Ce livre est à lire à plusieurs niveaux, et voici ceux que j'ai retenus :
- contrairement à ce qu'on peut penser ou à ce que certains veulent faire penser, le confessionalisme en France est ultra-majoritairement le fait de l'Église catholique. De '84 à nos jours, sur 20 procès intentés, 18 ont été le fait de l'aile la plus droitière du catholicisme (mais parfois avec la bienveillance de la hiérarchie, voire de Mgr Lustiger et bien entendu du Pape, parfois aussi avec le Grand Rabbin - j'adore certaines majuscules minusculisant les auteurs), deux seulement avec l'appui des Autorités (oui, oui..) musulmanes et même une fois - cher Houellebecq - avec la complicité de la LDH. Quant au MRAP, on aura la décence de ne pas même l'évoquer, comme ici en Belgique en ce qui concerne notre MRAX si parfaitement dévalué).
- Lors de l'affaire de La Cène, publicité détournant le tableau de Vinci, les arguments du TGI et de la Cour d'appel sont proprement effrayants. Je ne veux pas parler des arguties légalistes (par ailleurs fort intéressantes) au sujet de la Constitution française ou de la Convention de Sauvegarde des Droits de l'Homme (toujours les majuscules, mais en ce qui concerne "Homme", j'y souscris évidemment pleinement), mais bien du prononcé, et je cite :
"de susciter l'idée d'un certain anti-cléricalisme", "le caractère tragique pourtant inhérent à la représentation de l'événement inaugural de la Passion", "un dévoiement caractérisé d'un acte fondateur de la religion chrétienne, avec un élément de nudité racoleur, au mépris du caractère sacré de l'instant saisi".
"Sacré", je me borne à retranscrire. Quel juge, ce Monsieur... ce Monsieur Jean-Claude Magendie. Mais son curé doit lui avoir tapoté la nuque.
Dieu (merci) merci, la Cour de Cassation a réduit à néant ces jugements et a ajouté quelques phrases empêchant toute exploitation en réserve permettant des poursuites contre les blasphémateurs. Il n'empêche, et il faut rester vigilants (camarades ! Bon, j'exècre la posture militante, mais tout de même... Disons "attentifs").
Et puis encore, je veux bien qu'il ne faille pas peindre à la brosse de goudron les tenants de n'importe quelle religion ou idéologie dont on peut estimer qu'elle est pestilentielle, mais va-t-on traîner devant les tribunaux le Monde Diplo quand il stigmatise les ultra-libéraux coupables de crimes contre l'Humanité, les opposants au GIEC comme devant faire l'objet d'un Nüremberg-bis, les Maoïstes comme des monstres responsables de dizaines de millions de morts, etc. etc. ? Pas facile, n'est-ce pas ?
First Amendment, in my opinion, mais je sais que c'est un point de vue minoritaire...
Quoi qu'il en soit, livre à lire.