(oui, je la remets, elle me fait marrer)
Donc, il paraît que la France est "en colère" (les journalistes adorent cette expression), ça se voit aux réactions musclées des pêcheurs, des routiers, des agriculteurs, bientôt des taxis et des piétons. Tout le monde râle : l'essence est hors de prix, le diesel, pareil, vous avez vu le prix des spaghetti et de la baguette ? Une honte !
Et puis, l'embrasseuse de Bovus se présente devant les Sénateurs l'oeil en berne et la queue entre les jambes : on n'a pas assez de quotas-CO2, sans doute que quelqu'un a mal fait les calculs, mais c'est bien embêtant, pasque vous savez Arcelor-Mittal et Georgia Pacific risquent d'aller ailleurs... Et le Sénat reste de marbre. Pas question d'introduire une taxe carbone par le biais d'EDF (manquerait plus que ça, avec de l'électricité en grande majorité d'origine nucléaire !). Quant à la gauche, elle est unanime à ne pas vouloir répercuter une "taxe carbone" sur les utilisateurs ; tiens, mais je croyais que cette gauche était favorable aux internalisations ? Pas dans ce cas, sans doute...
D'ailleurs, le Sénat critique "Bruxelles" : il faut taxer les émissions automobiles de CO2 selon la manière française, pas suivre le point de vue des Allemands. Et, ô divine surprise, chaque méthode favorise respectivement les modèles automobiles français et allemands !
Kyoto, c'est bien. On est tous pour. C'est-à-dire, on est tous pour que les autres l'appliquent. Nous, on a de bonnes raisons d'en être exemptés. C'est vrai que pour les pêcheurs, c'est un drame personnel - il y a déjà une prime au déchirage, il faudra trouver mieux, sans doute, mais on n'y échappera pas. Est-ce que Borloo et NKM poussent des cris d'horreur quand Avia achète 25 Airbus et Gulf Air, 35 ? On est toujours vertueux pour les autres, mais quand il faut, comme disent les Anglo-saxons put your money where your mouth is, alors, évidemment, plus personne, enfin si : des barrages routiers, des opérations escargot, des blocages de raffineries (ah ça, voilà qui va faire chuter le prix du diesel...). Et on ne voit pas beaucoup de monde de chez Greenpeace ou de militants écolos dans ces manifestations festives ; pourtant, ils auraient là un auditoire de choix pour faire valoir leurs thèses, non ?