Qu'un premier ministre d'un grand pays, membre par surcroît de l'Union européenne où la libre-circulation est un principe fondateur, se permette d'injurier un concitoyen qui a choisi d'aller vivre ailleurs est proprement ahurissant. On sait bien que le "républicanisme" français est en fait un dirigisme d'Etat partagé par la droite et la gauche (il n'y a virtuellement pas de parti libéral en France) qui s'arroge le droit de micro-gérer la société dans son ensemble ; mais tout de même, tant de bassesse chez un homme qu'on croyait au-dessus de ça, c'est étonnant. Que la Presse - surtout de gauche - commente, et même s'indigne, bah ! elle est dans son rôle. Mais ici, c'est un déchaînement de rage et de haine qui s'exprime un peu partout dans le monde politique spécialement (à remarquer par contre, la grande modération de l'édito du Monde). Il y a plein de Français qui quittent leur pays pour aller chercher fortune ailleurs (au plein sens du terme...), et on n'en fait pas tout un plat, heureusement ; ce sont parfois des entrepreneurs, des créatifs, des gens d'un haut niveau, et ils ont la bougeotte, grand bien leur fasse ! Le dernier cas en date avait aussi rameuté les indignés, mais avec un Depardieu on devait bien s'attendre à une riposte foudroyante, qui est venue, bien sûr.
Entendons-nous bien : un gouvernement démocratique peut démocratiquement édicter les lois fiscales qu'il estime justes. Mais il doit alors en tirer les conséquences, comme chaque citoyen tire les siennes. François Hollande fait passer une loi ridicule (mais démocratique ! Ouais, démagogique, aussi), il se doit d'avoir réfléchi aux conséquences. Curieusement, l'affaire Depardieu occupe toute la scène médiatique et éclipse opportunément le fait qu'il n'y aura pas de "coup de pouce" et que les grands dossiers (fonctionnaires, etc.) traînent... J'entendais un journaliste du Point déplorer que la politique de Hollande soit incompréhensible et opaque ; on ne saurait mieux dire, sauf à croire que, finalement, il n'y en a pas...