Il y a quelque temps, j'ai reçu un tweet me dirigeant vers un blog du Monde :
http://petrole.blog.lemonde.fr/2011/04/04/plus-de-petrole-dans-50-ans-previent-hsbc/
et donc, comme le dit le lien, selon HSBC il n'y aura plus de pétrole dans 50 ans. Peut-être, mais j'avais moi-même remarqué dans le même blog que http://petrole.blog.lemonde.fr/2010/11/04/pas-de-pic-petrolier-en-vue-selon-natexis-sur/ autrement dit, selon Natixis il n'y a pas de pic pétrolier en vue.
Qui croire ? Un problème majeur dans cette affaire vient du fait que les "experts" qui s'expriment sont très souvent intéressés, dans un sens tout à fait général : si vous travaillez pour Exxon ou pour BP, et même si vous êtes un parangon de vertu, il vous sera très difficile d'être impartial. Et si vous ne travaillez pas pour une compagnie pétrolière, d'où tiendrez-vous votre expertise ? HSBC ou Natixis sont des banques, elles placent et vendent ; et je n'ai jamais été persuadé que les experts des banques fussent des parangons de vertu, eux...
A vrai dire, j'ai entendu cette antienne depuis un certain temps, déjà lors du "choc pétrolier" de 1973 et même avant. Robert Bryce rappelle opportunément que les sombres prédictions sortent régulièrement et que, curieusement, on n'en a chaque fois que pour une dizaine d'années de répit. En 1914, le Bureau des Mines des Etats-Unis prédit l'épuisement dans les dix années à venir. En 1939, c'est au tour du Département d'Etat d'annoncer que c'est pour dans 13 ans ; il révise son diagnostic en 1951 et remet l'inévitable à 13 ans à nouveau. En 1972, l'inénarrable Club de Rome annonce la fin du pétrole pour 1992 et celle du gaz naturel pour 1993. Bien sûr, l'inévitable Ehrlich proclame en 1974 que c'est pour le prochain quart de siècle. Et dans les années '80, Colin Campbell prévoit le pic vers 1989.
Il ne fait aucun doute que ce pic est déjà arrivé dans certains champs, et d'autres sont épuisés. Mais le pic "global" ? On découvre régulièrement de nouveaux champs, certes plus difficiles et/ou coûteux à exploiter (voir la catastrophe du Macondo). Encore une fois, comme avec Fukushima, il faudra sans doute se résigner à un véritable renchérissement du prix de l'énergie. En attendant, je continue à me méfier des marchands de peur (qui, eux mêmes, appellent les sceptiques comme moi les Marchands de doutes - j'avoue que ça me plairait bien de me faire payer, mais je n'éprouve aucune honte à semer le doute...).