 à l'Est). La visite de telle cité orientale ou nord-africaine restitue d'un coup une dimension fondamentale que nous avions oubliée : celle du rouleau compresseur que fut le développement du capitalisme. Ces vagabonds, ces serfs, ces fous et assimilés, dont Karl Marx, dans les premiers livres du Capital, a décrit le déracinement dès le XVIIIe siècle, ce peuple dépossédé, arraché à l'éthique familiale, aux vieilles solidarités rurales, c'est bien le cadre dans lequel nos sociétés industrielles se sont déployées. C'est une exploitation atroce, une oppression sans frein qui ont permis notre aisance actuelle. Nous descendons de si peu, tel est notre dégoût.
Ainsi, dans la prolifération des bidonvilles du Tiers-Monde, nous lisons le filigrane de notre histoire. Arpentant les rues de Dacca, de Bombay, de Djakarta, de Manille, de Marrakech, de Bogota, on contemple à ciel ouvert les racines de notre civilisation, on parcourt sur le vif un roman de Hugo, de Dickens ou de Zola dont les personnages se seraient mis soudain à proliférer en chair et en os pour notre plus grande terreur. Toute la littérature du XIXe siècle, qui n'est qu'un long commentaire sur la dégradation de millions d'individus résultant des stades initiaux du développement industriel, retrouve ici son actualité. Ces implorants chassés de leurs villages, ces sous-prolétaires taillables et corvéables à merci, pourraient être nos aïeux, épuisant leur souffle dans quelque mine insalubre, se tuant à la tâche pour un salaire risible. Votre Occident radieux a pour socle un cauchemar et pour base une hécatombe voilà ce que nous soufflent les indigents du Tiers-Monde. A travers cette dévalorisation de l'homme par l'homme, notre culture se montre du doigt par le biais d'un masque exotique : image de notre genèse et du gouffre où nous pourrions retomber si, par quelque infortune, notre opulence venait à disparaître. "

 

Qui donc a écrit ce texte violemment Tiers-mondiste légèrement teinté de marxisme ?

 

Tout simplement Pascal Bruckner, dans son célèbre Sanglot de l'Homme blanc, ce qui lui avait valu d'être immédiatement catalogué comme de droite, et si pas de l'extrême, au moins de la sale droite, nostalgique du colonialisme, arrogante et raciste, méprisante, etc. La "nouvelle droite", quoi. Une de mes amies fort portée à gauche avait d'ailleurs à l'époque - toujours lors d'un dîner en ville - démoli brillamment ce livre détestable et son auteur qui ne l'était pas moins ; lorsque je lui demandai si elle l'avait lu, elle me répondit que non, naturellement, elle n'avait ni le temps nécessaire ni l'envie de gaspiller son argent pour une pareille futilité. En somme, le jugement du Monde Diplomatique lui suffisait, ses satisfecit comme ses ostracismes, et Bruckner allait rejoindre V.S. Naipaul dans les poubelles de ce qui n'était pas encore une Ramonetterie. Après tout, c'est comme avec Huntington, il suffit de lire le titre du livre pour savoir de quoi il s'agit, on ne va pas s'embêter à lire un livre aussi évidemment déplaisant. Choc des Civilisations ou Sanglot de l'Homme blanc, ça sonne mal, l'un est politiquement douteux et l'autre sarcastique.

 

Mais qui n'est pas victime parfois du prêt-à-penser ?

 

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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 21:01

Si je puis me permettre de me livrer, je dirai que j'en ai été friand jusqu'à il y a quelques décennies (eh oui, eh oui) mais j'y ai repris goût voici quelques années grâce à un ami polarivore dont la bibliothèque s'orne de tous (enfin presque - il y en a qui sont introuvables)les ouvrages de la Série Noire. Il a su me convaincre et ma Muse insolente, abjurant ses erreurs, s'est ralliée à sa foi ; je lis, je découvre, et pour passer les dizaines d'heures que je consacre régulièrement dans les avions qui me mènent de ci, de là sur notre Planète en péril, rien ne vaut un bon roman policier entre deux tomes plus sérieux (car il m'arrive d'en lire, soyez-en sûr).

Je vous parlerai ce soir des oeuvres de Qiu Xiaolong, et de ses enquêtes de l'inspecteur principal Chen Cao. Très politiques, ces enquêtes, censées se passer dans la Chine des années '90, bien qu'ayant été écrites une dizaine d'années plus tard - d'où parfois certains anachronismes certes voulus mais sans grande importance. Tout se passe à Shanghaï, ville d'origine de l'inspecteur principal, et aussi de Qiu Xiaolong, dont le prénom pourrait être Petit Dragon, mais qui pourrait faire aussi référence aux délicieux baozi, spécialité de Shanghaï, et qui signifierait alors Petite Cage en bois.

L'inspecteur principal Chen Cao se débat dans chaque épisode parmi les difficultés de la transition, essayant de traquer les rats rouges, les apparatchik-s (si j'ose me permettre le parallèle), les membres des triades, bref les copains et coquins de la Chine de l'époque (et d'aujourd'hui d'ailleurs). Il y a des cadavres, des enquêtes subtiles, beaucoup de poèmes de toutes les dynasties (car Chen est aussi et peut-être surtout un poète, un flic-poète, excusez du peu). Et de la politique, de la politique, de la politique, et pas de manichéisme, croyez-moi ! Car si le père de Chen, lettré et professeur d'université a été massacré par les Gardes Rouges, son fils reste tout de même empli non seulement de la tradition confucéenne, mais aussi de celle de Laozi et croit dans un certain égalitarisme du communisme de sa jeunesse.

Pour tout dire, je n'ai pas lu en version originale (anglaise), la FNAC de Bruxelles étant inexplicablement dépourvue de ses oeuvres, mais la traduction française me semble assez réussie, avec des notes supplémentaires sur les poèmes cités.

Enjoy !

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7 février 2010 7 07 /02 /février /2010 20:54

 - Mais alors, il s'agit donc d'une machination ! s'exclama Clarisse Mérieu.
Le vicomte d'Ambrézy ne répondit pas tout de suite. Clarisse continua, plus attentive.
- Donc, vous croyez que la liste des quinze mille...
- Non, non, répondit pensivement le vicomte, je ne le crois pas, mais tout de même, qui peuvent être ces réchauffistes dont j'ai pu voir mention dans le mémoire du Chef de la Sûreté ? Votre défunt mari ?...
- C'est vrai, il m'en a parlé... Mais je vous assure qu'ils ne sont pas tous de la bande du marquis de Giec !
- Vous voyez bien... Ces réchauffistes ne sont donc pas des Hommes de Science, n'est-ce pas ? Ce sont des scélérats qui s'appuyent sur des indices qui nous échappent, certes, mais qui sont réels ?
Clarisse était au bord des larmes et se tordait les mains de désespoir.
- Oui, oui... Vous avez sans doute raison...
- Sans doute, dites-vous, mais il en faut plus...
Et d'Ambrézy réfléchissait encore à l'article qu'il avait lu tout récemment en première page du Globe. Un article qu'il avait simplement survolé, mais qui, maintenant, semblait prendre corps et lui rappeler d'autres souvenirs. Les indices se précisaient, mais restaient tout de même fragiles. Et si...
- Somme toute, ricana-t-il, ces réchauffistes ne seraient que des canailles utilisant la Science pour leurs intérêts personnels... Car on sait bien que...
Il n'acheva pas. Les dernières missives reçues de Beautrelet montraient bien qu'il y avait des anomalies climatiques - dues à quoi ? Le mystère était total.
- Oh, ce n'est pas si simple ! affirma la jeune femme, dont l'abondante chevelure blonde dénouée montrait assez le désespoir. Pourquoi donc seul trouve-t-on leurs adversaires chez le baron von Mises, ou le comte Godefrini, ou encore chez Monseigneur Staune ?
D'Ambrézy réfléchissait. Il se sentait tremblant comme chaque fois qu'il était en face d'une énigme qui eût été incompréhensible pour le commun des hommes. Il ne lui restait plus de temps, Ganimard et ses sbires accouraient vers son repaire de Saint-Germain, ils seraient là dans moins de dix minutes.
Soudain, devant les yeux écarquillés de Clarisse, il se mit à faire des entrechats, sautant en l'air en riant ; la jeune femme en était ébahie.
- Quoi donc ? Vous auriez trouvé ? Vous auriez élucidé cette énigme ? 
- Ah, Madame, lui dit-il en prenant sa main et en la baisant, c'était si simple... Voyons, où en sommes-nous ? Dans son dernier mémoire, votre mari, Clémence von Linszen vous a pourtant légué son secret !
Clarisse retint sa respiration. Comment eût-il pu savoir ? D'ambrézy la regarda en souriant de cet air narquois qu'il pouvait avoir et qui lui faisait peur en d'autres temps, quand elle l'avait connu sans qu'il sût qu'elle était la Cagliostro...
- Parlez, Monsieur, lui intima-t-elle.
- Très simple, Clarisse, enfin, si je puis vous appeler par ce nom...
Dehors, la Seine coulait doucement, et la barque dans laquelle Ganimard et trois policiers fortement armés faisaient force de rames se rapprochait vivement.
- Vous savez bien que la secte des Zécologistes refuse à  qui que ce soit de publier toute information contraire à leur point de vue... Et vous savez bien que ces Zécologistes sont prêts à tout... Et qu'ils sont maîtres de l'opinion...
- Non, ce n'est pas vrai, vous inventez ! répondit Clarisse, éperdue.
On voyait dans le dernier coude de la Seine l'embarcation des policiers ; d'Ambrézy - dont on aura bien vite compris qu'il était Arsène Lupin - leur jeta un coup d'oeil et un encouragement.
- Les voilà ! Il me reste quelques minutes... Donc, les Zécolos étant maîtres du terrain et plutôt marqués à gauche, que restait-il à leurs adversaires sauf à se mettre à droite... quoi qu'il leur coutât, et croyez-moi...
Un coup de feu résonna.
- Rends-toi, Lupin, tu es cerné !
D'Ambrézy regarda Clarisse, dont les yeux étaient pleins de larmes. Il lui posa la main sur l'épaule, et n'eut pas de peine à la tutoyer :
- Clarisse, ou Josine... tu sais comme on s'aime...
Ganimard et sa troupe n'étaient qu'à cent pas, investissant la prairie jouxtant le manoir.
- Mais, mon amour, je veux sauver la planète ! murmura-t-elle.
- Et moi, ma chérie, je veux sauver les Hommes ! dit Lupin dans un grand éclat de rire.
- Nous nous retrouverons !
- Je l'espère bien !
Clarisse - ou Josine - vit son amant disparaître soudainement tandis que Ganimard et sa troupe accouraient.
- Fichtre ! Il nous a échappé ! Mais où donc ?...
Une fois de plus, il était arrivé trop tard...

 

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3 février 2010 3 03 /02 /février /2010 20:50

Tout jeune, je dévorais les livres de Maurice Leblanc, ou plus exactement ceux qui relataient la vie exaltante du bel Arsène, mon idole, le révolté, celui qui narguait la Société, comme le sublime Robur le Conquérant (celui que le salopard de Philip Jose Farmer avait voulu soustraire à mon admiration, tout comme Nemo).

Certes, ML avait eu les fées sur son berceau, Flaubert (enfin, le frère...), et plus tard Jules Renard, Alphonse Daudet, Alphonse Allais et même l'immense Stéphane Mallarmé. Sa soeur Georgette connut la gloire comme soprano lyrique, amie de Maeterlinck - bref, tout du beau monde.

Cela, je l'ignorais, ingurgitant aussi bien Les Aventures d'Arsène Lupin que Jules Verne.

Le temps a passé, hélas (et j'ai lu tous les livres... non, pas vraiment, hélas encore). Mais tous les Leblanc, et même (avec ennui) ses moins bons (comme L'éclat d'obus, pénible devoir patriotique franchouillard, et Le formidable événement, ou Le ciel empoisonné, sombres pensums pré-SciFi dont je n'ai que de brumeux souvenirs décevants ; peut-être devrais-je les relire, mais j'en doute).

Et voici qu'après tant d'années (et, non, une fois encore, je n'ai pas peur des clichés !) je me reprends à le relire, commençant bien sûr par L'agence Barnett, si joyeuse et débridée, puis L'Aiguille creuse, sombre mélodrame époustouflant (mon premier, soit dit en passant), puis tous les autres. Et je vous l'assure, c'est passionnant, c'est très bien écrit, en plus - oh certes, il y a trop de passés simples et d'imparfaits du subjonctif pour notre goût présent, mais qui sait l'italien ou l'espagnol connaît le petit frisson de ces temps méconnus de notre français - un peu plus plat de nos jours. Très bel écrivain, ce Leblanc avec un phrasé superbe, comme "elle avait une tête trop petite, comprimée à droite et à gauche, et d'où le nez jaillissait comme une protestation contre une telle exiguïté" (Les confidences, par ailleurs assez faible). Et 813 ! Et Les trois crimes !

Bref, lisez-le ou le relisez, vous y trouverez du plaisir.

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12 novembre 2009 4 12 /11 /novembre /2009 21:43

nullOui, en allemand dans le texte - même si ma connaissance de la langue ne me permet de le lire que dans la très belle traduction de Jaccottet - tout simplement parce que, ainsi qu'il a été dit un peu partout, "Eigenschaft" et "qualité" ne sont pas vraiment des équivalents. Mais comment mieux dire ?

Musil m'a été révélé par J.-F. Revel dans les années '60, au temps où il m'arrivait (et ça m'arrive encore, je le confesse) de regarder la TV, très précisément le merveilleux "Lectures pour tous", où j'ai découvert aussi Lévy-Strauss et ses Mythologiques. Je n'ai évidemment pas raté le Törless de Schlöndorff, mais L'homme sans qualité m'a pris plus de temps à lire. À vrai dire, je n'ai jamais pu le terminer, non certes que le livre me soit tombé des mains, mais tout simplement parce que sa densité (en plus de son volume...) était stupéfiante. Voilà un livre où chaque phrase (et, je le répète, il y en a beaucoup) doit être soupesée, estimée, digérée. Et il faut en plus garder le fil d'un récit prodigieusement riche sur une époque et dans un lieu et une situation extraordinaire (la même année où se déroule Das weiβe Band). Oh, Proust n'est pas plus facilement accessible, mais enfin il parle d'un monde que je connais mieux, et puis il était tranché en différents "épisodes" (et encore, je ne suis pas certain d'avoir tout lu du Temps perdu).

Et, heureusement, j'ai à présent le temps de déguster le livre.

Pourquoi ce post, annihilant ma promesse précédente d'y parler de géoingéniérie (mais, promis, j'y reviendrai) ? Tout simplement parce que Musil - ce géant de la littérature allemande - me semble passé de mode, et c'est bien triste. Ayant été récemment étrillé par un lecteur estimé pour avoir exprimé quelques réserves sur l'oeuvre de Jean Rouch, je me devais de remettre une opinion positive sur un auteur que je révère...

Et c'est ainsi qu'Allah est grand...

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19 avril 2009 7 19 /04 /avril /2009 12:14

On a beau être en Afrique, on emporte sa patrie à la semelle de ses souliers ou plus précisément à l'écran de son laptop, page après page des nouvelles sur le Net. Où l'on apprend une n-ième mini-turpitude de nos élus (de leurs élus, devrais-je dire, puisqu'il s'agit du Parlement wallon et d'une brochette de ses représentants, dont les fameux José-les-voix-de-préférence et Jean-Pierre-youp-la-boum, ayant fait une petite virée aux USA aux frais de l'Elysette).

Pas de quoi en faire un plat de lentilles, si ce n'est ce détail qui me fait sursauter : selon le Citizen Kane de service aux dépêches, les parlementaires étaient accompagnés par (je cite) leurs épouses... Les bonnes âmes se sont déjà émues des mariages homosexuels, devront-elles à l'avenir faire avec la polygamie ???


La grammaire fout le camp, mon bon monsieur, la grammaire fout le camp...

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28 octobre 2008 2 28 /10 /octobre /2008 23:17
Don Du Poète
Je t’apporte l’enfant d’une nuit d’Idumée!
Noire, à l’aile saignante et pâle, déplumée,
Par le verre brûlé d’aromates et d’or, Par les carreaux glacés, hélas! mornes encor, L’aurore se jeta sur la lampe angélique. Palmes! et quand elle a montré cette relique
À ce père essayant un sourire ennemi,
La solitude bleue et stérile a frémi. Ô la berceuse, avec ta fille et l’innocence De vos pieds froids, accueille une horrible naissance: Et ta voix rappelant viole et clavecin, Avec le doigt fané presseras-tu le sein Par qui coule en blancheur sibylline la femme Pour des lèvres que l’air du vierge azur affame?
Oui, c'est vraiment rêver éveillé...
Y a-t-il plus beau que ce texte ? Ou que tout Mallarmé ?
Certes il y a aussi beau, Char, sans doute et puis Ponge, et puis Valéry, et puis tant d'autres.
Mais Mallarmé reste mon préféré. Baudelaire aussi dans un autre genre,
Il m'a fait (réellement) pleurer.
C'est selon...
Relisez-les, et donnez-moi d'autres noms...
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