Très belle interview de Jack Lang (que j'ai parfois un peu brocardé, je le reconnais...) sur le sujet (c'est malheureusement "paywalled" - ou heureusement, c'est selon l'idée qu'on s'en fait) . Je l'avais dit, je ne suis pas juriste et je connais mal le droit français, mais il est évident quand on s'y intéresse que le Conseil d'Etat ne peut connaître que du droit administratif et n'a aucune possibilité d'aller au-delà. Des conceptions comme la "cohésion sociale" (quoi que cela veuille dire) lui échappent. Et devraient lui échapper.
Mais je voudrais parler d'autre chose, d'une émission de la RTBF de ce dernier dimanche où on opposait quelques personnalités politiques et/ou médiatiques sur ce même sujet. Il y avait les inévitables Philippe Moureaux, la Ministre de l'Intérieur (chère Milquet), ce bon vieux libertaire Jean Bricmont et quelques autres dont je ne me souviens plus du nom (je pourrais faire une recherche, mais c'est sans grande importance).
Ce qui est d'une grande importance, par contre, ce sont les réactions aux propos de Bricmont et de l'avocat de Dieudonné :
Bricmont explique : Pourquoi Dieudonné ne fait pas comme cerrtains autres, Michel Leeb qui se fout des Africains "C'est pas mes lunettes, c'est mes na-ines (avec l'accent, bien sûr)" etc. Hurlements de Moureaux et d'un petit politicien que je ne connais pas (mais élu par je ne sais qui). On peut donc se moquer de tous, sauf des Juifs, oui, pourquoi pas ? Les nègres, les Roms, les Papous, et tant d'autres !
L'avocat de Dieudonné essaye de parler, mais il se fait injurier, insulter par le brave néo-stalinien qu'est Philippe Moureaux. Certains n'ont pas le droit d'avoir un avocat, et je suppose que ce Moureaux aurait aimé de faire interdire les interventions de Vergès (que, par ailleurs, je n'aime pas du tout) - mais c'est ainsi, M. Moureaux !
Puis Bricmont essaye de dire que malgré le premier amendement prônant les la liberté d'expression dont les pires racistes ont usé et abusé, les USA ont élu deux fois de suite un Président d'origine africaine. Mais une fois encore, le Moureaux couvre sa voix et se moque de lui sans vouloir (?) comprendre le point de vue de son adversaire (qui n'est certainement pas un grand sectateur du système USA, c'est le moins qu'on en puisse dire !).
Notre chère Ministre de l'Intérieur se félicite de l'article 10 qui permet de réprimer légalement certains "excès" de la libre expression tout en passant sous silence l'article 11, et en oubliant de rappeler que Strasbourg avait, dans l'affaire Giniewski (CEDH, requête 64016/00) rappelé que l'article 10 ne permettait pas aux Etats signataires d'avoir une marge d'appréciation illimitée. Un point de moins pour les censeurs;
Puis il y eut l'intervention d'un autre, celui qui doutait, et je me permets de l'interpréter :
- Oui, certes, mais bien qu'il ne fasse pas grand doute que cet individu soit nocif et révoltant, a-t-on le droit de former une censure préalable, et si c'est le cas, pour quoi, et pour combien de temps ? Son prochain spectacle ? Pour trois mois, six mois, dix ans, à jamais ? Voilà qui est dangereux...
I rest my case, vous en pensez ce que vous en voudrez, mais en ce qui me concerne, je reste fidèle au premier amendement !