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Humeur !

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2 juillet 2008 3 02 /07 /juillet /2008 07:08

J'ai déjà évoqué la notion controversée de progrès, et je ne peux m'empêcher d'y revenir. Il y a encore un petit siècle, il était de bon ton de voir dans l'Evolution (darwinienne) un hymne au progrès, de la bactérie à l'Homme, trônant dans toute sa gloire et son unicité, lui le plus parfait des êtres vivants. Progrès biologique, progrès social, les deux allaient main dans la main des penseurs libéraux (je rappellerai une fois encore que le fameux survival of the fittest est de H. Spencer, et non de Darwin, quoi qu'en pense et en écrive le ridicule Rémy Chauvin).

Il est devenu de bon ton pour les... progressistes de contester la notion même de progrès, et pas nécessairement par idéologie relativiste et égalitaire ; en effet, un insecte ou un poisson (disons) parfaitement adapté à sa niche écologique improbable est à un optimum d'évolution. Mais les optimums (et non pas optima, sauf à décliner comme en latin) sont locaux, comme on le sait, il peut y en avoir beaucoup, et c'est évidemment le cas dans les espèces vivantes. De même, la sociologie et l'anthropologie nous montrent à satiété des sociétés bien adaptées à leurs conditions, et il n'y a pas de raison absolue de penser que la société anglaise de 1859 (année de la publication de On the Origin of Species) est supérieure absolument à l'organisation des Bororos ou des Fuégiens de l'époque.

Bien. Quand tout ceci reste dans l'abstrait et le théorique, on peut encore acquiescer. On peut tout de même préférer les sociétés démocratiques occidentales à celles qui pratiquent l'esclavage, les mutilations sexuelles féminines et les sacrifices humains, même si on pourvoit ces dernières des meilleurs progrès de la technique, comme l'eau courante, les antibiotiques, les anesthésiques et les épingles de nourrice. Certains vont évidemment bondir et me traiter de sale occidentocentriste - voir de facho - mais ils doivent être assez rares.

Allait-on s'arrêter là ? Certes non ! Darwin avait déjà causé une certaine pagaille en dépossédant le dieu des Anglais (et accessoirement des autres aussi, mais plus tard, et avec de nettes réserves - la biologie française n'a toujours pas avalé le darwinisme) de nombre de ses prérogatives supposées, il n'en restait pas moins l'Homme, fait à l'image de son créateur ou vice-versa, parfait, intelligent, bon, moral et tout. Or, il devenait de plus en plus évident que l'Homme n'était somme toute qu'un animal lui aussi, un Primate, un grand Singe plus précisément, soumis à l'évolution et fruit de celle-ci. Pour ôter toute espèce d'ordre divin de l'Homme, il fallait donc le bêtifier complètement, lui retirer précisément son humanité. On s'amusa donc à ce petit jeu stupide :

- tel, tel ou tel trait est spécifiquement humain, tout de même !
- pas du tout, car on le retrouve chez tel, tel ou tel animal
- oui, mais celui-ci est vraiment exclusif à l'Homme
- mais non, figurez-vous que les ... le possèdent aussi !

etc. Petit jeu stupide, car on peut toujours définir un ensemble de traits qui désigne une seule espèce, et avec un peu de bonne volonté (et parfois beaucoup de mauvaise foi) on peut toujours interpréter les comportement d'un chimpanzé, d'un bonobo ou d'un dauphin à la lumière des comportements humains... On a en mémoire les fameux chimpanzés
Washoe et Nim Chimpsky, dont il faut bien constater que les espoirs un peu naïfs qu'ils avaient suscités n'ont pas vraiment été récompensés, c'est le moins qu'on puisse en dire.

Mais, pour tout dire, un certain Monsieur Will Barium, de Toronto, mérite le mot de la fin :

There is not much that is uniquely human - except art, cooking, religion, humour, sport and terrestrial dominance.

Je me permettrai modestement d'ajouter : and blogging.

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21 mai 2008 3 21 /05 /mai /2008 12:25

Il était une fois, il y a bien longtemps de cela - disons un petit demi-milliard d'années - un gène qui réglait l'équilibre aqueux d'un certain poisson. Quel poisson exactement, nous ne le savons pas ; appelons-le Arthur. Pour Arthur et ses congénères, l'équilibre de l'eau, c'était très important ! S'ils nageaient dans de l'eau trop salée, ils risquaient de se déshydrater, et si l'eau était trop douce, ils allaient gonfler comme des ballons - tout cela bien sûr à cause de la fameuse pression osmotique qui tend à égaliser les concentrations (ici, de sel) de part et d'autre d'une membrane (ici, leur peau).

Or, le gène d'Arthur était d'humeur baladeuse ce jour-là ; il faut dire qu'il avait eu un petit accident et s'était dédoublé, pour l'une ou l'autre raison, il ne le savait trop. Et son alter ego s'en alla établir sa niche un peu plus loin, sur le même chromosome. Leurs enfants, Ocytocine et sa petite soeur Vasopressine, étaient bien décidés à mener la grande vie...

Non, je ne vous prends pas pour des demeurés, c'est sans doute moi qui retombe graduellement en enfance. L'Ocytocine et la Vasopressine sont des polypeptides très semblables (puisqu'ils proviennent d'un gène dédoublé) qui remontent donc à des centaines de millions d'années, et qui se sont transmis quasiment tels quels chez tous les Vertébrés actuels. Ce sont toutes deux des hormones sécrétées par l'hypophyse - la pituite des Anciens - ayant des effets très différents : tandis que la Vasopressine continue à réguler la balance de l'eau (essentiellement par les reins), l'Ocytocine, elle, régule la lactation et les contractions de l'utérus pendant la mise bas. Mais là ne s'arrête pas son influence : en effet, l'Oc
ytocine est également un neurotransmetteur du cerveau, et son influence est puissante dans tout ce qui a trait à la sexualité, au bonding tant entre partenaires qu'entre mère (père aussi, mais moins) et enfant, aux relations sociales harmonieuses etc. On a aussi montré que l'Ocytocine était la "molécule de la confiance".


Tout ceci n'est pas neuf, mais c'est de la bonne science, établie et confirmée. Ce qui l'est moins, mais qui est prometteur et passionnant, c'est la découverte assez récente des "neurones miroirs", des neurones du cerveau qui déclenchent lorsque le sujet regarde un autre sujet qui l'imite. Vous souriez, et votre voisin d'en face sourit lui aussi, paf ! c'est parti pour une volée d'impulsions de ces fameux neurones miroirs. Inutile de dire qu'on a vite échafaudé des hypothèses hardies sur ce phénomène (*), qui expliquerait les dons d'empathie et même une partie de l'acquisition du langage. Encore trop tôt pour le dire, mais une expérimentation toute récente, celle-là, semble bien confirmer certaines de ces hypothèses.

Alors, il est tentant de faire le lien entre ces deux systèmes de relations sociales, sentimentales, d'empathie et de sympathie, et d'imaginer un grand système limbique associant l'Ocytocine, ses récepteurs, et les neurones miroirs... sauf qu'anatomiquement, ces derniers sont tout de même un peu loin, mais enfin...

On peut rêver.

 

(*) A ce propos, voir une critique assez sévère mais justifiée de Robert A. Burton dans son A Skeptic's Guide to The Mind. En fait, cette histoire de neurones-miroirs s'est largement dégonflée...

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20 novembre 2006 1 20 /11 /novembre /2006 15:25

Lors d'une présentation d'un livre il y a quelques jours, un jeune biologiste abordant le sujet du biomimétisme avouait son peu d'enthousiasme - pour ne pas dire plus - envers le génie génétique moderne (càd les recombinants, pour être précis), arguant du fait que la Nature n'avait jamais entrepris ce genre d'expérimentation, à savoir l'incorporation d'ADN d'organismes très éloignés, et que donc il restait très prudent voire carrément hostile à cette pratique.

Sa remarque m'a laissé songeur. Tout d'abord, cette personnalisation plus ou moins téléologique de "la Nature", habituelle chez les écolos les plus ultras, et qui prend un peu la place du Bon Dieu barbu trônant sur un nuage ; c'est très naïf, mais sans doute chevillé à l'esprit des hommes.

Mais surtout, c'est parfaitement erroné ! De la part d'un biologiste on peut s'étonner qu'il ne connaisse pas Agrobacterium Tumefaciens qui est le spécialiste (100% naturel !) de la transgénèse, même que c'est en l'utilisant que les chercheurs ont réalisé les premier "OGM". D'autre part, les mitochondries et les chloroplastes ça fait un peu désordre ! Et puis, ça fait tout de même un certain temps qu'on connaît la présence des introns au sein de l'ADN des eukariotes, et ces introns sont souvent des fossiles d'ADN provenant entre autres de virus ; ces mêmes virus sont innombrables et utilisent sans vergogne la machine génétique pour se reproduire. Ce brave jeune homme l'ignorait peut-être, mais le gène le plus répandu dans le génome humain, a des centaines et peut-être des milliers d'exemplaires, est le gène pour la transcriptase inverse, qui ne sert rigoureusement à rien pour l'Homme... mais qui est essentiel pour certains virus, comme celui du Sida ! Le blé et le colza sont tous deux des hybrides (encore que pour le blé, certains polyploïdes sont sans doute d'origine humaine). Les plasmides/bactéries, les transposons et les pseudo-gènes etc., les séquences-ALU (plus d'un million dans votre génome, 10% de tout le matériel génétique !) tout montre bien que dans la nature il existe une multitude de manières d'exploiter le génome d'une espèce éloignée, mais curieusement, la seule qui à ma connaissance n'existe pas, c'est bien celle qui est prônée par les mêmes contempteurs d'OGM, à savoir la sélection artificielle - car il faut tout de même garder à l'esprit qu'à peu près aucun de nos aliments ou de nos animaux familiers n'est "naturel" ! Si vous mangez des pommes 100% "bio", dites-vous bien qu'elles ne sont qu'un fruit "inventé" par l'homme, et encore, il n'y a pas si longtemps de ça.

Mais le plus gros OGM est évidemment obtenu par le croisement de l'âne et du cheval... et, curieusement, on ne l'interdit pas !

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