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20 septembre 2011 2 20 /09 /septembre /2011 09:15

Aujourd'hui s'ouvre le procès intenté à sept personnes du chef d'homicide involontaire pour n'avoir pas fait évacuer la ville de l'Aquila juste avant le tremblement de terre du 6 avril 2009. Ces sept personnes étaient les membres de la Commission "Grands risques" qui s'était réunie à l'Aquila quelques jours avant le séisme. "Ils auraient dû décider d'évacuer la ville" tonne le Procureur, en oubliant commodément qu'une telle décision appartient en dernier lieu au politique, sur rapport et avis des comités scientifiques et qu'il y a de nombreux enjeus à prendre en compte - une évacuation est coûteuse et dangereuse.

 

Je ne reviendrai pas sur le fait absolument certain et maintes fois avéré qu'en matière de séismes il est rigoureusement impossible dans l'état actuel de la science, de faire des prévisions exactes sur le moment, le lieu et la magnitude d'une catastrophe. La Presse à sensation a évidemment publié avec joie les vaticinations du Pr Giampaolo Giuliani - un scientifique distingué par ailleurs - qui prétendait avoir prévu le séisme dès mars 2009, et pas avec un pendule ou une baguette de sourcier, mais par une mesure scientifique de dégazage du radon. Las ! il l'avait prévu, mais pas au bon endroit ni au bon moment... S'il avait été suivi, on aurait déplacé quelques milliers de personnes vers... l'Aquila, justement...

 

Il en va des séismes comme des éruptions volcaniques, où d'assez nombreux scientifiques exploitent des phénomènes parfois à la limite de l'anecdotique pour faire prévaloir leurs thèses, mais sans grand succès. On connaît les réactions du bétail, les niveaux d'eau dans les puits, les variations de courants telluriques ou des dégazages de radon, bien sûr, mais aucun de ces phénomènes - combinés bien sûr à d'autres mesures - ne permet d'arriver à une prédiction quelque peu précise, et ce malgré les clameurs des chercheurs qui se comparent volontiers à Galilée et trouvent de nombreux séides dans la Presse et surtout dans la blogosphère.

On pourrait se scandaliser de ce procès, protester, signer des e-pétitions (dans un cas comme celui-ci, je pense que je le ferais, malgré mon aversion générale pour les pétitions) et passer à l'ordre du jour ; mais en fait, l'affaire est plus grave qu'on ne pourrait l'imaginer à première vue. Ce n'est pas seulement la science qui est visée, mais la capacité des scientifiques à intervenir dans le jeu politique. En cas de condamnation (ce qui n'est nullement exclu), le message sera le suivant : noircissez le tableau, envisagez comme plus probable ce qui est simplement le worst case, privilégiez les scénarios apocalyptiques - en quelque sorte un principe de précaution à l'envers. Et ça, c'est justement la manière dont fonctionne le GIEC, et spécialement son WG2. Dès lors, nous verrons sans doute dans un avenir assez proche les WWW, FoE, Greenpeace et consorts s'engouffrer dans un nouveau combat qui pourra leur rapporter beaucoup de sympathies et d'espèces sonnantes et trébuchantes (ils n'en on jamais assez, ne craignez rien).

 

Dernier point de détail : il semble que ce procès fasse suite à une plainte déposée par un comité de citoyens à l'initiative d'un médecin. Celui-ci aurait-il voulu se venger des procès intentés parfois à tort et à travers au corps médical ?... Mais je plaisante, évidemment...

 

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commentaires

S
<br /> <br /> "sans succès", sauf médiatique, et maintenant judiciaire. Et si les juges insistent, des politiques suivront, pour faire plaisir à leurs électeurs. On en a vu les prémices avec des condamnations<br /> de moyens de la téléphonie mobile, où les juges ont anticipé sur les lois que les plaignants souhaitaient. Ils prennent implicitement position quand ils ont à juger des faucheurs volontaires. À<br /> Toulouse, ils ont pris pour argent comptant une hypothèse douteuse, non vérifiée.<br /> <br /> <br /> <br />
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