(Oui,
toujours le recyclage...)
Une des premières choses qu'on apprend en exerçant la médecine, c'est de toujours diagnostiquer au pire : si le patient meurt, on dira "quel bon diagnostic", s'il survit, "quel bon médecin" ; de
même, j'ai rappelé récemment que pour un journaliste "Good News Ain't no News" ; et enfin pour un politicien annoncer que l'heure est grave mais que grâce à lui les lendemains chanteront est le
premier dans son bag of tricks. Un politicien illustre a bâti son immense célébrité en promettant du sang, de la sueur et des larmes, et puis quand tout est allé mieux, il a été éconduit comme un
malpropre. Un autre s'est fait haïr pour avoir osé dire (ce qui était vrai) : "You've never had it so good".
Un prophète de malheur, c'est un vrai prophète, c'est Philippulus. La petite vignette ci-contre l'illustre bien : un prophète de bonheur est évidemment un vendu. Si vous annoncez la catastrophe
finale, la fin du monde, les sept plaies d'Egypte revisitées par un scénariste de Hollywood, les gens vous regarderont en baissant la tête et en buvant vos paroles. Il reste obscurément dans nos
sociétés l'ancestrale équation malheur = péché, si une catastrophe arrive, c'est à cause de vos péchés, et d'ailleurs chez les télévangélistes bigots des USA, une telle assimilation est faite
régulièrement : Katrina, c'est à cause de je ne sais plus quelle conférence sur l'homosexualité qui devait se tenir à New Orleans ou quelque chose d'approchant, le mariage homosexuel provoque des
tremblements de Terre, etc, etc. Comme un adepte des théories du complot, un prophète de malheur est censé savoir plus et mieux que le commun des mortels, il ne s'en laisse pas
conter, lui, il n'est pas un de ces optimistes béats (car on ne peut être optimiste sans être béat, ça va de soi).
On peut en rire. Pourtant, c'est exactement ce que nous vivons avec les arguments cataclysmiques développés à propos des travaux du GIEC, comité essentiellement politique composé (au moins en ce
qui concerne le WG1) de nombreux scientifiques de haut rang, auquel on a refilé le mistigri de définir une politique basée sur leur science, et qui ont immédiatement donné dans le panneau : pour
une fois qu'on les écoutait ! Mais la République des Savants n'est pas meilleure que la République des Juges : c'est aux politiques qu'il appartient de prendre des décisions en se basant bien sûr
sur des arguments scientifiques, mais pas seulement.
Un exemple : un RC de 2°C devrait entraîner (si les GCM sont fiables, et c'est un grand si) une augmentation des précipitations dans nos contrées et des sécheresses dans le Sahel, par
exemple. Si nos politiques ne savent pas comment gérer ce problème en Belgique, c'est à désespérer de tout (les Bruxellois qui connaissent les aventures du bassin d'orage de la Place Flagey ne
seront pas amusés). Pour ce qui est de la sécheresse, mais pourquoi ne pas utiliser une partie de ces milliards de dollars dont il était question à Copenhague à assurer une adduction d'eau
décente dans les pays où elle manque ? Il en coûterait paraît-il quelques dizaines de millions de dollars. Mais tout le monde sait que Lomborg - un de ceux à proposer un tel deal, pour
employer les termes de DCB (qui a tendance à devenir un peu gâteux ces derniers temps) est un pauvre Pollyanna, un optimiste béat, pour tout dire.
Seulement voilà, on n'entend que les commentateurs inquisiteurs : nous avons commis le péché d'orgueil, nous avons bâti notre bien-être aux dépens de notre révérée Gaïa, et maintenant, il va
falloir expier notre arrogance par la frugalité et le renoncement. Et le GIEC sert actuellement de Tribunal de ladite Inquisition, avec Hansen qui tient des propos incendiaires contre les
infidèles et Pierrehumbert qui reprend le flambeau de Sergio Leone avec The Good, the Bad And the Ugly - devinez qui est qui ?
Inutile de dire que les sceptiques et même les dissidents sont réduits au silence (faites une recherche dans Le Monde en ligne sur "Lindzen" : pas une référence sur un an...),
criminalisés et bien sûr accusés d'être à la solde des pétroliers, des néo-nazis, bref de toutes les forces du mal (j'exagère à peine ; voir les sarcasmes adressés à Roger Pielke Sr, que ses brocardeurs auront peut-être confondu avec son fils Roger Pielke Jr).
Mais à trop crier au loup...