Bonnes gens, ne craignez rien ! Vous vous êtes gavés d'huîtres durant les fêtes, et vous continuez, bravo ! mais rassurez-vous, c'est l'Ifremer qui l'affirme : ce ne sont pas des OGM !
Mais si, bien sûr, ce sont des organismes génétiquements modifiés, comme tous les autres ; simplement, ce ne sont pas des organismes transgéniques.
Voyez-vous, l'huître se reproduit comme tout un chacun, sauf qu'elle ne le fait qu'une fois par an, et qu'à ce moment elle devient laiteuse et, sinon impropre à la consommation, du moins peu agréable à voir et moins succulente ; il lui faut d'ailleurs plusieurs semaines pour refaire ses tissus après la ponte, ce qui provoque évidemment un manque à gagner pour les ostréiculteurs.
Comme décrit abondamment dans des posts précédents, depuis la plus haute antiquité (merci, Msieu Vialatte) l'Homme se livre sans remords ni crainte à des expérimentations génétiques de tout le vivant qui l'entoure (lui-même excepté ; rappelez-vous les cris d'horreur d'il y a trente ans, pour la conception in vitro de Louise Brown ! Le Bovu en aurait avalé sa pipe !). J'ai la plus grande admiration pour ces Indiens d'Amérique qui sont parvenus à faire de la misérable téosinte l'opulent maïs (ne croyez pas l'article dans l'édition française de Wikipedia : ce ne sont pas "certains scientifiques" qui "pensent" que le maïs est dérivé de la téosinte. Le fait est avéré et ce qui n'était qu'une hypothèse il y a quelques années a été amplement établi depuis).
L'aquaculture était évidemment plus difficile ; on a commencé récemment, mais avec des résultats douteux (j'y reviendrai un jour). Il restait évidemment , vous l'aurez deviné, les bivalves, voilà ! Comment donc éviter aux huîtres de ne pas se faire manger durant tous ces mois sans 'r' ?
Ben, en les castrant, pardi ! Sauf que ce qu'on fait aux taureaux et aux coqs n'est pas immédiatement transposable aux huîtres. Femelles de surcroît (ou hermaphrodites, mais peu importe). Alors, on a trouvé une manière élégante de les rendre stériles : au lieu du double ensemble de chromosomes qu'elles comportent habituellement, on leur en colle un triple, autrement dit, elles sont triploïdes comme tout bon mutant monstre de l'espace (on les voyait comme ça dans les années cinquante). Il y a plusieurs manières de le faire, la plus courante étant d'appliquer un choc thermique aux oeufs qui viennent d'être fécondés.
Je m'étonne que des manifestants de Greenpeace et consorts ne se soient pas encore travestis en huîtres pour se balader devant le Conseil en attirant l'attention des ministres sur cette intolérable intrusion humaine dans l'intimité des coquilles Saint-Jacques, des moules, des huîtres et d'autres de nos lointains cousins. Il faut dire qu'ils devraient avoir de la diversité dans leurs costumes, parce que nous nageons dans la triploïdie artificielle : pourquoi croyez-vous que les mandarines n'ont plus de pépins ? Vous avez déjà vu des pépins de bananes ? Eh non, on les a aussi stérilisées par triploïdie.
Mais que fait la police ?