L'hystérie collective soulevée par le récent Irene aurait été risible s'il n'y avait pas eu des morts à déplorer. Même Obama est passé à la télé pour annoncer sa sympathie avec une mine grave, les gouverneurs et maires ont été au front et très visibles - après tout, la com, ça les connaît, c'est comme ça qu'on se fait réélire et les leçons de Katrina n'ont pas été perdues. Mais ici aussi, à chaque bulletin d'information on entendait le lot de déclarations alarmistes et les extrapolations cataclysmiques qui finissaient par faire croire que New York allait disparaître de la carte. Le comble de la crétinerie étant la couverture de la Dernière Heure Dimanche (une feuille de chou, mais tout de même !) où l'on voyait une femme sur une plage, cheveux au vent et serrant sa jupe, avec le titre "Apocalypse" en rouge au-dessus...
Il est exact que les ouragans qui remontent jusque là ne sont pas fréquents, mais ils n'ont rien d'extraordinaire. Je me souviens de deux ou trois étés où j'étais allé voir la mer déchaînée chez ma soeur qui habite le South Jersey, il fallait faire attention de ne pas se faire retourner la voiture quand elle était flanc au vent. Et les New Yorkais de bonne souche sont prêts à affronter de telles queues d'ouragan comme ils sont prêts à encaisser les éventuels blizzards pour lesquels la ville est célèbre. Mais non ! les commentateurs prenaient leur mine sombre pour parler des vents violents (130 km/h ! Tu parles d'une violence !) et montrer les images tragiques d'une ville vide (sur CNN on voyait des habitants qui avaient refusé l'hystérie collective et étaients restés chez eux et qui en témoignaient avec leur riche consonance urbaine, propos évidemment restés inaudibles ou en tous cas pas traduits dans nos chaînes francophones lorsqu'elles diffusaient les mêmes images).
Il y a trois ans, si vous vous en souvenez, c'était Gustav qui avait fait l'objet de commentaires du même genre, et je m'étais fendu d'un post que je ne renie ni ne regrette, au contraire, je pense qu'il s'applique toujours parfaitement à la situation. A une exception près : quand je vois tous les politiciens se tordre les mains sur les écrans, je me dis qu'ils ont peut-être deux messages à faire passer : le premier, c'est évidemment "vous voyez comme je suis actif, votez pour moi", mais le deuxième pourrait bien être "vous voyez ce qui nous attend ? tout ça c'est la faute du RGA et donc il faut de nouvelles taxes, des lois draconiennes, etc." Je ne pense nullement faire preuve de paranoïa, tout comme je ne trouve aucune paranoïa chez Wackes Seppi ni chez Marcel Kuntz quand ils montrent les orientations quelque peu tordues de l'AFP envers les OGM. La politique, c'est tout de même ça (aussi), non ?
Quoi qu'il en soit, voici un ordre de coûts des dégâts causés par les ouragans atlantiques les plus dévastateurs, et il ne faut pas oublier que les coûts ne sont pas en relation directe avec la force mais bien plutôt avec l'urbanisation (cliquer dessus pour agrandir).
P.S. J'avais raté un excellent article de Revkin sur les Ouragans atlantiques. Voilà, c'est corrigé.