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6 octobre 2009 2 06 /10 /octobre /2009 10:12

 Il est paru dans divers journaux belges plusieurs éditoriaux concernant le mouvement de protestation des producteurs de lait, et tous faisaient  évidemment l'éloge, la louange, la gloire du petit fermier aimant la nature et le bon air, face à l'immonde industrie laitière. Allant jusqu'à dire que Fischer-Boel étant danoise, elle ne pouvait que favoriser ce mode de production bien de chez elle.

Tout cela est évidemment ridicule. D'abord, ce n'est pas un Commissaire qui fait une politique, c'est toute la Commission qui entérine, et puis le Parlement et le Conseil en débattent, même le Comité Economique et Social intervient - jusqu'au Comité des Régions, si j'ai bonne mémoire ; d'autre part, les fermiers, paysans ou quelle que soit la manière de les nommer sont des producteurs, ce n'est pas une honte de le dire, même si pour certains, le terme "productiviste" soit la pire injure qu'on puisse imaginer. Je ferai simplement remarquer que cette affreuse agriculture "productiviste" a tout de même permis à notre monde occidental de ne plus connaître ni disette ni - évidemment - famine depuis bien longtemps. L'Europe a commencé avec la CECA, pour ceux qui l'auraient oublié, charbon et acier censés réconcilier les deux grands producteurs et éviter une nouvelle bagarre de la Ruhr. La PAC a été créée dans la foulée pour assurer l'autosuffisance alimentaire européenne (ça peut sembler idiot, maintenant, mais il faut avoir connu cette époque pour se rendre compte du chemin accompli. Pour aller en France, mon père devait aller demander un "tryptique" - c'était son nom - au Touring Club de Belgique, le présenter à la frontière et, en ressortant du pays, exhiber la voiture pour prouver qu'il ne l'avait pas vendue sur place. Tout voyage devait s'accompagner de liquide, les cartes de débit étant inconnues et les cartes de crédit très peu répandues ; les eurochèques ont commencé à circuler en 1970 ou 1971, et encore de manière restrictive, seules les banques pouvant les escompter et je me souviens d'avoir été regardé de travers dans certaines banques du fond de l'Italie, où on avait tendance à me prendre pour un escroc international. Fin de la parenthèse "de mon temps c'était nettement moins bien"). Et la PAC a dérivé, engloutissant plus de la moitié du budget européen, subventionnant largement les agriculteurs (mais pas nécessairement ceux qui en avaient le plus besoin), qui se rebellaient chaque fois qu'on voulait toucher au monstre. C'était l'époque où à chaque Conseil Agri, les tracteurs convergeaient vers le Charlemagne (on a même dû abattre une vache qui s'était cassé une patte dans les escaliers), sans parler du sac de Bruxelles en 1971, contre Sicco Mansholt ; être Commissaire à l'agriculture n'a jamais été une partie de plaisir.

Je ferai aussi remarquer que la fameuse "traçabilité" est évidemment plus aisée à réaliser dans un environnement industriel, ainsi que les contrôles de qualité. Les agences de sécurité alimentaires sont une invention récente, et la nourriture (tout comme l'environnement en général) n'a jamais été aussi surveillée ni contrôlée. Les lamentations sur la standardisation résonnent depuis les années soixante, mais le moindre supermarché présente incomparablement plus de produits qu'il y a quarante ans ; il fut un temps, c'est vrai, où on ne trouvait quasi plus que des Granny Smith ; c'est bien fini.

Bien sûr, il y a le mythe du "petit producteur", à croire que le rôle de paysan est d'être un garde des Eaux et Forêts. Et chez Rob, il y a le coin du "petit producteur", où l'on propose telle ou telle production, soignée, certes, de bonne qualité, je l'admets, au double ou triple du prix, je le constate, et les prix chez Rob ne sont déjà pas piqués des vers.

Le lait est un produit de base, il est normal que son prix soit aussi bas que possible. On accable la grande distribution, dont les marges sur les produits laitiers sont très bas (je ne suis pas leur défenseur masqué), on oublie de dire qu'en juin déjà la Commission avait acheté et congelé plus de 100.000 tonnes de beurre, que la poudre de lait sert à nouveau de nourriture au bétail et que, pour employer les
euphémismes de la Commission : "Les restitutions à l'exportation, permettant à l'UE de vendre ses produits agricoles à des prix compétitifs sur le marché mondial, ont été réactivées pour tous les produits laitiers", autrement dit, le protectionnisme a repris tous ses droits...

Et puis, je le répète, j'enrage en entendant les producteurs de lait wallons appeler à plus encore de protectionnisme alors qu'ils exportent la moitié de leur production !

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