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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 09:47

Mon cousin écolo à la voiture électrique vient de découvrir les lacaniens de Bruxelles, et il en est tout frétillant. De retour d'un de leurs séminaires, il nous racontait l'autre jour une histoire que vous connaissez peut-être - et peut-être pas, donc, je vous la rapporte :

 

On sait que Salvador Dali était obsédé par plusieurs oeuvres et par plusieurs personnes, et parmi elles Jean-François Millet et son Angélus, dont il avait peint je ne sais plus combien de dizaines de variations. Dali était cependant persuadé que ce n'était nullement une prière du soir en souvenir des défunts mais bien l'enterrement d'un enfant que figurait le tableau. A son insistance, une radiographie du tableau avait effectivement révélé sous la peinture actuelle le corps d'un enfant gisant sur le sol ; Millet avait en fait, d'après ce qu'en avait deviné un grand pontife, figuré là le corps d'un de ses frères dont il souhaitait la mort ou qui avait souhaité la sienne, ou un frère mort-né, ou quelque chose comme ça, je ne me rappelle plus, mais quoi qu'il en soit il était question de frère et de mort, et d'ailleurs c'était même peut-être autre chose, car, comme le concluait triomphalement mon cousin écolo (et lacanien frais émoulu - et là je ne veux pas être lacanien et conclure "frais et moulu") : "c'est l'Angélus de Millet, demi-lait !".

 

Bien. Outre que je n'ai jamais lu ni entendu l'expression demi-lait pour parler d'un frère (de lait ou pas) et que de toutes façons ce genre de calembour réputé signifiant dans certains cercles me laisse de glace, je suis tout de même assez méfiant devant ce genre de miracle. Comme tout le monde j'ai une certaine connaissance du personnage de Dali et on ne peut pas dire que la soif de vérité désintéressée le caractérise vraiment. Peu importe, il suffit de Googler et voilà que la fameuse affaire de la radiographie apparaît un peu partout. Pas sur le site du musée d'Orsay, cependant, ce qui est un peu étonnant. Wikipedia FR parle d'un petit cercueil, là où Wikipedia EN est plus dubitatif : "However, it is unclear whether Millet changed his mind on the meaning of the painting, or even if the shape actually is a coffin". Comme seules références, on trouve "Néret 2000", une émission de la BBC et une interview de Jean-Jacques Pauvert. Chaque fois, on assure que le Louvre a effectué la radio et qu'on a découvert un cercueil etc.

 

C'est maigre. Très maigre pour une nouvelle aussi sensationnelle, car enfin, il semble que l'Angélus soit quasiment au top de la célébrité, battu seulement par la Joconde ! Déjà, obtenir de faire passer un tel tableau aux rayons X pour une vague idée d'un génie de la provocation est un exploit, mais que cette radiographie confirme une hypothèse aussi fantasque frise l'impossible. Comme je faisais part de mes doutes à un proche, il me répondit que je n'avais pas de preuves à avancer, ce qui me sembla un comble ! Extraordinary claims need extraordinary evidence, mais apparemment, ça ne vaut pas pour les dîners en ville où une anecdote fausse mais bien tournée vaut mieux qu'une vérité un peu trop pédestre.

 

Cela étant, il est vrai que, en bon sceptique, je suis prêt à être convaincu, mais pas par des on-dits. Si l'un de mes lecteurs possède des renseignements plus probants, je lui serais très reconnaissant de me les communiquer. En attendant, je reste sceptique.

P.S.: Je cite le regretté Daniel Arasse "...mais je voudrais surtout évoquer la radiographie. Il faut savoir que celle-ci n'est faite que s'il y a une raison valable de la faire, par exemple une restauration" (Histoires de peinture, "Alberti disparu, le temps retrouvé" ). Venant d'un expert comme lui, je pense que cela plante le dernier clou dans le cercueil de cette histoire abradacabrante..

 

 

 

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11 décembre 2010 6 11 /12 /décembre /2010 23:10

Très belle (et minimale) exposition de Giuseppe Penone au MACs du Grand Hornu (pour une fois que la Communauté française de Belgique a un site merveilleux, il faut le célébrer...). Penone, malgré son patronyme une peu dérangeant et son affiliation a l'arte povera (car il s'inscrit aussi dans l'art conceptuel, celui que je dirais le vrai ; rien chez lui d'un tas de charbon sur une feuille de visqueen pour signifier je ne sais trop quoi. Son propos est clair) n'a rien d'un écolo du genre "tree-hugging" bien qu'il soit obsédé par le végétal et les arbres et branches en particulier. Il y a chez lui une reconnaissance intelligente de la dialectique Homme/nature qui se traduit par des oeuvres d'une force étonnante. C'est aussi un artiste certes reconnu mais un peu imperméable aux phénomènes de mode, de galeristes et de cote. Nombreuses sont ses sculptures en sa possession, éventuellement à vendre (et pourquoi pas ?).

J'aimerais en toute modestie consacrer un ou deux posts à un artiste (si vous n'aimez pas le mot, dites-vous que vous n'êtes pas le seul) qui me semble majeur.

 

Et, à cet égard, je m'en voudrais de ne pas parler d'un artiste bien moins connu, Patrick Corillon, dans la plus pure tradition post-moderne non-soixante-huitarde. Ce sont chez lui des interventions, des récits imaginaires, des personnages de roman de gare, des vidéos, des animations, des photos, un imaginaire foisonnant, ludique (encore un mot que je n'aime plus), débridé, inventif et focalisé. Si vous goûtez aux aventures d'Oskar Serti, vous demanderez encore plus de ses épisodes ! Et vous pleurerez avec lui sur l'abandon de Catherine de Sélys, sa belle amante dans son feuilleton (presque) sans fin (car il faut savoir que l'infortuné Oskar est mort l'année même de la naissance de Patrick Corillon...).

 

Eh oui, Oskar est le modernisme, Corillon est né au moment où, à son âge créatif, le post-modernisme allait se déployer et bien évidemment le pauvre Oskar se plante à tous les coups... Superbe illustration d'un art multiple certes anticipé par les - justement - soixante-huitards, mais avec tellement de grâce, de clins d'oeil et de méchante gentillesse que ce Monsieur est vraiment de notre temps, de ce post-modernisme où il n'y a plus d'avant-garde ni d'artiste maudit.

 

Pour citer le cliché : à consommer sans modération.

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21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 10:20

En tous cas elle l'est dans le monde de l'art. Art Basel 41 est un tout grand cru semble-t-il, je ne me souviens pas d'avoir jamais vu une telle affluence ni surtout autant d'acheteurs. Les oeuvres "bon marché" (disons en-dessous de 500.000 €) se vendent parfois avec gommettes comme dans toute galerie courante, et le troisième jour ressemblait à une épidémie de varicelle. Je n'avais pas encore assisté à la vente d'un Giacometti (6 millions de $) ou d'un Picasso (prix inconnu car chuchoté à l'oreille de l'acheteur), mais voilà, c'est fait. Le spectacle était intéressant, un petit ballet de plusieurs personnes avec GSM et conciliabules. On n'était pas encore dans les sommes à faire frémir, mais c'était tout de même curieux.

 

Tout le monde n'apprécie pas, il faut croire que certains vont à Bâle avec une âme pure (c'est en effet le plus grand musée au monde d'art contemporain - et moderne aussi d'ailleurs, "musée" ouvert quelques jours par an et avec une collection toujours renouvelée), et ils s'indignent en maudissant les vils spéculateurs. Or, bien sûr, chaque acheteur est à la fois un amateur, un collectionneur et un spéculateur, mais à des degrés divers et variés. On n'investit généralement pas quelques dizaines ou centaines de milliers d'euros dans une oeuvre simplement parce qu'on l'aime bien, tout en se fichant pas mal que dans dix ans elle pourrait ne plus valoir que des clopinettes. Quant aux gestionnaires de fonds de pension, je ne suis pas sûr qu'ils investissent dans un domaine aussi risqué : ceux qui détiennent des impressionistes lambda ne sont pas près de retrouver leur mise et tout le monde se demande encore si la cote d'un Jeff Koons ou un Damien Hirst ne va pas s'effondrer un jour (personnellement, je ne le pense pas, mais mon budget ne me permet pas vraiment d'en acquérir...).

 

Quant à la Suisse, ma foi... l'UBS a peut-être frôlé la faillite, mais la Suisse va bien, merci. Une rétrospective très intelligente de Basquiat à la Beyeler, une très curieuse exposition du cycle Drawing Restraint de Matthew Barney à l'extraordinaire Schaulager, plus - pour les amateurs - les Rêves de Robots au musée Tinguely. Art Basel, c'est fini, mais les autres continuent et valent le détour, sinon le voyage.

 

Cela dit, avec cette météo épouvantable, tant à Bâle qu'à Bruxelles, on a eu évidemment droit à des explosions d'indignation et des affirmations péremptoires selon lesquelles il fait "exceptionnellement chaud" ailleurs. C'est bien possible, mais IMHO cela prouve bien qu'une moyenne globale ne signifie pas grand'chose, et ça me remet en mémoire l'article - pas tout récent - de Lindzen sur l'utilité de résister à l'hystérie climatique. Au cas improbable où vous ne l'auriez pas lu, vous pouvez trouver ici une traduction française de ce texte séminal. Je pense qu'il commence à être connu même des journalistes, car j'ai très peu entendu parler de "changement climatique" à propos de la catastrophe du Var (dès que je suis dans une chambre d'hôtel, je branche la télé, c'est plus fort que moi...). Il y a de l'espoir.

 

 

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31 mai 2006 3 31 /05 /mai /2006 15:02

Aux Beaux-Arts avec C. pour une représentation de la Voix Humaine. Jamais pu supporter Cocteau, et ici, c'est franchement ridicule. Par contre, très belle musique d'un Poulenc très posé. On ne peut sans doute pas en dire autant des deux premières pièces de la soirée : Les Biches et Aubade, cette dernière cannibalisée par une chorégraphie parfaitement lamentable. Soirée très décevante donc, mais là n'est pas l'essentiel. Il y avait aux murs une exposition de gravures ou de peintures, je ne sais pas exactement, mais tout semblait en petit format et en noir et blanc. Pas mal, quelques pièces un peu moins intéressantes, d'autres un peu plus, etc. Tout à coup, à 4-5 mètres, une tache, immédiatement C. et moi nous hâtons pour la voir mieux, tant elle dégageait de puissance . Ben oui, pas de miracle, elle était signée Richard Serra...Toujours amusant à ressentir, ce choc devant une oeuvre forte - j'avais éprouvé le même quelques semaines auparavant à Art Brussels où, dans une foule de pièces ultra-quelconques, se détachaient quelques grands, et par hasard c'étaient un Baruchello, un Castellani, un Serra aussi, justement... J'adore Serra et tous les midis et tous les soirs aux repas, j'en ai un sous les yeux...

Par contre, j'avais entendu aussi un nombre incroyable de wannabees artistes se revendiquer tous de Marcel Duchamp ; pauvre Marcel, que de crimes on commet en ton nom ! ça fera bientôt cent ans, mais ses ready-made ont toujours la cote intellectuelle, c'est semble-t-il un horizon indépassable. Encore que... sa subversion était plus dirigée contre les lieux que les pièces d'art, et le contresens n'apparaît pas à tous ceux qui se réclament de lui ; mais c'est vrai aussi que depuis MD, l'art (plastique ?) est, effectivement "n'importe quoi" - du n'importe quoi-n'importe quoi, mais aussi du n'importe quoi sublime.

 

 

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