Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Humeur !

Nucleardelinquent teen 150x200BioHockey%20Stick%20Jacket3 HandsOff-copie-1 

Recherche

Articles RÉCents

Autres Liens

22 octobre 2008 3 22 /10 /octobre /2008 07:15

On en parlait beaucoup de cette production, Le Barbier de Séville, mise en scène par notre immmmmmense Jacques Delcuvellerie. On allait voir ce qu'on allait voir.
J'ai vu. J'aurais voulu m'enfuir après dix minutes, mais diverses raisons voulaient que je reste.

Je m'explique : tout d'abord, Le Barbier n'est pas la pièce la plus intéressante de Beaumarchais, son Mariage étant bien plus subversif et persifleur (toujours dans les limites du raisonnable, d'ailleurs. Beaumarchais est un personnage fascinant, mais sans doute pas un auteur indépassable) ; peu importe, j'avais choisi de le voir en me régalant à l'avance de cette belle langue du XVIIIe que j'aime tant. Devant la scène, au parterre, un joli clavecin français me faisait déjà frétiller de plaisir.

Ça se gâte vite. En prélude au lever de rideau, un motard en équipement complet traverse la scène en gesticulant, puis il retire son accoutrement et se met au clavecin. Aïe, me dis-je, ça commence mal, vraiment mal. Serait-ce une très vague allusion au fameux chat noir ? Mais non, c'était l'opéra, ça ! Bref. Commence alors le spectacle proprement dit. Le dispositif scénique est indigent, une espèce de bloc de béton avec l'inévitable balcon bien en évidence (quelle trouvaille !). Quand on pense qu'Anish Kapoor a été roulé dans la farine par certains pour sa scénographie belle et inventive du Pelléas ! Almaviva et Figaro, détonnant de concert, se mettent à chanter leur texte sur des airs divers, j'ai oublié précisément lesquels, en vrac du Gilbert Bécaud, le thème de la Panthère Rose, les Roses Blanches et Jeanneton prend sa faucille. Parfois, ils parlent, ou plutôt ils crient, glapissent, s'exclament, font des moulinets avec les bras, déclament faux avec force gestes. Une pitrerie généralisée, qui évidemment suscite les rires et l'approbation d'un public largement composé de classes du secondaire avec leur prof. Comble d'imagination, le piteux metteur en scène fait jouer de larges extraits du Barbiere, et toute la scène de la calomnie est interprétée dans sa version exacte dudit Barbiere. Trahison !

Certes, le Barbier n'est pas une tragédie, c'est un divertissement demandant entrain et truculence. Mais ici, on tombe au niveau de la fête de patronage, et d'ailleurs impossible de se référer aux acteurs puisqu'ils jouent atrocement faux "exprès". Sauf Bartholo, je l'admets, qui a de l'abatage et de la présence mais qui en est réduit à imiter constamment Louis de Funès et à faire des grimaces. La Jeunesse et l'Eveillé, ou le notaire, ou le claveciniste qui se révèle reuckeur tatoué méprisant la musique "classique", je n'en parlerai pas, ce serait trop cruel. Attention aussi à la diction, qui dérape dangereusement et rappelle parfois Janin et Liberski... De très nombreux passages étant, je l'ai dit, glapis, et donc incompréhensibles, finalement on ne suit plus très bien l'histoire, il faut se fier à sa mémoire.

Et c'est long... Dieu que c'est long ! Interminable. Mais soyez sûr que les critiques (qui n'éreintent jamais un spectacle théâtral, donc vivant, et je le comprends, car les acteurs font leur possible, même si le possible n'est pas trop convaincant) diront qu'ils n'ont pas vu passer le temps, que c'est un spectacle pétillant, enlevé, délicieux - et probablement décalé, le mot passe-partout le plus utilisé à tort et à travers depuis dix ans. Heureusement, roboratif est tombé dans l'oubli après avoir sévi une bonne décennie lui aussi.

Pendant le désastre (entre deux plongées dans le sommeil) je me disais que, tant qu'à "innover", "dépoussiérer", pourquoi ne pas prendre dans le texte ce qui pourrait donner un autre sens à Bartholo, plus sombre, plus tragique, même ?

Ah oui, dans le programme, on précise que si Delcuvellerie utilise Frank Zappa et le Rock Progressiste (pas "progressif", svp !), ce n'est en aucun cas pour «faire anachronique». Oh non ! bien au contraire!



Partager cet article
Repost0
5 mai 2008 1 05 /05 /mai /2008 14:07
 
"Her intentions are good, and her information is bad," Kenner said. "A prescription for disaster."


Le livre de Michael Crichton est évidemment un appel au film, pré-digéré pour un scénariste paresseux ; Crichton a tout prévu, il suffit de délinéariser par ci, d'ajouter un petit flash-back (ou mieux, un front-flash) par là, et tout est en place pour un super film d'action, avec explosions, assassinats, Pôle Sud, hélicoptères et poursuites en SUV, jusqu'à une pieuvre mortelle et, je vous le donne en mille, une scène de cannibalisme, sisi, c'est juré !

Pourquoi donc ce best seller n'a-t-il pas été jugé digne de passer à l'écran et de rapporter des montagnes de dollars aux producteurs ? Je serais tenté de répondre "parce que c'est MAUVAIS !", mais ça ne vaudrait pas, dans la mesure où tant de misérables bouquins deviennent de pitoyables mais juteux nanars.

Entendons-nous bien : pourquoi trouvé-je ce livre "mauvais" ? D'abord, c'est une espèce de polar-aventures, genre que je n'aime pas. Affaire de goût me dira-t-on, et c'est bien vrai. Mais aussi, il en fait trop, c'est fatigant à la fin, tous ces gens auxquels arrivent les pires accidents et les plus atroces blessures, qui sont à un cheveu de la mort la plus noire à la page 191 et qui sortent tout guillerets de leur lit d'hôpital à la page 193. Et du sang, qu'est-ce qu'ils en versent ! D'autre part, je n'ai jamais compris pourquoi le méchant préfère les laisser virtuellement nus sur la banquise et s'éloigner en ricanant (ils seront sauvés, évidemment) plutôt que de leur coller une balle dans le caisson. Un point amusant : il fait mourir un certain Nat Damon dès les premières pages ; clin d'oeil à Hollywood ? Heureusement, il n'y a pour ainsi dire pas de sexe, à part une scène presque chaste et qui pourrait être donnée en pâture aux pensionnaires des Oiseaux.

Mais que c'est BAVARD !!! DEMONSTRATIF !!! Le personnage (réellement) principal, Keller, est évidemment un je-sais-tout doublé d'un je-sais-tout-faire dont la noble cause est de combattre des épouvantails, des personnages tout-à-fait secondaires qui récitent par coeur un catéchisme écolo et PolCor à faire pleurer.

Le meilleur du livre, cependant, c'est sans doute la phrase en exergue, ainsi que l'appendix I, où Crichton se dévoile vraiment. Bien sûr, il y a de temps à autre des petites phrases qui montrent qu'il n'est nullement un négationniste climatique, son Keller ou sa Jennifer reconnaissent qu'ils "cherry-pick" leurs données, mais pas plus que leurs adversaires... Il faut aussi de temps à autre montrer les grosses associations écolos comme le Sierra Club, le WWF, FOE comme elles sont, c'est-à-dire des machines de guerre très idéologiques - pas question de faire un rapport coût/bénéfice, anathème ! De là à en faire (même involontairement) les complices d'une organisation éco-terroriste ultra-violente, il y a de la marge... Certes, également, ses critiques du GIEC et des travaux scientifiques sur lequel ce corps - politisé, c'est vrai - se fondent ne sont pas excessives. Chaque phrase est juste, mais l'ensemble est lourd et indigeste, et les personnages n'ont aucune épaisseur ni aucune vraisemblance (je n'ai pas dit psychologie).

Cela dit, on sent qu'il a bien fait ses devoirs ; il y a étonnemment peu de grosses erreurs (je n'en vois qu'une, et c'est sans doute un lapsus calami), et la technologie qu'il évoque est presque possible... encore que la cavitation de solides me laisse songeur...

Et pourtant, Crichton ne manque pas d'humour, lui qui baptise un de ses vaisseaux spatiaux "RV-LHOOQ"...

Partager cet article
Repost0
12 mai 2006 5 12 /05 /mai /2006 13:40

Dans le genre kitsch,  ça vaut bien Greuze : après les imprécations musclées contre les caricatures danoises, voici les malédictions outragées envers le Da Vinci Code

C'était à prévoir, en quelque sorte, l'imbécillité humaine étant sans limite comme on le sait assez (c'est le genre de phrases que j'adore, car celui qui la profère se met automatiquement de l'autre côté...). Et l'esprit du temps n'est vraiment pas au persiflage ni à l'expression un peu obstinée du 'droit de' ; le 'droit à' fait des ravages intellectuels, mais attention à ne pas heurter l'autre, vous aurez le MRAP sur le dos. Au fait, ces imbéciles vont-ils déposer plainte contre Dan Brown ?

Ah, Dan Brown, voilà un homme admirable : professeur de creative writing, il se met en jeu et Bingo ! le jackpot... Ce n'est pas que le livre soit bien écrit (il ne l'est pas, du moins au point de vue de l'écriture ; pour ce qui est de la progression de l'histoire, par contre, c'est pas mal fait mais très très classique). Ce n'est pas non plus que l'histoire soit neuve (les frasques supposées entre Jésus et Marie Madeleine - personnage d'ailleurs presque entièrement fictif - sont quasiment un lieu commun). Alors pourquoi ce succès ? Peut-être un peu ce délicieux sentiment de transgression...

J'ai par contre apprécié les réactions de la conférence des évêques de Belgique (ou je ne sais quel corps constitué analogue ou équivalent), conseillant prudemment de lire le livre ou de voir le film pour autant que l'on prenne soin de n'y voir qu'une [aimable] fantaisie qui attirera sans nul doute l'intérêt des braves gens pour la vie de Jésus... Je ne garantis pas la forme, mais le fond y est. C'est tout de même mieux qu'appeler au boycott, comme le fait le Vatican - paraît-il, mais c'est la Libre Belgique qui le dit.

Pour ceux que cela intéresse, Prieur et Mordillat se sont fait un petit fonds de commerce des Evangiles (Jésus après Jésus, Jésus contre Jésus, Jésus sans Jésus, Jésus avec Jésus, la jeunesse de Jésus, les derniers mots de Jésus, etc. Non, je plaisante). C'est bien fait, assez historique, critique et toujours intéressant - même si parfois ça se répète un peu...

Partager cet article
Repost0