Ce matin, Bruxelles était assiégée par de valeureux militants de la CGSP protestant contre le fait que les
salaires de la fonction publique bruxelloise étaient plus faibles que ceux de leurs collègues des autres régions, ou communautés ou autres entités plus ou moins bien fédérées. Donc, blocage des
principaux accès à la capitale et foutoir innommable. Un porte-parole assurait à la radio que les manifestants ne voulaient nullement s'opposer aux concitoyens des autres régions, mais non, bien
au contraire ! On vous empêche d'aller au boulot, mais ça n'a rien de personnel ! Simplement, vous avez le tort de venir travailler dans notre région... On va bouter la vermine wallonne
et la vermine flamande hors de notre belle capitale (de l'Europe, soit dit en passant, même si ce n'est pas exact). Mais bien sûr la CGSP est, comme la FGTB et le PS, parfaitement unitariste et
même un peu belgicaine. Enfin, je suppose que les militants de l'ACOD vont bientôt interdire l'accès au sol flamand parce que les fonctionnaires de la Communauté française ont la cafétéria
gratuite et eux pas.
Entendu cette perle d'un fonctionnaire de Bruxelles Propreté : "Dans le privé, je gagnerais 6 ou 700 euros de plus !". Mais qu'attend-il pour y aller ? Qu'est-ce
qui le retient ? Ah oui, peut-être l'emploi à vie. Et la pension, que les syndicats appellent un salaire différé pour qu'on n'y touche pas, et qui est effectivement nettement plus élevée
que dans le privé.
(Petite note pour les non-Belges : CGSP = Centrale Générale des Services Publics, une branche de la FGTB, Fédération Générale des
Travailleurs de Belgique, proche du PS. L'ACOD est l'équivalent flamand de la CGSP)
Mercredi, jour de Bourse (qui se souvient de ça ?), mais surtout jour de sortie des nouveaux films ! Mercredi dernier, Henri Sonet
devait être souffrant ou en congé, car il était remplacé par Jean-François Pluijgers, et le moins qu'on puisse en dire, c'est qu'il n'est pas à son aise devant un micro. Peu importe, d'ailleurs.
Il commentait La Zona, que je n'ai d'ailleurs pas vu et que je me garderai bien de commenter (en effet, seuls les critiques professionnels ont le droit de critiquer des films qu'ils
n'ont pas vus, et ils ne s'en privent d'ailleurs pas). L'histoire - tragique à souhait - se passe dans une de ces propriétés retranchées où les habitants se protègent de leur environnement
derrière des murs, des barbelés et des gardes armés ; bref, comme le château de Laeken. Et, bien entendu, on entendait le couplet habituel sur la dualisation de la société. C'est vrai, ça, où est
le bon vieux temps où tout le monde vivait ensemble, fraternel et heureux ? On voyait se côtoyer l'humble masure du cultivateur, la petite maison du riche propriétaire et la jolie villa du
seigneur des lieux. Il y avait plein de prolos à Uccle et des patrons de multinationales à Saint-Josse-ten-Noode, des OS à Neuilly et les pipeule à Pantin. Enfin, l'équivalent. Mais c'est vrai
que c'était il y a très longtemps...
Et puis, la remarque qui tue : "ces endroits où même la police n'a pas le droit d'entrer sans mandat "(accent tragique, on imagine). Ben tiens, Jean-François, c'est une propriété privée,
non ? Ça te plairait que les pandores puissent entrer chez toi sans raison ? Normal qu'il faille un mandat ! Bon, je suppose qu'au Mexique, il est avec le Ciel des accommodements, mais c'est
un de ces pays où on éprouve une légère méfiance envers la police.
Côté remarque qui tue, on connaît aussi la chronique de Hugues Le Paige, qui se déchaîne contre le libéralisme et le monde financier.
D'abord, il pointe ce jour l'indispensable régulation sévère des marché et se désole que les ventes à découvert aient été interdites pour seulement dix jours ; il précise pour ses auditeurs naïfs
que les ventes à découvert, c'est de la spéculation, c'est vendre quelque chose qu'on ne possède pas, ouh que c'est vilain ! Ça devrait être interdit ! Petite remarque, oui, c'est
incontestablement de la spéculation, comme toute opération à terme (spéculation qui d'ailleurs peut servir de couverture contre, par exemple, des risques de change ou de fluctuations
brutales), mais en l'occurrence, c'est de la spéculation à la baisse, or les pleureuses de la spéculation se lamentent toujours des hausses de prix - et à ce propos, les matières
premières se sont effondrées ces dernières semaines. Fin de la petite remarque.
Mais les grands coupables, ce sont les hedge funds. Coupables parce que HLP ne sait pas trop bien de quoi il s'agit. Tout d'abord, les hedge funds ont surperformé les fonds traditionnels en 2007 - on verra évidemment ce qu'il en sera après Amaranth. Les hedge
funds sont la quintessence de l'hydre spéculative, n'est-ce pas ? Ben non, pas
vraiment, "to hedge" veut dire "se prémunir", autrement dit se défendre, mais il est vrai que, comme les notaires, les HF profitent autant des hausses que des baisses. Enfin, les HF n'ont
nullement de rôle prépondérant dans la crise actuelle, sauf à cristalliser contre eux les ressentiments des bien-pensants.
Conclusion : les billets d'humeur, ça peut amuser, mais mieux vaut connaître son sujet ou, au moins, se renseigner.