Je me souviens d'avoir été assez choqué de lire cette phrase alors que dans ma relativement courte existence j'avais été le témoin de plus d'une réévaluation des données : la "dérive des continents" m'avait immédiatement sauté à l'esprit, évidemment, étant donné ma formation, et bien sûr cet exemple a été largement évoqué par de nombreux commentateurs. Un autre exemple particulièrement intéressant est celui des innombrables (à entendre dans le sens figuré, bien sûr) séquences d'ADN précédemment dits non-codants, les introns, par opposition aux exons. La découverte de cette dichotomie chez les eucaryotes avait valu à Sharp et Roberts un prix Nobel en 1993 et était tombée comme une bombe dans le petit monde de la biologie moléculaire, tout comme le fait que l'ADN humain ne comportait finalement qu'une vingtaine de milliers de gènes. Bien sûr aussi on savait - ou on devinait - que ces introns n'étaient pas innocents, qu'il fallait voir un peu plus loin.
Ben voilà... Le projet ENCODE (Encyclopedia of DNA Elements) lancé en 2004 montre bien que ces introns sont d'une grande importance dans l'expression génétique, tout comme ce qu'on ne connaît que vaguement à propos des l'épigénèse (méthylation, surtout, mais on verra plus tard).
Et, donc, tout ce qu'on croyait savoir sur l'ADN version Crick et Watson revue par Sharp & Roberts et al. doit être réexaminé.
Petite parenthèse : je relisais(*) ce soir la somme (grand public) de Sarah Blaffer Hrdy, Mother Nature et cette très belle phrase reprenant le néo-darwinisme sur un point précis : "Unless mating results in offspring who themselves survive infancy and the juvenile years and position themselves so as to reproduce, sex is only so much sound and undulation signifying nothing" - ses italiques. C'est évidemment un addendum très important portant sur la possibilité maternelle d'accompagner sa descendance, biologiquement et socialement.
Science is never settled, c'est ce qui fait sa grandeur et sa passionnante aventure.
(*) Ma note à un post précédent