On connaît la mauvaise réputation du PIB auprès - évidemment - des zécolos (comme le dit si bien Eric Le Boucher, où sont les ours polaires dans le PIB ?) mais aussi un peu partout dans l'opinion puisqu'on se délecte régulièrement à nous expliquer que la maladie et les accidents le font monter, et que c'est donc une mesure ridicule de la richesse et du bien-être, n'est-ce pas ?
Un haussement d'épaules : on devrait savoir que, comme le rappelle Stéphane Ménia, "le PIB, ce n'est pas la production, mais la valeur ajoutée globale. Ce qui signifie que pour chaque unité de production, sa contribution au PIB correspond à sa production moins ce qui a été consommé pour la réaliser (les consommations intermédiaires)" un peu comme la TVA, si je comprends bien, mais je ne comprends peut-être pas très bien. Le PIB sert à mesurer grosso modo la croissance économique (anathème pour les zécolos), c'est un outil comptable qui n'a pas et n'a jamais eu vocation à quantifier le bonheur (mais là, la référence est à la "Planète" qu'on n'a pas vraiment interrogée, du moins à ma connaissance). La richesse, peut-être, en PIB/tête de pipe, mais pas le bonheur. Les accidents y participent, tout comme la maladie, eh oui, ça fait vivre les carrossiers, les mécaniciens, les médecins et les entrepreneurs de pompes funèbres. Et il est faux de dire que les RFC ou les logiciels libres, par exemple, n'y participent pas, car ils multiplient l'offre et les produits dérivés.
Si vous vous demandez pourquoi j'évoque un tel marronnier, c'est tout simplement que je viens de lire un article intéressant de R. Pielke Jr. sur le sujet, relatant une étude allemande passant en revue les divers "indices de bonheur" du genre de ceux avec lesquels on nous bassine, et les comparant avec tout simplement le revenu par habitant - la métrique étant décrite dans le papier original des chercheurs (elle se base sur des statistiques publiées d'estimation de bonheur subjectif).
Une seule fait mieux que le revenu (ou PNB), c'est un certain "Better Life Index" de l'OCDE :
OECD. (2011). OECD better life initiative. Compendium of OECD well-being indicators.
Et, donc, un très simple assessment comptable presque universellement détesté par les décroissants (et ici il est de tradition d'ajouter "au beurre") fait mieux que tous les autres indices sauf un ; pas mal pour la simplicité, non ?