Le piteux biologiste dont je parlais il y a quelque temps ne devait tout de
même pas se référer à des travaux ultra-récents pour corriger ses lacunes : les rétrovirus endogènes (RVE) - ceux
qui ont pris une place définitive dans l'ADN de leur hôte - sont connus depuis les années '70. Il est vrai que leur multiplicité incroyable n'a été certifiée qu'assez récemment ; on estime qu'une
petite dizaine de pour cent de notre ADN est en fait constituée de RVE (et peut-être bien qu'il y en a beaucoup plus). Et ce ne sont nullement des fossiles ou du junk-DNA comme on l'a
cru trop longtemps : certains de ces RVE ont un rôle précis et reconnu.
En fait, "la Nature" est très conservatrice et très bricoleuse. Quand on a trouvé quelque chose qui fonctionne, on le garde le plus longtemps possible, et éventuellement on l'utilise à d'autres
fins ; ainsi les gènes Hox et la vasopressine. On ne finit par jeter les
rebuts de boîte à outils que quand vraiment il n'y a plus rien à en tirer - et encore !
Ce qu'il y a de curieux, c'est que le biologiste en question est le conseiller scientifique d'un groupe de réflexion sur le biomimétisme, groupe de réflexion informel, certes, mais qui n'est pas sans influence du fait de certains de ses autres membres. Diable ! Pourvu qu'ils ne nous ramènent pas les
ornithoptères !