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1 décembre 2010 3 01 /12 /décembre /2010 14:57

C'est un passage obligé, même si je n'ai pas une opinion très tranchée sur la chose, sauf à remarquer que jusqu'à présent ce sont les Etats-Unis qui ont été pris comme cible, et qu'on verra bien si les promesses de s'en prendre à d'autres Etats seront tenues.

 

Je me souviens de l'obsession de "transparence" qui habitait les Etats scandinaves et nordiques lorsqu'ils ont rejoint l'Union européenne, et qu'on allait voir ce qu'on allait voir en matière de respect du citoyen. Et, effectivement, grâce aussi à la montée en puissance du Net, les sessions des Conseils ont été rendus publiques, les documents publiés, etc. Fort bien. Cependant, quoi qu'en aient dit les passionnés transparents, ce genre d'initiative - certes très louable, je le répète - ne fait que repousser les négociations discrètes à un niveau un peu plus élevé - les dîners de chefs d'Etats et de Gouvernement, pour ce qui concerne le Conseil européen, par exemple. On se souvient que Lénine et Trotsky en arrivant aux affaires, avaient décidé de publier tous les traités et documents confidentiels et secrets découverts au Ministère des Affaires Etrangères dont Trotsky était devenu le patron. On se souvient aussi que pour se rendre à Brest-Litovsk, Trotsky avait hélé le premier venu rencontré je ne sais plus où pour être un des plénipotentiaires. Il n'avait pas fallu beaucoup de temps au nouveau régime pour comprendre l'extrême naïveté d'une telle politique, au point d'ailleurs de sombrer dans la caricature paranoïaque où tout était secret d'Etat.

 

Quant aux notes d'Ambassades, elles ne sont que cela, justement, des notes. J'ai eu l'occasion durant plusieurs années d'être en charge des archives d'une institution officielle, et dans ces archives figuraient de telles notes, d'ambassadeurs, de chargés d'affaires ou d'attachés commerciaux. Elles n'étaient pas vraiment secrètes, mais inaccessibles au public (il faut dire qu'à l'époque, la gestion des pièces confidentielles était assez rudimentaire. Ce n'est plus ainsi, maintenant) et, surtout, mortellement ennuyeuses. On y trouvait de tout, un peu comme ce qui se trouve encore dans les documents du Wikileaks, des ragots de couloir aux propos de garden-party. Ce qui rend les fuites actuelles particulièrement dangereuses, ce n'est pas leur contenu (en général sans intérêt, même s'il est parfois piquant) dont tous les gens ayant de près ou de loin fréquenté la diplomatie connaissent les détails mais ne les répètent pas, c'est surtout le fait de montrer au grand jour l'absence totale de précautions prises par l'administration américaine pour éviter d'embarrasser tout le marigot diplomatique international. Paradoxalement, donc, c'est le manque de secret, c'est l'utilisation de la simple discrétion qui est la cause de ce tumulte. Julian Assange sera certainement responsable d'un raidissement de toutes les procédures de publicité et provoquera sans aucun doute une diminution de la transparence administrative.

 

Et alors, il pourra crier à la dictature...

 

P.S. Qu'on m'entende bien : défenseur acharné du Premier Amendement et du free speech, je suis viscéralement attaché à la transparence. Mais postérieure. C'est presque un truisme que toute négociation transparente n'est pas une négociation ; imagine-t-on un joueur d'échecs qui afficherait sa stratégie et sa tactique à son adversaire ? Seulement, pour faire avancer la théorie, il serait préférable qu'il les dévoile après coup. De même, la nécessité de confidentialité me semble incontournable, et c'est ce que prévoit d'ailleurs la nécessité de déclassification. Après 10, 20 ou 30 ans, ça peut se discuter, mais pour ma part je préfère un temps assez court.

 

PPS. Depuis, j'ai appris que les pères fondateurs du nouvel Etat américain avaient eu cette même obsession en réaction aux secrets de la diplomatie du colon anglais. Je ne doute pas que certains enthousiates africains aient eu, l'espace d'un moment, envie de faire de même lors de l'accession de leur pays à l'indépendance. Tout cela ne dure guère... D'autre part, si je n'ai jamais tenu Julian Assange - le Nelson Mandela+Mère Teresa de l'inénarrable Guardian - pour un glorieux personnage, son "autobiographie non autorisée" m'a ouvert les yeux sur la veulerie et l'inconsistance du personnage : http://www.spiked-online.com/index.php/site/reviewofbooks_article/11126/

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commentaires

S
<br /> <br /> Que le mal, qui est fait, soit juteux pour les journaux qui ont été choisis pour exploiter ces ragots, je suis tout à fait d'accord. Des attaques cybernétiques, une expulsion par l'hébergeur<br /> Amazon, la recherche par Éric Besson d'une possibilité juridique de le faire virer par OVH, ne paraissent pas devoir être efficaces. Obama n'aura jamais le cynisme et l'efficacité d'un Poutine.<br /> Quand la poubelle sera vidée, le contenu sera composté!<br /> <br /> <br /> Il y pas mal de saloperies qui circulent sur le net sur un certain nombre de personnes en vue. Elles n'y peuvent rien, et continuent leur vie publique.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Vous avez raison sur le fond, mais maintenant que le mal est fait, la question qui se pose est celle de sa nuisance "hic et nunc"? Les médisances des "grands", les coups de pied sous la table<br /> font assez vite partie des mémoires que les auteurs de vacheries, ou leurs receveurs (moins souvent) rédigent au profit de l'histoire. Les historiens en font leurs choux-gras (De<br /> Gaulle-Churchill, De Gaulle- Roosevelt, etc, etc. Les vacheries récoltées par les américains, comme celles, fraichement publiées, de DSK à propos de Ségolène, vont peut être ternir la passion que<br /> la (future) présidente se vante d'avoir pour son (futur) Premier Ministre, mais sûrement pas faire abandonner le procédé tactique.<br /> <br /> <br /> Non, vraiment, sur les événements en cours, il n'y a rien à craindre. Le tour de vis à la discrétion se desserrera vite.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Je n'en suis pas sûr du tout, d'ailleurs l'armée américaine a débranché l'accès au SIPRNet et toutes les procédures vont être revues à la hausse. Que Le Monde, le Guardian etc.<br /> prennent des airs de sauveurs de l'humanité parce qu'ils décident souverainement comment ils vont emm... le Département d'Etat US au lieu d'admettre que ça fait vendre me semble d'une hypocrisie<br /> assez abjecte. Le Guardian condamne hautement les hackers qui surprennent et publient dans la gutter Press des conversations téléphoniques privées entre people, mais se<br /> font un devoir de publier l'opinion d'un troisième sous-secrétaire d'Ambassade assurant que Khadhafi aimerait sauter son infirmière ukrainienne - ça c'est du journalisme responsable...<br /> <br /> <br /> Allons donc, il y a faire du tirage, d'abord, et puis un bon vieux fonds d'anti-américanisme viscéral tellement évident dans le courrier des lecteurs du Monde.<br /> <br /> <br /> Ce qui m'amuse aussi, c'est de découvrir tout à coup chez tant de gens qui s'affirment fièrement "de gôche" une vibrante apologie du free speech alors qu'il n'y a pas si longtemps<br /> ils manifestaient bruyamment contre ces salauds du Pentagone et leur Echelon... dont l'équivalent n'existe évidemment nulle part dans le monde, non non, ce serait trop affreux !<br /> <br /> <br /> <br />