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13 octobre 2009 2 13 /10 /octobre /2009 11:25

C'est vrai qu'on nous avait un peu fait marcher avec la grippe aviaire qui allait tous nous trucider ; je me souviens même qu'à Phnom Penh j'avais été privé d'oeufs au petit déjeuner, privation épouvantable mais les ordres étaient stricts.
Il faut reconnaître tout de même que cette grippe avait tué pas mal de gens, mais dans des pays lointains, comme, justement, le Cambodge ou la Thaïlande (ah, ces horribles images de milliers de poules enterrées vives au bulldozer ! On aurait dit que les hommes se vengeaient...).

Au début de la tempête médiatique sur la A-H1N1, j'avais donc été quelque peu réservé et plutôt étonné de lire des articles presque incendiaires et terrorisants dans le New Scientist, généralement assez modéré. La position de l'OMS était compréhensible, dès lors que justement elle doit s'occuper du monde entier, et d'un monde où les conditions sanitaires sont souvent assez déplorables. Je ne m'attendais pas - étais-je bête ! - à ce que l'opinion publique se retourne brutalement et se mette à protester sur l'air du "on en fait trop !". On sait qu'il y a de forts courants anti-vaccins et anti-labos pharmaceutiques dans les pays anglo-saxons, mais je ne m'attendais pas à ce que ces sectes se mettent à proliférer dans nos pays rationalistes et cartésiens, n'est-ce pas. La complotite aiguë était peu française jusqu'il y a peu, mais elle se répand plus vite que la grippe : tout ça, bien sûr, c'est la faute à Sarkozy (on sait bien que tout est la faute à Sarko) et au big-Pharma, et aux multinationales, et aux banques, et aux traders, et au capitalisme. Ils vont tous se donner la main et profiter d'une pandémie inventée de toutes pièces pour faire passer des ordonnances scélérates et liberticides en-dehors de tout contrôle républicain. J'exagère à peine, il faut lire le petit bijou cosigné évidemment par Mamère, Buffet et Besancenot, les trois Bozos inévitables des refrains de ce genre.

Certes, les politiques ont pris tellement sur la tronche ces derniers temps (affaires du sang contaminé, de la vache folle etc) qu'ils en remettent une couche, ils avancent vraiment sur des oeufs de peur de devoir paraître dans un prétoire en cas de pépin. Mais enfin, c'est tout de même à ça qu'ils servent !

Je ne vais certes pas revenir sur le bien-fondé de la vaccination, dans le pays de Pasteur je me ferais mettre à l'index... même si c'est Jenner qui... L'éradication  totale de la variole et la quasi-disparition de la polio ne sont évidemment pas dues aux progrès foudroyants de l'homéopathie ou aux bienfaits du végétalisme. (*)

Mais voici qu'une "initiative citoyenne" agite le petit monde bruxellois, avec, comme représentant, notre inusable Georges-Henri Beauthier, l'homme qui ne transige pas sur les libertés, lui ! D'après cette initiative citoyenne (dieu que ce genre de locutions me sort par les oreilles), il y aurait une sombre machination gouvernementale visant à rendre la vaccination obligatoire, réduire le pays à la botte du gouvernement (voir ci-dessus) et  exonérer les labos en cas d'accident de vaccination.

Pour ce qui est de l'obligation vaccinale de la A-H1N1, il n'en est évidemment pas question, personne n'y pense ; cela étant, en cas de pandémie grave, comme pour la variole autrefois, ce serait évidemment une autre histoire. Que certains adjuvants puissent faire l'objet de questions, c'est possible, mais on y travaille, Georges-Henri, on y travaille...
Toute campagne de vaccination comporte des risques. Il y a toujours des accidents, et c'est un drame pour les familles touchées. On sait combien les Américains (je finirai sans doute par dire les Etatsuniens comme tout le monde, mais ça me paraît encore trop horrible, et puis pour être précis il faudrait dire les Américano-Etatsuniens, zut, je continuerai à les apperler les Amerloques) sont procéduriers, et combien ils ont tendance à faire des procès pour exiger des dommages et intérêts colossaux (punitive damages). Les labos ont dû débourser des centaines de millions de dollars pour des procès (réglés généralement en out of court settlements) intentés lors de vaccinations, procès souvent intentés avec l'appui de groupes anti-vaccins, la vaccination étant vue par certains comme une gigantesque machination communiste pour affaiblir le vaillant peuple américain, un peu comme certains voient le SIDA (et même le A-H1N1 !) pour détruire l'Afrique. En 1986, le gouvernement américain  a instauré une responsabilité sans faute pour les producteurs de vaccins infantiles et limité leur responsabilité tout simplement parce que ces producteurs menaçaient d'abandonner le marché . On trouvera dans le Scientific American d'octobre un
excellent éditorial à ce sujet. Et il est tout à fait compréhensible que la Commission européenne ait voulu suivre cette voie dans des cas exceptionnels :

Member States may temporarily authorise the distribution of an unauthorised medicinal product in response to the suspected or confirmed spread of pathogenic agents. This encompasses pandemic situations, such as the Influenza A (H1N1) 2009 pandemic. In such a case marketing authorisation holders, manufacturers and health professionals are not subject to civil or administrative liability for any consequences resulting from the use of a vaccine when such use of an unauthorised vaccine is recommended or required by a competent

authority in response to the pandemic situation. (le document complet se trouve ici)


On se souviendra qu'Act Up et de nombreux activistes avaient critiqué les méthodes de mise sur le marché des médicaments anti-SIDA comme étant trop tâtillonnes et inutilement longues. Je me demande si ce sont les mêmes qui s'indignent aujourd'hui de ces exonérations de culpabilité. 

 

Mais bien entendu, notre vaillant garant des Droits de l'Homme (**) ne voit là qu'une basse manoeuvre dictée par les infâmes multinationales de la mort...

(*) mais je ne me suis jamais fait vacciner contre le choléra. Toujours le rapport coût/bénéfice.
(**) Notez qu'en général je l'aime bien, mais parfois il m'agace.

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15 juin 2009 1 15 /06 /juin /2009 21:34

Ah oui, j'ai eu l'honneur, la chance et l'avantage d'avoir eu Prigogine comme prof (en fait, on le voyait assez peu, c'étaient surtout ses doctorants qui donnaient cours à sa place - j'ai même connu John Bell). Mais c'était merveilleux, les apparitions qu'il faisait, il avait un tel charisme...

Bien, rien à voir, mais si, mon amour toujours renouvelé pour la thermo, Carnot, Gibbs etc. Donc, beaucoup à voir, et c'est simplement en tombant il y a deux ou trois jours sur ce petit paradoxe fatigué posé à des étudiants (et pas de l'école primaire...) :

- Dans une pièce fermée, comprenant un réfrigérateur, on ouvre la porte dudit réfrigérateur. Que se passera-t-il ?


1 - la pièce se réchauffera

2 - la pièce se refroidira
3 - la température restera égale.

J'ai presque honte à revenir là-dessus. C'est tellement évident, mais non, apparemment pas.

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21 mai 2009 4 21 /05 /mai /2009 19:00

Article moyennement intéressant sur les abeilles, par Leon Kreitzman, dans le NY Times. En fait, je suppose qu'il s'agit plutôt de "bonnes pages" d'un livre qu'il écrit avec un neurologues sur les rythmes naturels et la chronobiologie. Que nous exploitions ces braves abeilles est une évidence, comme nous exploitons les vaches, les moutons, les fleurs, les fruits, les arbres et les branches e tutti quanti. Quant à la disparition locale des abeilles, c'est un (réel) problème, mais multifactoriel, et certainement pas dû uniquement à l'Homme.

Mais ce qui m'a le plus interpellé, c'est un commentaire :
"Nature is considerably more creative and inventive than humankind. Without Nature there isn’t any humankind. Without humankind, Nature is fine."

La Nature... encore une fois cette tarte à la crème hypostasiée... Il n'y a évidemment pas de Nature à laquelle se soustrairait l'Homme, ou qui l'exclurait ! Il n'y a que le Blind Watchmaker, et c'est effroyable de voir en ce deux-centième anniversaire de la naissance de Darwin que même chez les Anglo-Saxons on en revient à des conceptions vitalistes. La Nature n'est pas créative, mais l'évolution est bricoleuse - certes merveilleusement, mais ce n'est pas de merveille qu'il s'agit. Nous, Hommes, sommes part intégrante de la Nature, et la roue, par exemple est une de nos petites inventions, et je ne suis pas peu heureux que nos ancêtres l'aient inventée. Ou qu'ils aient conçu le calcul intégral.

Peine perdue...

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12 février 2009 4 12 /02 /février /2009 21:27
Naissance d'un génie (je n'ai pas peur des mots !) encore considéré comme sentant le soufre spécialement en France, marxisme élémentaire oblige... sans compter que Lamarck était bien de chez nous ! (enfin, de chez eux...)
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2 décembre 2008 2 02 /12 /décembre /2008 18:00

Non, ce n'est pas une chanteuse de rock tuberculeuse, c'est une limace marine en termes communs (un nudibranche en termes scientifiques). Comme vous pouvez le voir, elle est verte, d'où son nom, et elle est verte pourquoi ? Parce qu'elle se nourrit d'algues, exact. Plus précisément, elle se nourrit de Vaucheria litorea, dont elle extrait les plastides, disons les chloroplastes pour faire simple, qu'elle garde dans son épithélium digestif pendant plusieurs mois. Et pas pour rien ; en effet, les plastides en question continuent leur boulot de photosynthèse durant tout ce temps, alors qu'elles ont besoin pour ce faire de protéines qui ne se trouvent que dans le cytoplasme  de l'algue, et celui-ci a été digéré par Elysia, la prédatrice se faisant nourrir à l'oeil rien qu'en se mettant au soleil. Un gastéropode végétal, en quelque sorte.

 

Que se passe-t-il donc ?

 

Eh oui, vous l'avez deviné... Elysia, gastéropode, a intégré dans son génome au moins un des gènes de l'algue, ce qui lui permet d'exploiter les chloroplastes de cette dernière. Cela signifie, pour ceux qui en doutaient encore, que le graphe de l'évolution n'est pas un arbre, ou si c'est un arbre, il a en tous cas des branches qui fusionnent ! Cela signifie aussi que

1° les OGM, c'est tout naturel 

2° que les piètres biologistes ainsi que Greenpeace & Co. feraient mieux de se tenir au courant.

 

Mais c'est trop demander, puisqu'ils le savent bien...

 

Horizontal gene transfer of the algal nuclear gene psbO to the photosynthetic sea slug Elysia chlorotica

 

P.S. Un exemple passionnant de l'évolution (probablement) au travail - cette même évolution qui a conduit les plantes et les animaux à une union symbiotique avec respectivement les chloroplastes et les mitochondries (un puriste me taperait sur les doigts, mais peu importe) : la très curieuse Hatena découverte récemment, un flagellé qui durant une partie de sa vie vit avec une algue en elle, endosymbionte, donc, du moins le suppose-t-on. Ce serait un formidable événement ! Un nouveau type de vie...

 

Hatena arenicola gen. et sp. nov., a Katablepharid Undergoing Probable Plastid Acquisition

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4 novembre 2008 2 04 /11 /novembre /2008 12:27

Bien sûr que non ! Ce serait trop beau, pardon, ce serait trop horrible ! Tout le monde sait bien d'ailleurs que nous avons atteint le peak oil, ou que nous l'atteindrons très bientôt. Et puis, il est temps de ne plus brûler stupidement un liquide aussi précieux qui sert de matière première pour une foule de produits et de fournitures, d'autant que ça génère du CO2 en pagaille et qu'on ne veut pas faire mourir les braves ours blancs. Ni les pandas.

Pour ce qui est du peak oil, je ne peux évidemment pas me prononcer, mais je remarque tout de même que les avis d'experts divergent (voir James Odell), et qu'il y a là-dessous parfois des conflits d'intérêts. Un président de major pétrolière déclarant qu'il y a pléthore de pétrole pourrait difficilement justifier un prix élevé - et il en va de même pour les pays producteurs. Et puis, ça fait trente-cinq ans que j'entends la même chanson, je commence à m'y habituer (mais ce n'est évidemment pas un argument).
Pour le reste, en tant que chimiste, je ne peux effectivement que déplorer qu'on brûle une telle merveille naturelle.

"Une telle merveille naturelle". Oui, penser à ce patient mûrissement du pétrole, à tous ces organismes d'il y a des millions, des dizaines, des centaines de millions d'années, dont les cadavres se sont accumulés, ont cuit, ont été transformés en ce miraculeux liquide...

Une voix s'est élevée, discordante, celle de Thomas Gold, un très sérieux professeur d'astronomie. Pour lui, contrairement à la doxa, les hydrocabures (gaz et pétrole) sont un constituant géologique de la Terre, comme les lacs d'hydrocarbures de Titan (il est mort en 2004 et n'a donc pas connu cette découverte étonnante). Il estime que la croûte terrestre contient en profondeur d'immenses réserves de pétrole - et que ce pétrole a par ailleurs servi de source d'énergie aux premières formes de vie (je n'ai pas dit "bacteria-like" ... J'y reviendrai...) apparues non pas dans une flaque au soleil comme le voulait une autre doxa, mais profondément dans dans la croûte brûlante et soumise à des pressions énormes. Or il se fait qu'on a effectivement découvert assez récemment des organismes extremophiles résistant à des températures élevées dans des environnements qui nous semblent extrêmement hostiles. De fait, cette hypothèse d'une origine de la vie en profondeur - dans les roches ou près d'un black smoker, sous des kilomètres d'eau - est de plus en plus acceptée par la communauté scientifique.

Ne croyez pas qu'il s'agisse d'un illuminé ou d'un provocateur (si, un peu provocateur tout de même...). Certaines des idées "farfelues" de Thomas Gold se sont révélées exactes ; et ses arguments scientifiques sur l'origine abiogénique du pétrole sont rigoureux. Plusieurs d'entre eux peuvent cependant être interprétés dans le sens traditionnel, mais certains sont très convaincants. Il va plus loin : pour lui, contrairement à l'image qu'on nous en a présentée - les forêts de fougères du Carbonifère devenant nos actuelles mines de charbon - l'origine abiotique du charbon est patente, et cette fois encore ses arguments ne manquent pas de punch.

Inutile de dire que l'immense majorité des géologues - et la quasi-totalité des géologues du pétrole - sont plus que sceptiques. Or, il y aurait moyen de les confirmer (mais pas de les falsifier, hélas) en découvrant des gisements dans des zones non-sédimentaires, et la teneur du sol en méthane permettrait de découvrir des gisements de gaz naturel.

Vous le savez, je suis toujours très sceptique de la théorie des complots, mais pas de celle des conflits d'intérêts, comme je le signalais plus haut...

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8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 13:00

Ça, on le savait déjà. Mais à trop vouloir parler d'énergies "renouvelables", on oublie un peu que ce fichu deuxième principe nous fait toujours payer plus qu'on ne reçoit. Tenez, je prends un exemple tout à fait au hasard : l'éolien. Non, non, pas celui qui bouffe du béton, qui crée des centrales à charbon ou qui tue les chauves-souris, l'éolien virtuel, les pales qui tournent toutes seules. Mais qui produisent du courant, c'est-à-dire de l'énergie, et cette énergie, il faut bien la trouver quelque part. "Du vent, pardi !", allez-vous dire ; oui, certes, mais quels sont les effets de cette ponction.

Un début de réponse est donné par S.B. Roy et al. dans un article
qui n'est pas très récent, mais assez intéressant tout de même : un grand champ d'éoliennes provoquerait une élévation de la température au sol d'une moyenne journalière de 0,7°C (avec un maximum de 2°C) ainsi qu'une augmentation moyenne de la vitesse du vent au sol de l'ordre de 0,6 m/s. Cette étude est d'ailleurs confirmée par d'autres - et par le bon sens.

Est-ce à dire que l'éolien est à rejeter ? Certes non, pas plus que les technologies solaires (dont l'action à grande échelle sur l'environnement sont très mal connues, et pourraient être plus importantes encore).

Mais, une fois de plus, il faut savoir
...

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5 septembre 2008 5 05 /09 /septembre /2008 07:00

Le piteux biologiste dont je parlais il y a quelque temps ne devait tout de même pas se référer à des travaux ultra-récents pour corriger ses lacunes : les rétrovirus endogènes (RVE) - ceux qui ont pris une place définitive dans l'ADN de leur hôte - sont connus depuis les années '70. Il est vrai que leur multiplicité incroyable n'a été certifiée qu'assez récemment ; on estime qu'une petite dizaine de pour cent de notre ADN est en fait constituée de RVE (et peut-être bien qu'il y en a beaucoup plus). Et ce ne sont nullement des fossiles ou du junk-DNA comme on l'a cru trop longtemps : certains de ces RVE ont un rôle précis et reconnu.

En fait, "la Nature" est très conservatrice et très bricoleuse. Quand on a trouvé quelque chose qui fonctionne, on le garde le plus longtemps possible, et éventuellement on l'utilise à d'autres fins ; ainsi les gènes Hox et la vasopressine. On ne finit par jeter les rebuts de boîte à outils que quand vraiment il n'y a plus rien à en tirer - et encore !

Ce qu'il y a de curieux, c'est que le biologiste en question est le conseiller scientifique d'un groupe de réflexion sur le biomimétisme, groupe de réflexion informel, certes, mais qui n'est pas sans influence du fait de certains de ses autres membres. Diable ! Pourvu qu'ils ne nous ramènent pas les ornithoptères !

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20 août 2008 3 20 /08 /août /2008 07:00

C'est un livre de G. Walker et D. King avec l'inévitable ours polaire sur la couverture, ce qui n'augure rien de bon, mais enfin il avait une bonne critique dans le New Scientist, et puis j'aimais bien son sous-titre "How to Tackle Global Warming And Still Keep the Lights On". Deuxième bémol, après les ours, la citation d'Al Gore : "In a world full of misinformation, The Hot Topic is a beacon of clarity", et c'est vrai qu'en ce qui concerne la misinformation, Al Gore en connaît un bout...

Hélas, la lecture de ce petit opus confirme les doutes que fait naître la couverture. Bien sûr, c'est un ouvrage grand public, et on peut à la rigueur comprendre que toute la problématique soit exposée avec une assurance sans faille ; plus gênant, les auteurs appellent à la rescousse Katrina, les ouragans et la vague de chaleur de 2003, tout en admettant un peu à contre-coeur qu'ils ne prouvent rien. De même, on ne fait appel qu'aux morts de chaud et pas aux morts de froid (quelques lignes y sont tout de même consacrées en appendice), et si certains modèles (et il faut diantrement se méfier des modèles, mais c'est passé sous silence) prévoient plus de pluie en Asie, on parlera d'inondations... Tout changement ne peut être que mauvais, voilà la leçon.

A la page 99 (sur 255), on apprend enfin comment s'y prendre pour atteindre les objectifs désirés : ne pas dépasser une augmentation de 2° C (qui provoquera déjà toute une série de catastrophes détaillées à la page 90). Il s'agit tout bonnement de la méthodes des "coins" (wedges) de Socolow et Pacala, qui est à vrai dire la seule solution imaginable : plusieurs technologies sérieuses qui s'additionnent et qui se développent de manière linéaire sur les cinquante prochaines années, chaque "coin" croissant graduellement de 0 à 1 milliard de tonnes de carbone. C'est d'ailleurs devenu un jeu auquel certains s'adonnent sans retenue, et sans aucun réalisme. Malheureusement, les auteurs de notre livre ne semblent pas avoir compris que l'effet désiré doit se maintenir à niveau au terme des cinquante ans. Ainsi leur premier "coin" (diminuer d'un facteur deux la consommation d'essence des 2 milliards d'automobiles) est peut-être techniquement atteignable, mais dès que le but est atteint, on y reste. Par contre, "planter 300 millions d'hectares de forêt dans les tropiques est absurde, puisqu'une fois ces 300 Mha plantés, l'absorption de CO2 s'annule (une forêt à l'équilibre est au mieux neutre au carbone, au pire nocive au méthane). Et puis, on va les chercher où, ces centaines de millions d'hectares quand on sait qu'il faudra doubler la surface cultivée d'ici à 2050 ? Freeman Dyson remarquait en passant qu'on pourrait développer par génie génétique des arbres "dévoreurs de carbone" - et il ne fait quasiment aucun doute qu'il faudra, malgré les cris d'horreur de certains, passer par ce fameux génie génétique ("manipulations génétiques" pour ses adversaires). De même, les deux millions d'éoliennes d'1MW ne doivent pas être en back-up de centrales à charbon, quadrupler les centrales à gaz aux dépens des centrales à charbon est bien beau, mais quid des réserves de gaz ? Quant à multiplier par cinquante l'utilisation actuelle des agrocarburants, cela ne fait plus rire personne. Une phrase du livre résume un peu le tout : "However, none of these problems is insurmountable"...

Evidemment, le très gros problème avec la méthode des coins est qu'en y jouant on perd la notion de coût, et que cela devient vite du pur yaka. De même, il faut commencer un jour, mais les politiques ne s'y décident pas, et quatre ans se sont écoulés depuis la publication de l'article, quatre ans où rien ou presque n'a été fait.

Puis, pendant quelques pages (106 à 153), les auteurs brossent à gros traits les bricolages proposés, et ils ont au moins l'honnêteté de suggérer que la plupart ne valent pas grand'chose (tout en se montrant extrêmement volontaristes !), et laissent le problème des coûts presque entièrement de côté, pour le chapitre suivant qui reprend très honnêtement le rapport Stern et ses critiques, le Clean Development Mechanism et ses critiques, et un assortiment de mesures plus ou moins bien définies mais qui semblent fortement teintées de wishful thinking.

Une critique adressée au livre par le New Scientist était le refus de considérer la géo-ingéniérie (comme la diffusion volontaire d'aérosols dans l'atmosphère pour refroidir la planète). Je suis assez d'accord sur cette réserve, mais hélas, les auteurs se trahissent lorsqu'ils annoncent froidement : "The main reason...[is that it is] a quick fix that leaves us with our old bad habits intact" (c'est moi qui souligne). Voilà de nouveau la morale qui s'introduit ! Old bad habits...

Reste une grosse question, LA grosse question : quid des nouveaux arrivants, Chine, Inde etc. ? Onze pages y sont consacrées, et quand je dis consacrées, c'est un bien grand mot... En fait, tout est brossé sous le tapis, sauf encore quelques platitudes du genre "quand vous achetez un produit Made in China, c'est vous qui êtes responsable du carbone utilisé" ou "les Chinois peuvent bien dire que les USA sont hypocrites", ce qui ne résout en rien le problème que des centaines de millions de gens désirent améliorer grandement leur niveau de vie. C'est une faiblesse insondable de ce livre, et qui le disqualifie entièrement.

Enfin, quelques pages détaillent les "bonnes manières" habituelles (ne pas gaspiller, moins rouler en voiture, acheter un véhicule hybride, "compenser" les voyages en avion - sans aucune critique sur ces schémas de compensation, envers lesquels on peut nourrir un fort scepticisme...), la feel-good attitude, en somme. Et pour finir un appendice sous forme de questions (ou affirmations)/réponses, pas très intéressant et parfois carrément trompeur (on  reparle de la Chine pour répéter que si les pays développés s'engagent à réduire sérieusement leurs émissions, alors la Chine et tutti quanti, tout se résoudra - comment, on ne le dit pas, mais il faudra donc compter sur un miracle).

En bref, un livre très décevant. Lisez plutôt Lomborg.

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24 juillet 2008 4 24 /07 /juillet /2008 12:58

Il a un rêve - non, pas être l'homme le plus haut ni le plus bas du monde, comme l'ont été en leur temps son grand-père et son père. Autre chose, peut-être moins grandiose, mais assez passionnant : Solar Impulse, un avion naviguant à l'énergie solaire, tout simplement. Ho-hum, direz-vous, encore un de ces bateleurs... Non, point du tout, le plus important dans "Solar Impulse" est le mot Impulse : "Dans la vision de Bertrand Piccard, initiateur et président du projet, cet avion est le symbole des nouvelles technologies que notre société devrait être capable de mettre en œuvre afin d’économiser les ressources énergétiques de notre planète".

J'ai entendu le bonhomme, il est passionné et passionnant. Enfin, quelqu'un pour qui les "défis du changement climatique" sont une source de plaisir, de nouveaux développements, de pensées latérales, bref un vrai défi, c'est ainsi qu'il faut le prendre. Nous n'avons pas le choix : c'est ça ou la stagnation et un certain retour à la misère - enfin n'exagérons rien, disons une frugalité stricte et froide. C'est d'ailleurs cette frugalité forcée qui plaît à de nombreux écolos peine-à-jouir, et pas seulement ceux pour qui le bonheur n'est pas dans cette vallée de larmes.

Il y a d'autres exemples ; il m'est arrivé récemment d'avoir froissé de la tôle, et donc, je passe chez mon carrossier préféré pour prendre rendez-vous. Il était absent, occupé toute la semaine à se mettre au courant d'une nouvelle technologie de peintures à l'eau. Eh oui, on met au point des laques automobiles contenant un minimum de solvants organiques - progrès évident, progrès technologique majeur.

Créativité, inventivité, think out of the box. Ce n'est que comme ça qu'on y arrivera.

P.S. Depuis, j'ai reçu un
article de Shermer sur un sujet voisin. Excellent, comme toujours avec Shermer.

(23/3/15) Hélas, depuis lors, le pauvre Piccard ne fait que répéter en bon psittaciste que les platitudes écologistes habituelles. Dommage, il valait mieux.

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