Non, les avions "cloués au sol" selon l'infatigable cliché journalistique, ce n'est pas dû au stupide Principe de Précaution, pas plus que les milliards dépensés en pure perte (enfin, pas pour tout le monde) pour les vaccins AH1N1. Le "principe de précaution" est bien plus insidieux : n'assistez pas une personne en danger s'il y a le moindre danger (même potentiel) à l'assister. Si quelqu'un se plaint de la migraine, ne lui proposez pas une aspirine, vous enfreindriez le Principe, car l'acide acétylsalycilique peut se révéler toxique. L'eau aussi d'ailleurs : choc hydrique ! Et ne croyez pas que j'exagère, il suffit de voir les réactions des anti-OGM et des anti-nanotechnologies qui se drapent dans le Principe pour interdire jusqu'aux essais desdites technologies. Chichi et consorts ont fourni de belles munitions à ces frénétiques... Ou cette invraisemblable histoire de pompiers écossais qui ont laissé périr une victime d'un accident plutôt que d'appliquer une manoeuvre de sécurité autorisée seulement pour les professionnels du feu et non pour le public...
Non, clairement nous avons affaire ici à une dérive de l'hystérie sécuritaire, celle-là même que les partis de gauche de tous les pays stigmatisent hautement - mais curieusement, pas cette fois. La phrase-litanie "le risque zéro n'existe pas" est reprise en choeur mais en reste au niveau des platitudes sans qu'on en tire les conséquences pratiques.
La Commission européenne (et l'Europe en général) est devenue une machine à gémir et à trembler, prête à tout pour se rendre aussi modeste, effacée, gentille et tout et tout que possible - à part pour son objectif de Lisbonne, "retenez-moi ou je fais un malheur" qui fait rigoler le monde entier. Evidemment, les prises de position et le cadre légal minimaux de la Commission sur les OGM ou le "dérèglement" climatique (c'est le bon dieu qui l'a réglé ?) par exemple sont encore beaucoup trop pour les Zécolos suprêmes, ceux qui se réjouissent ouvertement de la fermeture de l'espace aérien européen, qui leur permet enfin d'entendre gazouiller les ptits oiseaux (je jure que je n'exagère pas ! je l'ai entendu !) ; par ailleurs se réjouir que les avions ne crachent plus leur CO2 fait un peu l'impasse sur les millions de tonnes expulsées par le joyeux jöküll (ah, ça rappelle le Voyage au Centre de la Terre de mon enfance). Se rengorger sur le "la Nature est plus forte que l'Homme" est un exercice de vacuité intellectuelle totale ; ça va de soi, non ? - même si on refuse cette ridicule dichotomie. On croirait entendre le bac à sable : mine is bigger than yours.
Cela étant, de nombreuses voix très qualifiées rappellent que l'interdiction de vol est basée sur la dangerosité évaluée par un système de modélisation britannique... Le système américain n'aurait, lui, avec les mêmes données, pas eu la même évaluation... Voilà ce que je lis et entends et vois, confiné dans mon hôtel. Et les vols expérimentaux (ainsi que les réactions de l'IATA) semblent bien - semblent ! - accréditer la thèse du modèle défectueux.
Ça ne vous rappelle rien ?