Le réchauffement climatique serait-il responsable de l'effroyable vague de froid que nous avons connue la semaine dernière ? A en
croire certains journalistes, cela ne faisait pas de doute ; dans les années cinquante, il ne faisait pas de doute non plus que les "bombes atomiques" détraquaient le temps, mais les journalistes
en ce temps étaient peut-être moins sensationnalistes (ou plus aux ordres des gouvernements...) et n'accréditaient pas trop ce genre d'hypothèses. Les temps ont changé, et trouver un journaliste
qui ne soit pas hostile aux OGM ou qui nourrisse quelques restrictions à l'égard des effets du réchauffement climatique est extrêmement difficile.
Et pourtant, il y a quelques jours, une émission de notre Retebef faisait le point sur la question de la vague de froid en particulier et de ses causes éventuelles ; il y avait un
paléoclimatologue des glaciers, un journaliste scientifique et Serge Galam, auteur de Les scientifiques ont perdu le
nord.
Assurément, la petite semaine froide fut rapidement passée aux oubliettes. Rien d'exceptionnel, sauf la volatilité de la mémoire humaine. Comme le savent bien les météorologues, chaque jour voit
un record, il suffit de le chercher un peu : jour le plus sec à Trou-lez-Gruyère depuis 1885, jour le plus froid à Nage-sur-mer depuis 1917, voilà qui est vain.
Par contre Serge Galam se fit entendre rapidement en portant l'estocade contre le "consensus du GIEC". D'abord, la science n'est pas une démocratie, la notion de consensus n'existe pas. Les
scientifiques sceptiques sont ostracisés, et ceux qui se joignent aux conclusions du GIEC le font pour bénéficier de subsides gouvernementaux. Et rien ne prouve scientifiquement
l'origine humaine du réchauffement. Les modèles de circulation et de prévision climatique sont très grossiers. Parler de probabilité n'a pas de sens puisqu'il n'y a qu'une Terre. Le discours
catastrophiste ambiant, de plus, est d'origine idéologique plus que scientifique. Enfin, oui, il faut tenir compte de ce que le pétrole et le gaz s'épuisent donc changer nos habitudes.
Bref, le discours de toute une frange, certes minoritaire mais respectable de certains scientifiques, à vrai dire pas toujours des climatologues ou des météorologues.
Consensus, démocratie : ce n'est pas du tout la même chose, et s'il est certain que la communauté scientifique ne vote pas, il est non moins certain que le consensus est l'essence même
de la méthode. Consensus ne veut pas dire unanimité, mais quand un certain nombre d'éléments ont été établis (c'est-à-dire mesurés et reproduits) dans un ensemble théorique, un consensus se
forme. En ce sens, la communauté scientifique est très conservatrice, et c'est bien mieux ainsi (strictement parlant, ce que je viens d'écrire n'a aucun sens), sinon, le premier scientifique venu
avec des idées farfelues (il y en a...) pourrait renverser d'un trait de plume ou d'une expérience ratée ou ambiguë les travaux de ses pairs. Avant de faire changer de paradigme, pour emprunter
la terminologie à la mode, il faut de solides travaux et beaucoup d'acharnement. Virtuellement chaque théorie scientifique a ses détracteurs : la mécanique quantique et la relativité générale
sont incompatibles, la cosmologie est un gigantesque champ de bataille, et on voudrait que le GIEC soit au-dessus de la mêlée... Non, c'est un organisme scientifique et politique, les
scientifiques sont aussi des Hommes et se battent pour faire subsidier leur laboratoire et obtenir tel ou tel prix, sans doute. Mais les conclusions du GIEC sont bien argumentées, par des
spécialistes de haut rang et je pense un peu léger de semer le doute sur son impartialité, de la même manière qu'il est insultant de présenter les sceptiques comme de sombres crapules vendus aux
intérêts des pétroliers.
Les modèles climatiques sont certainement encore très rudimentaires ; malheureusement, ils semblent à certains points pécher par excès d'optimisme. Ainsi l'anomalie de la calotte glaciaire Nord semble être bien plus forte que prévu, et la fonte des glaces du Groenland s'accélère de
manière inquiétante. Comme je l'indiquais plus haut, il y a du grain à moudre, et rapidement, encore ! C'est par rapport à ces modèles, d'ailleurs, qu'il faut entendre les
"probabilités" d'un événement, et encore, en suivant des fourchettes d'hypothèses. Si tous les modèles s'accordent sur un effet bien précis, on parlera de 100%, mais c'est évidemment
impossible - sinon, il n'y aurait qu'un modèle... Il est exact que parler de probabilités dans ce cas est un peu excessif, mais c'est un usage très courant ("j'ai tant de pourcents de
chance de vivre jusqu'à 80 ans").
Que l'origine anthropique du réchauffement ne soit pas scientifiquement prouvée, c'est un épouvantail (a strawman, comme disent les Anglo-Saxons). Il faut bien se rendre compte
que toutes les explications parallèles (rayons cosmiques, lectures erronées...) ne sont pas convaincantes ou ont été réfutées. Un faisceau d'indices confirme bien cette hypothèse, qui est au
moins aussi scientifiquement prouvée que l'existence des cycles de Milankovitch et ses répercussions sur le climat
terrestre, et certainement plus que l'hypothèse de la comète qui a occis les dinosaures...
Evidemment, les sceptiques tombent tous sur le poil d'Al Gore et de son tableau truqué où il fait coïncider les périodes de réchauffement post-glaciaires avec l'élévation du taux atmosphérique de
CO2 - en réalité, il semble bien que dans la grande majorité des cas cette élévation de CO2 ait suivi le réchauffement, autrement dit en aurait été un
effet plutôt qu'une cause... Comment ce bonhomme a pu avoir le Nobel avec un aussi mauvais petit
documentaire me remplit de stupeur et de tremblements...
Par contre, en ce qui concerne les sous-entendus politiques et idéologiques...
(à suivre)
P.S. Je suis bien moins sûr actuellement de certains de mes commentaires, qui étaient à l'époque basés sur une connaissance insuffisante de certains arguments contraires, bien plus difficilement accessibles que ceux des "orthodoxes". Depuis, j'ai fait mes devoirs...