(Antwerpen pour les puristes).
On sait qu'Anselm Kiefer est né en 1945, année zéro de l'Allemagne nouvelle, on sait aussi que c'est Joseph Beuys qui l'a persuadé de devenir plutôt un peintre (?) qu'un littéraire ou un philosophe. Mon (?) vient de ce qu'il est aussi un matiériste, et donc sculpteur en quelque sorte.
Certains, lecteurs entre autres autres de Beaux-Arts magazine, savent que notre immmmmense Pierre Sterckx considère Kiefer et Louise Bourgeois comme des fumistes et des imposteurs. Libre à lui de le penser, libre à lui de le (faire) publier, mais ce me semble un peu vain.
Il est vrai que l'aspect symbolique, métaphysique, conceptuel de Kiefer peut faire reculer, avec ses références constantes et soulignées à l'horreur nazie et allemande. Mais son questionnement constant "comment peut-on être Allemand, Juif allemand et faire encore de la poésie et de l'art ?", bien qu'il s'estompe dans le temps, reste très présent. Cela dit, je suis très peu impressionné par ses prétentions à son "enjuivement" et à la Kabbale, comme d'ailleurs le shamanisme de Beuys ne m'empêche pas de trouver ses oeuvres dérangeantes et belles. Degré zéro, sans doute. Ainsi, la Spiral Jetty de Smithson est une oeuvre forte et dérangeante, et le film qu'il en a tourné est lui-même une oeuvre d'art dérangeante et belle.
Et, je le reconnais, le symbolisme microcosme-macrocosme de Kiefer me fait un peu, comment dire ? suer. Mais la force qui sourd de ses installations, sa dure beauté tout simplement plastique efface un message parfois un peu naïf.
Très beau, très prenant. A voir.