Mais bien sûr, c'est Mumbai, actuellement, et quoi qu'il en soit, le jeu de mot est scandaleux et indécent. On ne plaisante pas avec des choses comme ça. Pardon. Cela dit, c'est tout de même mieux que "Bombes à Bombay pour OSS117", non ?
Ce n'est pas la première fois qu'il y a des attentats à Mumbai, certes non, mais cette fois, c'est plus soigné, et les cibles ambiguës - ou alors trop bien définies. On dit qu'ils cherchaient particulièrement les Anglo-Saxons, et il est vrai que le café Léopold en regorge, mais pas précisément de ceux qui fréquentent le Taj.
Contrairement à de nombreux soixante-huitards, je n'ai jamais eu le coup de bambou pour l'Inde, ses gourous et sa haute spiritualité (du genre : this Yoghi posture is good for meditation and bowel movement). Quand j'entendais vanter le pacifisme et l'extrème douceur de ce merveilleux pays, je ne savais trop s'il s'agissait d'une imposture effrontée ou d'une méconnaissance due au séjour exclusif dans un Ashram certes pompe-à-fric mais en général paisible (du moins quand le gourou de secours ne se tapait pas toutes les bonnes femmes au petit déjeuner. Ou les bonshommes. Voire les deux). La société indienne est extrêmement violente, et pas seulement en ville : voir aussi le nombre surprenant de veuves récentes qui oublient comment fonctionne un réchaud ou prennent feu spontanément... C'est chaque jour qu'un cinéma saute, qu'un bus est incendié, que des émeutes font des dizaines de morts. Ce serait trop facile aussi de ne voir que les fanatiques islamistes contre le monde entier, les hindouistes féroces ne manquent pas non plus, et massacrent aussi bien des musulmans que des Sikhs. A côté, au Sri Lanka, c'est l'étripage généralisé entre Tamouls hindouistes et Sinhalas bouddhistes, avec certes des revendications politiques, territoriales et linguistiques, mais toujours avec l'appui de la foi ; comme dans le temps les monophysites et les nestoriens se bagarraient par empires interposés, les religieux divers règlent leurs comptes dans de joyeuses tueries entreprises avec sérieux et compétence. Voir encore les religions comme un camouflage des intérêts "réels" n'est plus que l'apanage de quelques pseudo-marxistes simplificateurs et paléontologiques, comme certains voltairiens croyant réellement que les juifs ne mangeaient pas de cochons parce que ceux-ci étaient ladres.
Tzvetan Todorov, dans le prière d'insérer de son "La peur des barbares" note : "Le choc des civilisations, ce serait : les démocraties occidentales d'un côté, l'Islam de l'autre". Ce n'est évidemment ni ce que dit Huntington, ni ce qu'il veut dire. Je regrette à nouveau qu'on parle de ce livre en n'ayant lu que son titre, certes provocant, sans vouloir aller au-delà. Bien sûr, Todorov n'est pas un quelconque Gunder Frank, et je suppose (je n'ai pas encore lu son livre) qu'il incrimine une lecture "vulgaire" de Huntington, sans la partager. Mais alimenter encore ce type de lecture me semble désolant, je n'en veux pour preuve que les nombreuses émissions de radio où le présentateur parle de ce fameux choc avec toute la bonne conscience et l'indignation nécessaires. Jamais une réfutation précise, bien sûr, rien qu' un passage à la trappe instantané et intégral.
Bah, attendez que déferlent les hordes orthodoxes...