J'en avais touché mot récemment, mais la jolie ballade du sublime Laurent Tailhade, intitulée "Ballade touchant l'ignominie de la classe moyenne" me donne envie de la reproduire in extenso tellement qu'elle me paraît digne de son temps et impossible à faire paraître aujourd'hui, en ce temps de correction politique :
CROUTELEVÉS et marmiteux
De Nevers, de Chartre ou de Tulle,
Spalatocinèdes piteux
Couverts de gale et de pustule,
Ce bourgeois qui récapitule,
— Étant ladre mais folichon, —
Le quantum de votre sportule,
C’est de la viande de cochon.
Philistins gâteux, ce sont eux,
Les miteux, que chacun gratule,
Malgré leurs gestes comateux,
Leur ventre et leurs doigts en spatule !
Gazons ceci de quelque tulle :
Ô Pétrone ! faut un bouchon
Quotidien dans leur fistule.
C’est de la viande de cochon.
Tous, notaires galipoteux,
Monteurs de coups et de pendule,
Dentistes, avoués quinteux,
Tous, le jobard et l’incrédule,
Violent, moyennant cédule
Et tous, pour ne payer Fanchon,
Citent les Devoirs de Marc-Tulle :
C’est de la viande de cochon.
Roimez, le singe de Catulle,
Paul Gébor et madame Chon,
Nana-Saïb et sa mentule,
C’est de la viande de cochon.
C'est beau, non ? Ce que je préfère (de peu...), c'est "notaires galipoteux". Mais j'avoue que tout le reste est très bon aussi...