Bien évidemment, le Saint Père a déploré que la Noël soit devenue une fête de l'affreux consumérisme, où les gens de partout se goinfrent de dindes, de filets de biche, d'huîtres, de foie gras, de sauces riches, de tout en somme ce qu'il faut pour se détraquer l'estomac et la santé, avant (ou après, les deux écoles ont leurs partisans) de distribuer des cadeaux en nombre obscène à tous et à chacun. On est loin, tellement loin de la naissance de "Jésus de Nazareth" (mieux dit "Jésus le Nazoréen").
Allons donc, mon vieux Benoît ! Qui s'est approprié quoi ? Le solstice d'hiver a été depuis des millénaires une vraie "fête", une réjouissance populaire célébrant le retour de la lumière - et ce spécialement dans les pays nordiques, ça va de soi. Tout cela, bien évidemment, en-dehors de la très récente "tradition chrétienne", et Denys le Petit n'a certes pas eu à se creuser la cervelle pour trouver sa généalogie...
Alors, ce qui me fait doucement sourire, c'est la double dénonciation parallèle et contradictoire de la "consommation" et de la "perte de liens sociaux" brandie par certains. La Noël, justement, dans nos sociétés déchristianisées et ailleurs aussi, c'est justement la refondation ancestrale de liens sociaux, souvent autour des liens familiaux, mais pas seulement. On échange des cadeaux, parfois, je l'admets, de manière potlatchique, mais souvent symbolique. Les repas pris ensemble en famille les ressoudent (oui, bien, bon... pas vraiment des syssigies, mais on a évolué), et l'échange de cadeaux a une forte valeur de religion, de resserrement des liens. Après quoi les vieux démons reviennent... Embrassons-nous, Follevile, et puis après pleuvent les critiques. C'est humain, comme on dit pour désigner les pires penchants de l'humain, mais voilà, c'est ainsi.
Cependant, je le confesse, je suis en charge depuis plusieurs (n'exagérons pas, tout de même) décennies, de confectionner la dinde farcie dont toute la famille va se gorger en me faisant moults compliments, tout comme je suis en charge d'ouvrir un bon cent d'huîtres (j'ai le couteau magique). Et je ne le regrette pas. Je n'ai pas souvenir d'avoir jamais proposé un cadeau sur e-bay, et je ne pense pas vraiment que mes cadeaux aient jamais fini là-bas. "Famille, je vous hais" ? Oh que non, mais peut-être ai-je de la chance après tout.
Il y a une certaine excitation dans ces jours ou ces semaines précédant Noël qui a au moins l'avantage de sortir nos semblables d'une vie un peu grise et pluvieuse. Je m'y trouve bien. Et la nouvelle année - celle-là complètement païenne - resserre les liens avec le cercle des amis.
Je vous souhaite donc de très belles fêtes de fin d'année, mais avant de partir dans le Vercors célébrer avec quelques amis l'arrivée de 2012, je me dois de vous raconter la rencontre entre mon beau-frère par alliance et les oscillocoques...
(à suivre !)