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Humeur !

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21 mai 2008 3 21 /05 /mai /2008 12:25

Il était une fois, il y a bien longtemps de cela - disons un petit demi-milliard d'années - un gène qui réglait l'équilibre aqueux d'un certain poisson. Quel poisson exactement, nous ne le savons pas ; appelons-le Arthur. Pour Arthur et ses congénères, l'équilibre de l'eau, c'était très important ! S'ils nageaient dans de l'eau trop salée, ils risquaient de se déshydrater, et si l'eau était trop douce, ils allaient gonfler comme des ballons - tout cela bien sûr à cause de la fameuse pression osmotique qui tend à égaliser les concentrations (ici, de sel) de part et d'autre d'une membrane (ici, leur peau).

Or, le gène d'Arthur était d'humeur baladeuse ce jour-là ; il faut dire qu'il avait eu un petit accident et s'était dédoublé, pour l'une ou l'autre raison, il ne le savait trop. Et son alter ego s'en alla établir sa niche un peu plus loin, sur le même chromosome. Leurs enfants, Ocytocine et sa petite soeur Vasopressine, étaient bien décidés à mener la grande vie...

Non, je ne vous prends pas pour des demeurés, c'est sans doute moi qui retombe graduellement en enfance. L'Ocytocine et la Vasopressine sont des polypeptides très semblables (puisqu'ils proviennent d'un gène dédoublé) qui remontent donc à des centaines de millions d'années, et qui se sont transmis quasiment tels quels chez tous les Vertébrés actuels. Ce sont toutes deux des hormones sécrétées par l'hypophyse - la pituite des Anciens - ayant des effets très différents : tandis que la Vasopressine continue à réguler la balance de l'eau (essentiellement par les reins), l'Ocytocine, elle, régule la lactation et les contractions de l'utérus pendant la mise bas. Mais là ne s'arrête pas son influence : en effet, l'Oc
ytocine est également un neurotransmetteur du cerveau, et son influence est puissante dans tout ce qui a trait à la sexualité, au bonding tant entre partenaires qu'entre mère (père aussi, mais moins) et enfant, aux relations sociales harmonieuses etc. On a aussi montré que l'Ocytocine était la "molécule de la confiance".


Tout ceci n'est pas neuf, mais c'est de la bonne science, établie et confirmée. Ce qui l'est moins, mais qui est prometteur et passionnant, c'est la découverte assez récente des "neurones miroirs", des neurones du cerveau qui déclenchent lorsque le sujet regarde un autre sujet qui l'imite. Vous souriez, et votre voisin d'en face sourit lui aussi, paf ! c'est parti pour une volée d'impulsions de ces fameux neurones miroirs. Inutile de dire qu'on a vite échafaudé des hypothèses hardies sur ce phénomène (*), qui expliquerait les dons d'empathie et même une partie de l'acquisition du langage. Encore trop tôt pour le dire, mais une expérimentation toute récente, celle-là, semble bien confirmer certaines de ces hypothèses.

Alors, il est tentant de faire le lien entre ces deux systèmes de relations sociales, sentimentales, d'empathie et de sympathie, et d'imaginer un grand système limbique associant l'Ocytocine, ses récepteurs, et les neurones miroirs... sauf qu'anatomiquement, ces derniers sont tout de même un peu loin, mais enfin...

On peut rêver.

 

(*) A ce propos, voir une critique assez sévère mais justifiée de Robert A. Burton dans son A Skeptic's Guide to The Mind. En fait, cette histoire de neurones-miroirs s'est largement dégonflée...

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13 mai 2008 2 13 /05 /mai /2008 13:13

On finirait par douter... La perle du jour, c'est sur BFM, Hedwige Chevrillon interviewant un géologue et faisant la comparaison entre les autorités birmanes et chinoises face à ces deux catastrophes climatiques (pour mémoire, il s'agissait de tremblements de terre). Oui, climatiques, vous avez bien lu...Cela devient inquiétant. On finira par faire intervenir la couche d'ozone dans les accidents de la route. Ah non, pardon, ça n'intéresse plus personne, cette fameuse couche d'ozone...

P.S. Et ils remettent ça ! C'est quotidien !

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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 13:47

"L’Académie des sciences recommande que le principe de précaution ne soit pas inscrit dans des textes à valeur constitutionnelle ou dans une loi organique car il pourrait induire des effets pervers, susceptibles d’avoir des conséquences désastreuses sur les progrès futurs de notre bien-être, de notre santé et de notre environnement. Il convient en revanche de chercher, dès maintenant, à anticiper le plus largement possible les risques, ceux qui sont bien identifiés comme ceux qui ne le sont qu’imparfaitement. Parallèlement, doivent être mis sur pied des dispositifs de vigilance et de veille permettant le recueil, l’analyse et la prise en compte de signaux d’alerte. "

Voilà qui me semble un avis tout-à-fait pertinent. L'AFIS a par ailleurs publié une critique détaillée de ce stupide principe de précaution dont se gargarisent les politiques, les courageux (comme l'embrasseuse de Bovus) et les lâches (suivez mon regard). En somme, le principe de précaution, ça veut dire qu'on est vertueux en interdisant l'usage d'un produit potentiellement bénéfique, le
cas du DDT venant immédiatement à l'esprit.
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1 avril 2008 2 01 /04 /avril /2008 11:26
 Je me demande toujours pourquoi les fabricants de panneaux solaires ou d'éoliennes semblent plus crédibles que les marchands de centrales nucléaires - crédibles pour les journalistes, j'entends bien. On ne trouve que des articles élogieux à cet égard, du genre "nous sommes très en retard sur les Allemands", alors que ce sont les Allemands qui sont très en retard sur nous, étant donné que la quasi-totalité de leur électricité est thermique et dégage des millions de tonnes de CO2 chaque année. Mais il est bien connu qu'un jardinier bio cultivant cinq mètres carrés de carottes et deux de poireaux au purin d'orties est un expert qui peut déclarer tout de go que l'agriculture bio a les moyens d'alimenter 9 milliards d'Hommes sans aucun problème. On publiera son avis, avec révérence et références.

En fait, c'est arrivé il y a à peine quelques mois : un sous-comité "Organic Agriculture" de la FAO a organisé à Rome en mai 2007 une conférence sur l'agriculture biologique, dont les conclusions étaient justement celles-là. On consultera utilement la liste des orateurs et des invités : bien entendu, que du vert éclatant, et on ne voit qu'une tête (einordnen, bitte). C'était tout de même un peu gros (inutile de préciser que l'information a fait des ravages dans la presse). Le Directeur général de la FAO a donc dû se fendre d'un communiqué de presse pour remettre les choses au point, avec d'ailleurs infiniment de tact (après tout, ces enthousiastes avaient disposé des fonds de son Machin). En fait, selon la quasi-totalité des experts, il faudra doubler la production mondiale pour nourrir les habitants de la planète - tous les habitants... les boeufs, les porcs, les poulets autant que les Hommes... Or on constate depuis une bonne année que les prix des aliments de base crèvent tous les plafonds, et qu'on ne voit pas la fin de cette hausse, due en grande partie à l'excellente nouvelle que le niveau monte, et que les gens des BRIC (entre autres) mangent à leur faim. Ou presque. La pression en "bio"carburants influe également, d'ailleurs, même si je me méfie un peu de ceux qui le clament trop fort : ils me semblent avoir un agenda politique caché.

A vrai dire, le bio pur et dur m'énerve, c'est un raidissement dogmatique à vague coloration mystique et/ou religieuse ("La Terre ne ment pas" et autres pétaineries irritantes). Les plantes ont besoin d'azote, de potassium et de phosphore, entre autres - l'expérience de Rothamsted qui dure depuis plus de 150 ans le montre bien, et peu importe que ces intrants viennent de l'usine d'à côté ou aient été importés du Pérou (vous imaginez le gaspillage d'énergie pour faire venir du Guano de l'autre côté de la Terre ?). Ce qui importe, c'est qu'on en mette quand il faut et pas plus que nécessaire (si vous pensez que le lisier de porc est bon car naturel, c'est que vous vivez chez les...
bisounours, eh oui, encore eux !). Et justement, à peu près tous les Instituts agronomiques ont développé des programmes à faire tourner sur un simple PC de base - pas besoin d'un super-calculateur pour ça - qui proposent un assolement quasi-optimal étant donné le type de culture, les qualités de la terre et l'environnement climatique. Inutile de préciser que les "OGM" (transgéniques ou pas) pourraient jouer un rôle extrêmement utile dans le tableau.

Ah oui, à propos : les produits bio ne sont nullement plus nutritifs que leurs grands frères de l'agriculture "productiviste" ; par contre le MON 810 - toujours lui - contient nettement moins de mycotoxines que le maïs traditionnel, même bio. Mais ça n'est pas assez porteur, coco !
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17 mars 2008 1 17 /03 /mars /2008 15:08
undefinedIl n'y a pas que Monsanto dans la vie, il y a de nombreux autres semenciers, et tous développent des variétés nouvelles par  sélection traditionnelle (et quant je dis traditionnelle... elle a une dizaine de milliers d'années, cette tradition !). On peut trouver ici un exemple de soya résistant aux nématodes, et garanti non-transgénique (j'ai expliqué ailleurs la différence entre OGM et transgénique).

On peut légitimement se demander pour quelle raison toute nouvelle variété n'est pas systématiquement testée avec autant de soin que les variétés transgéniques (où malgré tout le contrôle génétique est plus fin).

Il faut savoir que la sélection traditionnelle utilise communément des variétés obtenues par mutagénèse chimique ou par irradiation (oui, vous avez bien lu : irradiation. Le mot qui fait peur) ; aussi, un groupe de chercheurs portugais a essayé de quantifier les "dégâts" causés à l'ADN de quatre variétés de riz, deux provenant de sélection traditionnelle et deux provenant de transgénie, en les comparant à l'ADN de la variété-souche. Comme on pouvait raisonnablement s'y attendre, la mutagénèse "traditionnelle" a en fait causé nettement plus de dommages aux gènes "non concernés" que la méthode transgénique.

Mais ça ne convaincra pas tout le monde...
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28 janvier 2008 1 28 /01 /janvier /2008 23:16

cholesterol.jpgLa saison festive et gastronomique s'éteint doucement, mais elle m'a tout de même permis d'entendre une perle rare  : à la journaliste qui lui demandait si son produit ne contenait pas trop de cholestérol, ce producteur de foie gras répondait, impavide  - et même avec orgueil - "Il contient du cholestérol, certes, mais du bon cholestérol !". J'attendais que le négociant en vins annonce que son champagne contenait du bon alcool...

Il faut dire que depuis que j'ai vu des paquets de café en grains proclamer  "No Cholesterol", je ne m'étonne plus de rien.

Un petit retour en arrière s'impose pour celles et ceux qui auraient oublié l'essentiel. Il n'y a évidemment pas de bon ni de mauvais cholestérol, il y a le cholestérol tout bête dont vous pouvez voir la formule chimique en haut à gauche. Et ce cholestérol est indispensable à la vie animale ! A la différence des aliments essentiels que nous ne pouvons pas synthétiser naturellement (les fameux oméga, par exemple, ou les vitamines), la grande majorité du cholestérol qui se balade dans notre corps (et un adulte moyen en "contient " environ 150 grammes) est fabriquée par le foie et les intestins principalement (mais pas uniquement), et ce au rythme d'environ un gramme par jour. Or, ce cholestérol est évidemment envoyé un peu partout dans les tissus par la circulation sanguine ; mais voilà, pour se balader ainsi, il emprunte deux véhicules distincts : les LDL (low-density lipoproteins) et les HDL (high-density lipoproteins), et ce sont ces deux compères qu'on appelle respectivement mauvais et bon cholestérol. A vrai dire, les LDL sont certainement dommageables, car ils se déposent trop facilement dans les artères et ont la détestable habitude de les boucher et donc de provoquer des ischémies diverses et variées. Que les HDL soient réellement "protecteurs" fait controverse, mais au pire on les considère comme neutres.

A moins d'être un grand mangeur de caviar ou de vous empiffrer de homard/oeuf dur/mayonnaise, le cholestérol que vous ingérez ne vous tuera certes pas ; il s'ajoutera à votre ration normale et en principe, votre organisme équilibrera les deux. Ce qui est plus problématique par contre, c'est l'ingestion de corps gras en excès (rappelons tout de même qu'environ 30% des calories que nous ingérons doivent être des lipides) : en effet, ces graisses provoquent très rapidement une forte augmentation du cholestérol sanguin, utilisé par le foie pour sécréter un supplément de bile, qui est littéralement le détergent permettant de digérer plus facilement ces graisses. A contrario, les fibres, et spécialement les fibres solubles, sont très appréciées pour faire baisser le taux de cholestérol sanguin. Très curieusement, on a constaté presque par accident qu'un épaississant alimentaire répandu, le HPMC, était extrêmement efficace également.

Cela dit, il existe une assez faible proportion (1/400 environ) de personnes ayant un dérèglement du  métabolisme et dont le taux de cholestérol sanguin est trop , parfois beaucoup trop élevé. Ceux-là, sans doute, font mieux de s'abstenir d'ingérer des produits riches en cholestérol - quoique... si leur taux interne est déjà élevé, la proportion ajoutée diminue encore et donc... Si on jette une allumette dans un brasier, est-on pyromane ? Bref, on leur prescrit généralement des statines, dont le fameux Lipitor, cité à chaque dîner en ville par au moins un des convives... Ce qui déclenche une controverse féroce que je vous conterai un jour.

Moi, le foie gras, je le préfère poêlé. Mais je ne suis pas sectaire.

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24 janvier 2008 4 24 /01 /janvier /2008 16:20

bouff.jpgJuste pour dire : quelqu'un m'a demandé  "à quoi bon cloner puisque c'est cher, difficile, etc". Sans doute, pour la boucherie, c'est bien trop tôt ; mais on imagine que pour les éleveurs il pourrait y avoir de grands avantages. Plus besoin d'aller longuement chercher sur les catalogues des taureaux celui dont on achèterait les spermatozoïdes (c'est comme ça que ca se passe). SuperBoeuf IV, celui qui a telle et telle qualités et que j'ai toujours utilisé pour les laitières, eh bin, il est immortel, maintenant ! Plus besoin de lui chercher un successeur ! Et les chevaux de course, pareil !

Il y a encore plus lucratif (à court terme) dans le collimateur, cependant : la production de médicaments. Depuis pas mal de temps, on utilise des cellules transgéniques pour produire des médicaments - essentiellement des protéines comme les facteurs VIII et XIX (hémophilie), l'insuline, etc, préalablement extraits de tissus humains (le sang est un tissu), ce qui provoquait de très grandes difficultés d'obtention et des coûts pharaoniques. Environ 12% des médicaments sont produits par voie de cellules transgéniques. Mais ce processus reste coûteux et délicat ; aussi a-t-on eu l'idée de remplacer les fermenteurs classiques par des... animaux, tout simplement, qui sécrèteraient la protéine dans leur lait par exemple. En 2006, la Commission a autorisé à la distribution le premier de ces produits, l'Atryn. De nombreux autres sont dans le pipe-line.

Bien sûr, il reste de grands problèmes (précaution oblige, sans avoir à invoquer un quelconque principe) - ainsi les vaches produisant de la lactoferrine humaine recombinante  auraient une moins bonne résistance aux mastites (c'est un sujet très étudié). 

Il n'en reste pas moins que les veaux, les vaches, les cochons, les poulets, bref toute l'arche de Noé doivent dès lors être transgéniques, et ce n'est pas facile de créer des individus ayant les qualités requises. Il serait tellement plus simple d'avoir essentiellement un seul individu immortel, même s'il fallait le sacrifier pour récupérer sa production : cet Immortel, c'est le clone.

On n'y est pas encore, mais ça vient...

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22 janvier 2008 2 22 /01 /janvier /2008 12:19

undefinedGrand tapage et tohu-bohu médiatique récemment autour de l'autorisation de commercialiser de la viande bovine, porcine et caprine provenant d'animaux clonés... mais seulement aux Etats-Unis, bien sûr. Les européens sont beaucoup plus réservés : "Compte tenu de l'ampleur actuelle des souffrances et des problèmes de santé des animaux porteurs et des animaux clonés, le comité doute de la justification éthique du clonage des animaux à des fins alimentaires". Les souffrances en question concernent surtout la durée de vie écourtée de certains animaux clonés ; considérant qu'on les abattra jeunes pour la boucherie, on peut se poser des questions.

D'autre part, on nous dit qu'aux USA, il existe en tout et pour tout quelque 5 à 6000 bovidés issus de clonage ; pas de quoi remplir nos assiettes. Mais la FDA a étudié le problème du point de vue de la sécurité alimentaire, pas de l'éthique ni de la rentabilité. Cependant, il ne faut pas s'y tromper : c'est encore le Frankenfood qu'on agite ! Déjà, cloner, c'est un drôle de mot ; vous imaginez, cloner des bêtes... C'est l'apprenti sorcier !

Comparaison n'est pas raison (encore un de ces clichés bien gras dont je me délecte), mais enfin, nous passons notre vie à manger des clones ! En cette saison, le sport est aux clones de citrus : on se gave de clémentines et d'oranges - toutes clonées, bien entendu. Ceux qui ont un minimum de compétence me répondront que le mode de clonage est bien différent ; certes, mais les recherches continuent et les déboires de Dolly sont loin derrière nous, c'est proprement de la préhistoire.

Quant auxdites souffrances, j'y suis aussi attentif que n'importe qui ; mais rappelons-nous tout de même les aventures du blanc-bleu belge, issu de la sélection génétique toute traditionnelle. Et pourtant, les Suédois ont voulu interdire son importation au motif que le vêlage des pur-sang se faisait presque obligatoirement par césarienne - et quand je dis motif, c'est évidemment prétexte que je veux dire.  Heureusement, la Commission est intervenue et c'en est resté là, avec bien sûr quelques manifestations d'anti-européens suédois - rien que de très habituel.

La frilosité européenne et son misonéisme m'agacent.

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11 janvier 2008 5 11 /01 /janvier /2008 11:09
maizeAinsi donc, la "Haute Autorité sur les OGM" emet de "sérieux doutes" sur le MON810. Je n'ai pas d'autres renseignements sur cette HA que ceux que j'en lis dans les journaux, mais il me semble évident qu'elle est constituée par le gouvernement pour qu'il puisse la manipuler à son aise. On dit que Borloo veut troquer une interdiction des OGM - facile à faire passer aux yeux de l'opinion publique - contre une extension du programme nucléaire ; ça me semble un peu gros, je vois mal les Verts accepter un tel marchandage !

Mais la liste des "sérieux doutes" montre assez bien le genre de tactique utilisée : demander toujours plus, et bien au-delà de ce qui est demandé dans des cas similaires. Ainsi des tests de nocivité à 90 jours, qui sont pourtant l'étalon habituel. Admettons qu'on fasse des tests à 180 jours ; eh bien, ça ne suffira toujours pas, on peut en demander à dix ans, pourquoi pas ? Et il n'y en a pas assez. On peut s'arranger pour qu'il n'y en ait jamais assez ! Je peux me tromper mais je ne pense pas qu'on ai fait le dixième des tests de toxicité pour les traitements par Bt direct en agriculture bio qu'on a faits pour le MON810. De même pour ce qui est des nouvelles variétés "traditionnelles" introduites chaque année, et pour lesquelles les problèmes de pollinisation croisée sont évacués d'une pichenette. OGM = le Diable, c'est entendu.

Un
rapport de 2007 - émanant, il est vrai, d'un organisme favorable à la biotechnologie ; on peut contester ses conclusions, mais pas les chiffres qu'il reprend d'études non suspectes - a calculé qu'en 10 ans d'existence, les maïs et coton transgéniques ont permis de diminuer la quantité de pesticide épandu de 289.000 tonnes, soit une réduction de quelque 15%. Et 300 millions de citoyens nord-américains ont consommé des OGM depuis maintenant plus de dix ans, sans le moindre soupçon de problème et malgré la vigilance extrême de tous les Rifkin et consorts. Mais ça ne convainc pas la HA, qui pointe le "manque d'études épidémiologiques" ; je ne peux pas lui donner tort, mais soyons assurés que même s'il y en avait, ils ne seraient pas suffisants...

En fait, le principe de précaution, c'est : "quand c'est un OGM (ou du nucléaire, ou de la nanotech etc.) tout négatif ne peut être qu'un faux négatif. Continuez à tester, je ne suis pas convaincu."


P.S. C'était donc bien une manoeuvre du Président de la "HA", mais les scientifiques n'ont pas avalé le coup de force. Pour mémoire, l'adresse du rapport se trouve ici et on le lira avec intérêt. Il est évidemment beaucoup plus mesuré que les propos tenus par l'opposant notoire aux OGM qu'est J.-F. Le Grand. Quant à l'avis de M. Gouyon comme quoi il faudrait cesser d'ergoter sur les mots, et pour qui interrogation = doute et contamination = présence fortuite, on ne peut que lui conseiller une bonne formation à la sémantique, ou tout simplement un cours de français.
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5 janvier 2008 6 05 /01 /janvier /2008 17:31

Je parlais récemment des paralogismes de Greenpeace, mais j'aurais tout aussi bien pu citer Les Amis de la Terre (qu'on n'entend plus beaucoup, d'ailleurs) ou d'Attac. Et à ce sujet, je préciserai que si je n'ai pas énormément de sympathie pour Greenpeace, j'en ai beaucoup moins encore pour Attac. J'entendais encore récemment Jacques Testart partir en guerre contre les OGM pour des raisons clairement idéologiques.

Schéma : 

- on nous parle des OGM à résistance aux stress, mais c'est de la blague, ça n'existe pas.
- si ça existait, il faudrait éviter qu'ils viennent contaminer les autres.
- si ça existait, il faudrait aussi qu'ils ne prolifèrent pas dans des niches écologiques déjà occupées.
- d'ailleurs on peut très bien en faire avec les techniques classiques.

*Mais évidemment, toute la question est que personne ne propose les OGM comme le nec plus ultra, c'est une technique neuve à utiliser aussi, et avec toutes les précautions d'usage. Les plantes à résistance aux stress ou à croissance en milieu pauvre existent en laboratoire, mais c'est autrement plus difficile à "fabriquer" que les OGM de première génération, où il suffisait d'introduire un gène précis dans le génome (comme celui de la toxine du Bt) (1) . On travaille là-dessus depuis moins d'une dizaine d'années, et dans ce genre de recherches, une telle durée n'est nullement exceptionnelle.

*"Contamination" : voilà donc le mot diabolisant les OGM. Ainsi que je l'ai déjà noté, nous vivons dans un environnement "naturellement" modifié génétiquement, mais en plus, à peu près tous les produits que nous consommons sont le fait de l'homme. Prenons la pomme, par exemple, notre bonne vieille pomme. Combien de fois entend-on se lamenter sur la disparition des pommes "traditionnelles"... On compte à peu près 7.500 cultivars de pommes, qui, tous, ont été créés par l'homme, à partir semble-t-il d'un ancêtre du Kazakhstan (Alma-Ata signifie "le père de la pomme" en Kazakh. La reine des pommes, c'est autre chose). Il se fait que la génétique végétale est assez compliquée pour que la meilleure manière d'obtenir des fruits constants soit de passer par le greffage et le clonage ; le mode par pollinisation pourrait aussi être traité de risque de "contamination" ! Cela étant, les hybridations accidentelles sont un risque qu'il faut diminuer autant que possible ; si je cultive un champ d'OGM que j'ai payé cher, je n'ai nulle envie que les plantes de mon voisin bio viennent hybrider les miennes et diminuer mon rendement...

*Il faut toujours faire attention à des risques de prolifération, et cela pour n'importe quelle espèce nouvelle ou introduite dans un éco-système neuf, que ce soit pour des OGM au sens strict ou pour les OGM traditionnels. C'est évident.

*Bien sûr qu'on travaille sur ce genre de plantes avec les techniques classiques ! Ce serait ridicule de ne pas chercher à le faire aussi ! Mais ce que les gens comme Testart et consorts veulent faire, c'est d'interdire d'autres techniques. Qu'on admette un OGM "traditionnel" comme le triticale - hybride de froment et de seigle, deux espèces distinctes - qui est tout de même un mélange de gènes potentiellement explosif, mais qu'on pousse des cris de putois pour un seul1 gène inséré dans le MON810 est tout de même paradoxal.

Une petite remarque pour terminer : l'agriculture mondiale répand suffisamment d'oxyde nitreux - sous-produit des fertilisants azotés et puissant GES - pour contribuer au réchauffement climatique plus que toutes les voitures, trains, navires et avions du monde...

(1) oui, techniquement, c'est inexact, mais les quelques autres gènes ont une fonction auxiliaire - ce qui n'empêche nullement, évidemment, que leurs effets secondaires possibles doivent être étudiés !

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