Il y a quelques jours, M. Magnette, Ministre belge en charge de l'énergie, tenait, si je ne m'abuse, des discours très ferme sur le nucléaire : pas question de revenir en arrière et de ne pas claquer la porte sur l'atome ! Na ! Maintenant qu'il a son maroquin fédéral, on l'entend murmurer qu'après tout... peut-être bien qu'il faudrait envisager de...
(A ce propos, et toujours dans mes petites piques contre certains journalistes, je vous signale que la Libre Belgique et la Dernière Heure ont sorti le même article sur le sujet, à la virgule près - mais avec des titres différents !)
Je voudrais tout de même savoir avec quoi ces zigotos d'anti-nucléaires vont faire de l'électricité, quand on pense qu'il faudra diminuer les rejets CO2 de 50 à 80 % dans les décennies toutes proches. D'après le rapport annuel du CREG, la consommation électrique totale de la Belgique a été de 87,5 TWh (p.m. 1 TWh = 1 milliard de kWh) pour 2006. De manière imagée, on pourrait dire que chaque Belge est branché en permanence au réseau et consomme 1.000 Watts. A titre de comparaison, la France consomme quelque 500 TWh/an, voilà qui fixe les ordres de grandeur, car c'est de cela qu'il s'agit. Selon les chiffres d'Electrabel, le principal fournisseur, 34 % viennent du nucléaire, 45 % du thermique et... 0,4 % de l'éolien (à noter que 12 % viennent de l'hydroélectricité, source excellente mais hélas non susceptible d'élargissement).
Supposons donc que nous nous passions du nucléaire ; bien entendu, impossible d'augmenter la part du fossile ! Essayons l'éolien : il faut donc disposer d'une puissance continue de 34% de 10 GW, soit 3,4 GW. Une grosse éolienne - quand elle tourne - peut fournir 2 à 3 MW. Le rendement de l'éolienne etant d'environ 25%, il faudrait donc quelque chose comme 7.000 éoliennes sur le territoire belge. Mais bien sûr, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne, les moyennes sont une chose, les exigences de pointe en sont une autre, et Electrabel compte une disponibilité de 30 GW dont 21% de nucléaire - on double la mise, ça ferait une petite quinzaine de milliers d'éoliennes sur 30.000 km2. Avec, évidemment, le back-up obligatoire en centrales thermiques, car il arrive fréquemment qu'il y ait des vents de tempête sur la quasi-totalité du territoire, ou que le vent soit trop faible pour faire tourner les moulins.
La citation de la fin : "Le développement de l'éolien est une excellente chose pour nous, car nos centrales à charbon seront sollicitées pour les périodes sans vent". Eric DYEVRE, Société Nationale d'Electricité et de Thermique, filiale de Charbonnages de France possédant des centrales thermiques à charbon (Bordeaux, le 24 avril 2003)