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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 00:46

Revu pour la n-ième fois et avec toujours autant de plaisir ce Troisième Homme, un des grands chefs-d'oeuvre du septième art. Chapeau au chef op, Robert Krasker, que je ne connais pas mais qui a réalisé aussi (entre autres) le très beau Brief Encounter ("Brèves Rencontres", un superbe mélo de David Lean). Ses N&B sont des références et ses cadrages un peu tordus me font penser à ceux de ma fille photographe.

 

Et sans vouloir faire du name-dropping, je me souviens d'une soirée en ville (assez arrosée) avec François Schuiten où Benoît Sokal nous avait demandé quels étaient nos trois films préférés. En ce me concernait, j'avais évidemment cité ce Troisième Homme, et puis Alexandre Newski. Le troisième, très honnêtement, je ne m'en souviens plus... comme je l'ai dit, la soirée était assez arrosée... Et Sokal de se moquer en disant "Tiens, tiens, trois vieux films en N&B"...). Oui, sans doute et je l'assume, même si, dans une sobriété retrouvée, et plusieurs années après, je serais moins sûr. Où mettre Tarantino, que j'adore ? De très grands films de Polansky ? Le (souvent) excellent Woody Allen ? Les derniers Almodovar ? Le charmant Mélies ? Les "épouvantables" Bergman ? On pourrait en aligner tellement, Wang Bing et autres, le cinéma fourmille de merveilleux films qui m'ont fait et qui me font toujours un tel plaisir quand je les vois et les revois...

 

Cinéma, quel grand plaisir...

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 00:37

C'est le troisème film de Gomes dont je n'ai hélas pas vu les deux premiers. On en trouvera une analyse très fine chez Chronicart.

 

Qu'y ajouter ? Je vois dans ce film une exposition de la misère, misère financière d'Aurora qui perd tout son argent dans un casino après avoir perdu celui de son père, mais surtout misère morale de tous et de toutes, Aurora perdue et meurtrière, Aurora mourante et délaissée par sa fille jusque mais non y compris sa mort, misère morale de Santa, Mozambicaine raide et "sainte", intercessionnaire entre Aurora, sa fille invisible et couronnant sa mère à sa sépulture, et Pilar, la voisine, offrant un dérisoire gâteau à la carotte et sans doute une espèce de cava à celle qu'elle a pris sous sa protection. Misère aussi de la colonisation portuguaise au Mozambique, où les colons sont montrés avec une certaine, comment dirais-je, non pas tendresse ni méchanceté ni mépris, mais tels qu'ils l'ont sans doute été. Et les Africains sont montrés aussi avec leur misère, leur soumission et leur tristesse - voir l'exil du cuisinier. Misère aussi de la relation entre Aurora et Ventura (ventura, le bien-nommé...) qui se fracasse. Et enfin, misère du Portugal qui se débat dans sa crise financière et misère des quelques protestataires et de leur minable manif - où Pilar récite en contrepoint une interminable et vaine prière à Saint Antoine, censé tout guérir et tout apaiser...

 

Flamboyant mélodrame comme sans doute Les mystères de Lisbonne, Tabu (qui, on le sait, emprunte beaucoup au concept, mais pas au film de Murnau) mêle merveilleusement la voix off et de très belles séquences confondant réalisme et faux réalisme. Les acteurs parfois jouent appuyé, puis sont réels, selon ce que Gomes voulait montrer, histoire ou document d'exposition. Les scènes dialoguées sont jouées faux, les scènes en voix off sont réalistes. Plaisir aussi de revoir un film en 4:3 et dans un N&B pas particulièrement chiadé mais subtilement étalonné dans les gris d'un Lisbonne pluvieux et les contrastes d'un Mozambique de soleil.

 

Formellement, il me semble évidemment que Gomes s'est inspiré des films de Marguerite Duras, India song ou Le camion. Longues scènes, voix off, musique...

 

Très remontée contre le film, M. assure avoir vu une montre au poignet d'un Africain dansant un chant de Mort lorsque le triste explorateur va se faire bouffer par un crocodile, ledit triste explorateur voulant rejoindre sa compagne décédée qui lui est apparue lors d'un très beau prélude. C'est possible. Et il est tout aussi vrai que la chasse aux gros ne se fait pas avec une petite carabine, mais avec un fusil de gros calibre qui rompt la clavicule si on ne l'a pas bien appuyé à l'épaule. Mais j'aurais l'intrépidité de penser que Gomes a voulu souligner la légèreté de l'être d'Aurora à cet instant, celui où elle perd sa valeur de chasseur.

 

Un très joli parallèle de la scène où, dans le cinéma, Pilar, à côté de son triste peintre quelque peu raté, pleure en entendant une chanson - Be my, Be my Baby - qui sera reprise par Ventura avant son départ. Et puis aussi, ces moments de merveilleux où le film s'égare dans de voies improbables, le rêve de Victoria, l'alcoolique qui joue (et finira par perdre) à la roulette russe une fois par an et son fils dérangé qui prend des adversaires imaginaires à la boxe française, sans parler de l'extraordinaire trouvaille de prendre la mort de Màrio comme cause déclenchante de la guerre de libération, et la rencontre de Taizé où une improbable Maya polonaise refuse l'hospitalité de Pilar pour des raisons mystérieuses, se faisant passer pour une autre en toute transparence. Et dix autres allusions, clins d'oeil, le crocodile Dandy (Crocodile Dundee ? mais aussi dandy que Ventura le bellâtre, version pommadée de Patrick Dewaere, reuckeur à la Pétillon d'un misérable orchestre années soixante).

 

Cela dit, je ne comprends pa encore pourquoi un bon film comme celui-ci a été tellement plébiscité et même porté au pavois par toute la critique bruxelloise. Bon film, certes, mais nullement égal à ce qu'en disent ses thuriféraires.

 

Mais j'y ai passé une bonne soirée.

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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 00:07

J'ai découvert Borgés il y a, oh... assez longtemps, disons il y a quelques décennies lorsqu'il était publié dans une couverture jaune (je ne sais plus quel éditeur). Puis j'ai eu la possibilité de le lire dans le texte, ce qui était encore meilleur (bien que la traduction française fût excellente - bien meilleure que celle, disons, du "Nom de la Rose" du cher Umberto Eco, à mon avis assez exécrable par un certain Schifano, qui mérite bien son nom... Bref).

 

Et puis, j'ai découvert, je ne sais plus trop comment, le Grand Oeuvre d'un de ses grands amis, Adolfo Bioy Casares, à savoir La Invención de Morel. Un roman fantastique et merveilleux, mais qui à le lire aujourd'hui, semble encore plus actuel quand on connaît notre 3D.

 

Or, il se fait qu'un réalisateur que je ne connaissais pas, Claude-Jean Bonnardot ("trop tôt disparu" comme le dit Tulard en l'appelant Jean-Claude, sans doute pour débusquer les plagiaires) a réalisé un de ses très rares films sur le même sujet. Et c'est un bonheur. Oui, bien sûr, très "français", très "intello" comme le roman lui-même.

 

Mais quel plaisir !

 

 

 

 

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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 22:35

Revu pour la ?ème fois ce très beau film (juste après avoir revu Broadway Danny Rose, autre film magnifique), ce Woody Allen qui conjugue comme souvent une histoire paradoxale avec une mise en scène trépidante, serrée, avec un dialogue éblouissant. Hélas, la mise en scène et le découpage de certains de ses derniers films (je pense à Paris et à Rome) sont franchement un peu tristes. Hélas, Woody Allen mérite la méchanceté de Chronicart (bien méritée) pour son Rome. Non que je partage toujours les critiques de ces méchants Parisiens - toujours... mais ils sont au moins hors du temps, et en ce qui concerne Sweet And Lowdown, pas du tout d'accord !

 

Mais avec justement Chronicart, que Woody revienne vite à NY ! Il y retrouvera un peu d'air !

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29 septembre 2012 6 29 /09 /septembre /2012 23:39

On peut se demander pourquoi Frank Capra a fait l'objet d'un tel enthousiasme. Son origine italienne ? Mais il avait à peine six ans quand sa famille s'est établie aux USA, en 1903. Ah, bien sûr, il adore la démocratie américaine, le peuple contre les puissants... Oui, c'est joli, c'est amusant, mais si ça fait rire, c'est tout de même assez plan-plan comme cinéma, ça va à peine plus que des plans généraux et une petite volonté de faire mieux. La forme importe peu, la photo est terne et quelconque, ce sont les bons sentiments qui s'imposent(*). Je viens de revoir You Can't Take It With You en HC, et vraiment, ça ne fait pas plus le poids que lorsque je l'avais vu il y a très longtemps - il est vrai juste après Hellzapoppin de H.C. Potter, une véritable bombe à côté. Soyons juste, la cadence est bien soutenue, les plans s'enchaînent sans traîner, mais pour le reste...

 

Je ne ferai pas ma chochotte pour médire de l'excellent Arsenic and Old Laces (où Cary Grant grimace tout de même un peu trop malgré son beau menton fendu), sans doute son chef d'oeuvre. Et je viens de bâiller, soir après soir en m'efforçant de suivre les épisodes de son Why We Fight, oeuvre de propagande sans doute salutaire mais ennuyeuse et sans caractère. Je devrais sans doute voir d'autres films de lui, mais j'avoue avoir coupé It's a Wonderful Life en plein milieu tant ça me semblait mièvre et convenu.

 

Et dieu sait que j'aime les comédies américaines, cependant !

 

(*) Je ne sais plus qui parlait de l'optimisme "quasi-pathologique" de Capra..

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28 septembre 2012 5 28 /09 /septembre /2012 23:33

Mes premières rencontres d'Alain Resnais datent d'il y a longtemps, ciné-club de l'Athénée Fernand Blum avec l'exigeant André Delvaux qui nous cornaquait chaque premier mardi du mois dans la petite salle de ce qui ne s'appelait pas encore "Bozar"... C'est là que j'ai découvert (nous avons découvert) Toute la mémoire du Monde, Le chant du styrene, Nuit et brouillard, et bien évidemment L'année dernière à Marienbad. Avec en sus, Les statues meurent aussi, co-réalisé avec un autre "grand", Chris Marker. Eblouissant pour nous adolescents...

 

Depuis, évidemment, je suis resté accro à Resnais dont je vois (presque) tous les films avec un plaisir indicible (là, évidemment, j'y vais un peu franco comme dit ma fille cadette, cinéphile avisée, même si elle a confessé en rougissant avoir pris plaisir à voir Le prénom... Nobody's perfect). Ayant revu pour la n-ième fois son oeuvre quasi-complète, je reste peu convaincu par certains films qui me laissent assez froid, disons Je t'aime, je t'aime ou  Mon oncle d'Amérique. Mais un chef d'oeuvre comme La vie est un roman n'a pas vraiment drainé les foules ni enthousiasmé les critiques (j'en parlerai plus loin).

 

C'est un peu simple de dire que Resnais a toujours été fasciné et horrifié par la Mort. Arrivant à 90 ans, évidemment, il désire sans doute l'apprivoiser et il a trouvé un texte d'Anouilh qui lui a permis de le faire et de nous annoncer : Vous n'avez encore rien vu. Bien sûr, il a cherché un nouvelle manière de conter, de mettre en scène, en images, en plans, comme il l'a toujours fait. Chaque fois inventif et différent. Un de nos bons critiques, Hugues Dayez, titre sa récension "Rrrr...zzz...rrrr...zzz....", alors qu'un autre parle de "répétitions interminables des mêmes dialogues tout au long des trois actes". D'abord, il y a quatre actes, et ensuite il y a très peu de répétitions, mais de points de vue et d'interprétations différents. Ce dernier critique n'a évidemment pas vu le film jusqu'à la moitié. Dommage.

 

Le texte est presque uniquement celui d'Anouilh, mêlant par ailleurs deux pièces de théâtre que moi-même - qui n'aime absolument pas ce genre - ai envie de voir ; mais un théâtre au cinéma (pas un théâtre filmé, ça va sans dire), quel bonheur ! Décors ferroviaires, split-screens (ah, je ne sais pas si Resnais a tourné en numérique, malgré son attachement au 35 mm, j'étais tellement bouleversifié à la fin que je n'ai pas pris le temps de regarder le générique de désannonce) et post-prod numérique, qu'est-ce que notre bonhomme s'est amusé ! Et il le dit, et il le proclame !

 

Le château de d'Anthac fait référence évidemment à celui du Comte Forbek de La vie est un roman. Mais c'est aussi une référence à tous les pièges de la mise en scène théâtrales, avec ses portes, ses mystères, ses praticables.

 

Et les derniers plans retrouvent le mystère : Orphée et Eurydice se retrouvant, puis une gare au fronton de laquelle se détache en lettres de néon : EURYDICE. Mystère, encore.

 

Resnais nous avait gâtés avec son poignant Coeurs et son étrange Les herbes folles. Sans parler évidemment de l'excellent On connaït la chanson, inclassable, sauf à se souvenir de Smoking/Not smoking, ou de Pas sur la bouche, ou de l'incroyable Mélo... Pas mal d'inclassables toute de même...

 

Au sommet de son art. Puisse-t-il encore nous faire vibrer, ce magicien...

 

 

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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 20:55

Nuri Bilge Ceylan, pour ceux qui ne connaissent pas cet auteur de très peu de films (je n'en connais que quatre, dont le très beau Uzak ou l'étrange Trois singes).

 

Il était une fois... n'est pas un film "facile", ce n'est pas la rigolade du dernier Woody Allen (To Rome, with Love, par ailleurs assez pauvre). Non, pas du tout. 2h30 d'une enquête improbable sur un meurtre, ou plutôt un assassinat commis sans doute par ce qu'on appellerait un Rom ailleurs, et peut-être par son frère, on ne sait trop. Et d'ailleurs, quid de la victime ? Est-elle vraiment morte ? Des témoins l'ont vue après son meurtre. Semble-t-il. Ce n'est pas sûr. Le ballet des 3 voitures cherchant le lieu du crime est lourd et fascinant (dommage que les sous-titres obscurcissent une partie des scènes).

 

Ce qui est le plus étonnant dans ce film est le basculement entre des scènes franchement drôles (ricanements, plutôt), d'autres assez dures (autopsie, où on transbahute des tripes humaines), et de grandes interrogations métaphysiques (suggérées ! attention !). Oui, la critique de Chronicart se moque des moustaches pensives, mais c'est là opinion parisienne et parfois énervante.

 

Je suis sorti du film ébloui, et aussi par sa proximité avec un film que j'avais beaucoup aimé,  Memories of Murder, de Joon-ho Bong qui mêlait aussi ricanements et réflexion. Proximité, mais en aucun cas parenté.Et s'il faut à toute force trouver des parentés, je pense aussi à Uncle Boonmee d'Apichatpong Weerasetakul - le fantôme de l'assassiné.

 

Très beau film, donc, qui mêle bizarrement des réflexions, du pensif, du drôlatique, hésitant parfois entre les Marx Brothers (non, là, j'exagère) et Alain Resnais première manière. Tout de même, deux bémols : l'arrivée "mariale" de la fille du maire avec une lumière à la Vermeer et le travelling sur la pomme justement (mais trop sévèrement) stigmatisé par le critique de Chronicart.
Donc, à voir et à s'y attendre pour une belle soirée, avec discussions de dîner en ville à prévoir...
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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 23:00

J'avais lu il y a une bonne année d'excellentes critiques de ce film sorti alors à Paris (sous le titre tout aussi blanc que "La dernière piste"), et je me disais qu'un tel film avait peu de chance d'arriver dans notre petite terre d'héroïsme, généralement plus rebelle que la France aux Indies américains et autres.

 

Je me trompais. Pour ceux qui l'ignorent, Bruxelles a une très belle cinémathèque nationale, créée si j'ai bonne mémoire par Jacques Ledoux sous le nom de "Musée du cinéma", sous les auspices du Palais des Beaux-Arts et dans un premier temps dans une toute petite salle, avec une autre où, élèves du secondaire de l'Athénée Fernand Blum, nous allions voir chaque premier mardi du mois des chefs d'oeuvre inoubliables, cornaqués par André Delvaux... détails ici. Depuis, fédération oblige, il a fallu trouver des noms "bilingues" et c'est pourquoi "Beaux-Arts" est devenu "Bozar" (mot d'horreur connu à Paris dès la fin du XIXe...) et la Cinémathèque, "Cinematek".

Et donc, la programmation de notre Cinémathèque n'a pas à rougir de son aînée précurseur, fondée par le grand Henri Langlois que connaissait bien Henri Ledoux.

Et pour en arriver à l'essentiel, Cinematek (beuârk !) présente une douzaine de fois le film de Kelly Reichardt, Meek's Cutoff donc.

 

Je ne sais comment le décrire. On peut parler d'un Western puisqu'il se déroule en Oregon, dans les années 1850, juste avant son accession à la Fédération. Mais c'est assez peu important de le caractériser trop ainsi puisqu'il s'agit bien évidemment de beaucoup plus, comme pour tous les Westerns merveilleux de notre jeunesse et de notre âge plus mûr... Et, évidemment, on connaît le superbe "Oregon" de Derroll Adams. Quatre personnes et demi scandent le film, Emily Tetherow, tendue, intelligente et forte, son nouveau (vieux) mari, sage et fort, l'Indien qui pourrait être (et qui est probablement) un simple d'esprit rejeté par sa communauté, et puis, bien évidemment, Stephen Meek, celui qui perd la caravane : un loser qui se vante de ses exploits sanguinaires ; mais il faut compter avec le dernier (que j'appelle demi, car il n'existe que par sa protestation silencieuse et anorexique. Les autres sont un peu des fantômes vaquant à leurs souvenirs d'élevages de cochons, personnages doux et simples dont on ne sait d'où ils viennent, mais généreux, simples, sans doute emblématiques de ceux "who settled Oregon".

 

"L'Indien" est le personnage tragique par excellence, parlant une langue totalement incompréhensible par les autres, dont la langue lui est également incompréhensible. Comprend-il les misérables signes qu'ils lui montrent en quelques images ? On pourrait penser à une totale étrangeté entre "les Blancs" et "l'Indien", mais ce n'est évidemment pas aussi simple.

 

Et le film s'englue comme la caravane, se détournant du monde et de l'eau cherchés tous les deux, à la traîne de l'Indien dont on ne pourra rien savoir, ni du destin ni du but.

 

Film qui ne pourrait pas avoir été que réalisé que par une femme, me disait M. et il avait raison. 

 

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 21:17

Et, oui, c'est sans doute d'os rimant avec "dos" qu'il faut parler, le deuxième terme étant dévoilé dans les dernières minutes du film.

Une fois de plus, Jacques Audiard confirme son attachement pour les enfermements de ses personnages, Stéphanie - magnifiquement interprétée par Marion Cotillard, et Ali - tout aussi dur et tendre dans le personnage qu'interprète Matthias Schoenaerts (qui ne devrait pas à l'avenir se laisser enfermer dans un personnage convenu, tout de même, comme Anthony Perkins qui a tout perdu avec Psycho) - , l'une dévorée à mi-jambes par un orque-épaulard (oui, un cachalot appelé Killer Whale et qui a fourni du sentimentalisme pleurnichard dans je ne sais plus quelle série de films pour retardés mentaux), l'autre réfugié dans une espèce d' "autisme" comme dirait ma fille cadette, heureux de se castagner dans des matches de boxe sans règles. Sans règles ? Non, le personnage évolue. Il apprend (surtout à se battre), il est "bon" mais sec, "normal", comme il le répète, "opé", comme il le dit (un peu trop souvent), càd "opérationnel" pour faire l'amour avec Stéphanie, sans vice, sans dégoût, sans autre sentiment qu'un gentil attachement "de potes". Brut de décoffrage, comme on dit.

Audiard avance avec de magnifiques images souvent très bridées, sans pathos, sèches elles aussi - c'est son style et il suffirait de quelques minutes "en aveugle" pour l'identifier (la musique aide aussi...).

Hélas...

Hélas, ça se gâte à la fin. On avait déjà compris que le film était tiré d'un roman américain (toute la problématique... un peu comme le superbe In the Electric Mist de Tavernier - pas un auteur dont je sois souvent fan mais qui comprend si bien l'environnement sudiste et qui a tout de même fait du beau travail, n'en déplaise à Chronicart) mais justement ! Lorsqu'Ali joue avec son fils sur le lac glacé, on devine très rapidement ce qui va se passer. Pas de problème, bien sûr , on avait vu une scène presque pareille (mais bien mieux construite !) dans Frozen River : ici ça se développe de manière un peu too much, les 27 (? comme l'Union européennes !) os de la main, et puis le diplôme, et puis le Sheraton de Varsovie, et puis le "Je t'aime" presque hollywoodien (dans le mauvais sens du terme)...

Dommage, mais un plaisir certain pour un beau moment de cinéma malgré le ratage évident. Après tout, mon cher Wes Anderson n'avait pas vraiment réussi son Fantastic Mr. Fox !

 

P.S. J'aime assez le commentaire laissé par Sceptique.

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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 23:38

Voilà un film annoncé avec éclat (au moins pour les amateurs) : Grand Prix de la semaine de la critique à Cannes et Grand Prix du festival de Deauville, bref, de beaux points pour un film incontestablement Indie du cinéma US, un peu comme Frozen River ou Winter Bones. Indie mais pas confidentiel pour autant : son box-office est excellent et ce soir, la salle était comble (une assez petite salle, pas le grand Eldorado, mais passe encore...).

 

Tout se passe dans une petite famille relativement américaine de l'Ohio (pas dans le Sud profond de Shotgun Stories du même réalisateur, Jeff Nichols) ; relativement américaine, en ce qu'elle n'est pas pour une fois middle class, mais ouvrière et upper lower class (comme certains personnages de Cassavetes - ici, le personnage de Curtis est contremaître). Pour une fois, le couple n'a pas ses deux enfants habituels mais une seule fille, profondément sourde de surcroît, d'où l'apprentissage de l'enfant et de ses parents à l'ALS (American Signing Language). Ce pourrait être un gimmick, un "truc" mais ça se révèle dans les dernières secondes du film. Il y a une toute petite scène du genre critique de l'Americana où Curtis se fait tancer de ne pas avoir été à l'église et où les personnes autour de la table devraient joindre les mains pour réciter le benedicite, mais c'est extrêmement fugace, juste un petit rappel.

 

Rien de frappant dans la mise en scène, dans le découpage, dans les cadrages. Certes, de belles images, parfois, mais très sèches, jamais léchées ni ultra-saturées comme celles des caméras numériques (Nichols, dans un entretien avec Les Cahiers, prend bien soin de se distancier du général plan large/plan moyen/plan serré, sans parler de l'habituel et affreux champ/contrechamp qui pouvait faire le bonheur et la magnificence des réalisateurs jusqu'à, disons, les années 60, sauf exceptions géniales). Du CGI, oui, pourquoi pas (les vols d'oiseaux, par exemple, très lourds au meilleur sens du terme).

 

Mais l'essentiel : où est Curtis ? D'où parle-t-il ? Un psychotique ou un medium ? Evidemment, la mediumnité, ce n'est pas mon truc - ni apparemment celui de Nichols. A-t'il entraîné sa famille dans son fantasme ? (ceci soutenu par MVdH, un ami avec lequel nous avons vu le film). Est-ce une parabole sur la société américaine comme le propose ma compagne C. (ce que récuse Nichols qui estime qu'il n'y a pas de solution de continuité entre les USA et le reste du monde) ? Et si c'était simplement une immense psychose imposée par - justement - notre psuchè sur la "Nature" où nous voulons voir cet ultime cataclysme : le Dernier Orage à trois trombes, improbable et même impossible (*) ? A force de nous concentrer sur la catastrophe, ne la créons-nous pas ? 

 

Je ne pense vraiment pas que ce soit le propos du réalisateur, mais mais mais... sait-on jamais ?

 

 (*) en fait, non, ça existe et ça c'est passé à Oklahama City cette année 2013, voir chez WUWT 

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