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20 janvier 2012 5 20 /01 /janvier /2012 17:14

Je veux dire que le post était inévitable, pas la catastrophe. Apparemment - mais on raconte un peu tout et n'importe quoi - le commandant aurait voulu faire un passage devant l'île par hommage envers un membre de son équipage. Possible, mais attendons avant de prendre des poses comme celles d'un lecteur du Monde qui proclame que "Schettino" a de bonnes chances de devenir un substantif à l’avenir, consacré par l’usage pour désigner un chef lâche et qui ne pense qu’à se sauver lui-même. Paf !

 

Cela étant, l'essentiel des commentaires que j'ai entendus portait sur le "gigantisme" du bateau. C'était à qui s'indignerait le plus de la "course aux profits", de la "course au mastodonte", etc. Pourtant, la taille du Costa Concordia (outre qu'elle n'est nullement monstrueuse, ce vaisseau étant classé en vingt-sixième place de sa catégorie) a-t-elle quoi que ce soit à voir avec la cause du naufrage ? Chaque fois que je vais à Venise, je contemple avec effroi ces énormes paquebots évoluant dans l'étroit canal de la Giudecca, mais chaque fois ils s'en tirent plutôt bien. Un paquebot deux fois plus petit heurtant les mêmes récifs s'en serait-il sorti ? J'en doute. Un commentateur se scandalise qu'il y avait même un simulateur de Formule 1 à bord ; je ne suis pas cerrtain que cela ait contribué au désastre, pas plus qu'une piscine ou un cinéma de trop. Cinq mille personnes, c'est beaucoup, évidemment, mais enfin, comparer cet échouage à la catastrophe du Titanic est ridicule. Un mort est certainement un mort de trop, et ici on en a semble-t-il une trentaine - trop, bien trop une fois encore. Mais ce que les bonnes âmes détestent, c'est à la fois le kitsch de ces croisières et un reste de haine anti-Paquebot Normandie ou Titanic, avec ses premières classes ultra-luxueuses où "les riches" se pavanaient en smoking chaque soir (par parenthèse, le France avait un seul point de passage entre toutes les classes : la chapelle). Ces énormes paquebots sentent le petit-bourgeois consumériste et grégaire : la société de consommation, bien sûr, une fois de plus... Et la Mer se venge, comme la Terre punit l'hubris des Hommes !

 

Oui, enfin jusqu'à cette catastrophe, il n'y a eu que 20 morts en croisières ces vingt dernières années, toutes raisons confondues. Et on a compté plus de 15 millions de voyageurs de croisière en 2010.

 

Mais c'est tellement amusant de s'indigner...

 

 

 

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26 décembre 2011 1 26 /12 /décembre /2011 21:52

Bien évidemment, le Saint Père a déploré que la Noël soit devenue une fête de l'affreux consumérisme, où les gens de partout se goinfrent de dindes, de filets de biche, d'huîtres, de foie gras, de sauces riches, de tout en somme ce qu'il faut pour se détraquer l'estomac et la santé, avant (ou après, les deux écoles ont leurs partisans) de distribuer des cadeaux en nombre obscène à tous et à chacun. On est loin, tellement loin de la naissance de "Jésus de Nazareth" (mieux dit "Jésus le Nazoréen").

Allons donc, mon vieux Benoît ! Qui s'est approprié quoi ? Le solstice d'hiver a été depuis des millénaires une vraie "fête", une réjouissance populaire célébrant le retour de la lumière - et ce spécialement dans les pays nordiques, ça va de soi. Tout cela, bien évidemment, en-dehors de la très récente "tradition chrétienne", et Denys le Petit n'a certes pas eu à se creuser la cervelle pour trouver sa généalogie...

Alors, ce qui me fait doucement sourire, c'est la double dénonciation parallèle et contradictoire de la "consommation" et de la "perte de liens sociaux" brandie par certains. La Noël, justement, dans nos sociétés déchristianisées et ailleurs aussi, c'est justement la refondation ancestrale de liens sociaux, souvent autour des liens familiaux, mais pas seulement. On échange des cadeaux, parfois, je l'admets, de manière potlatchique, mais souvent symbolique. Les repas pris ensemble en famille les ressoudent (oui, bien, bon... pas vraiment des syssigies, mais on a évolué), et l'échange de cadeaux a une forte valeur de religion, de resserrement des liens. Après quoi les vieux démons reviennent... Embrassons-nous, Follevile, et puis après pleuvent les critiques. C'est humain, comme on dit pour désigner les pires penchants de l'humain, mais voilà, c'est ainsi.

Cependant, je le confesse, je suis en charge depuis plusieurs (n'exagérons pas, tout de même) décennies, de confectionner la dinde farcie dont toute la famille va se gorger en me faisant moults compliments, tout comme je suis en charge d'ouvrir un bon cent d'huîtres (j'ai le couteau magique). Et je ne le regrette pas. Je n'ai pas souvenir d'avoir jamais proposé un cadeau sur e-bay, et je ne pense pas vraiment que mes cadeaux aient jamais fini là-bas. "Famille, je vous hais" ? Oh que non, mais peut-être ai-je de la chance après tout.

Il y a une certaine excitation dans ces jours ou ces semaines précédant Noël qui a au moins l'avantage de sortir nos semblables d'une vie un peu grise et pluvieuse. Je m'y trouve bien. Et la nouvelle année - celle-là complètement païenne - resserre les liens avec le cercle des amis.

Je vous souhaite donc de très belles fêtes de fin d'année, mais avant de partir dans le Vercors célébrer avec quelques amis l'arrivée de 2012, je me dois de vous raconter la rencontre entre mon beau-frère par alliance et les oscillocoques...

 

(à suivre !)

 

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 07:59

(Que la paix soit sur elle)
Il y a des journées mondiales pour de très belles, très nombreuses et très nobles causes , quoique de moins nobles mériteraient sans doute de faire l'objet de demi-journées mondiales (puisqu'il y a même des semaines mondiales). La journée mondiale des coopératives pourrait par exemple être rétrocédée au rang de demi-heure mondiale ; quant à la journée mondiale de la télévision, j'ai peine à croire qu'elle existe, et pourtant, oui, même que c'est le 21 novembre, ça vous la coupe, hein ?
Pardonnez ma familiarité soudaine, mais tout de même, la journée mondiale de la téloche... ça fait un choc.
Où en étais-je ? A ceci qu'un homme bien sympathique et bien enthousiaste interviewé par notre chère Retebef, à l'occasion, justement, d'une de ces journée mondiales, avait loué les vertus de la cause qu'il défendait, et qui était également soutenue par les représentants des célèbres "trois grandes religions monothéistes". Par "grande", je suppose d'ailleurs qu'il voulait dire "peuplée", car enfin je suis bien certain qu'il y a de très belles, très nombreuses et très nobles religions monothéistes en-dehors des inévitables juive, chrétienne et musulmane. Encore faut-il s'entendre, les Nestoriens, Chiites, Baptistes, Druzes, Catholiques, Orthodoxes etc., justement ne s'entendent pas entre eux et s'excommunient et s'entre-étripent volontiers. Ou alors ils s'entendent sur leur socle commun, l'Ancien Testament, ce salmigondis assez répugnant où une espèce de monstre du mal, raciste et sadique, se réjouit des massacres divers qu'il ordonne, de sacrifices humains qui lui sont dédiés, de boucheries génocidaires faites en son nom, et où l'un des grands prophètes, Abraham, prostitue deux fois sa femme -  qu'il a bien soin de faire passer pour sa soeur, des fois qu'il viendrait à l'idée de Pharaon (puis d'Abimelech) de le trucider pour se débarrasser d'un mari gênant (même s'il est complaisant). Et plein d'autres qui massacrent abondamment, comme Jephthé qui sacrifie sa fille - rien à voir avec Iphigénie, par ailleurs). Qu'on puisse s'extasier sur une pareille ignominie m'a toujours étonné - dans le sens fort du terme. Bien - disons "indigné", c'est à la mode.

Il y avait dans la voix de notre activiste tellement de respect confit en invoquant ces grands monothéismes que je ne doute pas une seconde qu'il ne mettait pas sur le même pied ces piliers de la religion avec des broutilles comme l'hindouisme, le bouddhisme, la mythologie celtique ou d'autres sornettes tout juste bonnes pour les enfants. En effet, il est très généralement admis, même chez les non-religieux, qu'un monothéisme est supérieur à un polythéisme, qu'il constitue un progrès - ce qui est assez étrange, puisque peu importe la complexité ou le statut d'une religion, ce qui compte serait bien plutôt à trouver dans sa vérité (*) . C'est le répugnant Yaweh qui est dieu, ou tout le fatras des divinités du panthéon Hindou, ou les impayables Wotan et Freya, etc, etc. De toutes manières, le catholique qui se prévaut de son "monothéisme" pour regarder son voisin de haut devrait tout de même y regarder à trois fois (une cuillérée pour le Père, une pour le Fils et une pour le Saint-Esprit), et même à toute une ribambelle de fois : la maman montée au ciel avec son corps - oui oui, c'est dans le dogme, ce n'est pas une des nombreuses belles histoires de l'oncle Jacques (de Voragine) -  les séraphins, chérubins et anges (avec tous les anges gardiens - au fait, y en a-t-il un pour chacun d'entre nous, ou se partagent-ils le boulot ? Et comment, par roulement ? Je ne serais pas étonné qu'une question aussi absurde et vaine ait fait l'objet de nombreuses disputes savantes et théologiques, sans parler de tous ceux qui ont été brûlés, pendus, décapités ou généralement massacrés de manière exquise à cette occasion), tous les saints intercesseurs, etc. Et puis Satan, bien entendu, qui a tout de même un statut hachement divin, quâââ ?

Très sincèrement, pour en finir avec cette question des journées mondiales, je ne comprends tout de même pas pourquoi on ne consacre pas au moins un mois (sinon l'année entière) à la Très Sainte Licorne Rose Invisible (que ses sabots soient bénis), celle qui va sauver l'Humanité des subprimes, du credit crunch et de la récession. Nous savons pourtant tous que l'infâme Huître Pourpre (que la malédiction soit sur elle) est la vraie cause de ces drames, et que les banquiers ont passé un pacte avec elle.

Mort aux infidèles !

(*) Pour nous modernes. Mais il va de soi que dans l'Empire romain, chacun était libre de ses croyances pourvu qu'il sacrifiât vaguement au panthéon romain et à l'empereur bientôt divin (mort). Dans cet Empire extrêmement tolérant, les Juifs extrêmement intolérants faisaient un peu désordre - et les premiers chrétiens n'étaient après tout que des Juifs.

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 16:26

Nous sommes en France, bien entendu, et voilà qu'un nouveau scandale éclate - un de plus... Figurez-vous qu'on empoisonne les bébés ! Une certaine Mme de Bégon le clame depuis une dizaine d'années, et personne ne l'écoute ! "Pourquoi donc ne croit-on pas systématiquement les lanceurs d'alertes ?" se scandalisait ce midi un journaliste radio.Et d'évoquer le cas dramatique de Mme de Bégon qui vit dans un minuscule appartement avec ses trois enfants, et qui, malgré deux livres publiés, a été condamnée pour calomnie... On essuie une larme furtive, et on retient surtout qu'elle a été "investie d'un secret de fabrication", formule puissante et qui coupe court à la discussion.

Je ne doute pas que le scandale va être amplifié par les canaux habituels, qui vont évidemment agiter le chiffon "danger", mais s'abstenir du côté "risque". Explications.

 

L'oxyde d'éthylène est un puissant biocide, très utilisé pour stériliser le matériel médico-chirurgical (regardez simplement la pochette d'une seringue). Biocide puissant, ça signifie qu'il est évidemment toxique, et même classé cancérogène. Biocide puissant, car extrêmement réactif (l'atome d'oxygène formant pont entre les deux atome de carbone - on imagine la déformation orbitale ! 105kj/mole, c'est pas mal). Extrêmement réactif, et même envers l'eau très légèrement acide ou basique (par une attaque nucléophile pour être précis[*]) ; envers les protéines, n'en parlons même pas.

 

Un produit, donc, dangereux, c'est certain. Mais quel est le risque ? L'utilisation de ces biberons stérilisés au C2H4O - en Belgique, au moins - est réservée généralement aux enfants problématiques tels que les prématurés sérieux dont le système immunitaire est très déficient. Il est indispensable que ces biberons soient parfaitement stérilisés, et l'utilisation d'oxyde d'éthylène est d'autant plus à recommander que les traces du produit qui pourraient subsister sont immédiatement réduites (et détruites) par la nourriture qu'on introduit évidemment dans le biberon...

 

Mais voilà, on va encore sans nul doute assister à des documentaires télévisuels à la MMR (pas le vaccin, la Robin), des articles indignés dans Télérama, des dénonciations scandalisées dans toute la Presse.

 

Car on s'indigne, et de tout. Ce midi, c'était des écoliers de primaire et de maternelle qui s'indignaient de la saleté et de la criminalité de leur quartier, à Bruxelles. S'indigner est à la mode, et je comprends parfaitement les diplômés espagnols qui se scandalisent d'être au chômage. Mais substituer la morale au politique me semble déplorable. Encore peut-on comprendre la protestation de la Puerta del Sol, mais le "mouvement OWS", lui, est d'une confondante crétinerie. Pire qu'un rassemblement altermondialiste avec vendeurs de macramé. "Money is obsolete", proclame un panneau, tandis qu'un jeune homme explique doctement qu'il est indispensable de revenir à une économie de troc. "Good Bye, Banks, your time is over!" répond un autre, adepte du matelas aux billets de banque sans doute. Sans compter tout le reste de ce happening potache mais très écolo : on y recycle tout, et surtout les idées les plus imbéciles.

 

Mais là, je vais trop loin : il y a deux choses aujourd'hui sur lesquelles il est interdit d'ironiser, les indignés et Intouchables. Les Inrockuptibles avaient en son temps tiré à boulets rouges sur Amélie Poulain (enfin, le film, vous m'avez compris) accusé de représenter un monde sans immigrés ni lutte de classes, etc. C'était à mon sens un mauvais procès, dans la mesure où, effectivement, le film se déroulait dans un univers parallèle, comme il était aisé de s'en assurer. Intouchables, comme les Ch'tis, se passe aussi dans un monde parallèle, mais les cinéastes ne l'assument absolument pas. C'est bien plutôt le système Canada Dry à l'oeuvre : ça ressemble à la France, ça a la couleur de la France, mais ce n'est pas la France (ni aucun autre pays, d'ailleurs). Passons sur l'affligeante charge contre l'opéra et l'art contemporain (c'est une bonne vieille habitude assez démago, à l'oeuvre dans Musée haut Musée bas et, plus récemment, dans un film avec Poelvoorde et dont j'ai oublié le titre), passons aussi sur la technique filmique réduite à sa plus simple expression. Pourquoi ce succès ? Les Français auraient-ils tellement besoin d'un unanimisme factice ? Peut-être, mais alors les Belges aussi, car le film fait un tabac, ici !

 

[*] je suis chimiste de formation

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14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 16:02

Merci et bravo à Wattsupwiththat

 

indignes

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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 11:12

(Je dis "chercheurs" mais je voudrais dire "savants", ça me rappelle Jules Verne et mon enfance...)

 

Il y a quelque temps, les joyeux d'Econoclaste, un de mes blogs favoris, racontaient l'histoire de Piketty et des Echos. En bref, une journaliste des Echos publiait un article faisant état d'une note confidentielle de Bercy selon laquelle les "riches" - et même les super-riches - payaient bien leurs impôts. Fureur de Piketty, qui demande à la journaliste d'où elle tient ses informations et exige de voir ladite note, puis la roule dans la farine pour n'avoir pas utilisé une méthodologie sérieuse et critique telle que lui, Piketty, en avait développé une avec d'autres spécialistes. En somme, les Echos se font les complices d'une machination pro-riches... Après tout, on sait qui est le propriétaire du quotidien ! Réponse indignée des Echos, où ils comparent le Professeur à Savonarole, et lui rappellent les devoirs élémentaires de la profession de journaliste.

Qui a raison ? Qui a tort ? La question a-t-elle un sens ?

 

Je comprends très bien le sentiment de frustration de Piketty en lisant un article qui lui semble très peu critique, ne faisant que reprendre une note non dépourvue d'idéologie, ou de propagande. Combien de fois dans mon domaine de compétence ai-je lu des articles qui me faisaient grincer des dents tant on voyait que le journaliste ne comprenait pas grand'chose au sujet traité ! Les journalistes aiment souvent donner un tour polémique ou agressif à leurs articles, ça attire le regard, et je suis pour l'instant en bagarre avec une journaliste qui m'a récemment fait dire que je "dénonçais" une certaine carence de notre Ministre de tutelle alors que je sais bien avoir seulement "constaté" cette carence durant notre entretien. Mais n'exagérons rien : les chercheurs aussi ont une certaine tendance à la polémique, la recherche scientifique est un vrai sport de combat (allusion au documentaire lèche-bottes sur le Bourdieu) et les rivalités entre personnalités et écoles ne sont un mystère que pour le grand public. Après tout, il y a toutes les subventions à la clef.

 

Pour autant, les journalistes tiennent avec raison à la protection du secret de leurs sources (même si l'on peut comprendre que, très exceptionnellement, il puisse y avoir une nébuleuse de doutes), et n'ont nullement envie qu'on leur tienne la plume. C'est eux qui sont responsables de leurs articles, et on le comprend fort bien. "Ma" journaliste m'a fait comprendre que mon attitude durant l'interview lui donnait l'impression que cette carence me déplaisait, et, donc, que je la dénonçais. Puis-je lui donner tort ? On se souvient de ces "interviews" télévisuelles où un homme politique écrivait lui-même les questions qu'un "journaliste" à la botte allait lui poser, spécialité d'un ORTF heureusement assez lointaine... Mais d'autre part il existe aujourd'hui une sous-spécialité de journalistes "engagés" qui ont une cause à défendre et dont l'eprit critique avoisine le zéro absolu. Cauchemar de Darwin, élucubrations de MMRobin, psittacisme Greenpeace, on verse le tout entre deux colonnes et on sert bien chaud aux lecteurs convaincus d'avance. C'est assez regrettable à dire, mais Le Monde prend ce chemin depuis un certain temps, à croire que c'est Télérama qui a racheté le quotidien du soir... La dernière crétinerie que j'y ai dénichée était une chronique se félicitant de ce que le shiatsu et l'acupuncture faisaient leur entrée dans certains hôpitaux publics français en tant que "médecine chinoise ancestrale", ce qui est une contre-vérité absolue en ce que l'un et l'autre sont d'invention récente et que "la médecine chinoise" n'a jamais existé, sauf après la prise de pouvoir communiste, où elle est qualifiée de gudai yixue - "médecine du passé" - ou zuguo yixue yichan - "héritage médical de notre patrie", qui rassemble deux mille ans de traditions hétéroclites. Pour reprendre les termes de Florence Bretelle-Establet : "Ainsi, malgré son nom évoquant un un flot ininterrompu de savoirs et de pratiques, la médecine traditionnelle chinoise est une discipline nouvellement formée, à partir d'un ensemble de doctrines et de pratiques médicales beaucoup plus variées [...]". En ce qui concerne l'acupuncture, on lira avec intérêt l'article de Harriet Harris dans Skeptic.

 

Mais, pour le scribouillard du Monde, c'est la médecine chinoise ancestrale...

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16 septembre 2011 5 16 /09 /septembre /2011 14:57

Honte aux édiles bruxellois ! L'avenue du Port va être réaménagée, trois cents platanes vont être abattus ! Mobilisons-nous contre ce massacre ! Non à la revente des pavés pour garnir les allées de garage des nantis ! Halte au massacre à la tronçonneuse !

 

C'est en gros la teneur d'un articulet d'un récent "Bulletin", hebdo très chic, en anglais, destiné aux expats principalement, et pas précisément aux expats pour raison économique. Tout à fait le genre à prendre part du côté des bobos "protecteurs de la Nature et de la Planète" et à proposer des BMW et Mercedes hors-taxes pour les diplomates.

 

Il faut savoir que la rue du Port, à Bruxelles, longe le canal (car Bruxelles est port de mer, ne l'oublions pas) et est effectivement bordée de magnifiques platanes. C'est aussi un désert, une avenue infranchissable aux piétons tant elle est large et mal balisée, chaussée de pavés redoutables et de nids de poules impressionnants. Elle n'est pas habitée, mais dessert Tour et Taxis et les entrepôts environnants, ce qui veut dire que les camions qui l'empruntent sont très nombreux - et leurs conducteurs pestent contre son revêtement qui les secoue comme à la foire du Midi. Pour les habitants à l'Est de la ville, elle pourrait être un meilleur chemin vers la Basilique et - notamment l'hôpital Brugman (j'y suis abonné) au lieu du tunnel du centre ville ou de la grande ceinture, sauf qu'on y regarde à deux fois avant de l'emprunter parce qu'on n'est pas sûr que la bagnole tiendra le coup. Bien, il faut connaître Bruxelles pour comprendre dans le détail ce que je veux dire, mais on peut suivre en gros. Pour toutes ces raisons, le gouvernement bruxellois a projeté (et obtenu le permis de bâtir) de modifier cette avenue et (je cite) :

"Au niveau mobilité, des pistes cyclables et un site propre bus sont prévus, les traversées piétonnes et trottoirs seront réaménagés et sécurisés tandis que les bandes de circulation seront réorganisées.
Au niveau convivialité, la diminution de la vitesse des véhicules et le nouveau revêtement de sol permettront notamment une diminution des nuisances sonores. De nouvelles plantations agrémenteront la voirie, le mobilier urbain et l'éclairage public seront renouvelés."

 

Cela ne plaît pas à tout le monde, et notamment pas à M. Patrick Wouters, qui habite "une belle maison" (d'après The Bulletin) de l'autre côté du canal et qui jouit d'une très belle vue sur lesdits platanes. Il s'indigne : comment, mais mettre un revêtement de béton va évidemment conduire à des excès de vitesse, c'est scandaleux !

Première objection : qu'avez-vous à vous en mêler, M. Wouters ? En quoi est-ce votre affaire de savoir ce que feront ou ne feront pas les gens à cent mètres de chez vous, alors que vous ne les verrez pas et vous ne les entendrez plus ? La belle affaire s'il fallait remettre des pavés sur les routes pour empêcher les excès de vitesse ! Ah, mais si, justement, il va voir les bolides puisqu'on va couper les platanes, et la belle vue de sa belle maison sera gâchée, enfin, durant quelques semaines au maximum puisqu'il est prévu de replanter d'autres arbres, mais plus des platanes qui, paraît-il, ne sont pas les arbres idéaux en bordure de voie urbaine, là je m'abstiens de commenter, je n'y connais rien et je me borne à citer la Ministre en charge qui "argue du fait que les arbres seront remplacés par des arbres de taille adulte, mais d'essences moins dommageables pour l'entretien de la chaussée", fin de citation.

Mais les critiques de l'inénarrable ARAU, d'Inter-Environnement, des Ecolos et tutti quanti ne s'adressent évidemment pas au gaspillage que pourrait représenter une telle replantation, mais bien au massacre à la tronçonneuse. Pour certains, et pas seulement pour les crétins du type Earth First!, abattre un arbre est un crime, alors, vous pensez, trois cents ! Et ces gens ne sont même pas végétariens - on est tenté de dire "bien sûr", car manger une carotte est aussi criminel qu'abattre un platane...

Notez, ça ne m'étonne pas, j'avais remarqué cela il y a déjà une quinzaine d'années, lorsque nous avions déménagé dans nos nouveaux locaux, un immeuble imposant avec trois patios intérieurs. Un des ateliers dont j'étais responsable s'étalait tout au long d'un côté du patio le plus profond, mais enfin la lumière même en hiver était suffisante pour pouvoir passer plusieurs heures sans éclairage artificiel. Les architectes fous allaient encore frapper... Voilà qu'au fond de ce patio, on voit arriver quelques semaines après le déménagement des engins de terrassement et des ouvriers fortement charpentés qui, avec l'aide d'une grue et sur le conseil du Malin, transforment le joli patio en forêt humide, reliquat d'Amazonie en plein Bruxelles. Plus question pour les pauvres trimards de l'atelier de travailler à la lueur du jour, et même le 21 juin. Protestations, grèves (avec mon appui et celui de ma hiérarchie), rien n'y fait, les syndicats (et surtout les syndicalistes allemands, d'ailleurs) s'opposant farouchement à l'abattage du moindre arbrisseau. Un arbre, c'est la vie ! Et tant pis pour les soutiers, ils comptent moins qu'un brin d'herbe. 

 

Je m'en étais indigné à l'époque. Je m'en indigne toujours aujourd'hui. Un indigné de plus !

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7 septembre 2011 3 07 /09 /septembre /2011 10:14

Ayant eu le bonheur relatif de devenir grand-père très récemment, j'ai pu apprécier à quel point la reproduction humaine était une activité commerciale extraordinairement lucrative - ou, à tout le moins, compétitive. Ma fille a reçu durant sa grossesse une quantitié prodigieuse d'échantillons, de magazines, de proposition d'abonnement à divers services, et ce jusqu'à son séjour en clinique, où elle a reçu une boîte rose, une boîte orange et une boîte bleue contenant chacune les échantillons habituels, ça va sans dire, mais aussi des publicités pour plein d'objets curieux, intéressants ou proprement fantastiques, comme ce Nespresso pour nourrissons qui, à la place de café, délivre un biberon à la température idoine. Bref, cette fameuse société de consommation, mais on acceptera peut-être que c'est pour la bonne cause...

Je ne passerai pas sous silence l'industrie des jouets, des cadeaux, des livres, des layettes, des vêtements, les catalogues épais comme des bottins offrant (enfin, je me comprends) berceaux, poussettes, parcs, matelas, coussins, tables à langer, meubles divers et spécialisés...

Les cadeaux... Ah ça, les poupées, les peluches, les marionnettes à un doigt, les livres de conseil, les peluches à musique, les tapis d'éveil, les lampes magiques, c'est tout juste si je n'ai pas dû prendre une camionnette pour vider sa chambre ; deux voitures ont (à peine) suffi.

Les livres de conseil aux parents : très bien fichus, en général, je les feuillette ça, oui, tiens ! ça je n'y avais pas pensé, etc. Et puis je tombe sur la toilette de l'enfant, dès qu'il est en âge de comprendre. "Apprenez-lui à ne pas gaspiller l'eau quand il se lave". Ben oui, gaspiller, c'est idiot, même si c'est une coutume immémoriale et une des grandes découvertes de la sociologie. "Dites-lui que, dans le monde, il y a beaucoup d'enfants qui n'ont pas assez d'eau etc.". Alors là, non. Refaire le coup du "mange tes épinards, il y a des petits Chinois qui meurent de faim", pas question. J'avais lu quelques jours plus tôt dans je ne sais plus quel canard les fameux conseils pour consommer moins d'eau, et l'inénarrable "mettez une brique dans la chasse d'eau", qui doit remonter à plus de cinquante ans, quand on trouvait facilement des briques et que le volume d'eau des chasses n'était pas réglable, mais ça, c'était dans la rubrique "faire des économies". Je ne gaspille pas mon eau parce que je la paye, mais je suis prêt à payer un peu plus pour mon confort, et l'idée de prendre des douches en pointillés ("Navy shower") me déplaît. Pas une goutte de l'eau que je conserverais ainsi n'humecterait les lèvres d'un quelconque enfant éthiopien (et à ce propos, il vaudrait mieux essayer de comprendre les causes de ces pénuries, et pas seulement le déficit pluviométrique), mais bien sûr que les pleureuses habituelles me reprocheront mon confort scandaleux quand on voit la misère dans le monde, etc. Je ne sais si ça me scandalise (je n'aime pas ces attitudes moralisatrices, comme cette mode de s'indigner de tout et de rien), je dirais plutôt que ça me révulse, et je sais de quoi je parle. Et à ce propos, je me souviens d'une affichette dans une petite épicerie à Braine (Aisne) dans les années cinquante : "le gaspillage est une insulte à la misère" ; fort bien, mais déjà à mon âge tendre je trouvais que c'était la misère qui était une insulte à l'humanité. Il existe plein d'ONG non misérabilistes qui essayent de tirer les miséreux hors de leur misère et les faire accéder à plus de confort (le premier étant de survivre) ; si vous voulez contribuer, travaillez avec eux ou donnez-leur de l'argent. Voilà une manière intelligente de faire, et non symbolique comme la douche en pointillés.

 

Et toujours dans la rubrique "faites des économies", je me souviens de cette boutade : les lampes à incandescence sont un système de chauffage avec une lumière qui indique qu'il est en marche. Ah ah ah. D'où évidemment cette interdiction graduelle de ces machines diaboliques.

Un instant. C'est vrai que ces machines chauffent. Mon chauffage central également, mais lui brûle du mazout ; les lampes consomment 60% d'électricité nucléaire, donc (quasiment) neutre en CO2. En été les jours sont plus longs et la Belgique n'est pas un pays torride. Encore une fois, mon électricité, je la paye, et je ne vois pas pourquoi les bureaucrates ont à faire mes arbitrages. Les ampoules néon existaient depuis des années et leur succès était très limité ; on peut se demander pourquoi... On nous les impose du jour au lendemain et personne ne proteste contre leur laideur, leur lenteur d'allumage, leur prix, etc. C'est vrai que tous les magazines de consommateurs nous vantaient leurs mérites (cher mais tellement durable ! vous faites des économies, etc.), mais ça ne prenait pas. On a resservi la fameuse affaire du cartel des fabricants d'ampoules électriques dans les années 20 qui a été bien décrite ici et ici comme étant bien autre chose que ce qu'on pense généralement quand on parle d'obsolescence programmée, cet autre serpent de mer chouchou des télévisions, et ce pour nous prouver qu'on se faisait escroquer. Mais ça ne rendait pas ces fichues ampoules néon plus sympathiques. Alors ? Ben, un passage en force : on interdit.

 

Je suppose que la Commission (et le Parlement) interdira la vente de baignoires à la prochaine catastrophe de sécheresse.

 

P.S. Y a pas qu'en Europe, au Canada ils ont les mêmes pleureuses/activistes

 

 

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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 10:10

Vous saviez déjà que les millions de réfugiés climatiques étaient occupés à nous envahir, mais vous ne saviez peut-être pas que le réchauffement global anthropogénique allait engendrer d'autres pestilences, à savoir la guerre ou plutôt les guerres qui vont se multiplier et exploser un peu partout ; d'ailleurs c'est Jancovici lui-même qui l'a dit : une augmentation de 5°C entraînera un bain de sang...

Sauf que là, Jancovici parle un peu en-dehors de son domaine de compétence. Que les militaires et les think tanks fassent ce genre de propagande, grand bien leur fasse, c'est - si l'on ose dire - de bonne guerre. Laissez-venir à moi les petits milliards, pensent-ils, la menace est réelle, on a besoin de nous.

Malheureusement, dès qu'on regarde d'un peu plus près, on s'aperçoit que leurs arguments sont particulièrement creux et tautologiques. Bruno Tertrais, de la Fondation pour la Recherche stratégique, est justement allé regarder de plus près, et a publié le résultat de ses recherches dans un article extrêmement bien fait (et passionnant par surcroît) qui se doit de figurer au menu de tout conversationniste de cocktails ou dîneur en ville.

Bonne lecture !

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14 août 2011 7 14 /08 /août /2011 14:40

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Un post un peu ancien que j'avais gardé sous le coude. Depuis, j'ai un peu évolué, mais en gros je le crois assez juste.
 
Récemment, j'entendais un cinéaste présentant son film à la RTBF exprimer toute l'horreur que lui inspirait la "société de consommation". Ce cliché vieux de près de cinquante ans a le don de m'agacer prodigieusement ; toute civilisation a toujours consommé, évidemment, mais pourquoi diable parle-t-on de société de consommation de façon aussi péjorative dès le moment où l'on sort des sociétés de pénurie ?
 
Bien sûr, je ne suis pas plus bête qu'un autre, et je sais ce qu'on désigne par cette expression : la marchandisation générale, l'aliénation, etc. - enfin, pour résumer, tout le bric-à-brac post-Marxisant et Marcusant. Et, certes, il y a des gens qui prennent plaisir à la seule consommation, et cela a toujours existé - simplement, l'immense majorité n'en avait pas les moyens ; les sociétés entières pouvaient aussi investir dans les gouffres somptuaires du kula circle ou du potlatch. Quant à la marchandisation de la culture, je ne vois rien de neuf sinon un prodigieux déferlement des arts dans notre société, ce qui ne plaît sans doute pas aux tenants de l'élitisme...
 
Simplement, je préfère de loin le terme de société de convoitise introduit par Pierre Changeux ; il me semble nettement mieux capturer l'effet d'entraînement de la publicité (généralement parlant, y compris donc la publicité des achats - le succès tapageur et incompréhensible pour certains de l'iPhone ou de l'iPad en étant une belle illustration). On pourrait aussi parler de société de consumérisme, mais ce mot blesse l'oreille (enfin, la mienne).
 
Et, à ce propos, Andrew Szasz a publié un livre très intéressant : comment ce consumérisme (yecccch!) s'introduit dans le débat sur le réchauffement global anthropogénique.
 
Dans chaque magazine, dans chaque quotidien, à la radio, sans doute à la TV, quotidiennement vous voyez des gens venir vous donner des conseils : éteignez les veilleuses, mettez un pull, achetez une voiture hybride, chauffez moins, achetez un vélo, mangez bio, etc. Bref, une attitude purement consumériste, je le répète : achetez, consommez - mais différemment. S'imaginer que c'est ainsi qu'on pourra "sauver la planète" relève évidemment du monde des bisounours. Greenwashing. Kyoto n'est qu'une fumisterie, sans doute, mais combien de fois ai-je entendu la phrase rituelle : "oui, mais enfin il faut bien commencer par quelque chose" ; certes, et quand il y a un feu de brousse, le colibri peut venir mettre une goutte dans le brasier, c'est déjà quelque chose aussi. Et tous les colibris du monde peuvent s'y mettre, ils arriveront au même résultat : zilch.
 
Ce ne sont pas les bons sentiments et les gestes symboliques "soft" qui suffiront, et de loin ; ce dont nous avons besoin, c'est de solutions technologiques "dures".
 
Cela dit, il n'est pas interdit de mettre un pull.
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