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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 17:02

Comme vous pouvez le voir, Caracalla a tout de même une gueule de brute, malgré son excellente éducation. Il n'avait pas hésité à faire assassiner son frère cadet, au prétexte (pas nécessairement faux) qu'il n'avait fait qu'aller plus vite que celui-ci (on dit même qu'il avait songé a écourter le règne de son père, Septime Sévère).

Cela étant, il restera dans l'histoire, et pas seulement pour ses Thermes de Rome (où tous les ans on joue Aïda) ; bien plutôt pour son fameux Edit de 212, qui accorde la civitas romana à tout citoyen de l'Empire romain. On se souvient que le Ier siècle avant Auguste avait été marqué par l'épouvantable guerre sociale - "sociale" pour socii, les alliés, pas dans notre sens moderne - où les alliés en question avaient durement lutté pour obtenir un meilleur statut et ne pas simplement se faire coloniser par Rome. Et voilà que tout à coup, plus besoin du célèbre civis romanus sum de Saint Paul, on l'est tous, plus besoin de faire son trou, de s'élever dans la hiérarchie provinciale.

Mais voilà, en gros, ça signifie : plus de promotions possibles. Blocage. Et effectivement, la plupart des spécialistes voient dans la grande crise du IIIe siècle les limitations d'une société bloquée, surtout face aux invasions récurrentes. Heureusement, les Illyriens - fils du Danube - veillaient au grain ; ils avaient tout à gagner, eux qui, bien qu'assimilés, étaient encore d'une touchante rudesse. Ils sauraient reprendre le flambeau de la Romanité.

Et voilà : vous semez l'égalité et vous récoltez la pagaille. C'est trop injuste ! Il n'y a plus d'ascenseur, tout le monde habite au rez-de-chaussée. Bon, je ne veux pas en faire trop, parce qu'à la même époque Ulpien assure l'unité complète du genre humain devant la loi naturelle, y compris pour les esclaves ! Très beau ! Mais ça restait moral, l'esclavage n'était pas aboli, et d'ailleurs le droit de vie et de mort sur les esclaves était déjà passé de mode depuis belle lurette.

J'ai déjà avoué mes réticences à la devise républicaine, mais ici j'aimerais publier une devise un peu plus réaliste :

LIBERTÉ, MOBILITÉ, tolérance.

Mais en fait, je n'aime ni les devises ni les drapeaux.

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 11:03

Dans la dernière livraison de Science et pseudo-sciences de l'AFIS, Jean-Claude Pecker signe un premier article sur "Les conceptions de l'univers, d'Aristote au Big Bang" - qu'en fait Hoyle avait appelé Hot Big Bang pour mieux le ridiculiser.

 

Jean-Claude Pecker, tout comme Fred Hoyle, n'adhère pas au quasi-consensus autour du Big Bang (qui d'ailleurs fait l'objet de controverses acharnées au sein même de son modèle). Le modèle de Hoyle est, paraît-il, disqualifié par les observations assez récentes, et Wickramasinghe se trouve bien seul à porter le fardeau de son maître - par ailleurs génial, mais que son caractère assez abrupt a tenu à l'écart de toutes les "distinctions" qu'il méritait, ce qui n'est pas à l'honneur de la profession, mais passons.

 

Pour ce qui est du point de vue de JCP, je ne le connais pas mais il paraîtra dans le prochain numéro de la revue. Je ne suis pas astrophysicien, et il n'entre ni dans mes intentions ni dans celles de l'AFIS de vouloir "départager" les points de vue ; leur passionnant n°291, où ils exposaient les éléments scientifiques du dossier du réchauffement global anthropique leur avait valu quelques admonestations rappelant la fable d'Anatole France :

 

un politicien s'était fait élire à la position suprême de son pays en promettant de faire tomber du ciel chaque jour des alouettes rôties dans la bouche de ses concitoyens. Le lendemain de son élection, la foule s'assemble, l'élu arrive et - miracle ! - une pluie d'alouettes rôties tombe effectivement du ciel. Quelques instants plus tard, deux grondements fusent de la foule : "elles sont trop cuites !", "elles ne sont pas assez cuites !", puis ils culminent dans un gigantesque "chassons l'imposteur !"

 

(je crois que c'était dans l'île aux pingouins)

 

tout ça pour dire que les tenants de l'une ou l'autre thèse leur reprochaient de ne pas avoir démoli celle de leurs adversaires - ce qui à l'évidence n'était pas le but.

 

Ce qui m'a par contre surpris dans le chapeau (et dans le texte) est la référence explicite à Eftichios Bitsakis avec lequel JCP "détrui[t] et reconstrui[t] [depuis plusieurs années] tour à tour les édifices cosmologiques que nous offre la communauté scientifique" (je cite JCP). Il se fait que je connais Eftichios Bitsakis depuis longtemps, non pas personnellement, mais par un livre que ce philosophe avait fait paraître dans les années 70 et qui s'intitulait Physique contemporaine et matérialisme dialectique, rien de moins. Etant à l'époque intéressé par ces deux sujets, j'avais acquis le livre sans même le feuilleter ; grave erreur. Il s'agissait dans cet ouvrage (repris d'une thèse de doctorat de son auteur) de comparer la physique contemporaine (et si j'ai bonne mémoire plus précisément la mécanique quantique) à la pensée de Lénine, et à montrer que cette pensée géniale non seulement annonçait et devançait mais surtout transcendait la mécanique quantique, et en résolvait les paradoxes apparents où s'embourbait la science bourgeoise. J'exagère à peine, mais on trouvera ici une critique philosophique de l'ouvrage qui vaut également son pesant de larmes. A l'époque il restait encore quelques nostalgiques de la pensée-Mao-Tse-Tung, mais ils étaient définitivement en perte de vitesse, et le grand Lénine restait tout de même la référence de bronze.

 

Délirant, je ne vois pas d'autre mot ; des gens comme Serres ou Latour sont des scientistes à côté de M. Bitsakis, qui, par ailleurs, possède paraît-il un "palais crétois" et est certainement un ami délicieux de JCP ; mais j'avoue que leur proximité ne me donne pas trop envie de lire la suite de l'article (mais ne m'en empêchera certes pas !).

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30 mars 2010 2 30 /03 /mars /2010 09:08

Regardez autour de vous, lisez les journaux, écoutez la radio : partout, ce ne sont que désastres, malheurs, accidents, épidémies, catastrophes. La journée mondiale de l'obésité et le triste sort réservé à ces malheureux surpondéreux, la semaine des Plus Démunis et la monstration (assez complaisante) de toute la misère du monde, les réfugiés, les mongoliens, les phocomèles... On n'a pas assez de 24 heures par jour pour se tordre les mains, pour plaindre ces malheureux, pour essayer de venir à leur aide.

Plus moi. J'ai trouvé la solution, et à dire vrai je ne comprends pas comment je n'y avais pas pensé plus tôt. Je me suis tout simplement converti à l'hindouisme, et du coup, paf ! tout a disparu. Tenez, ce SDF hagard qui se promène entre les arbres du parc public, cherchant à manger un peu et se demandant où dormir, vous allez le plaindre ? Il a un mauvais karma, il a été très méchant dans une incarnation précédente, tant pis pour lui ! Mais vous lui donnez une petite pièce tout de même, car c'est bon pour votre karma. D'ailleurs vous, votre luxueux appartement de l'avenue Louise, votre magnifique maison de campagne et vos trois coûteuses limousines (plus un petit speeder pour le plaisir), ben vous y avez droit, pardi ! C'est votre bon karma ! Vous avez patiemment accumulé les bons points dans vos existences précédentes, et donc, bingo ! vous avez gagné le gros lot.

On le sait peut-être, j'ai acquis
une certaine sympathie pour l'Inde, tardivement, je l'admets, et elle n'a rien du coup de bambou à la baba cool. Mais j'avoue que ce système de croyance - très vivace - me dégoûte un peu. Je pense souvent à ce monsieur T. que j'avais rencontré à Madras (enfin, Chennai pour être PC) où il avait fondé et dirigeait une école pour enfants des castes inférieures et des hors-caste, cela d'ailleurs avec l'appui généreux d'une vedette de cinéma très fortunée - dalit lui-même. Régulièrement, il recevait des menaces de mort, il était victime de vandalisme et même d'incendies, c'était pénible mais il continuait envers et contre tout. Soyons juste : il était hindouiste, lui aussi, et dévot en plus, mais il prétendait que c'était mal comprendre la religion que d'être impitoyable. Il faut croire que son point de vue était très minoritaire, mais heureusement une minorité même infime dans une population de plus d'un milliard d'Hommes, ça fait tout de même pas mal de monde. Mme J. à Bombay (pardon, Mumbai) dirige un Ashram fondé il y a plus de 150 ans pour accueillir les veuves chassées de chez elles après la mort de leur mari, tradition assez respectée puisqu'il était acquis depuis la plus haute antiquité que la femme était censée se précipiter dans le bûcher funéraire de son cher époux, et ce sort glorieux ne manque pas d'être signalé un peu partout dans les palais du Rajasthan par des petits écussons bien en vue. Eh bien, Mme J. est très éloquente en faveur du système des castes (il faut dire que sa famille est brahmane, alors...).

Notez, je dis hindouiste, mais je pourrais tout aussi bien dire bouddhiste, malgré toutes les fariboles du type ce n'est pas une religion, mais une philosophie, pure foutaise, c'est une religion, et
dans le sens le plus étroit du terme. Ah bien sûr, quand on se pâme devant le Dalaï Lama en exaltant sa spiritualité, on parle d'autre chose, je suppose ; je le suppose car j'avoue n'avoir jamais compris le sens du mot "spiritualité". Et pourtant, j'ai essayé, je vous l'assure, mais chaque fois ça se dissolvait dans des textes brumeux et opaques à mes yeux. Contrairement à la grande majorité des catholiques, j'ai lu et relu la Bible - surtout le Nouveau Testament, d'ailleurs, et si quelque chose me paraît dépourvu de la moindre spiritualité, c'est bien les Evangiles (et surtout les synoptiques, moins chez Jean en partie à cause du fameux Au commencement était le logos etc. qui doit certainement être de la spiritualité puisque je ne comprend pas ce que ça veut dire). C'est un étonnant fatras d'anecdotes, d'historiettes fortement teintées de superstition, avec des considérations d'une morale de grand chemin, d'ailleurs contradictoires, on y trouve un peu tout ce qu'on veut.

Une dernière anecdote avant la route, celle d'une petite fille chinoise de quatre ans avec deux pieds bots qui se languissait dans un orphelinat de Shanghai. Un couple belge vint l'adopter, c'était en 1993, la Chine s'ouvrait tout juste aux adoptions. La directrice du Home et toutes ses collaboratrices (il n'y avait que des femmes, sauf le comptable et le concierge) firent fête aux adoptants, et le bruit courut bien vite : cette petite fille avait un bon karma. C'était en Chine communiste, et en 1993.

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3 novembre 2008 1 03 /11 /novembre /2008 12:14

C'est la Toussaint (enfin, on en sort tout juste), et apparemment une bonne occasion pour muser sur la mort, voire sur la Mort. Curieusement, plusieurs articles que j'ai lus ou billets que j'ai entendus tendent à se lamenter (une fois de plus ! Les jérémiades sont décidément à l'honneur) sur la disparition de la camarde. Je m'entends : sur le fait que la mort serait éjectée de notre société, qu'on la camouflerait, qu'on chercherait à la nier par tous les moyens. L'article le plus complet («La Mort est en danger de mort») se trouve dans Le Monde et sans doute un peu partout ailleurs, car il émane de Robert Redeker.

On pourrait comprendre divers agacements et sourire à une critique amusée de certains travers de nos contemporains (et de nous-mêmes), mais Redeker ne fait pas dans l'humour. Il tonne, gronde, décrète. Apparemment pour lui, le memento mori antique devrait continuer à faire trembler, les Danses Macabres devraient hanter nos artistes et nos cerveaux. Il semble faire sienne la prescription biblique d'une vie de 70 ans et s'offusque presque qu'on s'efforce de l'allonger, mais surtout qu'on veuille effacer l'idée même de la vieillesse.

Nous y voilà : vous êtes vieux, vous devez rester et paraïtre vieux. Ah, dit notre Savonarole au rabais, où est le temps où les femmes et les hommes acceptaient leurs tares, leurs infirmités et leur déchéance avec, sinon joie, au moins résignation ? Les liftings, le Viagra, la thérapeutique de substitution hormonale, les cosmétiques, le sport et les salles de fitness pour seniors, les alicaments et tout le reste ne sont que les cadeaux de Satan, car "en privant l'Homme de sa vieillesse, on prive l'Enfant de sa jeunesse", je n'exagère rien, c'est écrit presque verbatim. Et, bien entendu, il y a dans ce texte une nouvelle glorification de la jeunesse et de l'enfance (ces pauvres enfants auxquels on cache la mort parce qu'elle est laide).

Désolé, mais je ne marche pas. D'abord, cette idée de cacher la mort est un lieu commun : le jeune Bouddha n'était entouré que de gens beaux, jeunes et pétants de santé, sur ordre de son père. Et puis, à chaque enterrement en milieu catholique, on voit les pauvres mômes traînés de force pour ânonner une "intention" sur le cercueil de leur grand-père ou de leur grand'mère. Ensuite, je ne vois toujours pas pourquoi cette distinction que faisait déjà ma grand'mère il y a plus de cinquante ans entre "vieux" et "âgé" ne pourrait plus s'appliquer. On peut doucement rigoler du terme "Seniors actifs", comme on peut sincèrement s'indigner d'une société de plus en plus régulée dans un sens austère et hygiéniste (et Redeker ne perçoit que le deuxième de ces travers), mais vouloir se prévaloir d'une quelconque sacralisation de l'état de nature me semble haïssable. Certes, le rayon laiterie des supermarchés a un petit air de pharmacie joyeuse, mais peut-être est-ce aussi parce que dans nos pharmacies les médicaments proprement dits sont enfermés dans des tiroirs et seuls les produits de beauté et de santé, les émollients et les anti-âge, les chocolats laxatifs et les bonbons améliorant la mémoire, les décoctions de salsepareille et de millepertuis, les vitamines et oligo-éléments, les autobronzants et les baumes capillaires égayent l'espace public avec des slogans inouïs, des emballages étincelants et des prix scandaleux.

Ce qui fait (c'est du moins mon avis...) la grandeur de l'Homme, c'est son côté prométhéen, sa révolte contre les dieux et sa générosité avec les siens, tous les siens ; oh, bien sûr, il ne faut pas trop en faire, et on sait qu'à vouloir faire naître "l'Homme nouveau", on passe aisément de l'Utopie à la dystopie, et le berceau est trop souvent un charnier. Mais enfin, résister et se battre jusqu'au bout, n'est-ce pas plus beau, plus noble qu'accepter son sort en soupirant ?

Je connais une dame âgée de 85 ans avec qui je fais des balades à vélo (elle a arrêté le ski et le tennis il y a trois ans). Elle n'est pas difforme, elle fréquente les boutiques de mode et adore voyager. Pour Redeker, qu'elle soit anathème ! (Oui, c'est La Voie lactée, de Buñuel...)

P.S. Elle a maintenant 90 ans et est toujours la même.
 

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17 septembre 2008 3 17 /09 /septembre /2008 07:00

On ne peut pas lire un journal quelconque ou écouter les nouvelles sans entendre les plaintes et les gémissement des rédacs-chef, des journalistes et des lecteurs : où va-t-on, que le monde est méchant, comme il va de mal en pis etc. Avant, c'était pas si mal, pas parfait, bien sûr, mais au moins on savait où on en était. De la vache folle au poulet à la dioxine, du réchauffement climatique à El Qaïda, de la crise des subprimes à l'éclatement de la Belgique, c'est partout et toujours la catastrophe qui nous guette. Et maintenant, G. Soros, fin connaisseur, nous promet la fin du monde financier.

Un des douteux avantages d'avoir un certain âge est de pouvoir faire des parallèles et des comparaisons non seulement avec ce que l'Histoire livresque nous a enseigné au long d'une vie de labeur intellectuel intense, mais - et peut-être surtout - avec l'Histoire vécue in corpore vili. Ce qu'on appelle aussi vulgairement (et avec mépris quand on est jeune) : l'expérience. Oh, certes, ce n'est pas le simple been there, seen that du cynique, mais plutôt le wait and see du sceptique.

Pendant des décennies, nous avons vécu dans la crainte de la MAD (Mutual Assured Destruction, en gros les Soviétiques et les Américains se balançant des missiles nucléaires sur la tronche, pour ceux qui n'auraient pas connu cette époque bénie, crise de Cuba et tout le reste), et à l'époque on nous promettait une nouvelle glaciation, ce qui, par parenthèse conduit à relativiser au moins légèrement les prédictions apocalyptiques de certains aujourd'hui. Il est vrai que la modélisation de l'époque était rudimentaire, mais la présente est
encore perfectible.

Plus près de nous, la huitième plaie du Sida. Non que ce ne soit une plaie, et douloureuse, mais il faut se rappeler les accents cataclysmiques des wannabe-Cassandre de l'époque : en toute bonne foi, ils annonçaient une épidémie généralisée et terrible, digne de la Grande Peste de 1348 ; à les en croire, l'humanité allait à la catastrophe. Il y avait là certes beaucoup de bons sentiments, et aussi la volonté politiquement correcte de ne pas stigmatiser les homosexuels qui avaient été durement frappés par la maladie. Mais le PC et l'alarmisme sont de piètre usage. L'Afrique mise à part - et là, il s'agit bien d'une épidémie, et terrible - il n'y a pas de pandémie du Sida.

Je parlais de la Grande Peste - elle, au moins, n'était pas dans l'imaginaire des gens de l'époque, mais ça ne les empêchait évidemment pas de voir la main du diable partout, et plus précisément celle des Juifs, qui étaient censés empoisonner les puits. Ou poignarder des hosties consacrées. Ou tout simplement être juifs. D'où, nombreux massacres, et on s'en souviendrait à l'avenir, à chaque menace possible et catastrophe annoncée, on rôtit quelques Juifs - et si possible quelques sorcières aussi, ça ne peut pas faire de tort.

Je passerai sur les prétendues Terreurs de l'An Mil, qui ont été fort exagérées ; simplement, la peur de l'avenir et la terreur généralisée ont été le lot commun et universel de notre espèce. Et avec avantage, sinon avec raison, car un faux négatif peut être mortel, mais beaucoup plus rarement un faux positif. Pour survivre, notre espèce a toujours eu intérêt à maximiser le danger, quitte à se payer des frousses inutiles.

Certes, nul besoin d'être béat et/ou panglossien ; le monde n'a jamais bien marché (du moins pour la grande majorité des gens) et la vieille discussion sur le
progrès n'a pas beaucoup évolué depuis la première fois que j'en ai entendu parler, chacun campant sur ses positions et ne disposant d'aucun argument dirimant.
Le monde s'enrichit, dira l'un, oui mais dans chaque pays qui s'enrichit, les inégalités se creusent, retorquera l'autre. Et ainsi de suite. Ce doit donc être un de ces faux problèmes dont sont friands les commentateurs politiques et les inventeurs de jeux de société (l'âge du capitaine, etc.).

Mais aussi, comment être optimiste quand on est mortel ?

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2 juillet 2008 3 02 /07 /juillet /2008 07:08

J'ai déjà évoqué la notion controversée de progrès, et je ne peux m'empêcher d'y revenir. Il y a encore un petit siècle, il était de bon ton de voir dans l'Evolution (darwinienne) un hymne au progrès, de la bactérie à l'Homme, trônant dans toute sa gloire et son unicité, lui le plus parfait des êtres vivants. Progrès biologique, progrès social, les deux allaient main dans la main des penseurs libéraux (je rappellerai une fois encore que le fameux survival of the fittest est de H. Spencer, et non de Darwin, quoi qu'en pense et en écrive le ridicule Rémy Chauvin).

Il est devenu de bon ton pour les... progressistes de contester la notion même de progrès, et pas nécessairement par idéologie relativiste et égalitaire ; en effet, un insecte ou un poisson (disons) parfaitement adapté à sa niche écologique improbable est à un optimum d'évolution. Mais les optimums (et non pas optima, sauf à décliner comme en latin) sont locaux, comme on le sait, il peut y en avoir beaucoup, et c'est évidemment le cas dans les espèces vivantes. De même, la sociologie et l'anthropologie nous montrent à satiété des sociétés bien adaptées à leurs conditions, et il n'y a pas de raison absolue de penser que la société anglaise de 1859 (année de la publication de On the Origin of Species) est supérieure absolument à l'organisation des Bororos ou des Fuégiens de l'époque.

Bien. Quand tout ceci reste dans l'abstrait et le théorique, on peut encore acquiescer. On peut tout de même préférer les sociétés démocratiques occidentales à celles qui pratiquent l'esclavage, les mutilations sexuelles féminines et les sacrifices humains, même si on pourvoit ces dernières des meilleurs progrès de la technique, comme l'eau courante, les antibiotiques, les anesthésiques et les épingles de nourrice. Certains vont évidemment bondir et me traiter de sale occidentocentriste - voir de facho - mais ils doivent être assez rares.

Allait-on s'arrêter là ? Certes non ! Darwin avait déjà causé une certaine pagaille en dépossédant le dieu des Anglais (et accessoirement des autres aussi, mais plus tard, et avec de nettes réserves - la biologie française n'a toujours pas avalé le darwinisme) de nombre de ses prérogatives supposées, il n'en restait pas moins l'Homme, fait à l'image de son créateur ou vice-versa, parfait, intelligent, bon, moral et tout. Or, il devenait de plus en plus évident que l'Homme n'était somme toute qu'un animal lui aussi, un Primate, un grand Singe plus précisément, soumis à l'évolution et fruit de celle-ci. Pour ôter toute espèce d'ordre divin de l'Homme, il fallait donc le bêtifier complètement, lui retirer précisément son humanité. On s'amusa donc à ce petit jeu stupide :

- tel, tel ou tel trait est spécifiquement humain, tout de même !
- pas du tout, car on le retrouve chez tel, tel ou tel animal
- oui, mais celui-ci est vraiment exclusif à l'Homme
- mais non, figurez-vous que les ... le possèdent aussi !

etc. Petit jeu stupide, car on peut toujours définir un ensemble de traits qui désigne une seule espèce, et avec un peu de bonne volonté (et parfois beaucoup de mauvaise foi) on peut toujours interpréter les comportement d'un chimpanzé, d'un bonobo ou d'un dauphin à la lumière des comportements humains... On a en mémoire les fameux chimpanzés
Washoe et Nim Chimpsky, dont il faut bien constater que les espoirs un peu naïfs qu'ils avaient suscités n'ont pas vraiment été récompensés, c'est le moins qu'on puisse en dire.

Mais, pour tout dire, un certain Monsieur Will Barium, de Toronto, mérite le mot de la fin :

There is not much that is uniquely human - except art, cooking, religion, humour, sport and terrestrial dominance.

Je me permettrai modestement d'ajouter : and blogging.

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12 février 2008 2 12 /02 /février /2008 10:12

bruno.jpgDans un post précédent, je m'étais dit assez serein sur l'incompatibilité entre l'ID (Intelligent Design, ou créationnisme qui n'ose pas dire son nom) et l'Europe. J'étais sans doute trop optimiste.

A la différence des USA, nous n'avons pas - ou presque pas - de sectes chrétiennes militantes désireuses d'en découdre avec Darwin ; par malheur, nous avons nos fondamentalistes musulmans qui font une propagande de plus en plus insistante, avec envoi de textes prétendument scientifiques sur le sujet, ainsi le célèbre "Atlas de la Création", répandu un peu partout aux frais de son éditeur turc, Harun Yahia. Il n'y a pas qu'eux, hélas.

L'année dernière, Guy Lengagne voir ici
https://www.google.be/webhp?sourceid=chrome-instant&ion=1&espv=2&ie=UTF-8#q=guy%20lengagne, membre du Conseil de l'Europe a présenté un rapport déplorant l'insidieuse influence des créationnistes dans l'enseignement ; il a été blackboulé par 64 voix contre 46, un de ses grands pourfendeurs étant Luc Van den Brande, démo-chrétien bien connu en Belgique pour avoir été un Ministre-Président du gouvernement flamand particulièrement accanito... Ce grand catholique ne devait pas aimer les attaques de Guy Lengagne contre les créationnistes, car, bachelier en droit canon, il a sans doute des faiblesses pour le bon vieux temps où l'Eglise faisait la politique.

On a constaté en Flandre que de nombreux élèves et étudiants ne "croyaient pas" à la "théorie" de l'évolution - on parle de 20 %, surtout chez les jeunes musulmans. Et n'oublions pas que le triste
chouchou de Hugues (mais certainement pas pour cette raison !), Tony Blair, a personnellement autorisé une expérience d'enseignement du créationnisme dans certaines écoles secondaires - après tout, il venait de trouver la vraie foi, nouveau Saul de Tarse jeté à bas de son cheval...

Inutile de rappeler non plus le discours de Latran de Zébulon 1er, qui a remis le couvert à Ryadh et puis au CRIF (j'y reviendrai, promis !). Quant à l'assez répugnante attitude du gouvernement néerlandais au sujet d'Ayaan Hirsi Ali, on ne peut que craindre l'avenir et en tous cas ne pas baisser les bras. On passera par pertes et profits la réflexion de l'archevêque de Canterbury, selon laquelle on finira par devoir incorporer au moins une partie de la charia dans la loi civile ; il a partie liée avec les imams, lui qui est en fait un fonctionnaire, le culte anglican et la royauté étant indissolubles, et le Roi ou la Reine d'Angleterre et autres lieux en étant le Calife attitré. Mais le Royaume-Uni a fait le choix du communautarisme, grand bien lui fasse ; nous pas. Evidemment, c'est bien beau de parler de républicanisme et de vanter le célèbre "nos ancêtres les Gaulois", mais de jeter à la poubelle sans la lire une demande d'emploi signée Mohammed ou Ali ; il n'empêche que nous ne pouvons pas admettre, à aucun prix, sous aucun prétexte, pas le moins du monde, les sucreries distillées par les apaiseurs et les pleurnichards du type "il faut comprendre", car pour eux, comprendre veut généralement dire absoudre.

Le religieux reprend du terrain, on peut en trouver des traces chez certains (nombreux) écolos pour lesquels tout compromis est une compromission (vocabulaire typiquement '68) ; ils incarnent le Bien, leurs contradicteurs le Mal, et avec le Mal, on ne passe pas de compromis. Donc, Cohn-Bendit est un traître, et les Verts français l'ont damné plus d'une fois. Bové, ça c'est un mec !

Hier Salman Rushdie, aujourd'hui semble-t-il une tentative d'assassinat d'un des "dessinateurs danois" ; par de méchants islamistes, c'est sûr... Et les bons musulmans modérés, on les entend protester ? Peu, vraiment très peu et il ne faut pas compter sur les chrétiens plus ou moins ultra (sans doute moins) pour faire autre chose - en fait, il n'y a que l'extrême-droite qui ait troqué son vieil anti-sémitisme contre un anti-islamisme tout aussi ignoble, bien à la mesure du reste de ses attitudes politiques. Ce n'est pas  la religion en tant que telle qu'ils en veulent, mais à une mauvaise religion, prêchée qui plus est par des basanés, quelle horreur ! Et puis, ils n'osent plus trop s'attaquer aux Juifs, ces petits malins...


Laurent d'Ursel a voulu décharger le mot 'islamisme' de son mauvais sens ; mais pense-t-il vraiment que l'islamophobie est nécessairement un avatar du racisme ?

Indignatio facit versum                         

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23 mars 2007 5 23 /03 /mars /2007 16:42
C. a eu la surprise ce matin d'entendre un client qui lui parlait de "son mari". C'était la première fois que ça lui arrivait, et, troublée, elle se demandait si ledit mari appelait son conjoint "ma femme", ce qui aurait ouvert de troublantes perspectives.

Il se trouve que C. est quelque peu agacée de ce "mariage" homosexuel ; la terminologie suiviste d'une institution qui semble tellement décriée ne traduit pas l'aspect novateur de la chose. Bientôt, on l'a dit mille fois, il n'y a plus que les homosexuels qui se marieront.

Je pensais à ce qu'écrivait J.-P. Rosenczweig à propos de l'adoption d'enfants par des couples homosexuels ; son propos prudent était de généraliser : alors, pourquoi pas à 3 ou 4 personnes, par exemple ?

Eh non, l'être humain ne fonctionne pas comme ça ; sa volonté est de vivre en couple et d'avoir des enfants. Différent en cela de ses cousins primates comme lui - et à noter qu'ils ont chacun des fonctionnements différents - l'Homme est monogame à long terme et exige de pouvoir se reproduire.

Le mariage homosexuel est donc génétiquement correct, CQFD.
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17 août 2006 4 17 /08 /août /2006 15:16
Mais non, mon gros bêta, ce n'est pas Francis Blanche fumant la pipe ! C'est quelqu'un de beaucoup moins rigolo...
Bien, on a tout dit sur l'affaire GG-SS - sauf peut-être un petit quelque chose que je ne me souviens pas d'avoir lu :

il faut toujours se méfier des donneurs de leçons !

Même (et peut-être surtout) quand ils ont l'air sympa. Rappelez-vous Bertrand Cantat...
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