C'est le titre d'un article récent du New Scientist, article confondant de stupidité, ressemblant plutôt à de la publicité éditoriale déguisée pour un livre sortant ce mois-ci, Off the Grid, rédigé par un certain Nick Rosen, Anglais établi aux USA.
"Off the grid" signifie littéralement "hors du réseau", réseau électrique, arrivée de gaz ou d'eau venant de distributeurs, réseau d'égouttage, téléphone, etc. L'indépendance absolue (on pense immédiatement à Thoreau ou à en plus petit Ivan Illich, bien sûr), mais M. Rosen précise bien qu'il ne cherche pas une telle indépendance, non, il désire simplement être "en-dehors du système" ; car voyez-vous, le système a vraiment été mis à mal par les récents désastres, Katrina, la crise des subprimes, la crise financière et même la fuite de pétrole dans le golfe du Mexique. Les gens, figurez-vous, ont perdu confiance dans leur gouvernement... Quant on sait que le gouvernement fédéral est viscéralement détesté par les Américains, on peut sourire.
M. Rosen explique que la vie "indépendante" est très confortable actuellement, grâce à la technologie : le wi-fi (sans doute celui du voisin), les lampes basse consommation, et l'énergie renouvelable, on n'arrête pas le progrès. Et grâce à ses économies d'énergie, M. Rosen a pu se payer une cabane de berger dans les montagnes de Majorque (payée 7.000 $ en 1995, le berger a fait une bonne affaire) où il a installé un grand réservoir pour collecter les eaux pluviales, une douche (chauffée au propane ! à Majorque !) et deux toilettes. Le chauffage se fait au moyen de bois récolté (volé ?) dans la forêt proche, il y a aussi une éolienne et deux panneaux solaires, mais il a tellement peur qu'on les lui pique qu'il utilise sa voiture de location pour charger son gsm, son laptop et la radio. Ah oui, la vie sauvage, vous imaginez, il n'a pas la télé...
En somme, M. Rosen a inventé le camping, grand bien lui fasse. Il me fait penser à un tract collé un peu partout à Bruxelles, émanant d'un groupuscule ultra-anarchiste et libertaire et faisant la guerre au travail, prônant l'oisiveté et le vol aux dépens du "système" : il est licite (et conseillé) de voler dans les magasins (et surtout dans les supermarchés, évidemment, mais pas seulement - le "système", c'est vaste !). Et s'il n'y avait pas de "système", faudrait-il voler au producteur ? Ou revenir au pleistocène, aux chasseurs-cueilleurs ? Mais même à ce moment, on travaillait... Ou alors, l'An 01 de Gébé, mais avec un peu plus d'explications sur la manière dont ça peut fonctionner (autrement que pour fabriquer des petits chapeaux à la con ridicules).
Je retourne me coucher (en fait qq jours chez des amis dans le Vercors).