En 2007, Ian Dale a invité Ben Stewart de Greenpeace à un débat télévisé avec Dominic Lawson (le fils de Nigel "An Appeal To Reason - A Cool Look at Global Warming" Lawson) au sujet du RCAG ; que pensez-vous qu'il arriva ? Ben Stewart déclina poliment l'invitation dans une lettre qui précisait (entre autres) : "Notre politique, à Greenpeace est de ne plus participer à des débats avec des personnes qui n'acceptent pas la réalité scientifique du changement de climat anthropogénique" (merci à Donna).
On imagine mal plus grande arrogance, même de la part de Greenpeace - dont on sait qu'il n'en manque pas, pas plus qu'il ne manque de moyens (175 millions d'€ de revenus en 2005, plus d'un milliard et demi en 10 ans). Même le GIEC admet - certes du bout des lèvres - que l'origine anthropogénique est seulement (très) probable, mais encore de nombreux scientifiques valant bien ceux du GIEC (j'y reviendrai) sont loin d'être aussi convaincus. L'idée qu'il existe une vérité scientifique à laquelle il faut se plier car elle est décrétée en haut lieu est évidemment le summum de la pensée religieuse, celle de Greenpeace et des Ecolos diVerts et variés. La science est toujours en cours de recherche et de discussion ; on se souvient que dans les années 1890, la Physique n'attirait plus grand monde car il semblait qu'elle n'avait plus rien à se mettre sous la dent, sauf à ajouter quelques décimales par-ci par-là... Et je crois que c'est Poincaré qui pensait avoir "atteint le tuf". L'expérience de Michelson et Morley était une simple routine de confirmation entreprise sans enthousiasme (et pourtant, les équations de Maxwell étaient bien connues !). Plus près de nous, je me souviens d'un petit livre que j'ai dévoré étant enfant, La Terre ma Patrie (1947), de Pierre Rousseau - auteur d'innombrables vulgarisations intelligentes. Un chapitre qui m'avait passionné concernait l'hypothèse de Wegener sur la dérive des continents ; Pierre Rousseau explique toutes les mesures effectuées, les efforts considérables d'équipes qui se munissent d'instruments ultra-perfectionnés (pour l'époque) et qui travaillent durant des années pour conclure que, non, il n'y a pas de dérive des continents, simplement des petits mouvements de va-et-vient... D'ailleurs, mes cours de géologie à l'ULB ignoraient superbement la dérive des continents (on n'avait que les géosynclinaux à l'esprit), et notre manuel de Bellair et Pomerol (Collection U d'Armand Colin) le disait sans ambages : "Mais la plupart des postulats admis par Wegener n'ont pas résisté à un examen minutieux [...] la dérive généralisée des continents n'est plus guère admise aujourd'hui[...]".
On pourrait continuer et donner des exemples dans quasiment tous les domaines ; c'est justement l'essentiel de la méthode scientifique de ne pas déboucher sur une science définitive, coulée en bloc et indiscutable : ce serait un dogme, et on sait combien Crick et Watson se sont mordu les doigts d'avoir utilisé ce mot sans en avoir bien saisi le sens...