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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 21:29

Shadoks et Venise : On se demande vraiment pourquoi certains ont pu se cramponner à des îles, à une lagune, à des constructions sur pilotis (Santa Maria della Salute : 1,5 millions de pilotis !). Tout ici est impensable, compliqué, difficile. Une île de cimetière, tout qui risque d'aller à vau-l'eau, rien de facile pour ceux qui y vivent - et il y en a beaucoup ! Voilà des citoyens habitués à une dureté qui nous échappe un peu. Mais vivre dans un tel environnement sublime doit faire passer les difficultés. Evidemment, la Ville ferme tôt (risque de tomber à la baille ?), ce n'est pas New York ni même Bruxelles. Il me semble évident que vivre à Venise c'est vivre chez les Shadoks : pourquoi faire simple ? J'ai découvert Venise il y a environ trente ans après tant d'années de Toscane, et j'en suis tombé amoureux et ça dure encore.

 

Biennale : petite cuvée. Nettement moins bonne que la dernière, qui était excellente. On peut y trouver une résurgence de l'art conceptuel, ce qui n'étonnera pas - c'est dans le Zeitgeist. Ce qui m'a semblé plus intéressant c'est une présence très forte de "l'obsessionnel" et de "l'art brut", chez même Baruchello (pavillon central), Steiner (idem), USA, Finlande, etc. Même au Grassi où Stingel a cru bon de présenter ses très belles toiles dans un environnement délirant où des tapis orientaux un peu flous enveloppent toutes les surfaces jusqu'aux plafonds, eux-mêmes passablement décorés (d'origine). Pour preuve de l'attitude du temps, rien de plus éclairant que l'exposition When Attitude Becomes Form à la Fondation Prada (hors biennale), reprenant elle-même l'expo éponyme (eh oui...) organisée à Berne en 1969 et qui avait jeté les bases du conceptuel (et accessoirement du "tout est art"), avec des oeuvres de Serra, de Flanagan, de Beuys, de Boetti (qu'on retrouve d'ailleurs à la Punta Dogana en même temps que Pistoletto, mais là pour deux livraisons récentes) ainsi que d'autres moins réputés.

 

Lampedusa : comme on dit, le bal des hypocrites. Il a suffi que le pape François clame "Vergogna! Vergogna!" pour que toute la chattering class passe à l'offensive. Tout le monde a honte. Honte pour les autres, évidemment. J'entendais récemment une émission de la RTBF consacrée à ce sujet, et où Isabelle Durant (euro-parlementaire écolo pour ceux qui l'ignorent) clamait que l'Europe avait fait son devoir, au contraire des Etats, alors que je ne sais quel sous-ministre estimait que l'Europe devrait imposer un salaire minimum (je ne plaisante pas, il l'a dit !) pour éviter des concurrences déloyales, qu'un autre estimait que les réfugiés étaient une richesse pour les pays d'accueil (opinion généralement admise), etc., etc.

 

Mais Monsieur le pape, vous en avez accueilli combien, des migrants, au Vatican ? Et votre parti, Madame Durant, ne s'est-il pas prononcé contre l'immigration sélective et contre la sous-traitance de la surveillance frontalière par les pays du Maghreb que vous prôniez au micro ? Ah oui, il faut développer les pays pauvres... Et ça prendra combien de temps ? Même si la Belgique et les autres pays développés consacraient les fameux 0,7% de leur PIB à l'aide au développement, croit-on vraiment que ça résoudrait le problème ? Et puis les 2 ou 300 morts récents venaient semble-t-il de la Corne de l'Afrique, où d'affreux dictateurs imbéciles se font la guerre pour des raisons insondables de bêtise. Doit-on pour autant - et pour éviter les catastrophes humanitaires - déclarer tous les civils somaliens, érythréens et autres victimes des conflits régionaux automatiquement aptes à obtenir le statut de réfugié et mettre des avions à leur disposition pour court-circuiter les passeurs et les conduire en toute sécurité ? Et les jeunes gens généralement brillants que leur village a choisis (et financés) pour tenter leur chance en Europe, qu'en faire ? Un article récent du Monde relatait la vie de ces jeunes Africains vivant dans la forêt proche de Melilla, guettant le moment où ils pourraient essayer de grimper au-dessus des barbelés les séparant de l'Eldorado. C'est par centaines, c'est par milliers qu'ils prennent l'eau dans des embarcations pourries, préférant une mort possible, voire probable, à une existence de misère. Il n'y a nulle honte à avoir de notre part, simplement il s'agit de la mauvaise conscience du riche quand il voit un sdf ; quand un homme politique clame "plus jamais ça !", ne le croyez surtout pas, il sait très bien que ça arrivera encore, et pour longtemps.

 

 

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