Dans un post précédent, je m'étais dit assez serein sur l'incompatibilité entre l'ID (Intelligent Design, ou créationnisme qui n'ose pas dire son nom) et l'Europe. J'étais sans doute trop optimiste.
A la différence des USA, nous n'avons pas - ou presque pas - de sectes chrétiennes militantes désireuses d'en découdre avec Darwin ; par malheur, nous avons nos fondamentalistes musulmans qui font une propagande de plus en plus insistante, avec envoi de textes prétendument scientifiques sur le sujet, ainsi le célèbre "Atlas de la Création", répandu un peu partout aux frais de son éditeur turc, Harun Yahia. Il n'y a pas qu'eux, hélas.
L'année dernière, Guy Lengagne voir ici https://www.google.be/webhp?sourceid=chrome-instant&ion=1&espv=2&ie=UTF-8#q=guy%20lengagne, membre du Conseil de l'Europe a présenté un rapport déplorant l'insidieuse influence des créationnistes dans l'enseignement ; il a été blackboulé par 64 voix contre 46, un de ses grands pourfendeurs étant Luc Van den Brande, démo-chrétien bien connu en Belgique pour avoir été un Ministre-Président du gouvernement flamand particulièrement accanito... Ce grand catholique ne devait pas aimer les attaques de Guy Lengagne contre les créationnistes, car, bachelier en droit canon, il a sans doute des faiblesses pour le bon vieux temps où l'Eglise faisait la politique.
On a constaté en Flandre que de nombreux élèves et étudiants ne "croyaient pas" à la "théorie" de l'évolution - on parle de 20 %, surtout chez les jeunes musulmans. Et n'oublions pas que le triste chouchou de Hugues (mais certainement pas pour cette raison !), Tony Blair, a personnellement autorisé une expérience d'enseignement du créationnisme dans certaines écoles secondaires - après tout, il venait de trouver la vraie foi, nouveau Saul de Tarse jeté à bas de son cheval...
Inutile de rappeler non plus le discours de Latran de Zébulon 1er, qui a remis le couvert à Ryadh et puis au CRIF (j'y reviendrai, promis !). Quant à l'assez répugnante attitude du gouvernement néerlandais au sujet d'Ayaan Hirsi Ali, on ne peut que craindre l'avenir et en tous cas ne pas baisser les bras. On passera par pertes et profits la réflexion de l'archevêque de Canterbury, selon laquelle on finira par devoir incorporer au moins une partie de la charia dans la loi civile ; il a partie liée avec les imams, lui qui est en fait un fonctionnaire, le culte anglican et la royauté étant indissolubles, et le Roi ou la Reine d'Angleterre et autres lieux en étant le Calife attitré. Mais le Royaume-Uni a fait le choix du communautarisme, grand bien lui fasse ; nous pas. Evidemment, c'est bien beau de parler de républicanisme et de vanter le célèbre "nos ancêtres les Gaulois", mais de jeter à la poubelle sans la lire une demande d'emploi signée Mohammed ou Ali ; il n'empêche que nous ne pouvons pas admettre, à aucun prix, sous aucun prétexte, pas le moins du monde, les sucreries distillées par les apaiseurs et les pleurnichards du type "il faut comprendre", car pour eux, comprendre veut généralement dire absoudre.
Le religieux reprend du terrain, on peut en trouver des traces chez certains (nombreux) écolos pour lesquels tout compromis est une compromission (vocabulaire typiquement '68) ; ils incarnent le Bien, leurs contradicteurs le Mal, et avec le Mal, on ne passe pas de compromis. Donc, Cohn-Bendit est un traître, et les Verts français l'ont damné plus d'une fois. Bové, ça c'est un mec !
Hier Salman Rushdie, aujourd'hui semble-t-il une tentative d'assassinat d'un des "dessinateurs danois" ; par de méchants islamistes, c'est sûr... Et les bons musulmans modérés, on les entend protester ? Peu, vraiment très peu et il ne faut pas compter sur les chrétiens plus ou moins ultra (sans doute moins) pour faire autre chose - en fait, il n'y a que l'extrême-droite qui ait troqué son vieil anti-sémitisme contre un anti-islamisme tout aussi ignoble, bien à la mesure du reste de ses attitudes politiques. Ce n'est pas la religion en tant que telle qu'ils en veulent, mais à une mauvaise religion, prêchée qui plus est par des basanés, quelle horreur ! Et puis, ils n'osent plus trop s'attaquer aux Juifs, ces petits malins...
Laurent d'Ursel a voulu décharger le mot 'islamisme' de son mauvais sens ; mais pense-t-il vraiment que l'islamophobie est nécessairement un avatar du racisme ?
Indignatio facit versum