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21 novembre 2007 3 21 /11 /novembre /2007 15:12

Vous vous souvenez du post sur le "trou de la couche d'ozone" ? Je vous y entretenais vers la fin de ces maudits HCFC qu'on avait utilisés en remplacement des CFC, et qui étaient très très mauvais pour l'effet de serre - l'un deux, le HFC-23, est environ 12.000 fois plus mauvais que le CO2... D'autre part, vous savez - ou vous ne savez pas - que le mécanisme de Kyoto permet ce qu'on appelle le Clean Development Mechanism (CDM) par lequel les pays industrialisés peuvent défalquer de leurs émissions de CO2 les investissements réalisés dans les pays non industrialisés aux fins d'y réduire les émissions de GES (gaz à effet de serre). Ce n'est peut-être pas très clair, mais je m'explique :

- l'usine Ventilo a reçu un droit d'émission de 5.000 tonnes CO2/an. Or, elle désirerait doubler ses capacités, mais n'obtient pas d'augmentation de son autorité régulatrice, disons la Région bruxelloise. Il lui faudrait donc acheter des droits d'émission qui tournent autour de 20 USD/tonne (rappelons que la Commission avait tablé sur une valeur de 40 EUR/tonne), soit 100.000 USD. C'est cher pour une petite entreprise, mais - quelle coïncidence ! - Ventilo fabrique des éoliennes ! Elle va donc installer des éoliennes au Burkina Faso et déduira de ses émissions celles que les éoliennes ont (théoriquement) permis de ne pas produire au Burkina Faso. Ce genre de projets intervient pour environ 170 mio de tonnes/an.

Les dirigeants de Ventilo auraient pu mieux faire : trouver une usine n'importe où dans un pays en développement, pour autant qu'elle rejette du HFC-23 (ça ne manque pas), installer un système de récupération du produit (en général facile et peu coûteux) et empocher les droits d'émission correspondants. Mais il faut dire qu'ils ne seraient pas les seuls ; en effet, près de 30% des projets concernent les réductions de HFC-23... Michael Wara de la Stanford University estime dans la revue Nature (sous forme de commentaire, pas d'un article peer-reviewed) que ces projets ont rapporté 12,7 mia USD (en droits d'émission) aux investisseurs qui ont dépensé 136 mio USD en technologie de récupération. Beau résultat, non ? Sur le plan financier, s'entend...

Une amusante (si j'ose dire) conséquence de ce genre de plaisanteries se déroule en Indonésie : pour diverses raisons sur lesquelles j'aimerais revenir un de ces jours, une gigantesque tourbière  boisée située dans la province de Riau a été largement déboisée durant ces vingt dernières années. Et une tourbière à l'abandon, séchée, se décompose et libère de grandes quantités de CO2 et de méthane. Que faire ? C'est simple : recevoir des crédits carbone (droits d'émission) à mesure de ce que les compagnies qui détruisent les tourbières s'engagent à... moins les détruire ! Une des idées qui circule en prévision de Bali (où se discutera la "feuille de route" pour l'après-Kyoto) va dans le même sens : les pays en développement devraient recevoir des droits d'émission compensant leurs augmentations futures de GES.

Quelques chiffres pour (presque) terminer : Le total des GES (en équivalent CO2) pour l'année 2004 était de 49 mia de tonnes ; le total des droits d'émission pour 2006 était de 1,6. A titre de comparaison, cela correspond à environ la circulation annuelle de 300 millions d'automobiles - à peu près le parc des USA. On voit qu'on est loin du compte. Et encore, les Etats de l'UE ont alloué des droits bien trop élevés à leurs industries (enfin, celles qui passent sous Kyoto, car il y en a de mahousses qui ne sont pas concernées, comme le secteur des transports).

Tout cela pour dire que Kyoto, c'est vraiment pas terrible. Heureusement, ça se termine en 2012. On souhaite que le round suivant sera plus efficace, mais personnellement, j'en doute

Ah oui, la Région wallonne n'a plus de droits d'émission à donner à Ferblatil. 400 suppressions d'emploi.

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