Oui, en allemand dans le texte - même si ma connaissance de la langue ne me permet de le lire que dans la très belle
traduction de Jaccottet - tout simplement parce que, ainsi qu'il a été dit un peu partout, "Eigenschaft" et "qualité" ne sont pas vraiment des équivalents. Mais comment mieux dire ?
Musil m'a été révélé par J.-F. Revel dans les années '60, au temps où il m'arrivait (et ça m'arrive encore, je le confesse) de regarder la TV, très précisément le merveilleux "Lectures pour
tous", où j'ai découvert aussi Lévy-Strauss et ses Mythologiques. Je n'ai évidemment pas raté le Törless de Schlöndorff, mais L'homme sans qualité m'a pris plus de
temps à lire. À vrai dire, je n'ai jamais pu le terminer, non certes que le livre me soit tombé des mains, mais tout simplement parce que sa densité (en plus de son volume...) était stupéfiante.
Voilà un livre où chaque phrase (et, je le répète, il y en a beaucoup) doit être soupesée, estimée, digérée. Et il faut en plus garder le fil d'un récit prodigieusement riche sur une
époque et dans un lieu et une situation extraordinaire (la même année où se déroule Das weiβe Band). Oh, Proust n'est pas plus facilement accessible, mais enfin il parle d'un monde que
je connais mieux, et puis il était tranché en différents "épisodes" (et encore, je ne suis pas certain d'avoir tout lu du Temps perdu).
Et, heureusement, j'ai à présent le temps de déguster le livre.
Pourquoi ce post, annihilant ma promesse précédente d'y parler de géoingéniérie (mais, promis, j'y reviendrai) ? Tout simplement parce que Musil - ce géant de la littérature allemande - me
semble passé de mode, et c'est bien triste. Ayant été récemment étrillé par un lecteur estimé pour avoir exprimé quelques réserves sur l'oeuvre de Jean Rouch, je me devais de remettre une opinion positive sur un auteur que je révère...
Et c'est ainsi qu'Allah est grand...