Bien qu’en Afrique ces derniers quinze jours, je n’étais
pas déconnecté du monde et j’ai vu en boucle tant sur France 24, sur CNN et partout ailleurs les proceedings de la conférence de Copenhague, dont il
ne sortira évidemment rien que de bons sentiments (si l’on ose dire…).
Et, évidemment toujours, il y avait les manifs avec les très jeunes se peignant la figure en bleu ou en vert, charmants enfants tout de même un peu naïfs quand je voyais derrière eux quelques cagoulés nettement plus sérieux et plus manipulateurs, et tout cela me rappelait les grands défilés des années ’80 contre le réarmement occidental, quand des foules envahissaient les rues en clamant leur rejet de la politique de l’OTAN, quand on scandait le refus des euromissiles et que les SS20 soviétiques étaient moins à craindre que nos dirigeants fanatiques. L’URSS agonisait et on ne le savait pas, enfin, certains le savaient et espéraient que ces manifs allaient donner de l’air à un régime qui ne tenait que par le Mur de Berlin. Pas vraiment un complot, non, un dernier soupir du petit cochon. Et, comme à Copenhague, il y avait toujours ces groupes fatigants et infatigables qui entonnaient l’éternel Trois pas en avant, deux pas en arrière comme des lapins Duracell dès qu’ils voyaient une caméra, voulant voler la vedette à leurs rivaux de la célèbre (Belgique oblige) et grivoise Petite gaïole…
Ben voilà, la fête est finie, j’avais vu juste mais je n’en tire aucun mérite. Qui croyait réellement que les Chinois (ou d’autres) allaient accepter des contrôles et des obligations chiffrées spécifiques ? Quant au G77, il était tellement clair qu’ils allaient réclamer des subventions, et les fameux cent milliards de dollars allaient se retrouver en bonne partie sur des comptes suisses, comme d’habitude…
Et ce qui m’a tout de même le plus surpris dans cette affaire, c’était le complet unanimisme des média : ni sur CNN, ni sur Arte (bien sûr), ni sur France 24 (idem), ni nulle part ailleurs je n’ai entendu le moindre frisson, le moindre doute sur toute l’affaire. Alors qu’on donne parfois complaisamment le micro aux hurluberlus des différentes complotites (9/11 ou Armstrong sur la Lune), ici, pas un mot de Lindzen et al., ou de Lomborg. Ainsi que le faisait plaisamment remarquer Patrick Frank, tous les graphes publiés le sont sans les indispensables marges d’erreur, alors que les prévisionnistes connaissent bien eux-mêmes les limites sérieuses de leurs modèles. Il est gênant également que les scientifiques se conduisent comme des militants – on pense évidemment à Hansen – et qu’ils caviardent littéralement les confrères qui ne sont pas en accord avec la vulgate (on l’a bien vu lors de l’affaire des e-mails).
De même, personne ne fait écho à ceux qui estiment que l’argent dont on parle pourrait avoir de meilleures destinations, car enfin ces milliards de dollars dont on ne sait pas très bien à quoi les utiliser seraient bien utiles pour l’adduction d’eau par exemple.
Mais heureusement, le fracas de Copenhague permettra peut-être aux politiques de se rendre compte qu’ils ont intérêt à mieux préparer leurs dossiers...