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30 juillet 2008 3 30 /07 /juillet /2008 07:00


Oui, je l'avais déjà mise, mais je la trouve marrante.

Or donc, voici qu'un article du Monde nous révèle que les actionnaires de Charlie Hebdo se sont partagé la jolie somme de 825.000 euros en 2006, année un peu exceptionnelle tout de même, puisqu'elle correspond aux fameuses caricatures et que ce seul numéro s'était vendu à 500.000 exemplaires.

Je suis scandalisé. Comment, ces gens-là gagnent donc de l'argent ? Il ne sont donc pas les crève-la-faim que tout artiste - surtout militant - se doit d'être ? "Quand je pense que j'ai acheté un exemplaire pour les soutenir" se plaint un lecteur. Il a raison, c'est une honte : ils auraient dû assumer personnellement, sur leurs biens propres, tous les frais du procès et les amendes par-dessus le marché. D'ailleurs, Plantu a eu parfaitement raison de caricaturer Val comme un
nazillon - c'est très subtil, très digne et très intelligent.

Il y a tout de même une hic, une toute petite contradiction quelque part. Non pas chez Val ou Cabu, mais déjà un peu plus chez Nicole Blondeaux, la veuve de Gébé - vous savez, celui qui a écrit l'An 01, l'utopie où l'argent n'existait plus et où tout le monde portait le même petit chapeau à la con ridicule. Certes, Madame Blondeaux n'est nullement obligée de partager toutes les phobies de Gébé, mais il y a peut-être un peu de cette réserve qui lui fait dire que ce n'est plus comme avant (encore que ce ne soit que pure hypothèse, puisqu'elle n'a plus de rapports avec l'équipe, selon ses propres dires).

Je veux surtout parler de Bernard Maris, l'inénarrable économiste-sic qui pond billet après billet pour démonter tous les rouages du Capital, pour montrer preuves à l'appui que le capitalisme s'auto-détruit, que ses contradictions (celles du capitalisme, pas les siennes propres) entraîneront sa disparition et qu'enfin sur ses ruines vont resplendir une aube nouvelle et des lendemains qui chantent grâce aux plans quinquennaux qui ont si bien fonctionné en URSS, en Corée du Nord, à Cuba, en Roumanie, etc., ces vraies démocraties, par rapport auxquelles les nôtres - qui ne sont selon le mot méprisant d'Alain Badiou, que "le pouvoir d'une maigre oligarchie de dirigeants d'entreprise, de détenteurs de capitaux, de politiciens consensuels et de stars médiatiques" - ne font pas le poids. Bah, après tout M. Maris, en empochant ses 110.000 euros, se disait sans doute qu'il plantait un clou supplémentaire dans le cercueil du capitalisme ; ou peut-être qu'il a tout versé au Secours Rouge International. Ou au PCF, qui en a rudement besoin pour payer sa note aux soins intensifs.

Oh, ce n'est pas le seul Bernard Maris à nous seriner la leçon de la catastrophe, c'est même une spécialité d'Attac et du Monde Diplomatique, et depuis longtemps encore, bien avant ces sycophantes castristes de Ramonet et Cassen : lorsque le journal était encore Catho de Gauche, avec Claude Julien à la barre, il n'arrêtait pas de prophétiser sur les cataclysmes qui attendaient le Capital, et ce depuis la faillite d'une certaine Chemical Bank si j'ai bonne mémoire. Claude Julien, par ailleurs un homme charmant et généreux (j'ai pu le rencontrer deux ou trois fois), avait une fixette en tête et n'en démordait pas. Il faut lire ses éditos de '87, lors du mini-krach ! C'était fini, la Bourse, terminé ! Le système financier mondial, foutu ! Relisez, si vous croyez que j'exagère. Et à chaque fois que la Bourse a le hoquet, c'est reparti dans le Diplo. Et chaque fois "ah oui, mais cette fois-ci, c'est différent". Les subprimes, c'est différent. Cette fois, c'est tout le système mondialiste, l'argent fou, qui va s'écrouler.

Oui, comme le fameux bug de l'an 2000, The End Of The World as We Know It, ça vous rappelle quelque chose ?

Eh bien, ne craignez plus rien, c'est officiel : les experts du Future of Humanity Institute (si, si, ça existe ! et c'est même un prestigieux institut de la non moins prestigieuse université d'Oxford) ont établi qu'il n'y avait pas de catastrophe prévisible en vue. Donc, un terrorisme avec des bombes A sales, ou une attaque de virus genre Ebola, pas de problèmes. Même les dangers d'astéroïdes frappant la Terre sont négligeables, demandez-le aux dinosaures. Les seuls doutes qui restent concernent les nano-technologies et l'Intelligence Artificielle ; quand on voit ce que cette dernière a produit depuis tant de décennies, on peut rester sceptique... Et pour ce qui est des nanotechnologies, en l'état actuel des choses, on ne peut rien en dire, sinon rêver au fameux grey goo, mais c'est comme parler de réanimation en lisant Frankenstein. Evidemment, ça ne va pas tout-à-fait dans l'air du temps, catastrophiste à souhait, mais enfin ce genre d'attitude ne date pas d'hier. Piove, governo ladro hier, y'a plus de saisons, c'est la faute au réchauffement climatique aujourd'hui (ah mais, dans les années '50 c'était les bombes atomiques, certains s'en souviendront...).

Heu-reux.

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2 juillet 2008 3 02 /07 /juillet /2008 07:08

J'ai déjà évoqué la notion controversée de progrès, et je ne peux m'empêcher d'y revenir. Il y a encore un petit siècle, il était de bon ton de voir dans l'Evolution (darwinienne) un hymne au progrès, de la bactérie à l'Homme, trônant dans toute sa gloire et son unicité, lui le plus parfait des êtres vivants. Progrès biologique, progrès social, les deux allaient main dans la main des penseurs libéraux (je rappellerai une fois encore que le fameux survival of the fittest est de H. Spencer, et non de Darwin, quoi qu'en pense et en écrive le ridicule Rémy Chauvin).

Il est devenu de bon ton pour les... progressistes de contester la notion même de progrès, et pas nécessairement par idéologie relativiste et égalitaire ; en effet, un insecte ou un poisson (disons) parfaitement adapté à sa niche écologique improbable est à un optimum d'évolution. Mais les optimums (et non pas optima, sauf à décliner comme en latin) sont locaux, comme on le sait, il peut y en avoir beaucoup, et c'est évidemment le cas dans les espèces vivantes. De même, la sociologie et l'anthropologie nous montrent à satiété des sociétés bien adaptées à leurs conditions, et il n'y a pas de raison absolue de penser que la société anglaise de 1859 (année de la publication de On the Origin of Species) est supérieure absolument à l'organisation des Bororos ou des Fuégiens de l'époque.

Bien. Quand tout ceci reste dans l'abstrait et le théorique, on peut encore acquiescer. On peut tout de même préférer les sociétés démocratiques occidentales à celles qui pratiquent l'esclavage, les mutilations sexuelles féminines et les sacrifices humains, même si on pourvoit ces dernières des meilleurs progrès de la technique, comme l'eau courante, les antibiotiques, les anesthésiques et les épingles de nourrice. Certains vont évidemment bondir et me traiter de sale occidentocentriste - voir de facho - mais ils doivent être assez rares.

Allait-on s'arrêter là ? Certes non ! Darwin avait déjà causé une certaine pagaille en dépossédant le dieu des Anglais (et accessoirement des autres aussi, mais plus tard, et avec de nettes réserves - la biologie française n'a toujours pas avalé le darwinisme) de nombre de ses prérogatives supposées, il n'en restait pas moins l'Homme, fait à l'image de son créateur ou vice-versa, parfait, intelligent, bon, moral et tout. Or, il devenait de plus en plus évident que l'Homme n'était somme toute qu'un animal lui aussi, un Primate, un grand Singe plus précisément, soumis à l'évolution et fruit de celle-ci. Pour ôter toute espèce d'ordre divin de l'Homme, il fallait donc le bêtifier complètement, lui retirer précisément son humanité. On s'amusa donc à ce petit jeu stupide :

- tel, tel ou tel trait est spécifiquement humain, tout de même !
- pas du tout, car on le retrouve chez tel, tel ou tel animal
- oui, mais celui-ci est vraiment exclusif à l'Homme
- mais non, figurez-vous que les ... le possèdent aussi !

etc. Petit jeu stupide, car on peut toujours définir un ensemble de traits qui désigne une seule espèce, et avec un peu de bonne volonté (et parfois beaucoup de mauvaise foi) on peut toujours interpréter les comportement d'un chimpanzé, d'un bonobo ou d'un dauphin à la lumière des comportements humains... On a en mémoire les fameux chimpanzés
Washoe et Nim Chimpsky, dont il faut bien constater que les espoirs un peu naïfs qu'ils avaient suscités n'ont pas vraiment été récompensés, c'est le moins qu'on puisse en dire.

Mais, pour tout dire, un certain Monsieur Will Barium, de Toronto, mérite le mot de la fin :

There is not much that is uniquely human - except art, cooking, religion, humour, sport and terrestrial dominance.

Je me permettrai modestement d'ajouter : and blogging.

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2 juin 2008 1 02 /06 /juin /2008 09:22

Impossible de ne pas commenter ce jugement, impossible aussi d'avaler certains propos de Rachida Dati, ou de JP Rozenczveig dans son blog du Monde (Droit des Enfants). Certes, le mariage est un contrat, mais la question est de savoir si la virginité d'un ou des deux partenaires est un "élément essentiel" de ce contrat. Rozenczveig (et d'autres) veulent l'admettre, acceptant - bien qu'à contre-coeur - que ce puisse être effectivement une exigence légitime du mari, mal gré qu'on en ait, je le répète - car il s'agit bien entendu de ne pas "stigmatiser une communauté"...

"
C’est ce mensonge qui veut annulation du mariage qui rappelons-le est un contrat, certes encadré par la loi (avoir 18 ans sauf dispense du procureur, donner personnellement son consentement , être de sexes différents, etc.), mais est bien d’abord une convention entre un  homme et une femme qui désirent unir leur vie", voilà l'argumentation. Fort bien, mais il faut aller un peu plus loin et s'interroger sur la licéité des termes de ce contrat, ce que ne fait pas réellement Rozencveig ; il affirme tout de go que c'est une matière privée dans laquelle la société n'a pas à s'immiscer, ce qui est tout de même un peu court. Il rappelle aussi des cas d'annulation, un des conjoints ayant caché une condamnation précédente, ou ayant menti sur sa nationalité, ou, plus curieusement, sur son "aptitude à avoir des relations sexuelles normales" (mais il ne précise pas ce qu'il entend par là).

Lorsque, dans un billet précédent sur les mères porteuses, le même Rozenczveig confiait son malaise devant un contrat de portage, il n'hésitait évidemment pas à évoquer l'impossibilité principielle d'un tel contrat. Mais voilà, autre temps, autre moeurs : peut-on aujourd'hui encore, dans la France républicaine, fonder un mariage sur la "virginité" d'une femme ? Dati et Rozenczveig le pensent, mais j'espère qu'ils sont très minoritaires. Si je fourgue ma bagnole avec des vices cachés, on peut rompre le contrat ; mais une femme n'est pas une marchandise - ni un homme, d'ailleurs. Certes, si le mariage avait été annulé car fondé sur un contrat inadmissible (l'exception d'ordre public vient tout de suite à l'esprit), on aurait pu comprendre, accepter, et même applaudir ; mais ce n'est apparemment pas le motif d'annulation.

Maintenant, supposons que le mari, disons-le catholique fervent, ait appris que sa femme était, disons, juive. Y eût-il eu là matière à annulation ? J'en doute fortement ! 

Il y a, me semble-t-il, une autre dérive qui s'annonce à suivre le jugement, et l'avis de Rozenczveig :
"On a hâte de voir une femme engager un procès pour annulation de mariage en excipant que son conjoint n’est pas à l’égal de ce que qu’il lui avait laissé miroiter. Un tel procès rééquilibrera peut être les plateaux de la balance". Mais non, justement pas ! En Droit Canon, un mariage non consommé - par impuissance du mari, supposons - pouvait être annulé et cela arriva maintes et maintes fois (parfois comme prétexte, mais peu importe). Nous reviendrions donc à ces vieux principes évacués à la fin du XVIIIe siècle ? Non merci.

Dernière ligne de défense, et celle de Rachida Dati également :
"
ce contrat fondamental pour la vie de chacun qu’est le mariage, pour ses conséquences et sachant qu’on n’en sort quand même pas aisément", "Si ce n’est pas une annulation de mariage, c’est un divorce qui se profile. A moins qu’on n’oblige (comment ?) les époux à rester mariés et vivre ensemble ?". On croit rêver... On n'en sort pas aisément, puis deux lignes plus tard, c'est le divorce qui se profile. Eh oui. C'est si difficile et traumatisant de divorcer ? Plus que de voir son mariage annulé et sa virginité (ou non) affichée en place publique ? Et qui a jamais parler d'obliger les époux à vivre ensemble ? Que voilà de la mauvaise foi ! Et puis le rôle du Juge, c'est de dire le Droit, pas de jouer aux conseillers conjugaux. Dire le Droit, c'est aussi faire jurisprudence, alors qu'il faudrait au contraire étouffer ces valeurs d'un autre âge.

Mais JP Rozenczveig est un homme honnête, intelligent, humain, il le montre page après page de son blog ; comment en arrive-t-il à raisonner si faux sur des données si justes ? N'écrit-il pas lui-même "
Il est évident que le fait que la mariée ne soit plus vierge, pas plus que celui que le marié ait eu des relations sexuelles avant mariage, ne saurait être au XXI° siècle un argument pour annuler un mariage"? Mais on le peut si ça figure au contrat...

Discutant de l'affaire tout récemment, j'entendis un de mes amis soupçonner que ce genre de jugement arrivait à point nommé avec Sarkozy : l'air du temps... Je n'en crois rien. Au contraire, je maintiens qu'il y a une gauche archangélique tellement épouvantée de "stigmatiser une communauté", comme je l'écrivais plus haut, et la communauté musulmane, par-dessus le marché, qu'elle préfère se taire, ou ne faire entendre que le murmure d'une demi-protestation, se contorsionner intellectuellement dans un éternel ni-ni trop douloureux pour sa bonne conscience. S'écraser, en somme. Mais il ne fallait pas compter sur la partie féminine de ces belles âmes pour les suivre : là, la révolte a éclaté. "Des égéries du droit des droits des femmes ont démarré au quart de tour", note assez déplaisamment Rozenczveig. Oui, heureusement ! Et si elles n'ont pas toujours réagi en juristes pointilleuses, on peut les comprendre. Après tout, si ce jugement reflète la loi, alors il faut changer la loi, cela paraît l'évidence même.

D'autre part, les juristes, et Maître Eolas lui-même, tancent les politiques et les pékins de ne pas savoir vraiment de quoi ils parlent - c'est très technique, vous voyez, on ne raisonne pas en Droit avec ses tripes, voyons ! Et, non, ce n'est pas une répudiation - mais c'est un peu la répudiation Canada Dry : c'en a le goût, c'en a les conséquences, c'en a l'apparence - mais ce n'en est pas. Jurisprudence, et on tient la bonne piste. De grâce, qu'on ne vienne pas nous rappeler et souligner que la quasi-mariée était consentante ! On connaît l'aune de ce genre de "consentements" !

A ne pas vouloir toucher à ces problèmes de peur d'apparaître raciste, on deviendra vite d'un relativisme assez misérable, on retournera - comme cela arrive de plus en plus dans le monde anglo-saxon - au Droit de l'Empire romain : chaque minorité sera jugée selon ses propres coutumes. Et on n'aidera en rien ceux d'entre les minorités qui voudraient faire évoluer les aspects les plus réactionnaires de ces coutumes et de ces traditions.

P.S. Dati a demandé au parquet de faire appel :
Les conclusions du parquet général devraient porter sur le fait que "la référence à la virginité n'est pas compatible avec l'ordre public car elle porte atteinte à la dignité des femmes et à l'égalité des sexes". Entièrement d'accord (modestement), et donc toujours en désaccord avec Rosenczveig et Eolas.

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23 mai 2008 5 23 /05 /mai /2008 07:00

Dans son dernier livre Predictably Irrational, Dan Ariely s'amuse
(et nous amuse avec lui) à montrer combien le comportement humain est irrationnel et comment on peut profiter de ses faiblesses pour lui faire avaler couleuvres et crapauds ; mieux encore, il nous apprend à lire les pièges et à les éviter. Certaines de ses réflexions sont évidemment destinées à un public américain mais la grande majorité peuvent parfaitement s'appliquer à nos sociétés également.

Un des exemples traités me semble particulièrement intéressant, celui de l'étude de Gneezy et Rustichini. Il illustre parfaitement les dangers de faire cohabiter les relations sociales (amis, famille...) avec les relations professionnelles (emploi, clientèle...). La scène se passe dans une crèche en Israël, où certains parents viennent rechercher leur enfant après l'heure, forçant ainsi une partie du personnel à faire des heures sup'. Ce n'est pas un réel problème, car les relations entre le personnel et les parents sont excellentes et les retardataires sont confus - désolé, mais il est arrivé ceci ou cela, j'ai dû terminer ce rapport en urgence, ma voiture ne démarrait pas, etc. Bref, vous imaginez toutes les bonnes raisons - ou prétextes - utilisées. Jusqu'au jour où...
Jusqu'au jour où la direction de la crèche décide d'imposer une amende aux retardataires. Que pensez-vous qu'il advint ? Eh oui, les retards ne diminuèrent pas du tout, ils eurent même tendance à s'accroître : je paye, j'ai droit. Pour reprendre le titre de l'étude A fine is a price, une amende est un prix. Si auparavant je faisais un effort pour être à l'heure afin de ne pas gêner le personnel de la crèche, maintenant que je sais que mon retard est tarifé, je deviens rationnel : le contrat professionnel s'est substitué au contrat social.
Le plus intéressant peut-être arriva quelques semaines plus tard, lorsque la direction abolit le système d'amendes ; pensez-vous que les parents en revinrent au satus quo ante ? Pas du tout. Le lien social avait été rompu, et en plus les amendes avaient disparu : le nombre de retardataires crût encore...

Il faut du temps pour faire oublier une trahison !

P.S. On peut voir une illustration de l'article à notre niveau belge, depuis que les amendes aux parcmètres ont été "remplacées" par des "souscriptions au tarif II", au prix prohibitif. Lorsqu'il m'arrive de retrouver un de ces papillons sous mes essuie-glaces, je râle un bon coup... puis je me demande si je ne peux pas en profiter en faisant quelques emplettes dans les environs ; après tout, j'ai payé pour la demi-journée, non ?

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21 mai 2008 3 21 /05 /mai /2008 12:25

Il était une fois, il y a bien longtemps de cela - disons un petit demi-milliard d'années - un gène qui réglait l'équilibre aqueux d'un certain poisson. Quel poisson exactement, nous ne le savons pas ; appelons-le Arthur. Pour Arthur et ses congénères, l'équilibre de l'eau, c'était très important ! S'ils nageaient dans de l'eau trop salée, ils risquaient de se déshydrater, et si l'eau était trop douce, ils allaient gonfler comme des ballons - tout cela bien sûr à cause de la fameuse pression osmotique qui tend à égaliser les concentrations (ici, de sel) de part et d'autre d'une membrane (ici, leur peau).

Or, le gène d'Arthur était d'humeur baladeuse ce jour-là ; il faut dire qu'il avait eu un petit accident et s'était dédoublé, pour l'une ou l'autre raison, il ne le savait trop. Et son alter ego s'en alla établir sa niche un peu plus loin, sur le même chromosome. Leurs enfants, Ocytocine et sa petite soeur Vasopressine, étaient bien décidés à mener la grande vie...

Non, je ne vous prends pas pour des demeurés, c'est sans doute moi qui retombe graduellement en enfance. L'Ocytocine et la Vasopressine sont des polypeptides très semblables (puisqu'ils proviennent d'un gène dédoublé) qui remontent donc à des centaines de millions d'années, et qui se sont transmis quasiment tels quels chez tous les Vertébrés actuels. Ce sont toutes deux des hormones sécrétées par l'hypophyse - la pituite des Anciens - ayant des effets très différents : tandis que la Vasopressine continue à réguler la balance de l'eau (essentiellement par les reins), l'Ocytocine, elle, régule la lactation et les contractions de l'utérus pendant la mise bas. Mais là ne s'arrête pas son influence : en effet, l'Oc
ytocine est également un neurotransmetteur du cerveau, et son influence est puissante dans tout ce qui a trait à la sexualité, au bonding tant entre partenaires qu'entre mère (père aussi, mais moins) et enfant, aux relations sociales harmonieuses etc. On a aussi montré que l'Ocytocine était la "molécule de la confiance".


Tout ceci n'est pas neuf, mais c'est de la bonne science, établie et confirmée. Ce qui l'est moins, mais qui est prometteur et passionnant, c'est la découverte assez récente des "neurones miroirs", des neurones du cerveau qui déclenchent lorsque le sujet regarde un autre sujet qui l'imite. Vous souriez, et votre voisin d'en face sourit lui aussi, paf ! c'est parti pour une volée d'impulsions de ces fameux neurones miroirs. Inutile de dire qu'on a vite échafaudé des hypothèses hardies sur ce phénomène (*), qui expliquerait les dons d'empathie et même une partie de l'acquisition du langage. Encore trop tôt pour le dire, mais une expérimentation toute récente, celle-là, semble bien confirmer certaines de ces hypothèses.

Alors, il est tentant de faire le lien entre ces deux systèmes de relations sociales, sentimentales, d'empathie et de sympathie, et d'imaginer un grand système limbique associant l'Ocytocine, ses récepteurs, et les neurones miroirs... sauf qu'anatomiquement, ces derniers sont tout de même un peu loin, mais enfin...

On peut rêver.

 

(*) A ce propos, voir une critique assez sévère mais justifiée de Robert A. Burton dans son A Skeptic's Guide to The Mind. En fait, cette histoire de neurones-miroirs s'est largement dégonflée...

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10 mars 2008 1 10 /03 /mars /2008 10:34
ProzacINEFFICACES !

Les anti-dépresseurs sont inefficaces ! D'ailleurs, un rapport tout ce qu'il y a de plus sérieux l'affirme, c'est donc vrai. Définitif.

Et donc, les articles se multiplient dans la presse pour dénoncer toutes ces molécules, les anti-dépresseurs en général et le Prozac et les SSRI en particulier. Evidemment, la presse anglaise s'en donne à coeur joie (les firmes pharmaceutiques sont assez généralement honnies par le bon peuple britannique).

Seulement, voilà... Il se fait que, à bien lire l'article et non les commentaires journalistiques qui en avaient été faits, on s'aperçoit que

LES ANTI-DEPRESSEURS SONT EFFICACES.

Ben oui, et même de manière très statistiquement significative... Un des premiers à arriver à cette conclusion semble être un ex-dépressif, Phil d'EndofPhil. Mais il n'est pas le seul ; bientôt l'étude fait le tour de la blogosphère et les critiques fusent
(vous trouverez ici un des articles les plus clairs sur le sujet).

L'étude en question est en fait une meta-analyse, c'est-à-dire une compilation de diverses autres études comparant les effets d'un placebo et d'un anti-dépresseur sur une cohorte de personnes déprimées. Cela avec évidemment les restrictions sur les meta-analyses, mais admettons, c'est une technique assez répandue et généralement acceptée.
Que dit cette meta-analyse ? D'abord, que tant pour le placebo que pour les anti-dépresseurs, l'effet d'amélioration est considérable ; de plus, les anti-dépresseurs sont de plus en plus efficaces, comparés au placebo, à mesure que la dépression initiale est plus forte. Ma phrase est alambiquée, mais voici le diagramme original (les cercles gris représentent les résultats de placebo, les triangles rouges ceux d'anti-dépresseurs) :
antidep.jpg
Quant au trapèze vert, il est qualifié par les auteurs de "cliniquement significatif", ce qui, à vrai dire, ne signifie rien d'autre que l'avis du "National Institute for Health and Clinical Excellence", qui, en fait, utilise des critères de coût(financier)/bénéfice(clinique) arbitraires et discutables.

Bien - querelle d'experts, dira-t-on. Sans doute, mais quand on a dans son entourage quelques personnes souffrant ou ayant souffert de dépression, on ne peut balayer la poussière sous le tapis. Mais surtout, ce qu'il y a de plus irritant dans l'affaire, c'est sa médiatisation outrancière et simpliste, les journalistes (même scientifiques) ne faisant pas leur boulot.

Ce n'est pas la première fois, hélas !


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27 février 2008 3 27 /02 /février /2008 20:02

voltaire.jpgOn le sait, la devise du célèbre palmipède enferré était (et est toujours, je suppose) "la liberté de parole ne s'use que si l'on ne s'en sert pas". Voltaire en connaissait un bout, là-dessus (oh, pas question de l'idéaliser et/ou d'en faire un saint, bien sûr ! Mais c'était tout de même un sacré bonhomme).

Seulement, cette liberté de parole et d'expression n'a de nouveau plus la cote (elle ne l'a jamais eue, en fait) ; on en jugera par le tour sinistre que prend le Conseil des Droits de l'Homme des Nations-unies. Il est indispensable que nos pays démocratiques et l'Union européenne en tant que telle boycottent Durban II en 2009 si les attaques contre la laïcité perdurent au sein de ce Conseil éminemment politique.

Je suis très réticent à signer des pétitions, et ce depuis belle lurette, mais j'ai signé celle de la LICRA et je vous engage à faire de même. Dans un forum récent (le Soir du 17 février 2008), Youssef Seddik dit, à propos des fameuses caricatures de Mohammed : "J'ai le droit de dire qu'on m'a agressé". Il faut d'ailleurs lire toutes ses interventions. Eh bien, s'il se sent agressé, c'est bien triste pour lui mais je m'en fous complètement. Il est assez triste de lire de pareilles phrases chez quelqu'un qui passe pour un libéral (dans le même forum, Tariq Ramadan fait à nouveau la preuve de son insondable subtilité...).

C'est de liberté qu'il s'agit, et de pensée libre. D'humour, aussi, même parfois méchant. Et de mauvais goût, pourquoi pas ?
  

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28 novembre 2007 3 28 /11 /novembre /2007 12:18

mortbrd-copie-1.jpgUn excellent article de Jean-Paul Fitoussi dans le Monde d'hier. Excellent moins par ce qu'il veut démontrer (bloquer la mobilité sociale revient à... accroître les inégalités - à la limite du crypto-truisme) que parce qu'il dit crûment et qui en général est simplement murmuré de bouche à oreille.

L'inégalité est le moteur du progrès économique et social.

On ne peut pas dire que Fitoussi soit un forcené de l'ultralibéralisme, bien loin de là... D'autre part, il est Français, et donc attache beaucoup d'importance à la possession d'un diplôme - mais il ne fait pas sien le modèle du signal, il n'est pas Bourdieusard. Cependant, il constate que, en France comme dans de nombreux pays, les inégalités intranationales (j'insiste sur ce point) se creusent, et il suffit de lire "L'ascenseur social est en panne...j'ai pris l'escalier " pour s'en convaincre.

Incidemment, dans un autre article du Monde, on trouve cette perle bien digne de l'agitation étudiante en cours:

"Sarah, venue de Toulouse, insiste : "Quel intérêt pour le PDG de Coca-Cola d'investir dans l'Histoire ? Je suis là pour protéger ma discipline. Sans compter que si les frais d'inscription augmentent, pour quelqu'un comme moi qui travaille déjà afin de subsister, adieu la fac !" A l'AG de Toulouse, raconte-t-elle, des étudiants américains venus en France avec Erasmus se sont exprimés : l'un d'eux a témoigné qu'il devait rembourser un prêt de 20 000 euros pour financer ses études. "Si c'est le modèle que nous promet M. Sarkozy...""

Chacun sachant bien évidemment que le niveau des universités américaines est lamentable ; ce qu'on sait moins, c'est que les universités d'Etat sont beaucoup moins chères pour les résidents que pour les non-résidents (bien qu'à notre aune, ce soient tout de même des sommes élevées) et surtout qu'il existe un système très important de bourses et de prêts à taux peu élevé pour chaque institution, l'idée maîtresse étant que les titulaires d'un diplôme payent leur inégalité... Ce qui se produit dans d'autres pays, mais pas en France, où la plupart des universités ont une réputation exécrable - seules comptent les grandes écoles.

Comme l'article de Fitoussi risque de disparaître dans les archives payantes, je me permettrai d'en citer un court extrait, qui vous donnera peut-être l'envie d'aller le lire en entier...

 

 

Supposons, par exemple, que les salariés diplômés de l'enseignement supérieur aient un revenu dix fois plus élevé que celui des diplômés de l'enseignement secondaire. La dynamique de l'allocation des ressources et des incitations fera que le nombre de jeunes poursuivant leurs études au-delà du baccalauréat ne cessera de croître, pour leur plus grand bien et celui du pays. Le même raisonnement peut être reproduit au sujet des inégalités de salaires entre secteurs d'activité, qui créent une dynamique de réallocation efficace du travail au profit de l'expansion économique et au détriment des industries en déclin. Evidemment, de telles dynamiques vertueuses n'existeraient pas si les salaires étaient égaux entre secteurs, ou si les diplômés n'étaient que marginalement mieux payés que les autres.

 

 

Dans ce monde, la globalisation et/ou le progrès technique feraient à coup sûr croître les inégalités. Le type de progrès technique que nous connaissons aujourd'hui n'est pas neutre dans la mesure où il accroît à la fois la demande de travail qualifié et la désaffection pour le travail non qualifié. Mais l'augmentation des inégalités qui en résulte serait féconde si elle incitait réellement les jeunes à poursuivre des études supérieures (y compris en empruntant) et les moins jeunes à accroître leurs compétences par la formation permanente. Dans cette vision ahistorique, les inégalités et leur croissance sont les moteurs puissants d'une mobilité sociale ascendante, les marqueurs de nouvelles opportunités.

Cela étant, c'est anhistorique qu'il faut dire...

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20 septembre 2007 4 20 /09 /septembre /2007 13:46

velo.jpgCycliste d'occasion, je ne porte pas de casque, non que je m'en vante, mais je trouve ces accessoires d'un cucul absolu. Disons que ça ne convient pas à mon genre de beauté.
Cela dit, je suis conscient qu'un casque, c'est bien. D'ailleurs, j'en porte un quand je fais de la moto, et pas du tout parce que c'est obligatoire, mais là je n'ai pas de problèmes de coquetterie, puisque personne ne peut discerner mes traits... Et puis, qu'est-ce que ça fait viril !

Donc, à part l'aspect du ridicule léger, le casque comme je l'ai dit, c'est bien, c'est même très bien.

Sauf que non, pas vraiment. Figurez-vous que dans le très sérieux
Accident Analysis and Prevention de mars, un dénommé Ian Walker (si, si, encore un bel exemple de déterminisme nominal), psychologue à l'université de Bath, a eu l'idée de tester l'idée reçue selon laquelle les automobilistes faisaient moins attention aux cyclistes casqués (ça rappelle un peu l'histoire du casoar, mais je vous assure que c'est vrai), et il a donc décidé de tester lui-même cette assertion à l'aide de sa bicyclette, évidemment, mais aussi de divers capteurs à ultra-sons et de 2.300 véhicules assortis.
Le résultat est sans appel : en moyenne, les véhicules diminuaient leur distance de sécurité de 3.35 pouces lorsqu'il portait un casque. Etrangement (ou non), ils augmentaient cette distance de 2.2 pouces lorsqu'il portait une perruque le faisant passer pour une femme (de derrière, évidemment). 

Ce n'est pas ce genre d'études qui me fera changer d'habitude : je ne roule jamais en ville ; mais tout de même... je m'achète une perruque de ce pas.

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12 septembre 2007 3 12 /09 /septembre /2007 09:42

chassecueille.jpgIntéressante émission sur la 3e chaîne (oui, celle qui a été affublée de ce nom imbécile : Musiq3 - mais dans un pays où les Beaux-Arts s'appellent officiellement Bozar, on ne s'étonne plus de grand'chose), les utopies, les anti-utopies, etc. Comme le faisait justement remarquer un intervenant, les utopies font généralement régresser les sociétés censément parfaites vers un mode rural et même carrément campagnard, l'agriculture se posant en idéal bucolique par opposition à la civilisation matérialiste et technocratique, urbaine pour tout dire. La sagesse paysanne et tout ce genre de choses dont Jean Becker s'est fait l'écoeurant spécialiste.

Or, c'est précisément la révolution néolithique qui, il n'y a pas si longtemps, a précipité tout à la fois l'agriculture, l'élevage, la propriété privée, l'attachement à la glèbe et donc le servage et l'esclavage, la hiérarchisation sociale, les flics, l'urbanisation, le travail dur et long, et on peut en ajouter comme ça à la pelle... Pas la guerre, non, on connaît ça depuis qu'on était encore singes, ce n'est pas pour rien que les chimpanzés sont nos cousins.

Non, les premiers agriculteurs ne vivaient pas au paradis - ils avaient une espérance de vie moindre et une santé plus précaire que leurs récents ancêtres ou contemporains chasseurs-cueilleurs (il en existe encore, d'ailleurs, mais très peu). Mais ils se reproduisaient plus et plus vite - sélection naturelle... et culturelle.

A vrai dire, le contrôle social féroce nécessaire aux utopies est beaucoup plus facile à exercer dans une société agraire que chez des chasseurs-cueilleurs - ou même que dans notre civilisation urbaine multiforme et secrète.

Alors, Nambikwara ou New Yorkais ? En tous cas, pas phalanstérien !

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