Le 2 avril 1991, le Mont Pinatubo, situé à l'ouest de l'île de Luzon (Philippines), s'est réveillé d'un sommeil de plus de 400 ans,
injectant une vingtaine de millions de tonnes de SO2 dans la stratosphère, provoquant ainsi la formation d'un aérosol d'acide sulfurique et d'eau - le même mélange qui, dû à la
pollution dans les années '50 avait fait imaginer un refroidissement climatique sérieux, voire une nouvelle ère glaciaire pour les années à venir. Résultat : la température moyenne à la surface
du globe avait diminué d'un demi-degré pendant quelques mois.
Retour à notre époque ; il n'est plus vraiment question d'une glaciation toute proche, il s'agirait peut-être d'un sacré réchauffement qui a déjà commencé et qui va certainement continuer.
Jusqu'où ? Grande question, grosses empoignades, mais je suppose que vous êtes au courant.
Le 4e rapport du GIEC est sorti en 2007, et je ne nie pas que c'est un groupe de scientifiques qui rendent des comptes à leur gouvernement. Les luttes d'influence y sont très dures, et les
documents publiés sont discutés jusque dans les virgules. Documents hautements politiques, mais de science incontestable, donc avec des points de vue contrastés.
Or, que constate-t-on depuis près d'un an et demi ? Rien. Tout est remis à demain. On attend l'agonie de Kyoto en se disputant comme des chiffonniers pour garder ses avantages et ses
passe-droits, on ne taxe toujours pas le kérosène (ni les transports en général), et la taxe sur les billets d'avion inventée par un gouvernement belge aux abois (et pour de pures raisons
budgétaires) a été immédiatement renvoyée dans les ténèbres extérieures dès qu'on a compris que ça coûterait des milliers d'emplois. Et la maison brûle, dit-on.
Serais-je devenu un militant catastrophiste ? Bien loin de là, mais je suis persuadé que des pseudo-réponses du genre "portez un
pull-over", "débranchez vos veilleuses" ou "achetez vos légumes chez le verdurier du coin" sont des leurres, et dangereux avec ça. La réponse se trouvera dans la
technologie, et non dans une attitude de frugalité imposée (*). Prométhée n'est pas très populaire au royaume écolo, où l'on rejoint un certain fonds de commerce "Vallée de larmes"...
Alors, quid de la géo-ingéniérie ? Autrement dit, faire comme ledit Pinatubo, ou mieux encore, le Tambora qui, en 1815, plongea la Terre entière dans une année sans été. Il suffirait
d'injecter du dioxyde de soufre, SO2, dans la stratosphère, et voilà, c'est dans la poche, in ze pocket pour les parfaits bilingues. Après tout notre petite humanité rejette
déjà 55 millions de tonnes de SO2 dans l'atmosphère chaque année (ce qui par parenthèse causerait la mort d'un demi-million de personnes) en plus des 8 milliards de tonnes de
CO2, alors ne serait-il pas plus malin de balancer ce SO2 un peu plus haut ? En fait, il semblerait qu'on puisse, dans l'état actuel des choses, se contenter de moins de 2
millions de tonnes, une paille, quoi. Qu'est-ce qu'on attend ?
Ben, on attend d'avoir une meilleure appréciation de la chose. Quand on met cet aérosol à la moulinette des modèles climatiques, on trouve bien une refroidissement, mais pour ce qui est des
régimes de vent ou de pluie, on n'y voit (encore) goutte. Par contre, l'acide sulfurique dans la stratosphère, ça pourrait faire tomber des pluies acides, le cauchemar des années '70. Mais
peut-être pas, ou pas beaucoup. Mais peut-être à des endoits jusqu'à présent préservés. Ou peut-être pas. Et puis, l'aérosol pourrait catalyser la destruction de l'ozone ; un peu, beaucoup ou pas
du tout...
Il existe d'autres projets de géo-ingéniérie, de l'eutrophisation des océans à la multiplication des nuages en passant par l'envoi dans l'espace d'un nuage de milliards de miroirs
minuscules...
Certes, le risque existe de se dire - si ça marche - que tout est réglé et qu'on peut donc en rester au business as usual (en faisant fi des arguments imbéciles du genre "mauvaises habitudes") ; je n'y crois pas, car ce n'est qu'un palliatif, les hydrocarbures finiront tout de même par
s'épuiser un jour, et il y a tellement à gagner à passer à de nouvelles technologies... Et si les rejets de CO2 augmentent inexorablement, il faudra injecter des quantités toujours croissantes de
SO2 et nous finirons par un run-away system., un système qui s'emballe, même un politicien peut comprendre ça (**) .
Ça vaudrait tout de même la peine d'essayer...
(*) sobriété n'est pas frugalité
(**) désolé pour cette poujadisterie un peu idiote, mais j'ai des excuses...