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13 mars 2008 4 13 /03 /mars /2008 12:24

hydrogen.jpgJe vous ai déjà parlé de Jeremy Rifkin et de son rêve hydrogénant ; il n'est d'ailleurs pas le seul et on trouve des articles claironnant la venue de l'économie-H jusque dans des revues sérieuses. Une fois de plus, on devine à la lecture des enthousiastes qu'on a affaire à une solution qui cherche un problème. En effet, en ce qui concerne l'approvisionnement en hydrocarbures, il n'y a pas péril en la demeure : les alertes à la fin des réserves sont très discutables (je les entends depuis plus de trente ans ! mais j'admets que ce n'est pas un argument), on parle de réserves prouvées, et à plus de 100$ le baril, les pétroliers vont certainement reprendre le chemin de l'exploration. Et puis il y a le gaz, et surtout le charbon, qui peut être converti assez facilement dans toutes la gamme des produits traditionnellement issus du pétrole (oui, y compris le carburant pour automobiles ; ce n'est pas par hasard que Sasol est Sud-Africain : le pays a du know-how, du charbon et souffrait d'embargo sur le pétrole durant les années d'apartheid). On peut raisonnablement compter sur quelques décennies au train prévisible (en gros jusqu'à 2100).

Mais j'ai bien précisé : approvisionnement. Le problème n'est pas là ! On finira par savoir qu'il est dans le réchauffement climatique. Or là, on voit mal l'intérêt de l'hydrogène, car, sauf à aller le puiser directement dans le Soleil, on n'imagine pas bien comment le fabriquer sur Terre. Enfin si, ce n'est même pas sorcier, mais le hic, c'est que c'est énergivore ! Le produire à base d'hydrocarbures fossiles est absurde, puisque le sous-produit n'est autre que.. du CO2... Quant à le produire par électrolyse (électrique), le bilan global n'est pas fameux et de toute façon, seule l'électricité non thermique (dans le sens ingéniérie : gaz, charbon, fuel...) serait envisageable, évidemment ! Ce serait en fait un moyen de stocker le courant produit de manière intermittente, mais une fois de plus un moyen à faible rendement ; en effet, il faut soit le comprimer à 300 ou, mieux, 6-700 atmosphères (ce sont des chiffres qui n'ont rien de magique, mais qui correspondent à des technologies courantes), ce qui est énergivore et problématique , ou alors le liquéfier, ce qui est encore bien plus énergivore et nettement plus problématique.

Et pour ce qui est des voitures, là, c'est franchement pitoyable. Que les grandes marques d'automobiles fassent des démonstrations à grand fracas, normal, elles veulent convaincre qu'il existe des automobiles "propres", c'est à la mode, même si c'est un oxymore. Un réservoir permettant une autonomie de l'ordre de 300 km (pour une voiture équipée normalement) pèserait une demi-tonne (technologie "hydrogène comprimé") la cellule à combustible à peu près autant. Pour ce qui est de l'hydrogène liquéfié (attention ! ce n'est pas du LPG - il faut le maintenir à -255° !), la technologie est formidable (il faut empêcher les fuites, le mélange d'hydrogène et l'air étant éminemment explosif - j'en sais quelque chose - et puis un liquide à -255°, ça ne se manipule pas si facilement...), surtout pour un outil de la vie courante pouvant être mis entre toutes les mains. Quant au problème de distribution, n'en parlons même pas.

Les enthousiastes répondront qu'on fait de gros progrès dans les piles à combustible et dans le stockage sous forme d'hydrures ; c'est vrai, mais ces progrès sont lents à venir et le problème est tout simplement celui d'un ordre de grandeur. Une voiture moyenne (8 l/km) consomme environ 1kWh/km, et il faut environ 10 grammes de H2 par kWh, soit 110 litres à température et pression standard (eh oui, l'hydrogène est l'élément le plus léger de l'univers...) en comptant un rendement "normal" pour la pile à combustible. Autrement dit : 1 kg de H2 aux cent. Pour donner une idée, il faudrait quelque chose comme un million d'éoliennes pour produire par électrolyse l'hydrogène nécessaire à faire rouler toutes les voitures en France (600TWh) - et ce sans compter les pertes dues au transport, à la distribution, au stockage, etc.

Enfin, et je suis étonné de ne l'avoir jamais entendu mentionner (car je suis certain que beaucoup d'autres y ont pensé) , on ne sait rien sur les effets à moyen et long terme de l'hydrogène qui - c'est inévitable - se répandrait dans l'atmosphère d'une civilisation-H2. Je rappelle que l'hydrogène est tout de même un élément assez réactif.

Et on parle du principe de précaution ???

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29 février 2008 5 29 /02 /février /2008 16:09
undefinedDans la série "Salut les Radins", voici de la pub' pour les ampoules à basse consommation - ou "abc" (inutile d'en faire, d'ailleurs, les autres vont bientôt être mises hors la loi).

C'est grâce à ça qu'on va "sauver la planète" ! En effet, une habitation moyenne consomme quelque 500 kWh par an en éclairage . Avec les abc, on économisera environ les deux tiers, disons 300 kWh. Compte tenu qu'un Français consomme en moyenne quelque chose comme 350.000 kWh (tout compris) par an, on voit que c'est pas gagné d'avance... En fait, c'est la bagnole et le chauffage qui se taillent la part du lion . Faites 300 km à pied ou à vélo plutôt qu'en voiture, et vous aurez fait aussi bien que les abc.

A la réflexion, faites les deux.
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27 février 2008 3 27 /02 /février /2008 16:35

undefinedUn lecteur hélas anonyme a réagi ainsi à un de mes posts concernant les éoliennes :

"Bonjour Monsieur,
Le calcul de M. Suez n'est peut être pas si bête que ca...

Mais c'est sûr qu'en suivant votre raisonnement, on pourrait peut être en douter. Parce qu'en avançant l'argument de l'installation d'éoliennes (je vais plutôt employer ce terme, quitte à me répéter, plutôt que d'employer les termes de "montres" ou "mastodontes" que je trouve un peu exagérés, voire tendancieux...) dans son jardin personne n'en voudra. Il est vrai que si personne ne veut d'éoliennes dans son champ de vision, il sera alors assez compliqué d'en implanter. Quoique, la vue d'une centrale thermique, voire nucléaire est peut être plus agréable... c'est vrai ces petites cheminées et ces petits panaches de fumée sont assez discrets aussi...

Cependant, je suis tout à fait conscience que l'éolien seul ne pourra pas subvenir aux besoins en électricité de la France. Mais c'est un moyen de substitution qui permet de se passer, ou d'utiliser moins d'énergies polluantes (centrales thermiques...).

En ce qui concerne votre explication de l'installation de parcs éolien dans des lieux retirés, elle est louable. Mais les lieux retirés sont des lieux ou il n'y a personne. Et les lieux où il n'y a personne, premièrement, il n'y a pas de consommation électrique. Deuxièmement, en général le réseau n'a donc pas été dimensionné en ces endroits pour transporter les fortes quantités d'électricité produites. Il faudra donc installer de nouvelles lignes électriques, et la vous me parlerait de défiguration de paysage etc.

De plus, j'espère que vous n'avez pas oublié de signaler à Vestas, Enercon et compagnie (les principaux fabricants d'éoliennes) qu'il fasse attention a la vitesse de leur pâle, parce qu'avec le progrès actuel, un de ces jours, elles vont passer le mur du son !

Plus sérieusement, vous notez fort justement le côté aléatoire du vent. Vous avez tout à fait raison... mais il me semble que le vent ne souffle pas partout en même temps... ceci permet donc un lissage de la production éolienne. Ensuite, comme vous devez certainement le savoir, l'électricité ne se stocke pas... c'est donc fort embêtant, mais le problème est le même pour tout les autres moyens de productions d'électricité. Mais une solution est par exemple envisageable. Du fait que les éoliennes fonctionnent sans carburant ou combustible, on peut déjà les faire tourner des que les conditions le permettent (c'est à dire pour des vents de 4 a 25 m/sec, soit de 10 a 90 km/h ce qui est assez courant). Certes, vous allez pointer du doigt leur maintenance. Mais du fait que les éoliennes récentes n'intègrent plus de boite de vitesses, leur temps de maintenance, et donc d'immobilisation a donc été réduite fortement, et il est pratiquement nul pour les éoliennes actuelles. Le taux de charge des éoliennes est donc nettement plus proches des 40-45 %, que des 20% que l'on a pu vous dire...

Par conséquent lorsque nos éoliennes produisent de l'électricité, elles peuvent se substituer à l'usage de l'hydroélectricité. Ainsi, l'eau peut être gardée en réserve en cas d'urgence, ou de pics de consommation. Et ne nécessiterait donc pas l'usage de centrale thermique. Car c'est bien l'hydroélectricité qui représente un magnifique réservoir d'électricité, et qui peut donc sous cette forme "stocker de l'électricité" comme pourrait le faire une pile. Bon nombre d'articles scientifiques soulignent d'ailleurs le côté complémentaire de l'éolien et de l'hydroélectricité.

C'est donc un premier moyen d'éviter de consommer de l'électricité "thermique". Et d'ailleurs, il est très rare que l'on est recourt à un achat d'électricité auprès de nos voisins en cas d'urgence. Car si vous vous rendez sur le site de RTE (http://www.rte-france.com/), vous vous apercevrez que la prévision de consommation et la consommation réelle sont toujours très proches. Et ainsi, grâce à ces prévisions, RTE peut donc prévoir bien à l'avance quel processus il doit utiliser pour fournir de l'électricité. Et donc utiliser ou non une tranche nucléaire ou autre. Cependant sachez que nous importons ou exportons en permanence de l'électricité à nos pays voisins, dû à l'interconnexion des réseaux, pour diminuer les pertes sur les lignes etc.

Pour finir, j'apprécie tout particulièrement votre argument final, qui doit être la clé pour nous convaincre du méfait de l'éolien... bref un argument en béton… Merci d'avoir mentionné le béton nécessaire pour les fondations. Tout d'abord, je trouve votre chiffre un peu élevé... car 625 m3 de béton, ca me semble un peu beaucoup... j'ai plutôt lu sur différents sites des chiffres de l'ordre de 250 m3 de béton...ce qui fait 600 tonnes de béton environ... Enfin bref, ceci n'est qu'un détail. Je vais tout d'abord apporter un peu d'eau à votre moulin en vous disant que l'éolienne la plus grande au monde (E132 de chez Enercon) a une tour entièrement en béton... imaginez un peu la quantité de béton supplémentaire ! Mais bon je vous rassure... c'est l'une des seule qui ait une tour en béton... Parce que vous avez du oublier de mentionner que les barrages hydrauliques, les centrales thermiques ou encore la voute des prochaines centrales nucléaires de 4eme générations seront en bois, mais oui ! Plus besoin de béton ! Non franchement ce dernier argument du béton est assez simple pour ne pas dire épais... car si on veut faire de l'électricité, il faut bien une centrale, donc il faut bien des fondations, donc il faut bien du béton.

Pour conclure donc, je ne pense pas qu'en écrivant de tels articles vous allez favoriser l'essor de technologies non polluantes, et je trouve ca assez regrettable."

Je m'en voudrais de répondre rapidement à une critique aussi détaillée. D'abord, je bats ma coulpe pour avoir effectivement parlé de "monstre" (c'est corrigé depuis). Mais mastodonte, je maintiens.

Pour le béton, je confirme que les grandes éoliennes nécessitent 1.000 à 1.500 tonnes de béton ; l'argument n'est pas fait pour "enterrer" (si l'on ose dire) l'éolien, mais  rappelons tout de même que si un barrage ou une centrale nécessite évidemment du béton, il s'agit ici de dix mille éoliennes ! Pas du tout pareil !

Hydroélectricité : stocker l'électricité par pompage n'est pas impossible, mais le rendement  est mauvais et de toutes manières, il ne semble pas imaginable de créer de nouveaux barrages ! (l'hydroélectricité produit environ 7% de l'électricité en France). Or, ou alors je ne comprends plus, il s'agit de tranches supplémentaires, pas de remplacement (remplacer du nucléaire ou de l'hydraulique par de l'éolien n'a pas de sens).

Je pense que l'éolien peut être utile, au large (off-shore, et, de grâce pas dans une tourbière comme on a osé le faire en Irlande et ailleurs) et dans en endroit constamment et régulièrement venteux, pour un pays qui a de l'électricité presque exclusivement thermique; il est alors coûteux, et pas si "vert" que ça. Ca fait tout de même pas mal de bémols. Quant au rendement de 40%, ça c'est le chiffre des constructeurs, et, malheureusement, il se fait que les rendements réellement atteints sont bien plus faibles,  comme le montre une étude au Royaume-Uni :

"While Scottish and offshore wind farms generate more than 30 per cent of their theoretical capacity, no English region does better than 26 per cent, 4 per cent below government predictions. However, the national average of 28.4 per cent, while disappointing, is still the highest in Europe, says the report, which was released on 8 December (2006)."

Et, plus gênant encore :

"Most worrying for government strategists, though, may be the discovery that a network of wind farms across the country would do little to even out total wind-power production. Much of the time, the weather is either calm or windy across the whole of the UK. So on some days less than 10 per cent of capacity would be produced, and on others above 90 per cent - making it tougher than expected to compensate for the vagaries of the wind".

Enfin, pour le côté "esthétique" : une rangée de dizaines d'éoliennes sur les crêtes d'un paysage vallonné, c'est moche, je persiste ; mais il faut bien les mettre en hauteur, c'est là qu'il y a du vent ! Les centrales électriques, elles, il y en a beaucoup moins et elles se situent au fond d'une vallée, c'est là qu'on trouve les cours d'eau généralement indispensables à leur fonctionnement...

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14 février 2008 4 14 /02 /février /2008 21:22
conspiracy.jpgA propos du MON810 (on finira par me croire stipendié par Monsanto) j'ai entendu plusieurs fois la même objection : "il n'y a aucune étude indépendante sur leur foutu maïs, ils ont interdit de faire des études à ce sujet parce qu'ils en détiennent la propriété intellectuelle (ou de les brevets, ou le secret de fabrication, etc.)".

C'est évidemment complètement faux. Un premier point, souvent oublié, semble-t-il : un brevet, justement, c'est le contraire du secret : on le publie pour en avoir la jouissance exclusive pendant un temps donné. Personne n'est obligé de breveter, on peut garder un secret pour soi - mais si un autre le perce, plus d'exclusivité.

Mais surtout, la moindre bibliographie scientifique sur le MON810 fait apparaître en réalité des centaines d'articles (essayez, vous verrez).

Et pourtant, la rumeur circule. Bizarre.
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14 février 2008 4 14 /02 /février /2008 18:47

froid.jpg"Ce qu'on voit en Allemagne et en Espagne, c'est que plus d'énergies renouvelables ne signifie pas forcément moins de combustibles fossiles. En fait, les promoteurs de l'éolien font comme les promoteurs du nucléaire : ils favorisent une politique de l'offre, alors que c'est une politique de la demande qui est nécessaire. Mieux vaut inciter la société à accepter une hausse du prix de l'électricité qui la poussera à réduire sa consommation, que de développer l'éolien". 

Cela, c'est une citation de J.-M. Jancovici, qui est à la fois spécialiste bien connu et membre du Comité de veille de la Fondation Nicolas Hulot. Je suis à la fois d'accord et pas d'accord avec cet avis. Sur le fond, sur le raisonnement, parfait, rien à redire. Donc, on réduit la consommation par une augmentation des tarifs. Mais attention, il faut qu'elle soit sérieuse, cette réduction, puisqu'on parle de 50, voire de 80% ! Des tarifs prohibitifs, soit. Les bricolages qu'il faudra édifier pour que ces tarifs ne mènent pas les familles peu fortunées à la mort ou à la révolte, là, je compte sur les politiques et les technocrates pour le faire ; quand on voit les trésors d'imagination pour sauver Gandrange ou Ferblatil on comprend que Kyoto, c'est bien, mais les électeurs, c'est mieux. Pour le reste, ne plus penser à des objets de luxe comme la machine à laver, le lave-vaisselle ou le sèche-linge ; parce que vous croyiez qu'il suffisait d'éteindre la veille de votre TV ? Donc, augmentation en flèche du travail ménager, Madame renonce à son boulot, mais alors, perte de revenus. Oui, mais contraction de la main d'oeuvre, donc augmentation des salaires... potentiellement, car les employeurs préféreront investir ailleurs, où les salaires... etc.

Certes, je plaisante. Un peu. Parce que, après tout, imaginez que vous ne consommiez que 20% de votre budget présent... ça ne va pas loin, non ? Oh, je concède que le nucléaire n'est pas tenable à long terme, la fission en tous cas. On peut toujours espérer la fusion, mais il est possible que la boutade célèbre "la fusion est l'énergie de demain... et elle le sera toujours" ne soit pas fausse, quand on voit qu'après tant de décennies de recherches, on n'est toujours pas très avancé. Cela étant, 90% de l'électricité produite dans le monde vient de pays possédant l'arme atomique ; cela relativise un peu les craintes de prolifération, qui ne sont qu'une excuse, en général. La "nucléarisation" complète de cette électricité économiserait (environ) 1.5 gigatonnes de CO2 par an - quelque chose comme 25% des émissions anthropogéniques. Beau début, non ?

Ah oui, Lafarge vient de publier son bilan, qui est excellent ; on construit beaucoup dans le monde, et pas seulement en BRIC, que diable. On construit aussi des usines, Lafarge aussi. Plus en Europe, par contre : une cimenterie, c'est un investissement à 50 ans, et en matière d'énergie, la Commission ne voit pas plus loin que 2012.

Et ne me demandez pas pourquoi j'ai mis cette image - elle me plaisait, voilà tout.

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16 janvier 2008 3 16 /01 /janvier /2008 23:31

ananas.jpgNous avions un ami en Algérie dont le métier me faisait rêver. Deux ou trois fois par semaine, ce fils de vigneron se levait à une heure tardive pour descendre à l'ONCV. Il goûtait le vin prêt à être expédié en France, le faisait rouler dans la bouche, l'appréciait, recevait quelques bouteilles des meilleurs crus et donnait son accord pour que le pinardier emplisse ses cales dudit nectar ( le top de ce que l'Algérie avait à offrir à l'époque) et l'envoie vers la France. Lorsque ledit pinardier arrivait à destination, il était testé par un autre expert, et s'il avait tourné, les assurances prenaient le relais. Ce n'a jamais été le cas, au moins tant que nous y étions. Et quelques semaines après, nous savourions en sa compagnie un vin qui n'était certes pas fait pour vieillir trop longtemps mais qui satisfaisait notre palais (bouf, comme on peut en aligner comme ça, des clichés..."gageons que l'ambiance n'était pas à la mélancolie..." etc.). Et il était (très bien) payé pour faire ça.

Cela pour dire que, contrairement à ce qu'en disent certains, il n'est évidemment pas vrai que le vin soit expédié en bouteilles sur de longues distances ! Le vin du Chili, d'Argentine ou d'Afrique du Sud nous est livré en pinardiers. "Quelle horreur !" disent les mêmes certains, "abstenez-vous de consommer de tels produits qui rôtissent notre planète !".

C'est vrai, je vais me contenter de boire du vin qui est élaboré dans ma petite terre d'héroïsme. J'ai d'ailleurs pris de bonnes résolutions pour 2008 et je vais donc obéir aux injonctions que nous servent à la louche toute une série de bonnes âmes. Par exemple, j'ai vu dans mon supermarché des fraises venant d'Egypte et j'ai résisté à la tentation. Il y avait aussi des ananas, du Ghana et du Costa Rica, et chacun était labelisé "Fair Trade" (devais-je en conclure que les autres, c'est de l'unfair trade ?).  Dilemme cruel. Ah, voici le rayon café - non, plus de café, vous imaginez d'où ça vient ? Des milliers de kilomètres ? Plus une tasse ! Oui, mais du Max Havelaar ?... Re-dilemme. Pas de dilemme par contre pour l'agneau de Nouvelle Zélande, le poulet de Bresse, le porc ibérique, à peu près toutes les charcuteries et salaisons, et puis vous n'imaginez pas tout ce qui vient de Rungis. Le thé ? A la trappe ! La bière, ça va, mais que la belge, et de préférence pas brassée trop loin (Jupille, c'est pas la porte à côté). Ne parlons évidemment pas des fromages, et pour ce qui est du chocolat, autant en faire son deuil. Et, bien entendu, fermer immédiatement - et au besoin, interdire - les Magasins du Monde d'Oxfam. Vous imaginez, faire venir du miel d'Amérique centrale...

Pour les vêtements, c'est bien simple, je vais devoir devenir naturiste.

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7 janvier 2008 1 07 /01 /janvier /2008 16:54

undefinedOn va dire que j'en veux particulièrement à Jacques Testart, et dans un sens, c'est exact : un scientifique qui - dans son domaine d'expertise - trahit sa science est comme un arbitre qui fait des paris sportifs sur les jeux qu'il arbitre. Pas extra comme comparaison, mais vous voyez ce que je veux dire. Je l'entendais (Testart, pas l'arbitre hypothétique) récemment déclarer que les plantes transgéniques que nous mangions étaient saturées de pesticide ; on imagine l'effroi de l'auditeur ! Encore une fois, il faut être un peu plus précis (ou simplement honnête).

- le maïs MON 810 dont il est question contient notamment un gène dit cry1Ab, produisant effectivement ce qu'il est possible d'appeler un pesticide, une delta-endotoxine pour être précis. Horreur, donc ? Pas réellement, car c'est un pesticide admis pour l'agriculture biologique - un pesticide tout-à-fait bio, produit par le B. thurigiensis. Mais on a évidemment conduit des tests de toxicité sur la protéine du cryAb, on n'est jamais trop prudent (les "bios" font-ils le même genre de tests ? Ah oui, j'oubliais, ce qui est naturel ne peut être que bon...) ; tant l'ingestion de maïs  transgénique que le gavage à la protéine donnent le même résultat : non toxique. Rappelons tout de même en passant que la raison d'être du MON 810 est de permettre aux agriculteurs d'utiliser moins de pesticides ! Je ne suis pas stipendié par Monsanto, à propos - simplement j'ai parcouru le nombre hallucinant d'études qui ont été faites sur ce maïs transgénique, et ça continue. Enfin, l'endotoxine en question est digérée comme une protéine, ce n'est évidemment pas un de ces affreux organochlorés dont, si on connaît bien les dangers, on semble avoir oublié leurs effets bénéfiques.

- et tant que nous sommes dans le sujet : s'il faut en croire Bruce Ames (et on peut le croire...), 99.99 pour cent des pesticides que nous ingérons quotidiennement viennent de sources naturelles - eh oui, les plantes sécrètent des tas de pesticides pour se protéger... Toujours d'après Ames, la moitié des pesticides de synthèse ont des effets carcinogéniques - mais c'est la même proportion pour les pesticides naturels !

Mais c'est tellement plus simple de faire dans le slogan...

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3 janvier 2008 4 03 /01 /janvier /2008 12:17

bovuVoilà notre inénarrable moustachu qui va de nouveau faire un coup médiatique, et on peut compter sur le facteur poupin pour aller lui serrer la pince... Mais attention, Bobo, l'eau que tu vas boire, elle serait pas issue d'un OGM, par hasard ? Si c'était le cas, tu ne devrais évidemment pas en boire ; or, on ne peut pas prouver qu'elle ne l'est pas, ergo - principe de précaution oblige - ne bois pas.

Ce genre de "raisonnement" s'appelle un paralogisme, et c'est une des spécialités de Greenpeace notamment. Ca marche comme ça :

- tout ce qui est naturel est bon (entendez par naturel toute la nature moins les hommes)
- les OGM ne sont pas naturels
- tout ce qui n'est pas naturel est
mauvais
- les OGM sont donc mauvais (par essence).

On pourrait appliquer le même "raisonnement" aux petits pois en boîte, à la bombe H, aux anesthésiques, etc. Attention, pas aux centrales nucléaires, ça a existé "naturellement" bien avant les Hommes.

Bien sûr, chacune de ces prémisses est fausse, mais elle sonne vrai si on n'y prête qu'une vague attention.

- d'abord la définition de "naturel". L'homme ne serait pas naturel ? Ses productions non plus, alors qu'on n'arrête pas de montrer (avec admiration) tous ces animaux/végétaux qui modifient leur environnement à leur profit ? On admire les termitières, faut-il abhorrer les villes ?

- et puis, décréter que tout ce qui est naturel est bon est évidemment une pétition de principe. Les cyanobactéries qui ont bouleversé la composition de l'atmosphère terrestre il y a un ou deux milliards d'années ne se préoccupaient pas vraiment que l'oxygène qu'ils déversaient allait "empoisonner la planète" - et accessoirement la plupart des autres microorganismes. Et, en quelque sorte, c'est grâce à ce "poison" qu'était l'oxygène que les formes de vie complexes - dont les Hommes - ont pu se développer. Merci, les gars ! Et, on l'oublie peut-être un peu vite, l'amiante est 100% naturelle.

- quant aux OGM, ils sont on ne peut plus naturels. On sait bien que plus de 80% du génome humain est du "junk DNA" et que dans ce dans cette quantité d'ADN curieux, on retrouve des séquences communes à toutes sortes de bestioles - y compris évidemment des virus, puisque le mode de fonctionnement des rétrovirus est justement de s'intégrer à l'ADN de son hôte ; et il est arrivé qu'il y reste, il y a fort longtemps de cela. Or, on a toutes les raisons de croire que "junk DNA" est une expression incorrecte : il est au moins en partie fonctionnel.

Je ne continuerai pas à démolir ces pseudo-raisonnements, ça n'en vaut pas la peine ;
 je me contenterai de rappeler le mot de Bruno Rebelle (déjà cité) : " Pour ma part, je n'ai pas de crainte (...) Nous n'avons pas peur des OGM. Nous sommes seulement convaincus qu'il s'agit d'une mauvaise solution. Les OGM sont peut-être une merveilleuse solution pour un certain type de société. Mais justement, c'est de ce projet de société que nous ne voulons pas".

On ne peut mieux dire
.

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12 décembre 2007 3 12 /12 /décembre /2007 23:50

earth.jpg(image déjà utilisée, je sais, je sais...)
Michel Godet publie un article quelque peu utile sur le sujet. Hélas, il se perd dans des polémismes désolants, du type "Khmers verts", ce qui est ridicule. Oui, certes, il y a des écolos purs et durs qui pourraient faire penser à un certain intégrisme et que je n'aime vraiment pas du tout, mais faut-il en arriver aux invectives quand on défend une cause défendable ? Et s'en référer à Claude Allègre, un géophysicien certes très honorable - en fait un grand bonhomme dans son domaine, mais pas un climaticien - est vain. Par contre, sa leçon est claire : "l'homme est au coeur du développement durable". C'est la position d'un James Trefil, entre autres, et c'est aussi la mienne. Ce n'est pas la planète qu'il faut "sauver" mais les Hommes (et, oui, je suis "espéciste" et je ne m'en repens pas) et on ne gèrera pas l'environnement contre eux, mais avec eux.

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21 novembre 2007 3 21 /11 /novembre /2007 15:12

Vous vous souvenez du post sur le "trou de la couche d'ozone" ? Je vous y entretenais vers la fin de ces maudits HCFC qu'on avait utilisés en remplacement des CFC, et qui étaient très très mauvais pour l'effet de serre - l'un deux, le HFC-23, est environ 12.000 fois plus mauvais que le CO2... D'autre part, vous savez - ou vous ne savez pas - que le mécanisme de Kyoto permet ce qu'on appelle le Clean Development Mechanism (CDM) par lequel les pays industrialisés peuvent défalquer de leurs émissions de CO2 les investissements réalisés dans les pays non industrialisés aux fins d'y réduire les émissions de GES (gaz à effet de serre). Ce n'est peut-être pas très clair, mais je m'explique :

- l'usine Ventilo a reçu un droit d'émission de 5.000 tonnes CO2/an. Or, elle désirerait doubler ses capacités, mais n'obtient pas d'augmentation de son autorité régulatrice, disons la Région bruxelloise. Il lui faudrait donc acheter des droits d'émission qui tournent autour de 20 USD/tonne (rappelons que la Commission avait tablé sur une valeur de 40 EUR/tonne), soit 100.000 USD. C'est cher pour une petite entreprise, mais - quelle coïncidence ! - Ventilo fabrique des éoliennes ! Elle va donc installer des éoliennes au Burkina Faso et déduira de ses émissions celles que les éoliennes ont (théoriquement) permis de ne pas produire au Burkina Faso. Ce genre de projets intervient pour environ 170 mio de tonnes/an.

Les dirigeants de Ventilo auraient pu mieux faire : trouver une usine n'importe où dans un pays en développement, pour autant qu'elle rejette du HFC-23 (ça ne manque pas), installer un système de récupération du produit (en général facile et peu coûteux) et empocher les droits d'émission correspondants. Mais il faut dire qu'ils ne seraient pas les seuls ; en effet, près de 30% des projets concernent les réductions de HFC-23... Michael Wara de la Stanford University estime dans la revue Nature (sous forme de commentaire, pas d'un article peer-reviewed) que ces projets ont rapporté 12,7 mia USD (en droits d'émission) aux investisseurs qui ont dépensé 136 mio USD en technologie de récupération. Beau résultat, non ? Sur le plan financier, s'entend...

Une amusante (si j'ose dire) conséquence de ce genre de plaisanteries se déroule en Indonésie : pour diverses raisons sur lesquelles j'aimerais revenir un de ces jours, une gigantesque tourbière  boisée située dans la province de Riau a été largement déboisée durant ces vingt dernières années. Et une tourbière à l'abandon, séchée, se décompose et libère de grandes quantités de CO2 et de méthane. Que faire ? C'est simple : recevoir des crédits carbone (droits d'émission) à mesure de ce que les compagnies qui détruisent les tourbières s'engagent à... moins les détruire ! Une des idées qui circule en prévision de Bali (où se discutera la "feuille de route" pour l'après-Kyoto) va dans le même sens : les pays en développement devraient recevoir des droits d'émission compensant leurs augmentations futures de GES.

Quelques chiffres pour (presque) terminer : Le total des GES (en équivalent CO2) pour l'année 2004 était de 49 mia de tonnes ; le total des droits d'émission pour 2006 était de 1,6. A titre de comparaison, cela correspond à environ la circulation annuelle de 300 millions d'automobiles - à peu près le parc des USA. On voit qu'on est loin du compte. Et encore, les Etats de l'UE ont alloué des droits bien trop élevés à leurs industries (enfin, celles qui passent sous Kyoto, car il y en a de mahousses qui ne sont pas concernées, comme le secteur des transports).

Tout cela pour dire que Kyoto, c'est vraiment pas terrible. Heureusement, ça se termine en 2012. On souhaite que le round suivant sera plus efficace, mais personnellement, j'en doute

Ah oui, la Région wallonne n'a plus de droits d'émission à donner à Ferblatil. 400 suppressions d'emploi.

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