Fuyez.
On ne refait pas le Seigneur des Anneaux avec Alice in Wonderland, c'est une trahison absolue. Il ne reste plus dans cette triste soupe (à la tortue ?) aucun mystère ni aucune "poésie", même si je dois m'excuser pour ce mot si galvaudé. Alice n'est plus une petite fille, mais une future épouse promise à un parfait crétin, ce qui dénature totalement le sujet. Les animaux (à l'exception peut-être du Dormouse) sont laids. Le joli Lapin n'est pas pressé, même si l'on voit des montres de temps en temps. Les cartes à jouer sont des guerriers qui seraient mieux à leur aise dans Star Wars, et il y a une invraisemblable White Queen, soeur de la Red Queen qui a fait les délices des biologistes darwiniens. Le Grinning Cheshire Cat et son sourire évanescent n'est que prétexte à apparitions et disparitions houdinesques.
'Twas brillig and the slithy toves... est cité, bien sûr, et on amène Jabberwocky à la rescousse (d'ailleurs pataud, marchant sur des ailes-pilons et dont le feu de dragon est - modernité oblige - électrique). Nouvelle trahison.
Et que dire du "jeu" de Johnny Depp ? Monstrueusement maquillé, il est moins expressif que le bon Schwarzie, qui, lui au moins, avait deux expressions dans chacun de ses films. Quelle pauvreté.
Evidemment, la stéréoscopie est foudroyante, même - tout juste - pour un porteur de Varilux, sauf qu'alors il ne faut pas espérer lire les sous-titres. Et c'est en fait le problème principal : Burton a été piégé par son nouveau jouet et a sacrifié tout aux effets. Un peu comme des parties de ping-pong qu'on avait vues dans les années cinquante avec des lunettes bleu-rouge...
Tout de même, une mention spéciale à l'actrice qui interprète Alice avec une très belle modestie.
Pour le reste, c'est un spectacle déplorable, à éviter comme le GIEC.