Certes, je me suis fait reprocher par Aymeric d'avoir trouvé Jean Rouch parfois étouffant et ennuyeux, mais à la relecture, c'est lui qui avait raison (encore que mon souvenir de 'Moi, un Noir' reste à ce jour indécidable).
Or, les DVD de Jean Rouch se ramassent aujourd'hui à la pelle après des décennies d'oubli, et comme c'est chouette ! Hier, c'était "Cocorico, Monsieur Poulet", et ce soir la guerre de l'hippopotame, sur le même DVD.
Ayant un peu de connaissance du Mali et de l'Afrique de l'Ouest, nous avons été émerveillés de cette compréhension qu'il avait des gens qui y habitaient. Pour ce qui est de la 2CV de "Cocorico", c'était désopilant, mais évidemment arrangé (fort bien, les protagonistes jouant parfaitement leur rôle), mais la chasse à l'hippopotame était un documentaire plus brut - abstraction faite du commentaire en hectoring voice). Cette chasse avec des engins somme toute assez primitifs mais tout de même très performants (où se mêlaient les savoir-faire de forgerons, de bateliers, de navigateurs, et plein d'autres) c'était vraiment toute notre humanité. Comme je n'arrête pas de le dire, depuis Cro-Magnon (et je le sais par ma propre expérience), nous, les Homo Sapiens (on disait dans le temps Sapiens Sapiens pour ne pas mépriser nos cousins néandertaliens, très estimables par ailleurs) nous sommes toujours les mêmes, à chasser (et apprivoiser) les hippos, à résoudre des intégrales, à adorer les Kouroï, à admirer en bref un peu tout ce que la foule bruxelloise révère dans les expositions des Esquimaux (j'assume l'orthographe) aux Fuégiens.
En fait, j'aime bien mon espèce et j'admire mon semblable - parfois d'un peu loin..