Et, oui, c'est sans doute d'os rimant avec "dos" qu'il faut parler, le deuxième terme étant dévoilé dans les dernières minutes du film.
Une fois de plus, Jacques Audiard confirme son attachement pour les enfermements de ses personnages, Stéphanie - magnifiquement interprétée par Marion Cotillard, et Ali - tout aussi dur et tendre dans le personnage qu'interprète Matthias Schoenaerts (qui ne devrait pas à l'avenir se laisser enfermer dans un personnage convenu, tout de même, comme Anthony Perkins qui a tout perdu avec Psycho) - , l'une dévorée à mi-jambes par un orque-épaulard (oui, un cachalot appelé Killer Whale et qui a fourni du sentimentalisme pleurnichard dans je ne sais plus quelle série de films pour retardés mentaux), l'autre réfugié dans une espèce d' "autisme" comme dirait ma fille cadette, heureux de se castagner dans des matches de boxe sans règles. Sans règles ? Non, le personnage évolue. Il apprend (surtout à se battre), il est "bon" mais sec, "normal", comme il le répète, "opé", comme il le dit (un peu trop souvent), càd "opérationnel" pour faire l'amour avec Stéphanie, sans vice, sans dégoût, sans autre sentiment qu'un gentil attachement "de potes". Brut de décoffrage, comme on dit.
Audiard avance avec de magnifiques images souvent très bridées, sans pathos, sèches elles aussi - c'est son style et il suffirait de quelques minutes "en aveugle" pour l'identifier (la musique aide aussi...).
Hélas...
Hélas, ça se gâte à la fin. On avait déjà compris que le film était tiré d'un roman américain (toute la problématique... un peu comme le superbe In the Electric Mist de Tavernier - pas un auteur dont je sois souvent fan mais qui comprend si bien l'environnement sudiste et qui a tout de même fait du beau travail, n'en déplaise à Chronicart) mais justement ! Lorsqu'Ali joue avec son fils sur le lac glacé, on devine très rapidement ce qui va se passer. Pas de problème, bien sûr , on avait vu une scène presque pareille (mais bien mieux construite !) dans Frozen River : ici ça se développe de manière un peu too much, les 27 (? comme l'Union européennes !) os de la main, et puis le diplôme, et puis le Sheraton de Varsovie, et puis le "Je t'aime" presque hollywoodien (dans le mauvais sens du terme)...
Dommage, mais un plaisir certain pour un beau moment de cinéma malgré le ratage évident. Après tout, mon cher Wes Anderson n'avait pas vraiment réussi son Fantastic Mr. Fox !
P.S. J'aime assez le commentaire laissé par Sceptique.