Tout d’abord quelques ordres de grandeur :
Puisqu’il est acquis (comment ? par qui ? on trouvera ici un papier sur ce choix malgré tout arbitraire et basé sur des hypothèses multiples et pas très scientifiques) que le réchauffement climatique ne devra pas dépasser les 2°C, les modèles et les estimations actuels nous indiquent que nous avons jusqu’ici rejeté dans l’atmosphère l’équivalent de 500.000 mégatonnes (Mt) de carbone (soit environ 1.800.000 Mt de CO2) ; en étant conservateur, nous ne pouvons plus en rejeter, d’ici à 2050 que 250.000 Mt, en étant plus optimiste 500.000 – et puis plus rien après.
Le WBGU a repris ces chiffres et les a passés à la moulinette de la répartition équitable, autant de carbone par tête d’habitant, qu’il soit d’Haïti ou des USA.
En six ans, les USA auraient atteint leur quota, l’Allemagne en dix. Comme le disait très justement un lecteur du New Scientist en date du 30/5 de cette année : "Implementing a personal cap on emissions would be an interesting challenge. To decarbonise your lifestyle to comply with a 36-tonne carbon ceiling would require you to be extremely frugal, and treat every purchasing decision as a careful strategic investment."
Inutile de dire qu’on n’y arrivera pas, ou plus exactement que la distribution équitable ne doit même pas être envisagée, sauf à faire honte aux politiciens qui se fichent d’être mal vus par tout le monde sauf leurs électeurs, on le voit bien avec les discussions de marchands de tapis en préparation à la conférence de Copenhague. Et ne nous faisons pas trop d’illusions sur la capacité des Ecolos de tenir leurs promesses, on l’a bien vu lors de l’affaire des armes de FN vendues à la Lybie – dans l’opposition, on proteste, au gouvernement on se tait (peur des gros bras de la FGTB ?). On voit là encore les avantages d’un système «anti-démocratique» comme disent les anti-européens de gauche et de droite, à savoir la Commission, non élue, certes, mais qui peut dès lors se libérer un tant soit peu de la hantise de l’isoloir. Et elle propose une politique environnementale forte, 100 milliards de dollars par an pour les pays pauvres, et des buts affichés assez ambitieux (beaucoup trop peu pour Greenpeace et tutti quanti, qui, eux, incarnent parfaitement la légitimité démocratique, bien évidemment). Chacun ira à Copenhague avec deux colts à la taille, un couteau à chaque cheville et beaucoup de munitions.
Les éoliennes et autres gadgets (non, là je suis injuste) ne suffiront évidemment pas ; il faudra évidemment des centrales nucléaires, et, si possible des centrales à fusion pour les remplacer, mais tout ça c’est loin, très loin. Alors, il faudra bien reparler de la géoingéniérie, comme l’a fait récemment la Royal Society. Promis, ce sera mon post suivant.