(si vous connaissez l'image, vous connaissez la suite)
Voici de toute évidence un document extrêmement sérieux, scientifique, peer-reviewed et tout, non ?
Mais commençons par le début.
Le 4e rapport du GIEC, dans son WG2, évidemment, nous prévient que "jusqu'à 40% des forêts amazoniennes pourraient réagir drastiquement à une légère réduction des précipitations" et pourrait passer d'un état stationnaire à un autre et se transformer en savane. Ils citent en référence un article de Rowell et Moore paru en 2000.
Premier problème : cet article n'est nullement peer-reviewed, il vient tout simplement... du WWF, et il est rédigé par des auteurs n'ayant aucune compétence en la matière. Mais le WWF fait à ce moment référence à un autre article, de Nepstad et al. (1999), qui mentionne simplement la réaction de la forêt aux périodes de sécheresse, au abattages et aux feux de forêt, bref, n'apporte aucun soutien aux assertions du GIEC, et n'est d'ailleurs pas peer-reviewed non plus. D'autre part, Nepstad est un militant, tout comme Rowell et Moore, sauf que lui semble être un réel scientifique travaillant dans un centre de recherches proche du WWF, lequel s'embrouille un peu dans ses explications, fait appel à Nepstad qui s'embrouille tout autant, citant un article de 1194, un autre de 1999, puis un dernier de 2004, mais les fameux 40% n'apparaissent tout de même nulle part, et le Sunday Times publie un article sur cet "Amazongate" le 31/1/2010.
Sur ce, le Sunday Times reçoit une lettre de Simon Lewis qui le somme de se rétracter et prend la défense du GIEC, citant un de ses propres articles, concernant la sécheresse en Amazonie - mais ne faisant nulle mention des fameux 40%. Toujours dans cette lettre, il avance (sans citation) que des modèles prédisent une mort ("die-off") de plus de 40% de la forêt amazonienne. Des modèles, encore - et sans références... Enfin, il termine par :
This is not to say this there isn’t much uncertaintly as to exactly how vulnerable how much of the Amazon is to moving to a savanna system. On ne saurait mieux dire...
Bref, toutes les citations utilisables parlent de "sensibilité" de la FA, mais le catastrophisme du GIEC n'apparaît nulle part. Nulle part ? Il existe sur le Net une machine très utile et très dangereuse, le Wayback Machine, qui stocke plus de 50 milliards de pages Web depuis ses débuts ; dès lors, avec un peu de patience, Richard North retrouve l'origine probable de ces 40%, sur un site Web de l'IPAM (Instituto de Pesquisa Ambiental da Amazônia), reproduit ci-dessus...
Le Sunday Times s'est rétracté. Il n'avait aucune raison de le faire, mais l'histoire n'est sans doute pas finie...
A propos, les courbes de précipitation sur l'Amazonie ne donnent pas vraiment le frisson (vous les trouvez sur wattsupwiththat) :