Voilà un terme que je n’aime pas, « réchauffistes », il sous-entend un complot (pour dominer le monde ou accaparer des subventions indues, voire les deux), de la même manière que je ne supporte pas les injures
envers les « sceptiques » qui sont accusés de se vendre aux pétroliers ou à Satan (c’est d’ailleurs la même chose).
Mais enfin, la certitude du réchauffement anthropogénique est, il faut l’admettre (comme le fait le GIEC,
d’ailleurs), un mythe : c’est une hypothèse probable (du moins pour les gens
du WG1) et, n’ayant pas qualité à la discuter mais ayant le formation pour comprendre
les articles publiés, je suis ouvertement dubitatif. Il y a suffisamment de circumstantial evidence pour suspecter que l’activité humaine soit au moins partiellement responsable de ce réchauffement. Remarquons cependant que le doute
reste permis sur l’une ou l’autre (ou les deux) assertions.
Mais le GIEC ne se contente pas de constater, il projette aussi, se faisant fort de calculer la
probabilité du changement climatique dans les décennies à venir – voire les changements de patterns des sécheresses, des inondations, etc., prévisions d’ailleurs toujours envisagées de manière
catastrophiste et, ipso facto reprises en choeur par toute la Presse (rappelez-vous tout de même que Good
News Ain’t No News, tout journaliste le sait bien). Et là, ça ne va plus du tout. Car le WG2 qui se concentre sur les conséquences météorologiques, géographiques et sociales des projections du WG1 (à noter tout de même que celui-ci croit utile
de publier un chapitre 10 hautement contestable, anecdotique et catastrophiste) ; comme bien on s’en doute, les sécheresses s’accroissant (dans les zones arides, bien entendu) et les
inondations s’aggravant (dans les aires inondables, évidemment), il y aura des zillions de guerres, de disettes, de famines, de réfugiés, de massacres et ce sera la fin de l’humanité (le rêve des
Deep Ecologists, soit dit en passant). Le WG2 comprend beaucoup d'économistes et des sociologues, ce qui, sans vouloir blesser personne, ne laisse rien augurer de très exact sur ce qu’il
produit. Aimable divertissement pour les soirées d’hiver, et accessoirement matière à faire article sur article pour les journalistes en mal de copie.
Bien sûr, il est tentant de citer vaguement Arrhenius, et de dire « puisque le CO2 provoque un effet
de serre, il va de soi que son augmentation provoquera un réchauffement ». Non, le climat, c’est autre chose, c’est un système très dynamique et très complexe, et on pourrait par exemple
imaginer qu’une augmentation des températures provoque une évaporation accrue, d’où augmentation de la couverture nuageuse, etc. Tout ce qu’on peut faire, c’est – méthode scientifique oblige –
simplifier le système, séparer les composantes et modéliser le tout, et c’est là que le bât blesse. En effet, les modèles utilisés par les climatologues sont à la base ceux qui servent à la météo
(ce qui rend la boutade de Claude Allègre : « ils veulent prévoir le climat dans vingt ans mais ne peuvent pas faire les prévisions météo à plus
d’une semaine » plus pertinente que certains ne veulent le dire), et ils sont encore très grossiers, basés en général sur des cellules de 200 km de côté et dépendant de dizaines de
paramètres ajustables. On se souvient de la fameuse boutade : « donnez-moi quarante paramètres, je vous fais un éléphant, donnez-m’en quarante et un et je lui fais agiter la
queue ». Ces paramètres sont évidemment ajustés de manière ad hoc, par rétrodiction essentiellement, mais les incertitudes engendrées sont
telles qu’on peut avoir des doutes sur la validité des résultats, qui sont d’ailleurs livrés dans le grand public sous la forme d’une belle courbe débarrassée de son intervalle de confiance, mais
là je me répète.
Malgré tout, il y a des doutes qui subsistent, et même qui s’aggravent. L’affaire du Climategate est tout
de même troublante,moins par ce « trick » malencontreusement énoncé (après tout, en ce qui concerne la mécanique quantique, la renormalisation est aussi une astuce, et pourtant elle est indispensable), que par l’acrimonie et la haine qu’elle met à jour. Oh, je ne vais pas faire la vierge effarouchée et prétendre
qu’entre chercheurs ne règne que la grandeur d’âme et l’équanimité, mais ici, il y a vraiment une animosité (partagée) étonnante.
Il y a plus grave, avec l’affaire des glaciers de l’Himalaya (pas le nain de l’Himalaya, pour ceux qui se souviennent des Snuls). Le 4e
rapport du GIEC mentionne (mais, je le souligne, dans son WG2) dans son chapitre 10 : "Glaciers in the Himalaya are receding faster than in any other
part of the world", en se basant sur un papier du WWF, lui-même basé sur un article du New Scientist relatant un entretien de 1999 avec un
éminent glaciologue indien, Syed Hasnain, qui estimait alors que les glaciers en question pourraient avoir disparu en 2035 – le mot estimait est
crucial, car cette estimation n’a fait l’objet d’aucune publication peer-reviewed, et Hasnain la décrit aujourd’hui comme "speculative". Malgré cela, le Prix Nobel (de la Paix, n’exagérons rien, partagé avec Al Gore, en plus) et Président du GIEC a pris – violemment – fait et cause pour son institution, tout comme le glaciologue indien Murari Lal, responsable principal de ce chapitre 10 : "We relied rather heavily on grey [not peer-reviewed] literature, including the WWF report. The error, if any, lies with Dr Hasnain's assertion and not with the
IPCC authors." Inutile de dire que Hasnain n’est pas d’accord. (*)
A retenir, donc, que les rapports du GIEC contiennent des informations fausses ou anecdotiques,
éventuellement basées sur des rumeurs venant de groupes de pression. Et ce, "rather heavily". J’avoue être très désagréablement surpris (**).
Mais ce qui ne me surprend pas, c’est l’activisme de certains qui reprochent au New Scientist de faire la lumière sur cette affaire, toujours au nom
du combat qu’il faut mener, etc. Les militants, j’exècre, mais quand ce sont les chercheurs eux-mêmes qui sont militants, comme Hansen, bien sûr, alors on peut avoir toutes les
craintes.
(*) On trouvera ici une évaluation plus précise
de l'affaire
(**) surtout quand je pense à ceux qui, pensant les rapports uniquement nourris d'articles peer-reviewed, reproche au GIEC d'être trop rigoureux et en retard sur les événements...